Notre-Dame veut rajeunir et ouvrir sur le monde son décor et sa liturgie

La cathédrale Notre-Dame de Paris pendant les travaux de réhabilitation le 13 octobre 2021. (Photo, Jonathan Sawaya/ANFR)
La cathédrale Notre-Dame de Paris pendant les travaux de réhabilitation le 13 octobre 2021. (Photo, Jonathan Sawaya/ANFR)
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Publié le Lundi 29 novembre 2021

Notre-Dame veut rajeunir et ouvrir sur le monde son décor et sa liturgie

  • De quoi alimenter l'inquiétude des défenseurs de l'histoire de France et du patrimoine ainsi que les moqueries de la presse étrangère qui l'a qualifié de nouveau «Disneyland politiquement correct»
  • «L'Eglise peut se montrer moderne en faisant entrer une lumière plus spirituelle plutôt qu'une lumière rasante sur les visages», commente l'animateur Stéphane Bern

PARIS : Art contemporain, lumière douce, monte-charge... la cathédrale Notre-Dame de Paris, partiellement détruite par un incendie en 2019, va être réaménagée pour "mieux accueillir" le public dans "le respect du culte", selon le diocèse qui en a la charge.


Au programme de cette "modernisation": lumière à hauteur de visage, bancs à roulettes dotés de lumignons pour remplacer les vieilles chaises séculaires qui descendront dans la crypte, art contemporain et phrases bibliques projetées dans plusieurs langues sur les murs, explique  le père Gilles Drouin.


Le projet, mûri "depuis deux ans et demi", lui a été confié par l'archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit. Il sera présenté le 9 décembre à la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA), chargée de donner son avis.


De quoi alimenter l'inquiétude des défenseurs de l'histoire de France et du patrimoine ainsi que les moqueries de la presse étrangère qui l'a qualifié de nouveau "Disneyland politiquement correct" (The Telegraph).


"L'Eglise peut se montrer moderne en faisant entrer une lumière plus spirituelle plutôt qu'une lumière rasante sur les visages", commente l'animateur Stéphane Bern, chargé par Emmanuel Macron d'une mission pour la sauvegarde du patrimoine. 


Pour lui, "le vrai enjeu" sont "les abords de Notre-Dame". "Il faut, dit-il, faire un musée de l'histoire de France pour le monde entier avec les trésors de Notre-Dame", déplorant le sort de l'Hôtel-Dieu, plus vieil hôpital de Paris situé juste à côté de la cathédrale. Il aurait pu, selon lui, abriter ce musée mais doit céder un tiers de sa surface à un promoteur immobilier.


Le père Drouin, directeur de l'Institut supérieur de liturgie, défend son projet. Il dément toute tentative de transformation radicale: l'objectif, dit-il est de conserver Notre-Dame comme "lieu de culte" et de "mieux accueillir" et informer le public qui "n'a pas toujours de culture chrétienne".


Lorsqu'ils retrouveront Notre-Dame en 2024, selon le calendrier des travaux prévu à ce jour, les fidèles et visiteurs du monde entier devraient entrer par la grande porte centrale et non plus par les portes latérales, et bénéficier d'un parcours aéré autour de l'axe central allant de la nef au choeur.

La cathédrale Notre-Dame de Paris pendant les travaux de réhabilitation le 26 décembre 2019. (Photo, AFP)


L'autel restera au même endroit. Un tabernacle (meuble qui abrite hosties et ciboire) qui "était mal placé" sera installé au fond du choeur et un nouveau baptistère (petit édifice servant traditionnellement aux baptêmes), dans l'entrée de la nef. Seuls "quatre des confessionnaux" seront conservés. Les "six ou sept autres seront remontés au premier étage de la cathédrale", détaille-t-il.

La Nativité expliquée aux Chinois
Pour faciliter encore plus la circulation en cas d'affluence, les chaises en paille séculaires descendront à la cave ou crypte Soufflot située sous la cathédrale et qui sera utilisée "comme espace de stockage" rendu plus accessible grâce à un "monte-charge".


Quant aux chapelles latérales de l'édifice, elles étaient "dans un état épouvantable" avant l'incendie et seront complètement rénovées au profit de la mise en valeur d'oeuvres d'art: "des tableaux anciens des XVIe et XVIIIe siècles qui dialogueront avec des objets d'art contemporains". 


"Un cycle de tapisseries" notamment, dit l'ecclésiastique sans laisser filtrer de nom. "La cathédrale s'est toujours ouverte à l'art de son époque jusqu'à la grande croix dorée du sculpteur Marc Couturier installée par le cardinal Lustiger en 1994", souligne-t-il.

Le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris le 17 mars 2020. (Photo, AFP)


Pour illuminer le tout, le diocèse souhaite "des lumières plus douces à hauteur de visage d'homme" qui donneront une ambiance plus intimiste aux 2.400 messes et 150 concerts annuels. Il a confié ce travail à un collectif d'artistes parmi lesquels le sculpteur de lumière Patrick Rimoux.


Enfin, pour une meilleure compréhension de l'histoire du christianisme, il souhaite projeter sur les murs "des phrases bibliques ou de tradition spirituelle chrétienne" dans plusieurs langues dont le choix n'est pas encore arrêté.


"Un Chinois par exemple ne comprend pas forcément la Nativité de la Vierge. Or, depuis qu'il y a des caractères chinois inscrits sur des bannières dans la chapelle de Saint-Paul Cheng (martyr chinois) dans la cathédrale, les visiteurs de l'Empire du Milieu s'arrêtent et allument des bougies", relève-t-il.


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.