Le pape dénonce à Athènes une Europe «déchirée par les égoïsmes nationalistes»

Le pape François est accueilli à son arrivée à l'aéroport d'Athènes le 4 décembre 2021. (Photo, AFP)
Le pape François est accueilli à son arrivée à l'aéroport d'Athènes le 4 décembre 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 04 décembre 2021

Le pape dénonce à Athènes une Europe «déchirée par les égoïsmes nationalistes»

  • Après un déplacement de deux jours à Chypre, le pontife argentin de 84 ans est arrivé peu après 11H00 (09H00 GMT) à l'aéroport d'Athènes
  • Le pape François a relevé «un recul de la démocratie, et pas seulement sur le continent européen», estimant que «la démocratie exige la participation et l'implication de chacun»

ATHÈNES:  Le pape François a pointé samedi, au premier jour de sa visite à Athènes, la responsabilité de l'Europe dans la crise migratoire et déploré qu'elle soit « parfois bloquée » et »déchirée par les égoïsmes nationalistes ». 

Le souverain pontife argentin de 84 ans, arrivé peu après 11H00 (09H00 GMT) à l'aéroport d'Athènes, a regretté que « l'Europe persiste à tergiverser » face aux arrivées de migrants « au lieu d'être un moteur de solidarité ». 

Pope Francis (C,down) followed by his delegation steps out a plane upon his arrival in Athens airport on December 4, 2021.
Le pape François (C, en bas) suivi de sa délégation sort d'un avion à son arrivée à l'aéroport d'Athènes le 4 décembre 2021. (Photo, AFP)

Il s'exprimait devant la présidente de la République hellénique Katerina Sakellaropoulou et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis ainsi qu'un parterre de personnalités catholiques et de la société civile qui l'ont chaudement applaudi au palais présidentiel d'Athènes. 

Si le pape François s'est rendu sur l'île grecque de Lesbos en 2016, où il retournera dimanche, c'est la première visite d'un pape à Athènes en vingt ans, depuis le déplacement de Jean Paul II en mai 2001. 

Il avait auparavant passé deux jours à Chypre où il a fustigé avec force « le mur de la haine » dressé contre les migrants, dont cinquante seront transférés à Rome, selon Nicosie. 

A Athènes, le pape pontife a rappelé que la Grèce avait « reçu sur certaines de ses îles un nombre de frères et soeurs migrants plus élevé que celui des habitants eux-mêmes ».  

Or « la communauté européenne, déchirée par les égoïsmes nationalistes, apparaît parfois bloquée et non coordonnée, au lieu d'être un moteur de solidarité », a-t-il dit devant les autorités politiques. 

Le pape François rencontre le Premier ministre grec Kyriakos au palais présidentiel à Athènes. (Photo, AFP)
Le pape François rencontre le Premier ministre grec Kyriakos au palais présidentiel à Athènes. (Photo, AFP)

« Recul de la démocratie »  

Le pape François a en outre relevé « un recul de la démocratie, et pas seulement sur le continent européen », estimant que « la démocratie exige la participation et l'implication de chacun », quand »l'autoritarisme est expéditif et les assurances faciles offertes par les populismes semblent tentantes ». 

Quelques minutes plus tôt, la présidente Sakellaropoulou avait évoqué l' »humanité des Grecs et la charge disproportionnée qu'ils ont supportée » dans la gestion de cette crise. 

« Notre pays s'efforce autant que possible d'empêcher les trafics illégaux de personnes », a-t-elle souligné. 

La présidente a aussi remercié le pape pour son « soutien chaleureux » lors de la conversion de l'ancienne basilique Sainte-Sophie d'Istanbul en mosquée, afin de la »conserver comme un symbole universel de culte religieux et un monument emblématique de l'héritage mondial ». 

Le pape François rencontre la présidente grecque Katerina Sakellaropoulou au palais présidentiel à Athènes le 4 décembre 2021
Le pape François rencontre la présidente grecque Katerina Sakellaropoulou au palais présidentiel à Athènes le 4 décembre 2021. (Photo, AFP)

Le pape a dit venir à Athènes « étancher sa soif aux sources de la fraternité » et renforcer ses liens avec ses « frères de foi », les chrétiens orthodoxes, séparés de l'Eglise catholique depuis le schisme de 1054 entre Rome et Constantinople.  

François s'entretiendra samedi avec l'archevêque de l'Eglise orthodoxe de Grèce Hiéronyme II et son entourage. 

Dans une vidéo publiée peu avant son départ de Rome, le pape s'est présenté en « pélerin » à la rencontre de « tous, pas seulement les catholiques », une minorité d'1,2% dans un pays à grande majorité de religion orthodoxe, non séparée de l'Etat. 

« Aux sources de l'humanité »  

Ce voyage --son 35e à l'étranger depuis son élection en 2013-- sera également marqué dimanche par une nouvelle visite éclair à Lesbos, emblématique de la crise migratoire, où il a dit qu'il irait « aux sources de l'humanité » plaider pour l'accueil et « l'intégration » des réfugiés. 

Le pape François prononce un discours au palais présidentiel à Athènes. (Photo, AFP)
Le pape François prononce un discours au palais présidentiel à Athènes. (Photo, AFP)

Une quarantaine d'ONG de défense des migrants ont exhorté le pape à intervenir pour que cessent les refoulements présumés d'exilés aux frontières gréco-turques.  

Le « père spirituel » est attendu avec impatience à Lesbos, où une trentaine de nouveaux demandeurs d'asile ont accosté mercredi. 

« Nous l'attendons les bras ouverts », a déclaré Berthe, une Camerounaise qui attend du pape « qu'il prie pour nous en raison des insécurités que nous avons vécues ». 

Au cours de sa « brève » visite du camp de Mavrovouni, il rencontrera deux familles de réfugiés « choisies au hasard », selon Dimitris Vafeas, directeur adjoint du camp.  

Quelque 900 policiers devaient être déployés le temps de son déplacement sur l'île grecque et aux alentours du camp érigé à la hâte après l'incendie de septembre 2020 qui a détruit la structure de Moria, que le pape avait visité il y a cinq ans. 

Drones, véhicules blindés, routes coupées: la capitale est également placée sous haute sécurité jusqu'au départ du souverain pontife lundi en fin de matinée, en prévision d'éventuelles manifestations d'hostilité. 

Même si le climat est meilleur qu'en 2001, lors de la première visite d'un pape en Grèce, il y a, à l'intérieur du synode grec, « quelques fanatiques anticatholiques réputés », a dit Pierre Salembier, supérieur de la communauté jésuite en Grèce.  

Tout rassemblement a été interdit dans le centre d'Athènes, survolé par un hélicoptère. Jusqu'à 2.000 policiers sont prévus en cas de protestations de fondamentalistes orthodoxes.  

Il y a 20 ans, Jean Paul II avait demandé « pardon » pour les péchés des catholiques contre les orthodoxes, en référence au sac de Constantinople de 1204.   


L'ambassade suisse, qui représente les intérêts américains, rouvre en Iran

Le drapeau suisse flotte sur l'ambassade suisse, avec en arrière-plan la coupole du bâtiment du Reichstag, qui abrite la chambre basse du Parlement, le 23 novembre 2012 à Berlin. (AFP)
Le drapeau suisse flotte sur l'ambassade suisse, avec en arrière-plan la coupole du bâtiment du Reichstag, qui abrite la chambre basse du Parlement, le 23 novembre 2012 à Berlin. (AFP)
Short Url
  • Depuis dimanche, l'ambassade de Suisse « est à nouveau ouverte, après avoir été temporairement fermée le 20 juin en raison de l'instabilité de la situation dans le pays », indique un communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.
  • « Avec la réouverture de son ambassade à Téhéran, la Suisse peut à nouveau représenter directement sur place les intérêts américains en Iran, en sa qualité de puissance protectrice », ajoute le ministère. 

GENEVE : L'ambassade suisse à Téhéran pourra de nouveau représenter directement les intérêts américains en Iran, a annoncé la Suisse, qui a appelé les parties à « reprendre le chemin de la diplomatie ».

Depuis dimanche, l'ambassade de Suisse « est à nouveau ouverte, après avoir été temporairement fermée le 20 juin en raison de l'instabilité de la situation dans le pays », indique un communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.

L'ambassadrice Nadine Olivieri Lozano est revenue samedi dans la capitale iranienne par voie terrestre, en passant par l'Azerbaïdjan, accompagnée d'une petite équipe.

« Avec la réouverture de son ambassade à Téhéran, la Suisse peut à nouveau représenter directement sur place les intérêts américains en Iran, en sa qualité de puissance protectrice », ajoute le ministère. 

En l'absence de relations diplomatiques ou consulaires entre les États-Unis et l'Iran, la Suisse représente officiellement les intérêts américains dans ce pays depuis 1980, par l'intermédiaire de son ambassade à Téhéran.

« Il est essentiel que toutes les parties reprennent sans délai le chemin de la diplomatie. À cet effet, la Suisse met à disposition ses bons offices et Genève peut accueillir des négociations », souligne le ministère suisse des Affaires étrangères.

Téhéran et Washington ont déjà mené cinq cycles de négociations sur le programme nucléaire iranien depuis le 12 avril. Un sixième cycle, initialement prévu le 15 juin sous la médiation du sultanat d'Oman, a été annulé après le déclenchement d'une guerre provoquée par une attaque israélienne contre l'Iran, deux jours plus tôt. 

Israël a affirmé vouloir empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire et a mené des frappes contre des sites nucléaires iraniens, tuant plusieurs hauts gradés de l'armée ainsi que des scientifiques du programme. Dans la nuit du 21 au 22 juin, le président américain Donald Trump a ordonné des frappes aériennes visant trois installations nucléaires situées dans le centre de l'Iran.

Téhéran, qui nie vouloir se doter de l'arme atomique, a mené des frappes de représailles contre Israël avant l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, le 24 juin.


Le Dalaï Lama célèbre son 90e anniversaire en prononçant une prière pour la paix

Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, assiste à une cérémonie de prière pour une longue vie au temple Tsuglakhang à Mcleodganj, Dharamshala, le 5 juillet 2025. (Photo de Niharika KULKARNI / AFP)
Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, assiste à une cérémonie de prière pour une longue vie au temple Tsuglakhang à Mcleodganj, Dharamshala, le 5 juillet 2025. (Photo de Niharika KULKARNI / AFP)
Short Url
  • Le Dalaï Lama a fêté dimanche ses 90 ans « en simple moine bouddhiste » avec une prière en faveur de la paix, au terme d'une semaine de célébrations.
  • Les psalmodies des moines bouddhistes ont résonné depuis le monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où le Dalaï Lama passe l'essentiel de son temps depuis qu'il a fui la répression chinoise à Lhassa, au Tibet, en 1959. 

MC LEOD GANJ, INDE : Le Dalaï Lama a fêté dimanche ses 90 ans « en simple moine bouddhiste » avec une prière en faveur de la paix, au terme d'une semaine de célébrations dans les contreforts de l'Himalaya indien, où il vit en exil.

« Je ne suis qu'un simple moine bouddhiste. D'habitude, je ne participe pas aux célébrations d'anniversaire », a-t-il déclaré dans un message, alors qu'il avait fait part la veille de son rêve de vivre « encore 30 ou 40 ans ».

Drapé dans sa robe bordeaux et son écharpe jaune, le chef spirituel des Tibétains a adressé un sourire espiègle à des milliers de fidèles avant le début des prières.

Les psalmodies des moines bouddhistes ont résonné depuis le monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où le Dalaï Lama passe l'essentiel de son temps depuis qu'il a fui la répression chinoise à Lhassa, au Tibet, en 1959. 

Au fil des célébrations qui se sont étalées sur toute la semaine, Tenzin Gyatso (son nom d'état civil) n'a pas pu éviter d'aborder le sujet épineux de l'après, alors que la Chine entend bien choisir un successeur à sa place.

Extrêmement attendu sur la question, il a affirmé mercredi que l'institution serait « perpétuée », déclenchant aussitôt une réaction ferme de Pékin, qui a affirmé que tout nom devait être « approuvé par le gouvernement central ».

De son côté, l'actuel Dalaï Lama a assuré que celui qui prendrait sa suite serait « forcément né dans le monde libre ».

Il a également affirmé que la responsabilité de désigner un successeur « reposerait exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama ». « Personne d'autre n'a l'autorité requise pour se mêler de cette question. »

« Le voir fêter ses 90 ans aujourd'hui me comble de bonheur, mais m'emplit aussi d'une profonde tristesse », a confié Dorje Dolma, 27 ans, qui a fui le Tibet pour l'Inde. « Sa Sainteté a toujours été comme une figure paternelle pour moi. Sa bonne santé me réjouit, mais parfois, son âge m'inquiète. » 

« Symbole durable d'amour » 

Né le 6 juillet 1935, il est devenu, dès l'âge de deux ans, le 14^e chef spirituel et politique des Tibétains, identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.

Considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, il a reçu le prix Nobel de la paix en 1989 et incarne désormais dans le monde entier le combat pour la liberté du Tibet.

Ce vaste territoire himalayen, d'une taille comparable à celle de l'Afrique du Sud, a été envahi en 1950 par les troupes chinoises, qui en ont fait une province de la République populaire de Chine. Tenzin Gyatso n'y a jamais remis les pieds depuis son exil en Inde.

Le chef spirituel a reçu dimanche les vœux du Premier ministre du pays qui l'accueille.

« Je me joins aux 1,4 milliard d'Indiens pour adresser nos vœux les plus chaleureux à Sa Sainteté le dalaï-lama pour ses 90 ans », a déclaré dans un communiqué Narendra Modi. 

« Il est un symbole durable d'amour, de compassion, de patience et de discipline morale », a-t-il ajouté, lui souhaitant une « bonne santé et une longue vie ».

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a assuré que Washington était « engagé dans la promotion du respect des droits humains et des libertés fondamentales des Tibétains ».

D'autres personnalités, comme les anciens présidents des États-Unis Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush, ou l'acteur Richard Gere, qui soutient sa cause depuis longtemps, ont salué l'œuvre du dalaï-lama.

L'anniversaire de ce dernier marque la fin d'une semaine entière de célébrations en l'honneur de l'un des dirigeants religieux les plus populaires au monde, apprécié pour son humour et ses enseignements.

« Bien qu'il soit important de travailler au développement matériel, il est vital de se concentrer sur la paix de l'esprit en cultivant un bon cœur et en faisant preuve de compassion, pas seulement envers ses proches, mais envers tout le monde », a-t-il fait valoir dimanche.

« Ainsi, vous contribuerez à rendre le monde meilleur. »

La fête s'est terminée par la traditionnelle dégustation du gâteau, dont Tenzin Gyatso a mangé une part sous les chants : « Joyeux anniversaire ».


Les migrants, un sujet épineux au menu du sommet franco-britannique

 Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche. (Photo AFP))
Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche. (Photo AFP))
Short Url
  • La France est accusée de ne pas en faire assez, malgré les fonds qu'elle reçoit de Londres pour financer une partie des actions visant à sécuriser la frontière.
  • Sur les six premiers mois de 2025, le nombre de migrants ayant traversé la Manche a augmenté de 48 % par rapport à la même période l'année précédente.

LONDRES : Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche, un record qui accentue la pression sur le Premier ministre britannique, Keir Starmer, à la veille du sommet franco-britannique au cours duquel des mesures visant à enrayer ces arrivées devraient être annoncées.

La page des tensions post-Brexit est tournée et les relations entre Paris et Londres se sont considérablement réchauffées. Mais un sujet reste sensible : les migrants qui arrivent en Angleterre à bord de petites embarcations depuis le nord de la France.

Les images de canots surchargés quittant les plages françaises sont régulièrement diffusées dans les médias.

La France est accusée de ne pas en faire assez, malgré les fonds qu'elle reçoit de Londres pour financer une partie des actions visant à sécuriser la frontière.

Le travailliste Keir Starmer, arrivé au pouvoir il y a un an, a promis de « reprendre le contrôle des frontières ». Le chef du gouvernement est sous la pression du parti d'extrême droite Reform UK de Nigel Farage, qui progresse dans les sondages.

« Les chiffres ne vont pas dans la bonne direction », souligne Peter Walsh, de l'Observatoire de la migration de l'université d'Oxford. 

Sur les six premiers mois de 2025, le nombre de migrants ayant traversé la Manche a augmenté de 48 % par rapport à la même période l'année précédente. Le record de 2022, avec 45 774 arrivées de migrants, pourrait bien être battu. 

Éviter les noyades 

Une loi sur le contrôle des frontières est actuellement en cours d'examen au Parlement britannique. Elle doit notamment donner davantage de pouvoir aux forces de l'ordre pour lutter contre les réseaux de passeurs.

Keir Starmer a besoin de la France, et cette question devrait être abordée lors du sommet franco-britannique de jeudi.

En février, les deux pays ont prolongé d'un an, jusqu'en 2027, le traité de Sandhurst, le cadre légal régissant les questions migratoires.

Sous la pression de Londres, Paris envisage de modifier la « doctrine » d'intervention des policiers et des gendarmes en mer afin de pouvoir intercepter les taxis-boats jusqu'à 300 mètres des côtes. Ces derniers embarquent en effet des migrants directement en mer pour éviter les contrôles sur les plages.

Selon le droit international de la mer, une fois qu'une embarcation est à l'eau, les autorités ne peuvent plus que procéder à des opérations de sauvetage. Elles n'interviennent pas pour intercepter les migrants afin d'éviter les noyades. 

La BBC a toutefois montré, vendredi, des forces de l'ordre françaises intervenant dans l'eau, non loin de la plage, et crevant un canot pneumatique chargé de migrants.

Downing Street a estimé qu'il s'agissait d'un « moment important » et s'est félicité de ces « nouvelles tactiques ».

Paris et Londres travaillent également sur un programme d'échange de migrants. Il s'agit d'un projet « pilote », selon plusieurs sources, une expérimentation qui reposerait sur le « principe un pour un ».

Le Royaume-Uni prendrait certains migrants, des « populations fragiles » selon une source française, et en échange, renverrait en France des personnes arrivées en bateau. Paris souhaiterait élargir cet accord à l'Union européenne afin que les réadmissions soient partagées entre plusieurs pays. 

L'effet Brexit 

Pourquoi le Royaume-Uni attire-t-il autant de migrants ?

Plusieurs responsables français, dont l'actuel garde des Sceaux et ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ont affirmé que les possibilités d'y travailler illégalement rendaient le pays particulièrement attractif.

Le gouvernement travailliste met l'accent sur la lutte contre le travail clandestin. Il affirme que les arrestations ont augmenté de 51 % de juillet 2024 à fin mai par rapport à l'année précédente.

Le chercheur Peter Walsh est toutefois sceptique quant à l'idée qu'il serait plus facile de travailler au noir au Royaume-Uni qu'en France. « Dans les deux pays, il faut prouver son droit à travailler », souligne-t-il.

« Les employeurs peu scrupuleux qui ne font pas ces vérifications risquent de sérieuses sanctions, comme en France. »

Selon lui, c'est surtout la langue et le regroupement familial qui attirent les migrants au Royaume-Uni. Il évoque également le Brexit : « Si un pays de l'UE vous a refusé l'asile, vous pouvez tenter votre chance au Royaume-Uni, qui ne sera pas informé de ce refus. »

Rishan Tsegay, une Erythréenne de 26 ans, est arrivée en Angleterre en 2015, cachée dans un camion. L'an dernier, elle est devenue citoyenne britannique et travaille comme infirmière.

Elle appelle Keir Starmer et Emmanuel Macron à offrir davantage de visas aux migrants fuyant des pays en guerre. « Ces gens viennent ici pour être en sécurité », raconte-t-elle à l'AFP. « On ne dit jamais que les réfugiés contribuent à la société, alors que certains jouent un rôle important. »

Selon le Home Office, les migrants ayant traversé la Manche entre mars 2024 et mars 2025 étaient principalement Afghans, Syriens, Érythréens, Iraniens et Soudanais.