Dans l'ombre du volcan indonésien Semeru, boue, cendre et désolation

Des panaches de cendres et des coulées de boues brûlantes, mélange de pluie de débris et de cendres, ont déferlé sur les hameaux situés sous le volcan, forçant des centaines de familles à fuir sans rien emporter et laissant de nombreux sans-abri. (AFP)
Des panaches de cendres et des coulées de boues brûlantes, mélange de pluie de débris et de cendres, ont déferlé sur les hameaux situés sous le volcan, forçant des centaines de familles à fuir sans rien emporter et laissant de nombreux sans-abri. (AFP)
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Publié le Dimanche 05 décembre 2021

Dans l'ombre du volcan indonésien Semeru, boue, cendre et désolation

  • Des cadavres de vaches jonchent le sol. Certains animaux sont encore en vie, mais atrocement mutilés. Leur chair est à vif, calcinée par la boue incandescente
  • Non loin de là, à Sumber Wuluh, les toits des maisons dépassent à peine de la surface du sol, donnant une idée du volume phénoménal de boue qui a coulé en très peu de temps sur le village

LUMAJANG: Déambulant dans la boue et les cendres grises, les habitants des villages au pied du volcan indonésien Semeru tentaient désespérément dimanche d'extraire de leurs maisons englouties les rares biens qui leur restent.


Des pères portent leurs filles traumatisées sur leur cœur dans une écharpe. Des vieillards transportent des matelas sur leurs dos. Des paysans serrent dans leurs bras des chèvres qui ont survécu par miracle. Après l'apocalyptique éruption de la veille, tous sont en état de choc, errant au milieu d'un village dont il ne reste rien.


"Tout à coup, le ciel est devenu sombre, et puis la pluie et les nuées ardentes sont arrivées", raconte Bunadi, un habitant du village de Kampung Renteng, à l'est de Java, qui dit avoir été surpris par le déferlement de "boue brûlante".


La spectaculaire éruption a fait plus d'une dizaine de morts et de nombreux blessés. Des panaches de cendres et des coulées de boues brûlantes, mélange de pluie de débris et de cendres, ont déferlé sur les hameaux situés sous le volcan, forçant des centaines de familles à fuir sans rien emporter et laissant de nombreux sans-abri.

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La spectaculaire éruption a fait plus d'une dizaine de morts et de nombreux blessés. (AFP)


Réfugiées dans une mosquée, des mères attendent, assises sur le sol à côté de leurs enfants endormis. Elles ont eu la chance d'échapper au cataclysme qui a enseveli des villages entiers sous les cendres et fait des dizaines de grands brûlés.


Alors que les opérations de secours se poursuivent, des habitants désespérés se risquent à retourner dans leurs villages, malgré les risques pour leur santé à cause de l'air vicié, pour essayer de récupérer quelque chose au milieu de la mer de boue qui désormais recouvre tout.


Dans une maison de Lumajang, des assiettes, des pots et des bols attendent sur une table, comme si le dîner était sur le point d'être servi. Mais c'est la cendre volcanique grisâtre qui a remplacé la nourriture.

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Alors que les opérations de secours se poursuivent, des habitants désespérés se risquent à retourner dans leurs villages, malgré les risques pour leur santé à cause de l'air vicié. (AFP)

Emportés par la boue 
Certains villageois comptent leurs proches disparus. "Dix personnes ont été emportées par le flot de boue", raconte Salim, un autre habitant de Kampung Renteng. "L'un d'eux a presque réussi à s'en sortir. On lui a crié de courir, mais il a répondu : je ne peux pas, qui va nourrir mes vaches ?"


Non loin de là, à Sumber Wuluh, les toits des maisons dépassent à peine de la surface du sol, donnant une idée du volume phénoménal de boue qui a coulé en très peu de temps sur le village.

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Certains villageois comptent leurs proches disparus. (AFP)


Des cadavres de vaches jonchent le sol. Certains animaux sont encore en vie, mais atrocement mutilés. Leur chair est à vif, calcinée par la boue incandescente.


Un évacué, cigarette aux lèvres, est mis à l'abri par les sauveteurs, dont les uniformes orange contrastent avec le paysage gris-sombre, aux allures d'enfer.

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Après l'apocalyptique éruption de la veille, tous sont en état de choc, errant au milieu d'un village dont il ne reste rien. (AFP)

Assis à même la cendre les uns à côtés des autres, un groupe de villageois de Sumber Wuluh regardent le cratère du Semeru, d'où des fumées continuent de s'échapper. Au milieu des arbres brûlés et sans feuillage et des maisons et véhicules ensevelis dans la boue, ils sont, avec les rares animaux qui les entourent, les seuls signes de vie dans un paysage mort.


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".

 


Iran: la lauréate du prix Nobel de la Paix Mohammadi se dit «menacée d'élimination physique», selon le comité Nobel

La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
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  • La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique"
  • Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran"

OSLO: La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone.

Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran" ainsi qu'à "toute apparition dans les médias", ajoute le comité Nobel dans un communiqué. Mme Mohammadi a été récompensée en 2023 pour "son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits de l'homme".