France: premier meeting sous tension du candidat d'extrême droite Eric Zemmour

Des milliers de personnes ont commencé à se rassembler pour assister au premier meeting du tout nouveau candidat d'extrême droite à la présidentielle française, Eric Zemmour. (Photo, AFP)
Des milliers de personnes ont commencé à se rassembler pour assister au premier meeting du tout nouveau candidat d'extrême droite à la présidentielle française, Eric Zemmour. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 05 décembre 2021

France: premier meeting sous tension du candidat d'extrême droite Eric Zemmour

Des milliers de personnes ont commencé à se rassembler pour assister au premier meeting du tout nouveau candidat d'extrême droite à la présidentielle française, Eric Zemmour. (Photo, AFP)
  • Quelques centaines de personnes se sont rassemblées dimanche à Paris pour dénoncer la candidature à l'élection présidentielle et le discours à leurs yeux «raciste» du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour
  • Jacline Mouraud, ancienne figure des «gilets jaunes» qui avait annoncé sa candidature à la présidentielle, se rallie à Eric Zemmour

PARIS: Des milliers de personnes ont commencé à se rassembler dimanche pour assister au premier meeting du tout nouveau candidat d'extrême droite à la présidentielle française, Eric Zemmour, sous haute surveillance policière en raison de manifestations prévues d'opposants.  

Sous une pluie glaciale, les militants ou sympathisants convergeaient vers le Parc des Expositions de Villepinte, dans le nord de Paris, où Eric Zemmour espère rassembler plus de 15 000 partisans.  

Un dispositif de sécurité dense était déployé aux abords du lieu du meeting, et des tensions ont éclaté entre des dizaines d'opposants à Éric Zemmour qui tentaient d'accéder au Parc des Expositions et les forces de l'ordre, qui les ont maintenus à distance.  

Plusieurs contrôles étaient réalisés en amont de la salle où le candidat doit s'exprimer vers 15H00 GMT.  

« Moi, je suis là pour tenter de relever la France. Zemmour n'est pas dans le système, ce n'est pas un politicien, et j'ai tout essayé alors pourquoi pas lui! », explique Esther, une commerçante de 54 ans qui patiente dans la queue.  

« Pour moi, la priorité c'est qu'on se sente un peu plus chez nous », ajoute cette dame qui, « née au Maroc », réfute tout racisme ou tout extrémiste.  

Eric Zemmour, ancien polémiste et éditorialiste de 63 ans, a bâti tout son discours sur le rejet de l'immigration et de l'islam, qui selon lui menacent de « faire disparaître l'identité française ».  

« L'immigration, il n'y a plus que ça, partout, partout, et on nous force à vivre avec », s'indigne Véronique, 49 ans, chômeuse mère de 3 enfants qui assure attendre depuis près de 20 ans un logement social, « mais ce sont les immigrés qui me passent devant ».  

Quelques centaines de manifestants anti-Zemmour défilent à Paris

Quelques centaines de personnes se sont rassemblées dimanche à Paris pour dénoncer la candidature à l'élection présidentielle et le discours à leurs yeux « raciste » du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, à l'appel d'une cinquantaine de syndicats, partis et associations. 
Le poing levé et au cri de « Zemmour casse-toi, Paris n'est pas à toi », les manifestants se sont réunis dans le quartier de Barbès et ont pris en début d'après-midi la direction du parc de La Villette, où l'ancien journaliste devait initialement tenir sa première grande réunion publique. 
Son meeting a finalement été déplacé à Villepinte (Seine-Saint-Denis), à une vingtaine de kilomètres de la capitale, à cause de « l'engouement populaire » et pour des raisons de sécurité, selon son entourage. 
« Zemmour à fui Paris », s'est réjoui Simon Duteil, porte-parole de l'union syndicale Solidaires, « c'est important de montrer qu'on ne laisse pas faire le fascisme qui avance ». 
« Les idées d'extrême droite sont banalisées. Nous, on porte des idées humanistes », a estimé Jean-Luc Hacquart, un responsable de la CGT pour l'Ile-de-France. « On s'engage contre les discours racistes (...) Paris n'appartient pas à ces idées-là », a renchéri Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde. 
Cette manifestation est considérée comme « à risque » par les autorités. 
D'autres militants hostiles au candidat d'extrême droite se sont regroupées à Villepinte, où une trentaine de personnes, qui se trouvaient dans une zone interdite aux manifestations ont été interpellées pour vérification d'identité et conduites au commissariat, selon une source policière. 

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Le poing levé et au cri de «Zemmour casse-toi, Paris n'est pas à toi». (Photo, AFP)

démonstration de force  

Le meeting de Villepinte se tient cinq jours après une annonce de candidature tumultueuse de l'ancien polémiste, dont le slogan officiel dévoilé samedi est: « Impossible n'est pas français », expression attribuée à Napoléon.  

M. Zemmour entend faire une démonstration de force pour prouver qu'il a effectué sa « mue » d'ancien pamphlétaire télévisé en candidat crédible, susceptible de défier le président sortant Emmanuel Macron et de capter les voix de la droite, emmenée par Valérie Pécresse, et de l'extrême droite de Marine Le Pen.  

Initialement prévu dans une salle parisienne, le rassemblement a été déplacé à Villepinte en raison de « l'engouement » mais aussi pour des raisons de sécurité, une manifestation étant prévue dans Paris.  

Une cinquantaine d'organisations syndicales, de partis et d'associations ont appelé à manifester dimanche à Paris pour « faire taire » le candidat d'extrême droite, condamné deux fois pour provocation à la haine raciale et religieuse.  

De source policière, la manifestation et le meeting au Parc des Expositions sont considérés « à risque ».  

Jacline Mouraud, ex-figure des Gilets jaunes, soutient Zemmour

Jacline Mouraud, ancienne figure des « gilets jaunes » qui avait annoncé sa candidature à la présidentielle, se rallie à Eric Zemmour et participera au premier meeting de campagne de ce dernier dimanche à Villepinte (Seine-Saint-Denis), a-t-elle indiqué dans un communiqué.  

Après avoir annoncé il y a tout juste un an sa propre candidature à la présidentielle, elle a finalement choisi de rallier le candidat d'extrême-droite car la France est, selon elle, « en danger » et « que nous devons la défendre », a posté la Bretonne de 54 ans sur son compte Facebook.  

L'ancienne égérie des Gilets jaunes souhaite représenter « la France populaire, celle du peuple qui souhaite vivre dignement de son travail, celle des gens ordinaires qui vivent dans les territoires périphériques des villes et des campagnes ».  

L'hypnothérapeuthe, qui anime également des soirées dansantes à l'accordéon, explique son choix par la nécessité d'apporter à Eric Zemmour « des projets nouveaux en matière fiscale ». Elle entend aussi continuer son combat pour défendre le « pouvoir d'achat des Français qui vivent des fins de mois difficiles ».   

Jacline Mouraud avait posté en octobre 2018 sur Facebook une vidéo vue plus de six millions de fois, dans laquelle elle dénonçait « la traque aux automobilistes », ce qui en avait fait une égérie des « gilets jaunes ».  

Elle avait par la suite indiqué avoir « pris ses distances avec la violence du mouvement » tout en restant fidèle à la non violence de son « canal historique ». 

« Sauver la France »   

Ce rassemblement sera scruté avec attention, au vu du parcours étonnant et controversé d'Eric Zemmour. Le polémiste, qui a fait durer pendant des mois un faux suspense sur sa candidature et mené une campagne officieuse sous couvert de tournée littéraire, a fait une percée fulgurante dans les sondages depuis la rentrée.  

Certains le qualifiaient même au second tour devant Marine Le Pen. Mais son étoile a semblé pâlir ces dernières semaines, et de dérapages en provocations, le candidat a perdu des soutiens et des points dans les sondages.  

Sa déclaration de candidature, une vidéo au ton dramatique de 10 minutes dans laquelle, imitant le général de Gaulle, il déclare vouloir « sauver la France » sur fond d'images d'archives nostalgiques, et de scènes d'émeutes urbaines contemporaines, a été jugée d'une « noirceur apocalyptique » et décriée par toute la classe politique.  

Le nom du parti, auquel l'adhésion sera payante, ainsi que le logo du candidat, seront dévoilés pendant le meeting, qui permettra aussi d'observer les ralliements.  

La réunion de Villepinte a lieu au lendemain de la désignation de la candidate de la droite républicaine (LR), Valérie Pécresse, présidente de la région parisienne qui s'est imposée devant le très droitier Eric Ciotti, parfois proche des thèses de M. Zemmour. Ce dernier a d'ailleurs appelé les déçus parmi les électeurs LR à le rejoindre. « Nous avons tant en commun », leur a-t-il écrit samedi dans une lettre ouverte. 


France: les députés rejettent l'emblématique taxe Zucman, au grand dam de la gauche

Des députés du Rassemblement national applaudissent lors de l'examen des textes par la "niche parlementaire" du groupe d'extrême droite Rassemblement national, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 30 octobre 2025. (AFP)
Des députés du Rassemblement national applaudissent lors de l'examen des textes par la "niche parlementaire" du groupe d'extrême droite Rassemblement national, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale a refusé la proposition de taxe de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros (228 voix contre 172), symbole des tensions entre gauche et droite sur la justice fiscale
  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu tente d’éviter une censure et de sauver le budget 2026 en multipliant les concessions à la gauche

PARIS: Les députés français ont rejeté vendredi l'emblématique taxe Zucman sur la taxation des ultra-riches, au grand dam de la gauche, à laquelle le Premier ministre Sébastien Lecornu a tenté de donner des gages pour parvenir à faire voter un budget.

Les parlementaires sont engagés dans de difficiles débats pour arriver à un compromis sur ce sujet qui relève du casse-tête dans un paysage politique très fragmenté, sans majorité nette à l'Assemblée nationale depuis la dissolution décidée en juin 2024 par Emmanuel Macron.

Défendue par la gauche, la taxe Zucman, qui visait à instaurer un impôt minimum de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros, a été rejetée par 228 députés contre 172.

Cette proposition, qui cristallisait les débats budgétaires, s'inspire des travaux du discret économiste Gabriel Zucman, chantre de la justice fiscale pour la gauche et adversaire des entreprises pour la droite et les libéraux, jusqu'au patron de LVMH, qui le qualifie de "pseudo universitaire".

Les députés ont également rejeté une version de compromis de cette taxe, proposée par les socialistes.

"Vous faites, par votre intransigeance, je le crains, le mauvais chemin", a dénoncé le socialiste Boris Vallaud. Le chef des députés PS a appelé dans la foulée à voter le rétablissement de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) supprimé en 2017.

De son côté, la droite s'est réjouie: "On est contre les augmentations d'impôts qui vont tuer de l'emploi et tuer de l'activité économique", a réagi le chef des députés Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez.

Le Premier ministre Lecornu a réfuté l'existence d'un "impôt miracle pour rétablir la justice fiscale", et demandé à ses ministres de réunir les représentants de groupes politiques pour tenter de trouver une voie d'atterrissage et s'accorder sur un budget pour 2026.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, a promis de laisser le dernier mot au Parlement. Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

- Le PS maintient la pression -

La pression est forte entre des délais très courts et l'inquiétude croissante sur la situation des finances publiques de la deuxième économie de l'UE dont la dette atteint 115% du PIB.

Tout en insistant sur la nécessité de réaliser d'importantes économies, le Premier ministre doit donc accepter des concessions, au risque de ne pas parvenir à doter l'Etat français d'un budget dans les temps ou de tomber comme ses prédécesseurs.

Pour convaincre les socialistes de ne pas le renverser, Sébastien Lecornu a déjà accepté de suspendre la réforme des retraites adoptée au forceps en 2023, une mesure approuvée vendredi en commission parlementaire.

Face à la colère froide de la gauche après les votes de vendredi, il s'est dit prêt en outre à renoncer au gel des pensions de retraite et des minimas sociaux, des mesures parmi les plus contestées de cette séquence budgétaire et dont la suppression était dans le même temps votée en commission des Affaires sociales.

Le gouvernement comptait faire jusqu'à 3,6 milliards d'économies sur ces sujets, et pourrait compenser cela, au moins en partie, par une hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) sur le patrimoine.

Pour Sébastien Lecornu, il s'agit d'échapper à une censure du PS, qui maintient son étreinte et l'appelle à "encore rechercher le compromis" sous peine de devoir "repartir aux élections". A ce stade, "il n'y a pas de possibilité de voter ce budget", a lancé le patron des socialistes, Olivier Faure.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.


France: le cimentier Lafarge jugé à partir de mardi pour financement du terrorisme

Une multinationale en procès, dans une affaire inédite: le groupe français Lafarge et d'anciens hauts responsables comparaissent à partir de mardi à Paris, soupçonnés d'avoir payé des groupes jihadistes, dont l'État islamique (EI), en Syrie jusqu'en 2014 dans le but d'y maintenir l'activité d'une cimenterie. (AFP)
Une multinationale en procès, dans une affaire inédite: le groupe français Lafarge et d'anciens hauts responsables comparaissent à partir de mardi à Paris, soupçonnés d'avoir payé des groupes jihadistes, dont l'État islamique (EI), en Syrie jusqu'en 2014 dans le but d'y maintenir l'activité d'une cimenterie. (AFP)
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  • Aux côtés de Lafarge, avalé en 2015 par le groupe suisse Holcim, seront jugés au tribunal correctionnel de Paris l'ancien PDG du cimentier, Bruno Lafont, cinq ex-responsables de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté et deux intermédiaires
  • Dans ce dossier, ils devront répondre de financement d'entreprise terroriste et, pour certains, de non-respect de sanctions financières internationales

PARIS: Une multinationale en procès, dans une affaire inédite: le groupe français Lafarge et d'anciens hauts responsables comparaissent à partir de mardi à Paris, soupçonnés d'avoir payé des groupes jihadistes, dont l'État islamique (EI), en Syrie jusqu'en 2014 dans le but d'y maintenir l'activité d'une cimenterie.

Aux côtés de Lafarge, avalé en 2015 par le groupe suisse Holcim, seront jugés au tribunal correctionnel de Paris l'ancien PDG du cimentier, Bruno Lafont, cinq ex-responsables de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté et deux intermédiaires syriens, dont l'un est visé par un mandat d'arrêt international et devrait donc être absent au procès.

Dans ce dossier, ils devront répondre de financement d'entreprise terroriste et, pour certains, de non-respect de sanctions financières internationales.

Le groupe français est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d'euros à des groupes rebelles jihadistes dont certains, comme l'EI et Jabhat al-Nosra, ont été classés comme "terroristes", afin de maintenir l'activité d'une cimenterie à Jalabiya, dans le nord du pays.

La société avait investi 680 millions d'euros dans ce site, dont la construction a été achevée en 2010.

Plaintes 

Alors que les autres multinationales avaient quitté le pays en 2012, Lafarge n'a évacué cette année-là que ses employés de nationalité étrangère, et maintenu l'activité de ses salariés syriens jusqu'en septembre 2014, date à laquelle l'EI a pris le contrôle de l'usine.

Dans ce laps de temps, LCS aurait rémunéré des intermédiaires pour s'approvisionner en matières premières auprès de l'EI et d'autres groupes, et pour que ces derniers facilitent la circulation des employés et des marchandises.

L'information judiciaire avait été ouverte à Paris en 2017 après plusieurs révélations médiatiques et deux plaintes en 2016, une du ministère de l'Économie pour violation d'embargo, et l'autre de plusieurs associations et de onze anciens salariés de LCS pour financement du terrorisme.

Le nouveau groupe, issu de la fusion de 2015, qui a toujours pris soin de dire qu'il n'avait rien à voir avec les faits antérieurs à cette opération, avait entretemps lancé une enquête interne.

Confiée aux cabinets d'avocats américain Baker McKenzie et français Darrois, elle avait conclu en 2017 à des "violations du code de conduite des affaires de Lafarge".

Et en octobre 2022, Lafarge SA avait plaidé coupable aux États-Unis d'avoir versé à l'EI et Jabhat Al-Nosra près de 6 millions de dollars, et accepté d'y payer une sanction financière de 778 millions de dollars.

Une décision dénoncée par plusieurs prévenus du dossier français, à commencer par Bruno Lafont, qui conteste avoir été informé des paiements aux groupes terroristes.

Plus de 200 parties civiles 

Selon ses avocats, ce plaider-coupable, sur lequel s'appuient en partie les juges d'instruction français dans leur ordonnance, "est une atteinte criante à la présomption d'innocence, qui jette en pâture les anciens cadres de Lafarge" et avait "pour objectif de préserver les intérêts économiques d'un grand groupe".

Pour la défense de l'ex-PDG, le procès qui s'ouvre permettra d'"éclaircir" plusieurs "zones d'ombre du dossier", comme le rôle des services de renseignement français.

Les magistrats instructeurs ont estimé que si des remontées d'informations avaient eu lieu entre les responsables sûreté de Lafarge et les services secrets sur la situation autour du site, cela ne démontrait "absolument pas la validation par l'Etat français des pratiques de financement d'entités terroristes mises en place par Lafarge en Syrie".

Au total, 241 parties civiles se sont à ce jour constituées dans ce dossier. "Plus de dix ans après les faits, les anciens salariés syriens pourront enfin témoigner de ce qu'ils ont enduré: les passages de check-points, les enlèvements et la menace permanente planant sur leurs vies", souligne Anna Kiefer, de l'ONG Sherpa.

Lafarge encourt jusqu'à 1,125 million d'euros d'amende pour le financement du terrorisme. Pour la violation d'embargo, l'amende encourue est nettement plus lourde, allant jusqu'à 10 fois le montant de l'infraction qui sera retenu in fine par la justice.

Un autre volet de ce dossier est toujours à l'instruction, le groupe ayant aussi été inculpé pour complicité de crimes contre l'humanité en Syrie et en Irak.


Gérald Darmanin visé par une plainte d'avocats pour son soutien implicite à Sarkozy

Ce collectif d'une trentaine d'avocats se dit dans sa plainte, portée par Me Jérôme Karsenti, "particulièrement indigné par les déclarations du garde des Sceaux" faisant part "publiquement de sa compassion à l'égard de M. Sarkozy en soulignant les liens personnels qu'ils entretiennent". (AFP)
Ce collectif d'une trentaine d'avocats se dit dans sa plainte, portée par Me Jérôme Karsenti, "particulièrement indigné par les déclarations du garde des Sceaux" faisant part "publiquement de sa compassion à l'égard de M. Sarkozy en soulignant les liens personnels qu'ils entretiennent". (AFP)
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  • Le garde des Sceaux a rencontré mercredi à la prison de la Santé à Paris l'ancien président de la République, un de ses mentors en politique
  • Mais la plainte des avocats est née bien avant, juste après des déclarations de M. Darmanin sur France Inter le 20 octobre, à la veille de l'incarcération de M. Sarkozy

PARIS: Ils accusent Gérald Darmanin de "prendre position": un collectif d'avocats a porté plainte auprès de la Cour de justice de la République (CJR) contre le ministre de la Justice pour son soutien implicite à Nicolas Sarkozy, à qui il a rendu visite en prison.

Le garde des Sceaux a rencontré mercredi à la prison de la Santé à Paris l'ancien président de la République, un de ses mentors en politique.

Mais la plainte des avocats est née bien avant, juste après des déclarations de M. Darmanin sur France Inter le 20 octobre, à la veille de l'incarcération de M. Sarkozy.

En confiant ce jour-là sa "tristesse" après la condamnation de M. Sarkozy et en annonçant lui rendre prochainement visite en prison, ce qu'il a fait depuis, M. Darmanin a "nécessairement pris position dans une entreprise dont il a un pouvoir d'administration", stipule la plainte que l'AFP a pu consulter.

M. Darmanin indiquait qu'il irait "voir en prison" M. Sarkozy pour s'inquiéter "de ses conditions de sécurité". Et d'ajouter: "J'ai beaucoup de tristesse pour le président Sarkozy", "l'homme que je suis, j'ai été son collaborateur, ne peut pas être insensible à la détresse d'un homme".

Ce collectif d'une trentaine d'avocats se dit dans sa plainte, portée par Me Jérôme Karsenti, "particulièrement indigné par les déclarations du garde des Sceaux" faisant part "publiquement de sa compassion à l'égard de M. Sarkozy en soulignant les liens personnels qu'ils entretiennent".

En "s'exprimant publiquement quant à sa volonté de rendre visite à M. Sarkozy en détention" ainsi "qu'en lui apportant implicitement son soutien", M. Darmanin a "nécessairement pris position" dans une entreprise dont il a aussi "un pouvoir de surveillance en tant que supérieur hiérarchique du parquet", déroulent les plaignants.

Juridiquement, ce collectif d'avocats porte plainte contre M. Darmanin pour "prise illégale d'intérêts", via une jurisprudence considérant que "l'intérêt" peut "être moral et plus précisément amical".

"Préjudice" 

"Il ne fait pas de doute que cet intérêt est de nature à compromettre l'impartialité et l'objectivité de M. Darmanin qui, en tant que ministre de la Justice, ne peut prendre position de cette manière dans une affaire pendante", argumentent les avocats.

Condamné le 25 septembre à cinq ans d'emprisonnement dans le dossier libyen pour association de malfaiteurs, l'ancien président a depuis déposé une demande de remise en liberté, que la justice doit examiner dans les prochaines semaines, avant son procès en appel en 2026.

Les propos de M. Darmanin sur France Inter avaient déjà ému la magistrature. Le plus haut procureur de France, Rémy Heitz, y avait vu un "risque d'obstacle à la sérénité" et donc "d'atteinte à l'indépendance des magistrats".

"S'assurer de la sécurité d'un ancien président de la République en prison, fait sans précédent, n'atteint en rien à l'indépendance des magistrats mais relève du devoir de vigilance du chef d'administration que je suis", s'était déjà défendu M. Darmanin sur X.

Pour le collectif d'avocats, "les déclarations" du ministre de la Justice, "suivies" de sa "visite rendue à la prison de la Santé", sont "susceptibles de mettre à mal la confiance que les justiciables ont dans la justice et leurs auxiliaires", que sont notamment les avocats.

Les "agissements" de M. Darmanin leur causent "ainsi un préjudice d'exercice et d'image qui rend nécessaire le dépôt de cette plainte auprès de la commission des requêtes" de la CJR, peut-on encore lire dans la plainte.

La CJR est la seule juridiction habilitée à poursuivre et juger les membres du gouvernement pour les crimes et délits commis dans l'exercice de leurs fonctions.