LR fait le ménage dans ses rangs face à la tentation Zemmour

Valérie Pécresse, candidate du parti Les Républicains (LR) à l'élection présidentielle de 2022, prononce un discours aux côtés du député LR Eric Ciotti lors d'une visite à Saint-Martin-Vesubie, le 6 décembre 2021. (Photo, AFP)
Valérie Pécresse, candidate du parti Les Républicains (LR) à l'élection présidentielle de 2022, prononce un discours aux côtés du député LR Eric Ciotti lors d'une visite à Saint-Martin-Vesubie, le 6 décembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 08 décembre 2021

LR fait le ménage dans ses rangs face à la tentation Zemmour

  • Premier concerné par ce coup de balai: le député Guillaume Peltier, ex-numéro 2 du parti, après un tweet laudateur envers le candidat d'extrême droite
  • "On ne peut pas être à l'extérieur et à l'intérieur, c'est une question de loyauté", a déclaré mardi le secrétaire général de LR Aurélien Pradié

PARIS : Enfin doté d'une candidate à la présidentielle, en hausse dans les sondages, LR fait le ménage dans ses rangs, écartant les voix discordantes sur Eric Zemmour pour parfaire son image d'unité sous la houlette de Valérie Pécresse.

Premier concerné par ce coup de balai: le député Guillaume Peltier, ex-numéro 2 du parti, que le président de LR Christian Jacob a démis mardi de ses fonctions de vice-président (ils sont huit à occuper ce poste) après un tweet laudateur envers le candidat d'extrême droite.

"Comment rester insensible au discours pour la France d'Eric Zemmour?" y affirmait Guillaume Peltier, photo du meeting de Villepinte dimanche à l'appui, en appelant à "unir tous les électeurs de droite, avec Les Républicains". 

Le commentaire a hérissé, dans un parti qui redoute une "tentation Zemmour" parmi certains électeurs de son aile droite. Sa rétrogradation en comité stratégique "est passée comme une lettre à la poste", ont assuré plusieurs participants.

Ce propos "n'engage en rien notre famille politique" et "le discours d'Eric Zemmour est à mille lieues de nos valeurs", avait affirmé dès lundi dans un tweet la porte-parole de LR Agnès Evren.

"On ne peut pas être à l'extérieur et à l'intérieur, c'est une question de loyauté", a déclaré mardi le secrétaire général de LR Aurélien Pradié.

D'autant que le tweet en question intervenait au lendemain de la désignation de Valérie Pécresse comme candidate de LR, où chacun s'emploie à sceller un rassemblement aux antipodes des divisions du passé.

Le message pourrait porter: dans un sondage BFMTV/L'Express publié mardi, Valérie Pécresse se hisse à 20% des voix au premier tour et l'emporte au second.

"On ne peut pas laisser penser que la dynamique de la campagne va s'effriter parce que certains ont eu des propos malheureux", a expliqué le député Pierre-Henri Dumont en parlant de "clarification nécessaire". 

«Digue»

Eric Zemmour a apporté son "soutien" à Guillaume Peltier, interprétant sa rétrogradaction comme "une preuve de plus que l'élite LR s’apprête à rallier Macron".

Guillaume Peltier "est une voix qui compte", a assuré Eric Ciotti, le finaliste de la primaire LR, qui a plusieurs fois dit qu'il préfèrerait voter Zemmour que Macron au second tour.

Faut-il voir là une différence de traitement? "Ces propos avaient aussi été critiqués" mais "Eric Ciotti s'exprimait dans un débat interne, pour cranter l'aile droite, alors que Guillaume Peltier avec son statut de vice-président engage tout le parti quand il parle", assure un cadre de LR.

Guillaume Peltier a indiqué qu'il ne réagirait pas avant le week-end.

Le député de Loir-de-Cher avait déjà perdu son poste de numéro 2 fin mai après avoir assuré "porter les mêmes convictions" que le maire de Béziers Robert Ménard, proche du RN.

Ancien du Front national passé chez Philippe de Villiers au début des années 2000, il avait regretté en novembre l'"étanchéité" avec les électeurs d'Éric Zemmour et de Marine Le Pen.

"Il y a toujours eu une digue étanche entre la droite et l'extrême droite et tous ceux qui partiront du côté d'Eric Zemmour seront sanctionnés", affirme Pierre-Henri Dumont.

Dans cette logique, LR a également mis "fin au contrat avec le Mouvement conservateur" (ex-Sens commun, NDLR), dont la présidente Laurence Trochu était intervenue au meeting de Villepinte. Ses membres "sont exclus des instances".

Le Mouvement conservateur a vu dans cette exclusion un signe de "mépris profond" et de "décomposition idéologique", et a invité dans un communiqué à "se rassembler autour du projet clair et cohérent porté par Eric Zemmour".

Enfin Les Républicains ont retiré sa vice-présidence à Gaël Perdriau qui, lui, avait tenu des propos critiques vis-à-vis d'Eric Ciotti mais aussi de Valérie Pécresse.

"Petit à petit, on a dérivé vers cette droite identitaire", a-t-il déploré mardi, regrettant que Valérie Pécresse n'ait "jamais rejeté la fumeuse théorie du grand remplacement que défend (Eric) Zemmour et qui est implicitement soutenue par Ciotti".


Israël: la France veut des sanctions européennes contre les colons extrémistes

Une proposition de sanctions à l'encontre des colons extrémistes, coupables de violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, est sur la table des Vingt-Sept depuis des mois. (AFP)
Une proposition de sanctions à l'encontre des colons extrémistes, coupables de violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, est sur la table des Vingt-Sept depuis des mois. (AFP)
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  • Une très large majorité d'Etats membres y est favorable, dont la France, mais l'adoption de ces sanctions, qui requiert l'unanimité, se heurte jusqu'à présent au veto de la Hongrie, selon des diplomates
  • La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a également soumis aux pays de l'UE une liste d'options possibles de sanctions contre Israël, comprenant une suspension de l'accord d'association UE-Israël

BRUXELLES: La France est favorable à des sanctions européennes contre les colons israéliens extrémistes de Cisjordanie, a confirmé mardi à Bruxelles le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

"Je crois que l'UE s'honorerait à suivre les orientations que nous avons proposées de sanctionner les individus responsables de la colonisation, extrémistes et violents", a-t-il affirmé devant la presse, avant le début d'une réunion avec ses homologues de l'UE à Bruxelles.

Une proposition de sanctions à l'encontre des colons extrémistes, coupables de violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, est sur la table des Vingt-Sept depuis des mois. Une très large majorité d'Etats membres y est favorable, dont la France, mais l'adoption de ces sanctions, qui requiert l'unanimité, se heurte jusqu'à présent au veto de la Hongrie, selon des diplomates.

La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a également soumis aux pays de l'UE une liste d'options possibles de sanctions contre Israël, comprenant une suspension de l'accord d'association UE-Israël, un embargo total sur les ventes d'armes ou une interdiction d'importation de marchandises en provenance des colonies israéliennes en Cisjordanie.

Sur ce point, M. Barrot s'est dit favorable à ce que l'UE "cesse toute forme de soutien financier direct et indirect à la colonisation".

Le ministre français a également "exigé" qu'Israël lève son "blocus financier" et paie les deux milliards d'euros qu'il doit verser à l'Autorité palestinienne. Le gouvernement israélien doit mettre "fin à la colonisation de la Cisjordanie et en particulier au projet funeste dit projet E1 qui, avec 3.400 logements, menace de couper en deux la Cisjordanie et de porter un coup fatal à la solution à deux Etats", a-t-il affirmé.

Les 27 doivent discuter mardi des mesures présentées par Mme Kallas, mais il est peu probable, selon plusieurs diplomates européens, qu'une décision soit prise, tant les divisions entre les Etats membres restent profondes.

Ces options présentées par Mme Kallas ont été décidées après qu'un rapport de la Commission européenne a établi qu'Israël ne respectait pas l'article 2 de l'accord d'association UE-Israël, prévoyant le respect des droits humains.


Budget: Bayrou présente l'addition, les boucliers se lèvent déjà

Le Premier ministre a promis auprès de l'AFP de ne laisser aucune "poussière" de dépenses "sous le tapis".  Mais, politiquement, son socle de soutiens paraît plus friable que jamais. (AFP)
Le Premier ministre a promis auprès de l'AFP de ne laisser aucune "poussière" de dépenses "sous le tapis". Mais, politiquement, son socle de soutiens paraît plus friable que jamais. (AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou dévoile mardi les grandes orientations du budget 2026, un casse-tête financier et politique visant 40 milliards d'économies
  • Résoudre l'équation paraît relever de l'exploit mathématique, tant les marges de manœuvre financières sont réduites

PARIS: Le Premier ministre François Bayrou dévoile mardi les grandes orientations du budget 2026, un casse-tête financier et politique visant 40 milliards d'économies, en plus d'augmenter le budget des armées, qui soulève déjà une levée de boucliers des oppositions.

Résoudre l'équation paraît relever de l'exploit mathématique, tant les marges de manœuvre financières sont réduites.

Objectif: ramener le déficit à 4,6% du PIB l'an prochain, contre 5,8% en 2024. Le tout dans un contexte international inflammable, entre tensions commerciales et militaires, ce qui a conduit Emmanuel Macron à demander un effort additionnel de 3,5 milliards d'euros pour la défense.

Le Premier ministre a promis auprès de l'AFP de ne laisser aucune "poussière" de dépenses "sous le tapis".

Mais, politiquement, son socle de soutiens paraît plus friable que jamais.

Et chacun sur l'échiquier posait, avant même cette présentation, ses lignes rouges.

Au Rassemblement national, qui se place en arbitre de la censure après avoir renversé le gouvernement Barnier en décembre, le député et membre de la direction du parti Jean-Philippe Tanguy a promis de faire tomber le gouvernement en cas de hausse d'impôts, voire de gel budgétaire ("année blanche"), une autre manière selon lui "de piquer de l'argent aux gens".

Le rendement de cette "année blanche", qui consiste à reconduire à l'identique certaines dépenses sans tenir compte de l'inflation, varie selon le périmètre retenu. Elle pourrait s'étendre au barème de l'impôt sur le revenu, voire mettre à contribution les retraités.

"Les lignes rouges, c'est ne pas s'attaquer" à "la contribution à l'UE, la suradministration, (...) l'immigration" et "demander aux Français des efforts", a complété le vice-président du RN Sébastien Chenu.

"Sur un fil"

Du côté de La France insoumise, l'année blanche serait "une année rouge pour les Français" et "les mêmes causes produiront les mêmes effets", a estimé le coordinateur du mouvement Manuel Bompard, qui avait voté aussi la censure en décembre.

Et, pour le député socialiste Philippe Brun, "ce qui serait inacceptable", c'est que "les plus riches (...) soient totalement exemptés d'efforts".

La gauche rêve d'obtenir une taxe inspirée par l'économiste français Gabriel Zucman sur les "ultra-riches", en prélevant 2% par an de leur patrimoine, pour un rendement annuel de 20 milliards d'euros. Mais le camp macroniste n'en veut pas.

La patronne de la CGT Sophie Binet a elle invité le gouvernement à aller "chercher l'argent là où il est, à savoir dans la poche des actionnaires, des rentiers, des plus riches".

Autant dire que François Bayrou, qui s'exprimera pendant 45 minutes, avant certains de ses ministres (Eric Lombard, Catherine Vautrin, Amélie de Montchalin, François Rebsamen et Astrid Panosyan-Bouvet), infographies à l'appui, marche sur un fil.

Deux volets 

Le Premier ministre décline sur tous les registres le "piège mortel" qui guette le pays, face au mur de la dette qui a atteint 114% du PIB en mars, un combat dont il a fait son ADN politique et une dramatisation visant à améliorer l'acceptabilité d'une note qui s'annonce salée.

Il promet "un plan cohérent, suffisamment précis, même s'il restera à finaliser avec le Parlement, pour que tout le monde mesure la part que chacun doit prendre à cet effort".

Avec "deux volets": l'un tourné vers "un retour à un équilibre supportable des finances publiques". Et l'autre de "soutien à la production".

La foire aux idées a été particulièrement florissante. François Bayrou, qui a présenté vendredi ses intentions à Emmanuel Macron et doit le revoir ce mardi en fin de matinée, a promis "des efforts ici ou là" en matière de fiscalité mais pas de hausse d'impôts généralisée. La contribution pour les hauts revenus instaurée l'an dernier devrait être remodelée et reconduite, selon une source ministérielle.

L'Etat dans son ensemble devra se serrer la ceinture, ainsi que les collectivités.

Des coups de rabot sont aussi évoqués dans les niches fiscales, les aides publiques aux entreprises ou encore chez les opérateurs de l'Etat.

Suscitant déjà la controverse, un nouveau durcissement des règles de l'assurance chômage se profile, alors qu'Emmanuel Macron compte financer l'effort militaire par "plus de production et plus d'activité". De quoi raviver les spéculations autour d'un relèvement du temps de travail ou la suppression de jours fériés.

D'autres gisements d'économies ont été identifiés sur la facture des transports médicalisés, des affections longue durée ou des arrêts maladie.


Pollution de l’air en France: cet ennemi invisible qui tue en silence

Un ballon météorologique destiné à surveiller la qualité de l'air en Ile-de-France vole à côté de la Tour Eiffel à Paris le 24 mars 2022. (AFP)
Un ballon météorologique destiné à surveiller la qualité de l'air en Ile-de-France vole à côté de la Tour Eiffel à Paris le 24 mars 2022. (AFP)
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  • Selon l’agence gouvernementale Santé publique France, les particules fines présentes dans l’atmosphère seraient responsables d’environ 40 000 décès prématurés chaque année
  • Cette réalité accablante touche en priorité les grandes agglomérations, où la concentration des polluants est la plus forte. Elle souligne aussi l’ampleur des efforts qu’il reste à fournir pour assainir durablement l’air que nous respirons

PARIS: Respirer est vital… mais en France, il demeure paradoxalement mortel. Chaque année, des dizaines de milliers de vies sont écourtées par un ennemi invisible : la pollution de l’air.
Selon l’agence gouvernementale Santé publique France, les particules fines présentes dans l’atmosphère seraient responsables d’environ 40 000 décès prématurés chaque année.

Cette réalité accablante touche en priorité les grandes agglomérations, où la concentration des polluants est la plus forte. Elle souligne aussi l’ampleur des efforts qu’il reste à fournir pour assainir durablement l’air que nous respirons.

Pourtant, des progrès notables ont été réalisés ces dernières années. L’association Respire, qui milite pour une meilleure qualité de l’air, reconnaît une amélioration globale.
Ses dernières analyses révèlent une baisse significative des concentrations moyennes de dioxyde d’azote (NO₂). À Clermont-Ferrand, par exemple, la moyenne annuelle est passée de 25,7 à 13,7 microgrammes par mètre cube entre 2018 et 2024. À Paris, la baisse atteint environ 40 %, de 45,3 à 26,3 microgrammes.

Ces avancées sont le fruit de plusieurs leviers : des normes européennes plus strictes en matière d’émissions automobiles, l’extension des Zones à Faibles Émissions (ZFE) et une politique de réduction de la place de la voiture dans les centres urbains.

Mais le combat est loin d’être gagné. Respire alerte: la France reste « loin du compte ». Malgré les progrès, les concentrations de polluants dans de nombreuses grandes villes dépassent encore largement les nouvelles limites européennes prévues pour 2030.
À Paris et Lyon, certaines stations de mesure enregistrent des taux plus de deux fois supérieurs aux futures normes.

« La bataille pour la qualité de l’air est loin d’être gagnée », résume Tony Renucci, directeur général de l’association, dans les colonnes du Parisien. Il appelle à des politiques plus ciblées, en particulier pour s’attaquer aux émissions liées au trafic routier.