Les accords commerciaux du Golfe, un engagement pour une intégration économique

Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, est accueilli par le sultan d'Oman, Haitham ben Tariq, à son arrivée à l'aéroport de Mascate, la capitale d'Oman, le 6 décembre 2021. (Photo, AFP)
Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, est accueilli par le sultan d'Oman, Haitham ben Tariq, à son arrivée à l'aéroport de Mascate, la capitale d'Oman, le 6 décembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 08 décembre 2021

Les accords commerciaux du Golfe, un engagement pour une intégration économique

  • Des entreprises saoudiennes ont signé des accords avec des partenaires du Sultanat d'une valeur de 10 milliards de dollars
  • Comme l'Arabie saoudite, Oman a une stratégie pour créer une économie post-pétrole avec une base fiscale solide

DUBAÏ: La signature de nouveaux accords d'investissement d'une valeur de 10 milliards dollars (1 dollar américain = 0,86 euro) entre l'Arabie saoudite et Oman est sans aucun doute un développement positif pour le renforcement de la coopération entre les pays membres du Conseil de coopération du Golfe. Pourtant, les premières questions qui viennent à l'esprit sont les suivantes: Pourquoi Oman et pourquoi maintenant?

D'un point de vue géopolitique, la décision de l'Arabie saoudite est importante car le Royaume utilise désormais son immense poids économique dans le but de soutenir ses voisins plus petits, à commencer par l'Irak au nord et maintenant Oman au sud-est.

Il est largement admis que la future stabilité sociale et politique de la région passe avant tout par la stabilité économique. De nombreux voisins de l'Arabie saoudite sont des pays producteurs de pétrole dont la diversification de l’économie vers d'autres industries et marchés ne fait que commencer.

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Dans le cadre de la visite du prince héritier, Mohammed ben Salmane, des entreprises saoudiennes et omanaises ont signé 13 protocoles d'accord portant sur des travaux conjoints dans les secteurs économiques. (Photo, SPA)

 

Les investissements sont considérés comme un moyen efficace d'aider ces pays à s’affranchir du pétrole et à créer davantage d'emplois dans d'autres secteurs. Mais pour que les investissements saoudiens aient une quelconque signification positive à long terme, ils doivent s'aligner sur les objectifs nationaux et stratégiques des deux pays.

Tout comme l'Arabie saoudite, Oman a son propre programme de réformes, connu sous le nom d'Oman Vision 2040, qui vise à faire du Sultanat une puissance économique dotée d'une base fiscale et économique durable. Ce dont Oman a besoin pour faire de cette vision audacieuse une réalité, c'est d’un accès au capital financier nécessaire pour développer son économie.

Avec ses puits et ses réservoirs vieillissants, l'industrie pétrolière d'Oman aura besoin d’investissements massifs pour maintenir la capacité actuelle. Le Sultanat est clairement conscient que le pétrole ne sera pas sa seule source de revenus à l'avenir. En fait, son budget 2021 a été élaboré sur la base d'un pétrole coûtant la somme dérisoire de 45 dollars le baril.

Pour aider Oman à réaliser son potentiel post-pétrolier, les entreprises saoudiennes ont signé une série d'accords commerciaux et d'infrastructures avec leurs homologues omanais qui non seulement augmenteront les investissements directs étrangers dans le Sultanat, mais renforceront également sa diversification économique.

En ce qui concerne les investissements dans le secteur de l’énergie en particulier, le premier accord prévoit de reproduire ce que l'Arabie saoudite fait à NEOM, sa nouvelle ville intelligente de haute technologie située sur la côte ouest du Royaume, sur la mer Rouge.

Le fournisseur d'énergie omanais OQ Group a signé trois de ces accords, dont le premier avec les sociétés saoudiennes ACWA Power and Air Products dans les domaines de la pétrochimie, des énergies renouvelables et de l'hydrogène vert.

Avec cet accord, l'Arabie saoudite étend son projet d'hydrogène vert au-delà de ses propres frontières et à Oman, ce qui stimulera l'approvisionnement global en hydrogène provenant du CCG.

L'hydrogène est devenu un concurrent viable pour la transition énergétique en s’éloignant des combustibles fossiles nuisibles à l'environnement. Oman est idéalement situé pour fournir de l'hydrogène aux marchés du sud-est et de l'Est de l’Asie, tandis que NEOM est mieux placé pour l’expédier vers les marchés européens.

Le deuxième accord énergétique, relatif au stockage du pétrole, a été signé avec Saudi Aramco, et le troisième, portant sur le développement du projet de complexe pétrochimique omanais Duqm, avec SABIC.

La stratégie de Saudi Aramco consiste à étendre le stockage au-delà du détroit d'Ormuz. Le contournement de cette voie navigable étroite contribuera à réduire la menace que font peser sur le transport maritime les blocages et même la piraterie, qui risquent d’avoir des répercussions sur les prix mondiaux du pétrole.

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Le sultan d'Oman présente l'Ordre civil de première classe d'Oman à SAR le prince héritier, en reconnaissance des liens fraternels, d'excellentes relations et d'une coopération constructive. (Photo, SPA)

 

Quant à l'accord de SABIC, Duqm attire davantage l'attention maintenant que la raffinerie commune Koweït-Oman est en voie d'achèvement. Cela permettra à SABIC d'avoir un meilleur accès aux matières premières tout en utilisant des produits omanais. Les retombées se traduiront par la création d'emplois, un nouveau pôle pétrochimique à Duqm et un précieux transfert de connaissances.

Le secteur de l'énergie n’est pas le seul à bénéficier des accords. L'industrie du tourisme à Oman peut également s'attendre à un flot de nouveaux investissements. Le groupe Omran a signé un protocole d’accord avec la société saoudienne de développement immobilier Dar al-Arkan pour le développement de la plage de Yetti à Oman.

Omran est connu pour créer des atouts touristiques durables et authentiques ainsi que des communautés et des destinations de style de vie conçues pour stimuler la croissance économique et contribuer à la diversification de l'économie.

Asyad, un groupe de logistique basé à Oman, a signé un accord avec Saudi Bahri, une société de transport et de logistique, tandis que Minerals Development Oman a signé un accord avec Maaden Phosphate Co. du Royaume pour stimuler la coopération dans le secteur minier.

Quant au timing, les deux pays ont les moyens et la volonté d'investir pour l'avenir. Les prix du pétrole sont élevés, donnant aux deux pays les ressources dont ils ont besoin pour soutenir leurs visions nationales partagées.

Si tout se passe comme prévu, Oman pourrait être en mesure de réaliser ses objectifs nationaux bien avant 2040, ce qui lui permettrait de rejoindre le club 2030.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.