Les incertitudes sont encore nombreuses sur Omicron

Une technicienne de laboratoire travaille dans un laboratoire de pathologie équipé pour dépister les patients atteints de coronavirus Covid-19 et les patients infectés par la variante Omicron arrivant de destinations à haut risque répertoriées dans un hôpital gouvernemental de Chennai le 6 décembre 2021. (AFP)
Une technicienne de laboratoire travaille dans un laboratoire de pathologie équipé pour dépister les patients atteints de coronavirus Covid-19 et les patients infectés par la variante Omicron arrivant de destinations à haut risque répertoriées dans un hôpital gouvernemental de Chennai le 6 décembre 2021. (AFP)
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Publié le Jeudi 09 décembre 2021

Les incertitudes sont encore nombreuses sur Omicron

  • Du point de vue génétique, il possède un nombre inédit de mutations, dont une trentaine dans la protéine spike, la clé d'entrée du virus dans l'organisme
  • À ce stade, Omicron a été détecté sur tous les continents

PARIS : Omicron: le nom du nouveau variant qui inquiète le monde fait penser à celui d'un méchant de science-fiction, mais il est trop tôt pour dire quel impact il aura sur la pandémie de Covid-19. Le point sur ce qu'on en sait et, surtout, sur ce qu'on ignore encore.

D'où vient-il ?

On l'ignore. Selon l'épidémiologiste sud-africain Salim Abdool Karim, il a été signalé pour la première fois au Botswana avant d'être détecté en Afrique du Sud, qui en a fait l'annonce le 25 novembre.

"Il tourne probablement en Afrique du Sud (...) depuis plus longtemps qu'on ne le pensait, depuis début octobre", a avancé début décembre le président du Conseil scientifique qui guide le gouvernement français, Jean-François Delfraissy.

Pourquoi inquiète-t-il ?

Dès le lendemain de l'annonce de l'Afrique du Sud, le nouveau variant a été classé "préoccupant" par l'OMS, qui lui a donné le nom d'une lettre grecque, comme aux précédents.

Les inquiétudes sont pour l'heure largement théoriques: elles viennent d'une part des caractéristiques génétiques d'Omicron, et de l'autre de ce qu'on observe en Afrique du Sud.

Du point de vue génétique, il possède un nombre inédit de mutations, dont une trentaine dans la protéine spike, la clé d'entrée du virus dans l'organisme.

En se fondant sur l'expérience des précédents variants, on sait que certaines de ces mutations peuvent être associées à une plus grande transmissibilité et à une baisse d'efficacité des vaccins.

D'autre part, le nombre de cas de Covid et la part attribuée à ce variant ont connu une forte poussée en Afrique du Sud. 

 Va-t-il détrôner Delta ?

C'est LA question centrale, à laquelle on ne peut pas encore répondre.

Delta est aujourd'hui quasi hégémonique dans le monde grâce à ses caractéristiques qui lui ont permis de remplacer Alpha.

Dans cette grande compétition entre variants, ceux qui sont apparus ces derniers mois (Mu ou Lambda) n'ont pas réussi à lui ravir la première place.

La situation sud-africaine laisse craindre qu'Omicron en soit capable. Mais ça n'est pas sûr, d'autant que Delta est peu présent en Afrique du Sud.

Si les tendances observées dans ce pays se confirment ailleurs, Omicron pourrait devenir majoritaire en Europe "dans les tout prochains mois", a estimé le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Mais ces prévisions mathématiques se basent sur des données très préliminaires, qui peuvent évoluer.

"On ne sait pas encore si la prolifération des cas vient d'une plus grande transmissibilité, comme Delta, ou de l'échappement immunitaire" (la capacité à réinfecter des personnes déjà infectées par le passé ou vaccinées, ndlr), a souligné l'expert américain Eric Topol dans le journal britannique The Guardian, tout en penchant plutôt pour la seconde hypothèse.

À ce stade, Omicron a été détecté sur tous les continents.

Plus dangereux ou non ?

C'est une autre question importante à laquelle on ne peut pas encore répondre, même si plusieurs responsables de santé publique ont tenu des propos rassurants cette semaine.

Il est "quasiment certain" qu'Omicron n'est pas plus grave que Delta, a dit mardi l'éminent scientifique américain Anthony Fauci à l'AFP, estimant même qu'il pourrait être moins dangereux.

Les données d'hospitalisation sont plutôt rassurantes en Afrique du Sud, mais il faut rappeler que la population est plutôt jeune, donc moins à risque de formes graves.  

Pour l'instant, tous les cas documentés en Europe sont "soit sans symptôme soit légers", a indiqué l'ECDC. 

Cela ouvrirait la porte à une conjecture optimiste.

"Si le Omicron est très transmissible, mais pas méchant (ne remplit pas les hôpitaux), il donnerait une immunité de groupe et participerait à atténuer le SARS-CoV-2 en virus saisonnier bénin, ce qui sifflerait la fin de la crise", a relevé le virologue français Bruno Canard.

Mais il a précisé qu'un tel scénario serait un "coup de chance". Nombre de spécialistes soulignent en effet que cette hypothèse n'est pas la plus probable et mettent en garde contre un excès d'optimisme. Si Omicron allie une moindre dangerosité mais une plus forte contagiosité, les conséquences resteraient en effet graves sur le plan collectif.

Quel impact sur les vaccins ?

Là encore, il est trop tôt pour dire si ce variant réduira l'efficacité des vaccins, même si on peut le craindre.

De premières études, encore non relues de manière indépendante, montrent en effet cette semaine que les vaccinés semblent générer beaucoup moins d'anticorps efficaces contre Omicron que contre les précédents variants.

Mais, selon les groupes Pfizer et BioNTech, à l'origine de l'un des principaux vaccins, il suffirait de donner trois doses pour retrouver un niveau d'anticorps équivalent.

Il est de toute façon difficile de tirer des conclusions précises car le niveau d'anticorps ne préjuge qu'en partie de l'efficacité réelle des vaccins.

Car les anticorps ne sont qu'un des volets de la réponse immunitaire, qui passe aussi par des cellules appelées lymphocytes T. Plus difficile à mesurer, cette "immunité cellulaire" n'en joue pas moins un rôle très important, notamment contre les formes graves de la maladie.

"Il n'y a aucune raison de douter" que les vaccins actuels évitent les formes graves chez les patients infectés par Omicron, a estimé auprès de l'AFP Michael Ryan, le responsable des urgences de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com