La démocratie a grand besoin de «champions», dit Biden en ouvrant un sommet virtuel

Le président US a lancé jeudi un "sommet virtuel sur la démocratie" rassemblant une centaine de pays, dont le choix a provoqué bien des débats. (Photo, AFP)
Le président US a lancé jeudi un "sommet virtuel sur la démocratie" rassemblant une centaine de pays, dont le choix a provoqué bien des débats. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 10 décembre 2021

La démocratie a grand besoin de «champions», dit Biden en ouvrant un sommet virtuel

  • Le sommet rassemble les représentants d'une centaine de gouvernements, d'ONG, d'entreprises et d'organisations caritatives
  • La liste des invités a provoqué de vives tensions entre l'exclusion de la Russie et la Chine d'une part, ou l'invitation du Bolsonaro de l'autre

Le président américain Joe Biden a estimé que la démocratie avait besoin de "champions", y compris aux Etats-Unis, en ouvrant jeudi un sommet virtuel rassemblant une centaine de pays, dont le choix a provoqué bien des débats.

La démocratie dans le monde a besoin de "champions" pour faire face à des "défis importants et inquiétants", a-t-il dit depuis la Maison Blanche, s'exprimant depuis un podium entouré de panneaux créés pour l'occasion, portant l'inscription "Summit for Democracy" et un logo de couleur bleue, orange et blanche.

Le 46ème président américain a reconnu que les Etats-Unis eux-mêmes devaient "combattre sans relâche pour être à la hauteur de leurs idéaux démocratiques", et convenu qu'aucun des Etats invités au sommet n'était "parfait".

Mais il les a appelés à joindre leurs efforts face aux "autocrates" qui "justifient leurs pratiques et leurs politiques de répression comme le moyen le plus efficace de répondre aux défis du moment", semant le doute sur la capacité des régimes démocratiques à prendre soin de leurs citoyens.

L'événement, organisé virtuellement à Washington pour cause de pandémie de Covid-19, doit en théorie être reconduit en personne l'an prochain.

Le sommet rassemble les représentants d'une centaine de gouvernements, d'ONG, d'entreprises et d'organisations caritatives, mais la liste des invités a provoqué de vives tensions.

La Chine et la Russie ont ainsi fustigé leur exclusion.

Que les Etats-Unis s'autorisent à définir "qui est un +pays démocratique+ et qui n'est pas éligible à ce statut" relève d'une "mentalité de Guerre froide", ont écrit fin novembre dans une tribune conjointe les ambassadeurs russe Anatoli Antonov et chinois Qin Gang.

L'invitation de Taïwan a aussi fait bondir Pékin, qui considère l'île comme une province chinoise même s'il ne la contrôle pas.

Ce sommet se tient à un moment de vive tension entre les Etats-Unis et la Chine, mais aussi entre les Etats-Unis et la Russie.

Washington a annoncé lundi qu'il n'enverrait aucun représentant diplomatique aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin en février. Les Etats-Unis ont été rejoints par l'Australie, le Royaume-Uni et le Canada.

Pour ce qui concerne la Russie, Joe Biden multiplie les avertissements contre Vladimir Poutine, qu'il espère dissuader d'attaquer l'Ukraine en agitant la menace de lourdes sanctions économiques.

Loin des échanges s'annonçant policés du sommet sur la démocratie, le président américain est engagé dans un rapport de force pur et dur, qui passera jeudi par des consultations avec ses alliés: le président ukrainien, puis des pays membres de l'Otan en Europe de l'Est.

De manière plus large, la liste des pays invités ou exclus de ce sommet a fait débat.

Le Pakistan, les Philippines, le Brésil dirigé par le président d'extrême droite Jair Bolsonaro sont conviés mais pas la Hongrie, membre de l'Union européenne, où un gouvernement nationaliste est au pouvoir, ou encore la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, pourtant alliée de Washington au sein de l'Otan.

Le sommet intervient alors que les Etats-Unis traversent une crise politique sans précédent, l'ancien président Donald Trump et ses alliés conservateurs continuant à dénoncer sans preuves des fraudes électorales qui lui auraient fait perdre l'élection de novembre 2020.

L'attaque violente des partisans de M. Trump contre le Congrès le 6 janvier a ébranlé la démocratie américaine et le pays reste secoué par les divisions malgré la posture de "rassembleur" du président.

A la peine dans les sondages, Joe Biden doit affronter dans un an des élections législatives de mi-mandat qui sont traditionnellement défavorables au pouvoir en place. Ce scrutin pourrait aussi, en cas de succès républicain, pousser Donald Trump à briguer un nouveau mandat en 2024.

Pour Bruce Jentleson, professeur de sciences politiques à l'Université Duke, ce sommet "a toujours été une mauvaise idée", qui attise les tensions sans produire de grandes avancées.

"Nous avons des problèmes plus importants que n'importe quelle autre démocratie occidentale", dit-il. "On a attaqué le Congrès, c'était une tentative de coup d'Etat. On n'a pas vu cela se produire à Paris, au Bundestag (allemand) ou au siège de l'Union européenne à Bruxelles".

"Si nous voulons rivaliser, nous devons faire de notre mieux, et c'est vraiment à nous de le faire dans notre pays plutôt que de rassembler cent dirigeants pour dire: +Nous aimons la démocratie+", explique-t-il.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.