Dans un Cuba en crise économique, la soupe populaire fait le plein

Une assistante sert des repas au projet communautaire Quisicuaba dans le quartier de Los Sitios, à La Havane, le 1er novembre 2021. Le nombre de convives est passé de 700 à 2 200 en raison de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus et du durcissement de l'embargo américain contre Cuba. (Adalberto Roque / AFP)
Une assistante sert des repas au projet communautaire Quisicuaba dans le quartier de Los Sitios, à La Havane, le 1er novembre 2021. Le nombre de convives est passé de 700 à 2 200 en raison de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus et du durcissement de l'embargo américain contre Cuba. (Adalberto Roque / AFP)
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Publié le Samedi 11 décembre 2021

Dans un Cuba en crise économique, la soupe populaire fait le plein

  • Avant l'arrivée du coronavirus sur l'île, en mars 2020, quelque 700 personnes venaient chaque jour à cette soupe populaire
  • Après les manifestations historiques du 11 juillet, président Miguel Diaz-Canel avait désigné une soixantaine de quartiers défavorisés pour y implanter des programmes sociaux

LA HAVANE, Cuba : Avec une grande cuillère en bois, le cuisinier "Pepin" mélange 136 kilos de viande hachée avec de la sauce tomate: le repas que sert une institution religieuse cubaine à 2.200 habitants d'un quartier pauvre de La Havane.

Avant l'arrivée du coronavirus sur l'île, en mars 2020, quelque 700 personnes venaient chaque jour à cette soupe populaire. La crise économique provoquée par la pandémie et le renforcement des sanctions américaines a fait exploser le nombre de bénéficiaires.

"Pepin", c'est le surnom de Pedro Pablo Vazquez, aux fourneaux pour ce projet communautaire baptisé Quisicuaba et consacré à la réinsertion sociale dans le quartier Los Sitios, l'un des plus pauvres de la capitale cubaine.

"Moi j'étais un gamin qui traînait dans la rue sans travailler, j'avais eu des problèmes... le parrain m'a accueilli ici, et désormais grâce à lui je suis quelqu'un de bien", confie à l'AFP l'homme de 40 ans, dans la petite cuisine où il s'agite depuis l'aube.

Ce "parrain" qu'il mentionne est Enrique Aleman, directeur de ce projet communautaire et leader d'une organisation religieuse spiritiste qui vient en aide aux mères célibataires, familles de détenus, séropositifs, alcooliques et sans abri.

- «Quartiers vulnérables» -

"Le boom de l'affluence à la soupe populaire est un effet du blocus (l'embargo américain en vigueur depuis 1962 et récemment renforcé, ndlr), en pleine pandémie", estime Enrique Aleman, entouré d'objets liés au spiritisme dans son bureau, autrefois un foyer d'anciens esclaves Kissi, venus d'Angola au 16e siècle, et désormais un musée, propriété de sa famille depuis 1932.

Et "nous sommes dans l'un des 61 quartiers de La Havane les plus vulnérables".

Après les manifestations historiques du 11 juillet, quand des milliers de Cubains ont protesté aux cris de "Nous avons faim" et "Liberté", le président Miguel Diaz-Canel avait désigné une soixantaine de quartiers défavorisés de la capitale comme prioritaires pour y implanter des programmes sociaux.

"Les plus grandes actions sont liées au social et à ce qui est à tous. Qu'est-ce qui est à tous? Les services basiques indispensables du quartier, les bodegas (où la nourriture est vendue à bas prix, ndlr), le cabinet médical, le parc pour enfants" et les logements, avait précisé en octobre le gouverneur de La Havane, Reinaldo Garcia.

Le programme gouvernemental a été lancé alors que la crise économique - la pire en 27 ans, avec une chute du PIB de 11% en 2020,frappe surtout les plus pauvres.

A Los Sitios, l'eau et l'électricité ont souvent été coupées, tandis que les difficultés pour s'alimenter grandissaient.

La soupe populaire du quartier ne reçoit pourtant aucun argent de l'Etat et se finance uniquement grâce à la communauté religieuse, via des dons et l'aumône.

- «Un peu à manger» -

Sur une table, des récipients de différentes tailles ont été posés. On y lit les prénoms de leurs propriétaires, "Esther" ou "Lecida", ou un simple numéro, "19", "92"...

Isabel Antomarchi, 70 ans, travaille là depuis 30 ans. Avec une vieille cuillère en métal, elle sert la viande accompagnée de riz jaune.

Ce service est pour "les gens sans domicile, qui vivent dans la rue, qui n'ont pas de famille, nulle part où vivre, ils sont expulsés de leurs maisons et viennent ici prendre un peu à manger", raconte celle que tout le monde appelle "tia" (tante).

Les bénéficiaires attendent sur un terrain proche qu'un volontaire leur rende leurs récipients remplis, à travers une fenêtre.

Dans ce pays de 11,2 millions d'habitants et dirigé par le Parti communiste, seul autorisé, les organisations religieuses comblent depuis plusieurs années les espaces que l'Etat ne peut plus couvrir.

Car malgré la volonté d'imposer un athéisme marxiste, 70% de la population dit encore avoir une croyance, bien souvent un syncrétisme qui mélange les religions catholique et évangélique avec les cultes africains et spiritistes.

A la différence de l'opposition, qui réclame plus de liberté et accuse le gouvernement d'être grandement responsable des difficultés économiques, le projet Quisicuaba coïncide pleinement "avec les sentiments de la révolution et la volonté de la révolution cubaine", affirme son leader.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.