Au moins 83 morts dans des tornades aux Etats-Unis

De lourds dégâts sont constatés au centre-ville après qu'une tornade a balayé la région le 11 décembre 2021 à Mayfield, Kentucky. (AFP)
De lourds dégâts sont constatés au centre-ville après qu'une tornade a balayé la région le 11 décembre 2021 à Mayfield, Kentucky. (AFP)
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Publié le Dimanche 12 décembre 2021

Au moins 83 morts dans des tornades aux Etats-Unis

  • Mayfield particulièrement, une ville de 10 000 habitants, semble avoir été à l'épicentre de la catastrophe
  • Plus au nord-ouest, dans l'Illinois, une centaine de personnes environ, selon les médias, étaient prises au piège d'un entrepôt d'Amazon ravagé par la tempête

NASHVILLE: Au moins 83 morts, des maisons aplaties à perte de vue et des enchevêtrements de gravats. Le bilan provisoire était dévastateur samedi après le déferlement sur le centre et le sud des Etats-Unis d'une série de tornades d'une violence inouïe.

Pour l'heure, c'est dans le Kentucky, dans le centre-est du pays, que le bilan le plus lourd est à déplorer après le passage des tornades, un phénomène météorologique qui touche particulièrement les Etats-Unis tous les ans.

"Je crains qu'il y ait plus de 50 morts dans le Kentucky (...), on est probablement plus proche de 70 à 100 morts, c'est affreux", a déclaré samedi le gouverneur de cet Etat Andy Beshear lors d'une conférence de presse.

«Un tas d'allumettes»

"C'est indescriptible, le niveau de dévastation est incomparable", a-t-il ajouté.

"Ce sera, je pense, la série de tornades la plus mortelle à avoir jamais traversé le Kentucky", a précisé l'élu.

Mayfield, une ville de 10 000 habitants, semble avoir été à l'épicentre de la catastrophe. 

Le coeur de la ville ressemble "à un tas d'allumettes", a affirmé la maire Kathy O'Nan sur la chaîne CNN.

"Les églises du centre ont été détruites, et le tribunal au coeur de la ville a été détruit", a-t-elle ajouté, affirmant que Mayfield se retrouvait à présent sans eau ni électricité.

Comme une bombe 

"C'est comme si une bombe avait explosé dans notre quartier", a raconté à l'AFP Alex Goodman, une habitante de Mayfield après une nuit éprouvante dans le noir et dans l'angoisse.

Les habitants de Mayfield étaient fiers des édifices qui donnaient un caractère historique à leur petite cité. "Ils sont tous détruits", se désole-t-elle.

Partout dans la ville, des bâtiments ont été éventrés, du métal tordu, des véhicules renversés, et des arbres et des briques éparpillés dans les rues.

Michael Dossett, un responsable local des secours, interrogé sur CNN a lui évoqué un "ground zero" à Mayfield, une expression employée pour décrire les ruines du World Trade Center après les attentats du 11 septembre 2001 à New York. 

Des employés d'une fabrique de bougies y ont été piégés après que le toit a cédé sous la violence des vents. On était encore sans nouvelle de dizaines d'employés sur la centaine présents.

Selon la maire dans l'après-midi de samedi, aucune personne n'avait pu être sortie vivante des décombres depuis la matinée, laissant craindre une aggravation du bilan.

"Au début, on entendait juste la pluie. Et puis, brusquement, il y a eu un très gros bruit, comme celui d'un train", a relaté à la chaîne CNN Lori Wooton, une habitante de Dawson Springs, dans le Kentucky.

"Cela ne m'a pas paru durer longtemps... trois ou quatre secondes et c'était parti. Mais alors nous sommes sortis pour voir et les dégâts étaient inimaginables", a-t-elle poursuivi.

400 km

Les chaînes américaines ont filmé le passage des tornades: colonnes noires balayant le sol, illuminées par des éclairs intermittents. Environ une trentaine de ces tempêtes ont déferlé vendredi soir et samedi matin sur les Etats-Unis.

L'une des tornades a parcouru plus de 400 km, selon le service météorologique national (NWS), alors qu'en moyenne celles-ci ne dépassent pas plus de 6 km de distance.

Plus au nord-ouest, dans l'Illinois, la force des vents a en partie arraché le toit d'un entrepôt d'Amazon ravagé par la tempête. Il s'agit d'employés du géant de la distribution qui travaillaient de nuit pour traiter les commandes avant les fêtes de fin d'année.

La police a confirmé déplorer au moins deux décès dans l'entrepôt et l'agence locale de gestion des urgences a évoqué "de nombreuses personnes piégées" dans le bâtiment. 

Les secours ont travaillé jusqu'aux premières heures de samedi pour tenter de dégager ces personnes de l'installation, dont le tiers n'est plus que décombres.

Les tornades les plus meurtrières aux Etats-Unis

Les tornades, comme celle qui a fait au moins 50 morts depuis vendredi dans le Kentucky, sont un phénomène relativement courant aux Etats-Unis. Voici les plus meurtrières depuis dix ans:

Plus de 30 morts dans le Sud

Les 12 et 13 avril 2020, des tornades font au moins 32 morts dans une zone allant du Texas à la Caroline du Sud, passant par le Mississippi, la Géorgie, le Tennessee ou encore l'Arkansas.  

25 morts dans le Tennessee 

Au moins 25 personnes meurent lorsque de violentes tornades frappent le Tennessee, notamment la région de Nashville, dans la nuit du 2 au 3 mars 2020.

23 morts en Alabama

Le 3 mars 2019, de violentes tornades font au moins 23 mort et causent d'importants dégâts, dans l'est de l'Alabama. La tornade qui a frappé le comté de Lee était accompagnée de vents de 218 à 266 km/h.

28 morts dans le Sud 

Du 23 au 26 décembre 2015, une déferlante de tornades frappent le sud du pays faisant au moins 28 morts, dont 11 au Texas. Avec des vents atteignant 320 km/h, des rues entières sont rasées, des autoroutes emportées. Quelque 600 bâtiments sont détruits ou endommagés. Les Etats du Mississippi, du Tennessee et de l'Arkansas sont également frappés.

35 décès dans le centre et le sud 

Les 27 et 28 avril 2014, au moins 35 personnes sont tuées par une série de tornades qui ravagent six Etats du centre et du sud du pays (Mississippi, Alabama, Tennessee, Arkansas, Iowa et Oklahoma).

20 morts dans l'Oklahoma 

Le 31 mai 2013, au moins 20 personnes, dont sept enfants, périssent dans de puissantes tornades qui balayent l'Oklahoma. 

24 morts dans la ville de Moore 

Le 20 mai 2013, une tornade de catégorie EF-5, le maximum dans l'échelle du classement, avec des vents de plus de 320 km/h, ravage la ville de Moore, dans la banlieue d'Oklahoma City (sud), et fait 24 morts.

Une cinquantaine de morts dans le Midwest 

Le 2 mars 2012, dans le Midwest, quelque 80 tornades frappent particulièrement le Kentucky et l'Indiana, mais aussi l'Ohio, le Tennessee ou l'Illinois, faisant au moins 38 morts, deux jours après une précédente vague d'intempéries similaires qui avait déjà causé 13 décès. 

161 morts dans la ville de Joplin 

Le 22 mai 2011, une tornade dont les rafales atteignent 320 km/h, dévaste la localité de Joplin dans le Missouri (centre) et provoque la mort de 161 personnes. Elle laisse un sillon de destruction de 6,4 km de long sur plus d'un kilomètre de large. 

300 tornades et 354 morts dans le Sud-est 

Entre le 22 et le 28 avril 2011, environ 300 tornades frappent le Sud-est du pays, provoquant la mort de 354 personnes. L'Alabama, où des localités entières comme Tuscaloosa sont quasiment rayées de la carte, déplore environ 250 victimes. Le Tennessee, le Mississippi, la Géorgie, l'Arkansas et la Virginie sont également touchés. Dans la seule journée du 27 avril, 314 personnes périssent dans cinq Etats.

La tornade la plus meurtrière de l'histoire des Etats-Unis a traversé le Missouri, l'Illinois et l'Indiana en 1925, faisant 747 morts.

Mayfield particulièrement, une ville de 10 000 habitants, semble avoir été à l'épicentre de la catastrophe. "La ville a subi les coups les plus durs. La dévastation y est massive", a souligné Michael Dossett, un responsable local des secours, interrogé sur CNN. 


Il y a évoqué un "ground zero", une expression employée pour décrire les ruines du World Trade Center après les attentats du 11 septembre 2001 à New York.


L'effondrement du toit d'une usine de fabrication de bougies à Mayfield a notamment "fait d'innombrables victimes" dans la ville de Mayfield, a expliqué le gouverneur Beshear. 


"Avant minuit, j'ai déclaré l'état d'urgence", a-t-il dit, en précisant que des équipes de recherche et de secours avaient été déployées dans ce chaos aggravé par les coupures de courant.


Des photos et des vidéos de Mayfield, partagées sur les réseaux sociaux, montrent des bâtiments éventrés, du métal tordu, des arbres et des briques éparpillés dans les rues. 


Plusieurs comtés du Kentucky ont été également dévastés par la plus forte tornade qui a parcouru plus de 300 kilomètres dans l'Etat, a ajouté le gouverneur.


Les chaînes américaines ont filmé le passage des tornades: cylindres noirs balayant le sol, illuminés par des éclairs intermittents.


Plus au nord-ouest, dans l'Illinois, une centaine de personnes environ, selon les médias, étaient prises au piège d'un entrepôt d'Amazon ravagé par la tempête. Il s'agit d'employés du géant de la distribution qui travaillaient de nuit pour traiter les commandes avant les fêtes de fin d'année.

Des employés d'Amazon piégés dans un entrepôt après une tempête aux États-Unis

Des employés d'Amazon étaient pris au piège samedi d'un entrepôt du géant de la distribution ravagé la veille par une tempête, dans l'État américain de l'Illinois, selon les autorités et des médias qui parlent d'une centaine de personnes. 


L'agence de gestion des urgences de Collinsville a évoqué "de nombreuses personnes piégées dans l'entrepôt d'Amazon" après cet "incident de masse", les médias locaux évoquant une centaine de personnes environ toujours à l'intérieur. 
Les images de l'entrepôt Amazon d'Edwardsville, partagées par les chaînes d'information américaines et les réseaux sociaux, montrent une grande partie du toit de l'installation arrachée, un des murs effondré dans le bâtiment et des gravats éparpillés sur le site. 

Les secours ont travaillé jusqu'aux premières heures de samedi pour tenter de dégager ces personnes de l'installation, dont le tiers n'est plus que décombres.
Dans une déclaration aux médias locaux, le porte-parole d'Amazon Richard Rocha a affirmé que "la sécurité et le bien-être" des employés et partenaires d'Amazon étaient la "priorité absolue" du groupe.


"Nous évaluons la situation et nous partagerons des informations supplémentaires dès qu'elles seront disponibles", a-t-il ajouté.

«Prières»
Le gouverneur de l'Illinois JB Pritzker a déclaré adresser ses "prières aux habitants d'Edwardsville" en soulignant que la police et l'Agence de gestion des urgences de l'Illinois coordonnaient "étroitement leurs actions avec les responsables locaux". 


En Arkansas, une personne a été tuée et 20 ont été piégées dans une maison de repos, selon les médias. Mais les sauveteurs sont parvenus à évacuer les personnes piégées du bâtiment dont la structure était "pratiquement détruite", a déclaré un responsable du comté de Craighead, Marvin Day, aux chaînes d'information locales. Une autre personne a péri ailleurs dans cet État.


Dans le Tennessee, au moins deux personnes ont été tuées dans des événements liés aux intempéries, selon un responsable de la gestion des urgences cité par les médias locaux.


Des tornades ont également touché le Missouri.


Selon les scientifiques, le changement climatique accroît l'ampleur et la fréquence des tempêtes qui affectent déjà les Etats-Unis.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.