Au moins 83 morts dans des tornades aux Etats-Unis

De lourds dégâts sont constatés au centre-ville après qu'une tornade a balayé la région le 11 décembre 2021 à Mayfield, Kentucky. (AFP)
De lourds dégâts sont constatés au centre-ville après qu'une tornade a balayé la région le 11 décembre 2021 à Mayfield, Kentucky. (AFP)
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Publié le Dimanche 12 décembre 2021

Au moins 83 morts dans des tornades aux Etats-Unis

  • Mayfield particulièrement, une ville de 10 000 habitants, semble avoir été à l'épicentre de la catastrophe
  • Plus au nord-ouest, dans l'Illinois, une centaine de personnes environ, selon les médias, étaient prises au piège d'un entrepôt d'Amazon ravagé par la tempête

NASHVILLE: Au moins 83 morts, des maisons aplaties à perte de vue et des enchevêtrements de gravats. Le bilan provisoire était dévastateur samedi après le déferlement sur le centre et le sud des Etats-Unis d'une série de tornades d'une violence inouïe.

Pour l'heure, c'est dans le Kentucky, dans le centre-est du pays, que le bilan le plus lourd est à déplorer après le passage des tornades, un phénomène météorologique qui touche particulièrement les Etats-Unis tous les ans.

"Je crains qu'il y ait plus de 50 morts dans le Kentucky (...), on est probablement plus proche de 70 à 100 morts, c'est affreux", a déclaré samedi le gouverneur de cet Etat Andy Beshear lors d'une conférence de presse.

«Un tas d'allumettes»

"C'est indescriptible, le niveau de dévastation est incomparable", a-t-il ajouté.

"Ce sera, je pense, la série de tornades la plus mortelle à avoir jamais traversé le Kentucky", a précisé l'élu.

Mayfield, une ville de 10 000 habitants, semble avoir été à l'épicentre de la catastrophe. 

Le coeur de la ville ressemble "à un tas d'allumettes", a affirmé la maire Kathy O'Nan sur la chaîne CNN.

"Les églises du centre ont été détruites, et le tribunal au coeur de la ville a été détruit", a-t-elle ajouté, affirmant que Mayfield se retrouvait à présent sans eau ni électricité.

Comme une bombe 

"C'est comme si une bombe avait explosé dans notre quartier", a raconté à l'AFP Alex Goodman, une habitante de Mayfield après une nuit éprouvante dans le noir et dans l'angoisse.

Les habitants de Mayfield étaient fiers des édifices qui donnaient un caractère historique à leur petite cité. "Ils sont tous détruits", se désole-t-elle.

Partout dans la ville, des bâtiments ont été éventrés, du métal tordu, des véhicules renversés, et des arbres et des briques éparpillés dans les rues.

Michael Dossett, un responsable local des secours, interrogé sur CNN a lui évoqué un "ground zero" à Mayfield, une expression employée pour décrire les ruines du World Trade Center après les attentats du 11 septembre 2001 à New York. 

Des employés d'une fabrique de bougies y ont été piégés après que le toit a cédé sous la violence des vents. On était encore sans nouvelle de dizaines d'employés sur la centaine présents.

Selon la maire dans l'après-midi de samedi, aucune personne n'avait pu être sortie vivante des décombres depuis la matinée, laissant craindre une aggravation du bilan.

"Au début, on entendait juste la pluie. Et puis, brusquement, il y a eu un très gros bruit, comme celui d'un train", a relaté à la chaîne CNN Lori Wooton, une habitante de Dawson Springs, dans le Kentucky.

"Cela ne m'a pas paru durer longtemps... trois ou quatre secondes et c'était parti. Mais alors nous sommes sortis pour voir et les dégâts étaient inimaginables", a-t-elle poursuivi.

400 km

Les chaînes américaines ont filmé le passage des tornades: colonnes noires balayant le sol, illuminées par des éclairs intermittents. Environ une trentaine de ces tempêtes ont déferlé vendredi soir et samedi matin sur les Etats-Unis.

L'une des tornades a parcouru plus de 400 km, selon le service météorologique national (NWS), alors qu'en moyenne celles-ci ne dépassent pas plus de 6 km de distance.

Plus au nord-ouest, dans l'Illinois, la force des vents a en partie arraché le toit d'un entrepôt d'Amazon ravagé par la tempête. Il s'agit d'employés du géant de la distribution qui travaillaient de nuit pour traiter les commandes avant les fêtes de fin d'année.

La police a confirmé déplorer au moins deux décès dans l'entrepôt et l'agence locale de gestion des urgences a évoqué "de nombreuses personnes piégées" dans le bâtiment. 

Les secours ont travaillé jusqu'aux premières heures de samedi pour tenter de dégager ces personnes de l'installation, dont le tiers n'est plus que décombres.

Les tornades les plus meurtrières aux Etats-Unis

Les tornades, comme celle qui a fait au moins 50 morts depuis vendredi dans le Kentucky, sont un phénomène relativement courant aux Etats-Unis. Voici les plus meurtrières depuis dix ans:

Plus de 30 morts dans le Sud

Les 12 et 13 avril 2020, des tornades font au moins 32 morts dans une zone allant du Texas à la Caroline du Sud, passant par le Mississippi, la Géorgie, le Tennessee ou encore l'Arkansas.  

25 morts dans le Tennessee 

Au moins 25 personnes meurent lorsque de violentes tornades frappent le Tennessee, notamment la région de Nashville, dans la nuit du 2 au 3 mars 2020.

23 morts en Alabama

Le 3 mars 2019, de violentes tornades font au moins 23 mort et causent d'importants dégâts, dans l'est de l'Alabama. La tornade qui a frappé le comté de Lee était accompagnée de vents de 218 à 266 km/h.

28 morts dans le Sud 

Du 23 au 26 décembre 2015, une déferlante de tornades frappent le sud du pays faisant au moins 28 morts, dont 11 au Texas. Avec des vents atteignant 320 km/h, des rues entières sont rasées, des autoroutes emportées. Quelque 600 bâtiments sont détruits ou endommagés. Les Etats du Mississippi, du Tennessee et de l'Arkansas sont également frappés.

35 décès dans le centre et le sud 

Les 27 et 28 avril 2014, au moins 35 personnes sont tuées par une série de tornades qui ravagent six Etats du centre et du sud du pays (Mississippi, Alabama, Tennessee, Arkansas, Iowa et Oklahoma).

20 morts dans l'Oklahoma 

Le 31 mai 2013, au moins 20 personnes, dont sept enfants, périssent dans de puissantes tornades qui balayent l'Oklahoma. 

24 morts dans la ville de Moore 

Le 20 mai 2013, une tornade de catégorie EF-5, le maximum dans l'échelle du classement, avec des vents de plus de 320 km/h, ravage la ville de Moore, dans la banlieue d'Oklahoma City (sud), et fait 24 morts.

Une cinquantaine de morts dans le Midwest 

Le 2 mars 2012, dans le Midwest, quelque 80 tornades frappent particulièrement le Kentucky et l'Indiana, mais aussi l'Ohio, le Tennessee ou l'Illinois, faisant au moins 38 morts, deux jours après une précédente vague d'intempéries similaires qui avait déjà causé 13 décès. 

161 morts dans la ville de Joplin 

Le 22 mai 2011, une tornade dont les rafales atteignent 320 km/h, dévaste la localité de Joplin dans le Missouri (centre) et provoque la mort de 161 personnes. Elle laisse un sillon de destruction de 6,4 km de long sur plus d'un kilomètre de large. 

300 tornades et 354 morts dans le Sud-est 

Entre le 22 et le 28 avril 2011, environ 300 tornades frappent le Sud-est du pays, provoquant la mort de 354 personnes. L'Alabama, où des localités entières comme Tuscaloosa sont quasiment rayées de la carte, déplore environ 250 victimes. Le Tennessee, le Mississippi, la Géorgie, l'Arkansas et la Virginie sont également touchés. Dans la seule journée du 27 avril, 314 personnes périssent dans cinq Etats.

La tornade la plus meurtrière de l'histoire des Etats-Unis a traversé le Missouri, l'Illinois et l'Indiana en 1925, faisant 747 morts.

Mayfield particulièrement, une ville de 10 000 habitants, semble avoir été à l'épicentre de la catastrophe. "La ville a subi les coups les plus durs. La dévastation y est massive", a souligné Michael Dossett, un responsable local des secours, interrogé sur CNN. 


Il y a évoqué un "ground zero", une expression employée pour décrire les ruines du World Trade Center après les attentats du 11 septembre 2001 à New York.


L'effondrement du toit d'une usine de fabrication de bougies à Mayfield a notamment "fait d'innombrables victimes" dans la ville de Mayfield, a expliqué le gouverneur Beshear. 


"Avant minuit, j'ai déclaré l'état d'urgence", a-t-il dit, en précisant que des équipes de recherche et de secours avaient été déployées dans ce chaos aggravé par les coupures de courant.


Des photos et des vidéos de Mayfield, partagées sur les réseaux sociaux, montrent des bâtiments éventrés, du métal tordu, des arbres et des briques éparpillés dans les rues. 


Plusieurs comtés du Kentucky ont été également dévastés par la plus forte tornade qui a parcouru plus de 300 kilomètres dans l'Etat, a ajouté le gouverneur.


Les chaînes américaines ont filmé le passage des tornades: cylindres noirs balayant le sol, illuminés par des éclairs intermittents.


Plus au nord-ouest, dans l'Illinois, une centaine de personnes environ, selon les médias, étaient prises au piège d'un entrepôt d'Amazon ravagé par la tempête. Il s'agit d'employés du géant de la distribution qui travaillaient de nuit pour traiter les commandes avant les fêtes de fin d'année.

Des employés d'Amazon piégés dans un entrepôt après une tempête aux États-Unis

Des employés d'Amazon étaient pris au piège samedi d'un entrepôt du géant de la distribution ravagé la veille par une tempête, dans l'État américain de l'Illinois, selon les autorités et des médias qui parlent d'une centaine de personnes. 


L'agence de gestion des urgences de Collinsville a évoqué "de nombreuses personnes piégées dans l'entrepôt d'Amazon" après cet "incident de masse", les médias locaux évoquant une centaine de personnes environ toujours à l'intérieur. 
Les images de l'entrepôt Amazon d'Edwardsville, partagées par les chaînes d'information américaines et les réseaux sociaux, montrent une grande partie du toit de l'installation arrachée, un des murs effondré dans le bâtiment et des gravats éparpillés sur le site. 

Les secours ont travaillé jusqu'aux premières heures de samedi pour tenter de dégager ces personnes de l'installation, dont le tiers n'est plus que décombres.
Dans une déclaration aux médias locaux, le porte-parole d'Amazon Richard Rocha a affirmé que "la sécurité et le bien-être" des employés et partenaires d'Amazon étaient la "priorité absolue" du groupe.


"Nous évaluons la situation et nous partagerons des informations supplémentaires dès qu'elles seront disponibles", a-t-il ajouté.

«Prières»
Le gouverneur de l'Illinois JB Pritzker a déclaré adresser ses "prières aux habitants d'Edwardsville" en soulignant que la police et l'Agence de gestion des urgences de l'Illinois coordonnaient "étroitement leurs actions avec les responsables locaux". 


En Arkansas, une personne a été tuée et 20 ont été piégées dans une maison de repos, selon les médias. Mais les sauveteurs sont parvenus à évacuer les personnes piégées du bâtiment dont la structure était "pratiquement détruite", a déclaré un responsable du comté de Craighead, Marvin Day, aux chaînes d'information locales. Une autre personne a péri ailleurs dans cet État.


Dans le Tennessee, au moins deux personnes ont été tuées dans des événements liés aux intempéries, selon un responsable de la gestion des urgences cité par les médias locaux.


Des tornades ont également touché le Missouri.


Selon les scientifiques, le changement climatique accroît l'ampleur et la fréquence des tempêtes qui affectent déjà les Etats-Unis.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.