Au moins 83 morts dans des tornades aux Etats-Unis

De lourds dégâts sont constatés au centre-ville après qu'une tornade a balayé la région le 11 décembre 2021 à Mayfield, Kentucky. (AFP)
De lourds dégâts sont constatés au centre-ville après qu'une tornade a balayé la région le 11 décembre 2021 à Mayfield, Kentucky. (AFP)
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Publié le Dimanche 12 décembre 2021

Au moins 83 morts dans des tornades aux Etats-Unis

  • Mayfield particulièrement, une ville de 10 000 habitants, semble avoir été à l'épicentre de la catastrophe
  • Plus au nord-ouest, dans l'Illinois, une centaine de personnes environ, selon les médias, étaient prises au piège d'un entrepôt d'Amazon ravagé par la tempête

NASHVILLE: Au moins 83 morts, des maisons aplaties à perte de vue et des enchevêtrements de gravats. Le bilan provisoire était dévastateur samedi après le déferlement sur le centre et le sud des Etats-Unis d'une série de tornades d'une violence inouïe.

Pour l'heure, c'est dans le Kentucky, dans le centre-est du pays, que le bilan le plus lourd est à déplorer après le passage des tornades, un phénomène météorologique qui touche particulièrement les Etats-Unis tous les ans.

"Je crains qu'il y ait plus de 50 morts dans le Kentucky (...), on est probablement plus proche de 70 à 100 morts, c'est affreux", a déclaré samedi le gouverneur de cet Etat Andy Beshear lors d'une conférence de presse.

«Un tas d'allumettes»

"C'est indescriptible, le niveau de dévastation est incomparable", a-t-il ajouté.

"Ce sera, je pense, la série de tornades la plus mortelle à avoir jamais traversé le Kentucky", a précisé l'élu.

Mayfield, une ville de 10 000 habitants, semble avoir été à l'épicentre de la catastrophe. 

Le coeur de la ville ressemble "à un tas d'allumettes", a affirmé la maire Kathy O'Nan sur la chaîne CNN.

"Les églises du centre ont été détruites, et le tribunal au coeur de la ville a été détruit", a-t-elle ajouté, affirmant que Mayfield se retrouvait à présent sans eau ni électricité.

Comme une bombe 

"C'est comme si une bombe avait explosé dans notre quartier", a raconté à l'AFP Alex Goodman, une habitante de Mayfield après une nuit éprouvante dans le noir et dans l'angoisse.

Les habitants de Mayfield étaient fiers des édifices qui donnaient un caractère historique à leur petite cité. "Ils sont tous détruits", se désole-t-elle.

Partout dans la ville, des bâtiments ont été éventrés, du métal tordu, des véhicules renversés, et des arbres et des briques éparpillés dans les rues.

Michael Dossett, un responsable local des secours, interrogé sur CNN a lui évoqué un "ground zero" à Mayfield, une expression employée pour décrire les ruines du World Trade Center après les attentats du 11 septembre 2001 à New York. 

Des employés d'une fabrique de bougies y ont été piégés après que le toit a cédé sous la violence des vents. On était encore sans nouvelle de dizaines d'employés sur la centaine présents.

Selon la maire dans l'après-midi de samedi, aucune personne n'avait pu être sortie vivante des décombres depuis la matinée, laissant craindre une aggravation du bilan.

"Au début, on entendait juste la pluie. Et puis, brusquement, il y a eu un très gros bruit, comme celui d'un train", a relaté à la chaîne CNN Lori Wooton, une habitante de Dawson Springs, dans le Kentucky.

"Cela ne m'a pas paru durer longtemps... trois ou quatre secondes et c'était parti. Mais alors nous sommes sortis pour voir et les dégâts étaient inimaginables", a-t-elle poursuivi.

400 km

Les chaînes américaines ont filmé le passage des tornades: colonnes noires balayant le sol, illuminées par des éclairs intermittents. Environ une trentaine de ces tempêtes ont déferlé vendredi soir et samedi matin sur les Etats-Unis.

L'une des tornades a parcouru plus de 400 km, selon le service météorologique national (NWS), alors qu'en moyenne celles-ci ne dépassent pas plus de 6 km de distance.

Plus au nord-ouest, dans l'Illinois, la force des vents a en partie arraché le toit d'un entrepôt d'Amazon ravagé par la tempête. Il s'agit d'employés du géant de la distribution qui travaillaient de nuit pour traiter les commandes avant les fêtes de fin d'année.

La police a confirmé déplorer au moins deux décès dans l'entrepôt et l'agence locale de gestion des urgences a évoqué "de nombreuses personnes piégées" dans le bâtiment. 

Les secours ont travaillé jusqu'aux premières heures de samedi pour tenter de dégager ces personnes de l'installation, dont le tiers n'est plus que décombres.

Les tornades les plus meurtrières aux Etats-Unis

Les tornades, comme celle qui a fait au moins 50 morts depuis vendredi dans le Kentucky, sont un phénomène relativement courant aux Etats-Unis. Voici les plus meurtrières depuis dix ans:

Plus de 30 morts dans le Sud

Les 12 et 13 avril 2020, des tornades font au moins 32 morts dans une zone allant du Texas à la Caroline du Sud, passant par le Mississippi, la Géorgie, le Tennessee ou encore l'Arkansas.  

25 morts dans le Tennessee 

Au moins 25 personnes meurent lorsque de violentes tornades frappent le Tennessee, notamment la région de Nashville, dans la nuit du 2 au 3 mars 2020.

23 morts en Alabama

Le 3 mars 2019, de violentes tornades font au moins 23 mort et causent d'importants dégâts, dans l'est de l'Alabama. La tornade qui a frappé le comté de Lee était accompagnée de vents de 218 à 266 km/h.

28 morts dans le Sud 

Du 23 au 26 décembre 2015, une déferlante de tornades frappent le sud du pays faisant au moins 28 morts, dont 11 au Texas. Avec des vents atteignant 320 km/h, des rues entières sont rasées, des autoroutes emportées. Quelque 600 bâtiments sont détruits ou endommagés. Les Etats du Mississippi, du Tennessee et de l'Arkansas sont également frappés.

35 décès dans le centre et le sud 

Les 27 et 28 avril 2014, au moins 35 personnes sont tuées par une série de tornades qui ravagent six Etats du centre et du sud du pays (Mississippi, Alabama, Tennessee, Arkansas, Iowa et Oklahoma).

20 morts dans l'Oklahoma 

Le 31 mai 2013, au moins 20 personnes, dont sept enfants, périssent dans de puissantes tornades qui balayent l'Oklahoma. 

24 morts dans la ville de Moore 

Le 20 mai 2013, une tornade de catégorie EF-5, le maximum dans l'échelle du classement, avec des vents de plus de 320 km/h, ravage la ville de Moore, dans la banlieue d'Oklahoma City (sud), et fait 24 morts.

Une cinquantaine de morts dans le Midwest 

Le 2 mars 2012, dans le Midwest, quelque 80 tornades frappent particulièrement le Kentucky et l'Indiana, mais aussi l'Ohio, le Tennessee ou l'Illinois, faisant au moins 38 morts, deux jours après une précédente vague d'intempéries similaires qui avait déjà causé 13 décès. 

161 morts dans la ville de Joplin 

Le 22 mai 2011, une tornade dont les rafales atteignent 320 km/h, dévaste la localité de Joplin dans le Missouri (centre) et provoque la mort de 161 personnes. Elle laisse un sillon de destruction de 6,4 km de long sur plus d'un kilomètre de large. 

300 tornades et 354 morts dans le Sud-est 

Entre le 22 et le 28 avril 2011, environ 300 tornades frappent le Sud-est du pays, provoquant la mort de 354 personnes. L'Alabama, où des localités entières comme Tuscaloosa sont quasiment rayées de la carte, déplore environ 250 victimes. Le Tennessee, le Mississippi, la Géorgie, l'Arkansas et la Virginie sont également touchés. Dans la seule journée du 27 avril, 314 personnes périssent dans cinq Etats.

La tornade la plus meurtrière de l'histoire des Etats-Unis a traversé le Missouri, l'Illinois et l'Indiana en 1925, faisant 747 morts.

Mayfield particulièrement, une ville de 10 000 habitants, semble avoir été à l'épicentre de la catastrophe. "La ville a subi les coups les plus durs. La dévastation y est massive", a souligné Michael Dossett, un responsable local des secours, interrogé sur CNN. 


Il y a évoqué un "ground zero", une expression employée pour décrire les ruines du World Trade Center après les attentats du 11 septembre 2001 à New York.


L'effondrement du toit d'une usine de fabrication de bougies à Mayfield a notamment "fait d'innombrables victimes" dans la ville de Mayfield, a expliqué le gouverneur Beshear. 


"Avant minuit, j'ai déclaré l'état d'urgence", a-t-il dit, en précisant que des équipes de recherche et de secours avaient été déployées dans ce chaos aggravé par les coupures de courant.


Des photos et des vidéos de Mayfield, partagées sur les réseaux sociaux, montrent des bâtiments éventrés, du métal tordu, des arbres et des briques éparpillés dans les rues. 


Plusieurs comtés du Kentucky ont été également dévastés par la plus forte tornade qui a parcouru plus de 300 kilomètres dans l'Etat, a ajouté le gouverneur.


Les chaînes américaines ont filmé le passage des tornades: cylindres noirs balayant le sol, illuminés par des éclairs intermittents.


Plus au nord-ouest, dans l'Illinois, une centaine de personnes environ, selon les médias, étaient prises au piège d'un entrepôt d'Amazon ravagé par la tempête. Il s'agit d'employés du géant de la distribution qui travaillaient de nuit pour traiter les commandes avant les fêtes de fin d'année.

Des employés d'Amazon piégés dans un entrepôt après une tempête aux États-Unis

Des employés d'Amazon étaient pris au piège samedi d'un entrepôt du géant de la distribution ravagé la veille par une tempête, dans l'État américain de l'Illinois, selon les autorités et des médias qui parlent d'une centaine de personnes. 


L'agence de gestion des urgences de Collinsville a évoqué "de nombreuses personnes piégées dans l'entrepôt d'Amazon" après cet "incident de masse", les médias locaux évoquant une centaine de personnes environ toujours à l'intérieur. 
Les images de l'entrepôt Amazon d'Edwardsville, partagées par les chaînes d'information américaines et les réseaux sociaux, montrent une grande partie du toit de l'installation arrachée, un des murs effondré dans le bâtiment et des gravats éparpillés sur le site. 

Les secours ont travaillé jusqu'aux premières heures de samedi pour tenter de dégager ces personnes de l'installation, dont le tiers n'est plus que décombres.
Dans une déclaration aux médias locaux, le porte-parole d'Amazon Richard Rocha a affirmé que "la sécurité et le bien-être" des employés et partenaires d'Amazon étaient la "priorité absolue" du groupe.


"Nous évaluons la situation et nous partagerons des informations supplémentaires dès qu'elles seront disponibles", a-t-il ajouté.

«Prières»
Le gouverneur de l'Illinois JB Pritzker a déclaré adresser ses "prières aux habitants d'Edwardsville" en soulignant que la police et l'Agence de gestion des urgences de l'Illinois coordonnaient "étroitement leurs actions avec les responsables locaux". 


En Arkansas, une personne a été tuée et 20 ont été piégées dans une maison de repos, selon les médias. Mais les sauveteurs sont parvenus à évacuer les personnes piégées du bâtiment dont la structure était "pratiquement détruite", a déclaré un responsable du comté de Craighead, Marvin Day, aux chaînes d'information locales. Une autre personne a péri ailleurs dans cet État.


Dans le Tennessee, au moins deux personnes ont été tuées dans des événements liés aux intempéries, selon un responsable de la gestion des urgences cité par les médias locaux.


Des tornades ont également touché le Missouri.


Selon les scientifiques, le changement climatique accroît l'ampleur et la fréquence des tempêtes qui affectent déjà les Etats-Unis.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.


L'envoyé de Trump rencontre Netanyahu, Israël face à des critiques accrues

L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël
  • Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël

Jérusalem, Non défini: L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.

Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon la Défense civile locale qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.

Plusieurs dizaines de corps gisaient empilés à la morgue de l'hôpital al-Chifa dans le nord de Gaza, dans l'attente d'être collectés par leurs proches, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a déclaré le président américain Donald Trump sur X.

Rien n'a filtré de la rencontre entre MM. Witkoff et Netanyahu mais en début de semaine, M. Trump a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.

Avant l'arrivée jeudi de l'émissaire de M. Trump, des dizaines de mères et proches d'otages encore aux mains du Hamas ont manifesté devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, exigeant un "accord global" qui garantirait la libération des 49 otages encore détenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.

- "Position minoritaire" -

L'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza jugées fiables par l'ONU. La campagne aérienne et terrestre a dévasté le territoire et provoqué un désastre humanitaire.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a lui rencontré à Jérusalem son homologue israélien Gideon Saar, avant de rencontrer M. Netanyahu.

Avant de décoller pour Israël, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien sans processus de négociation préalable".

Ces visites interviennent après la multiplication des alertes d'organisations internationales sur une famine à Gaza et l'échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.

Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales face aux besoins immenses de la population.

- "Pression déformée"

Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, après que plusieurs pays dont le Canada, la France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de faire de même en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Dans ce contexte, Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza".

Les Etats-Unis, qui ont dénoncé les annonces sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, ont imposé des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), accusant les deux organismes d'avoir pris des mesures pour "internationaliser leur conflit avec Israël" et de "continuer à soutenir le terrorisme".

Le gouvernement Netanyahu, qui veut chasser le Hamas de Gaza et a annoncé son intention de contrôler le territoire, semble peiner à trancher sur une solution politique d'après-guerre.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de sa coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 avec le retrait unilatéral israélien du territoire après 38 ans d'occupation.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé le retrait du nord de Gaza de sa 98e Division, composée d'unités parachutistes et de commandos d'élite, qui a "se prépare désormais à de nouvelles missions".


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.