Nouvelle-Calédonie: 3e référendum sur l'indépendance, boudé par les indépendantistes

Les Calédoniens ont commencé à voter pour un troisième et dernier référendum d'autodétermination, qui clôt un processus de décolonisation inédit entamé il y a plus de 30 ans sur ce territoire français stratégique. (Photo, AFP)
Les Calédoniens ont commencé à voter pour un troisième et dernier référendum d'autodétermination, qui clôt un processus de décolonisation inédit entamé il y a plus de 30 ans sur ce territoire français stratégique. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 12 décembre 2021

Nouvelle-Calédonie: 3e référendum sur l'indépendance, boudé par les indépendantistes

  • Dimanche matin, 184 332 personnes étaient inscrites sur la liste électorale spéciale pour la consultation (LESC)
  • A la mairie de Nouméa, place des cocotiers, une cinquantaine de personnes faisaient la queue dès 7H du matin

NOUMEA: Les Calédoniens ont commencé à voter pour un troisième et dernier référendum d'autodétermination, qui clôt un processus de décolonisation inédit entamé il y a plus de 30 ans sur ce territoire français stratégique, en pleine montée des tensions dans la zone indo-pacifique.

Si l'île est en alerte pré-cyclonique, les bureaux de vote ont ouvert sous un soleil radieux à 7H00 locale (21H00 à Paris, 20H00 GMT) pour ce scrutin marqué par l'appel à la "non-participation" des partis indépendantistes, faute d'en avoir obtenu un report. Un boycott qui favorise le non à l'indépendance.

Dimanche matin, 184 332 personnes étaient inscrites sur la liste électorale spéciale pour la consultation (LESC).

A la mairie de Nouméa, place des cocotiers, une cinquantaine de personnes faisaient la queue dès 7H du matin. Deux policiers étaient également présents à côté des bureaux de vote.

Les autorités ont déployé un important dispositif de sécurité, qui se veut "rassurant" et "dissuasif", de 2 000 gendarmes, policiers et militaires dans l'île.

Les indépendantistes ont annoncé qu'ils ne se rendraient pas aux urnes, invoquant l'impossibilité d'organiser "une campagne équitable" alors que l'archipel est touché depuis septembre par l'épidémie de Covid.

Il s'agit pourtant d'une étape cruciale d'un processus ouvert en 1988 par les accords de Matignon, à Paris, scellant la réconciliation entre les Kanak, premiers habitants de Nouvelle-Calédonie, et les Caldoches, descendants des colons blancs, après des années de tensions et de violences.

Le Sénat coutumier, institution qui incarne le pouvoir traditionnel kanak, a d'ailleurs demandé jeudi "aux citoyens kanak et aux progressistes calédoniens d'observer une journée nationale de +deuil kanak+ le 12 décembre 2021 en ne se rendant pas aux bureaux de vote".

Accord de Nouméa

Les Calédoniens sont engagés dans ce processus depuis les années 1980 quand la Nouvelle-Calédonie a connu une période de troubles qui a culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, au cours desquels 19 militants kanak et six militaires ont été tués.

Moins de deux mois après ce drame, indépendantistes et loyalistes arrivaient à conclure les accords de Matignon, qui revoyaient la répartition des pouvoirs en Nouvelle-Calédonie. Dix ans plus tard, la signature de l'accord de Nouméa instaurait un processus de décolonisation sur vingt ans pour cette collectivité d'outre-mer française.

Cet accord prévoyait une succession de trois référendums pour demander aux habitants s'ils voulaient que l'île "accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante". Les deux précédents scrutins ont été remportés par les pro-France avec 56,7% des suffrages en 2018 puis 53,3% en 2020.

Ce troisième référendum arrive cependant dans un monde qui a beaucoup changé: d'une part l'archipel, qui dispose de quelque 1,5 million de km2 de zone économique exclusive, se trouve dans une zone devenue stratégique avec la montée en puissance de la Chine, d'autre part le nickel et le cobalt qu'elle produit sont devenus des ressources minières indispensables pour le nouveau marché des batteries électriques, garantes de la transition écologique de la planète.

«Une vie ensemble»

Quel que soit le résultat du référendum, "le jour d'après il y aura une vie ensemble" avec la France, notamment "compte tenu de la réalité géopolitique de la région", a ainsi assuré jeudi le président Emmanuel Macron.

En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l'Etat qu'après le 12 décembre s'ouvrirait "une période de stabilité et de convergence" avant un "référendum de projet" d'ici juin 2023, qui, en cas de oui dimanche, porterait sur la constitution d'un nouvel Etat et, en cas de non, sur un nouveau statut dans la République.

Le dialogue ne sera cependant pas si facile : le parti indépendantiste FLNKS et les nationalistes ont déjà prévenu jeudi dans un communiqué qu'ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l'élection présidentielle française, en avril 2022.

Une mission du FLNKS, emmenée par Roch Wamytan, signataire de l'accord de Nouméa, figure historique de la lutte kanak et président du Congrès, s'est rendue cette semaine à New York pour informer le C24 (Comité spécial de la décolonisation de l'ONU) sur la situation en Nouvelle-Calédonie et la non-participation au vote du 12 décembre du FLNKS.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.