Macron défend son bilan sur TF1, l'opposition dénonce une atteinte à l'équité

Le président français Emmanuel Macron s'adressant à la nation depuis l'écran de télévision de l'Elysée, le 12 décembre 2021. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adressant à la nation depuis l'écran de télévision de l'Elysée, le 12 décembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 15 décembre 2021

Macron défend son bilan sur TF1, l'opposition dénonce une atteinte à l'équité

  • Le chef de l'Etat, qui ne s'est à ce stade pas officiellement déclaré candidat à un second mandat, doit aussi s'exprimer «sur la manière dont il a vécu son quinquennat»
  • Autre axe de défense de l'exécutif: la comparaison avec l'intervention du président Sarkozy qui, en janvier 2012, alors qu'il n'était pas encore candidat à sa réélection

PARIS : Président ou candidat? La question déchaîne les adversaires et les soutiens d'Emmanuel Macron, qui donne un long entretien-bilan à TF1 mercredi soir à moins de quatre mois de la présidentielle, une atteinte à l'"équité" du temps de parole selon l'opposition.

L'interview intitulée "Où va la France?", enregistrée dans les conditions du direct mais malgré tout montée, doit permettre à M. Macron de "répondre aux questions que se posent les Français".

Le chef de l'Etat, qui ne s'est à ce stade pas officiellement déclaré candidat à un second mandat, doit aussi s'exprimer "sur la manière dont il a vécu son quinquennat" et "sa vision de l'avenir", selon le groupe TF1.

Ce ne sera "pas une interview politique classique, ce ne sont pas des questions et des réponses. Vous avez des images, des sons, des photos, c'est une émission avec des écrans à l'Elysée", a détaillé mercredi sur France Inter Thierry Thuillier, directeur de l'information de TF1. "Deux grandes crises, celle des gilets jaunes et la pandémie", seront notamment abordées.

"Toutes les questions ont été posées", notamment sur les "petites phrases qui ont scandé" le quinquennat macronien, a assuré M. Thuillier.

"Qui peut croire qu'un bilan n'est pas un acte de campagne? J'espère qu'on n'est plus au temps de l'ORTF, j'espère qu’il y a des règles d'équité, de loyauté", s'est indigné le chef de file des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau, mercredi sur France 2.

"Le fait de ne pas être en campagne, pour nous, c'est plus un inconvénient qu'un avantage", a opposé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à la sortie du Conseil des ministres: "Ca nous empêche d'avoir le temps suffisant pour répondre à beaucoup d'attaques, de critiques".

«Propagande électorale»

Plusieurs prétendants à l'Elysée ont fait appel à l'arbitre, en saisissant le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

"A l'évidence, cette émission ne s'inscrit pas dans l'exercice de la charge de président de la République mais bien dans le cadre de l'élection présidentielle à venir", a ainsi attaqué Valérie Pécresse.

La candidate Les Républicains à la présidentielle a été rejointe par l'insoumis Jean-Luc Mélenchon et l'écologiste Yannick Jadot, qui a annoncé sur Twitter saisir le CSA, au nom de l'"équité".

"Si le CSA voulait être objectif, il décompterait les deux heures de ce (mercredi) soir qui sont des heures de propagande électorale", a fustigé mercredi le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour sur RTL.

"Pour la dernière prestation télévisuelle qu'il (Emmanuel Macron) a faite, on a séparé dans ses propos le temps de parole strictement régalien, quand il a parlé de la pandémie, de la vaccination", a expliqué à l'AFP le président du CSA Roch-Olivier Maistre.

A l'inverse, "quand il est rentré plus dans le débat politique national, on l'a comptabilisé. Mercredi soir, on fera pareil", a assuré le patron du CSA.

Par conséquent, selon M. Thuillier, "il n'est pas tout à fait exact de dire que l'émission ne va pas être comptabilisée en termes de temps de parole".

«Parler tout seul»

A quatre mois du premier tour de la présidentielle, prévu le 10 avril, l'événement politico-médiatique ne manque pas de relancer les spéculations sur une annonce formelle de la candidature du président sortant.

"Combien de temps va durer cette mascarade qui consiste à faire du président Macron un candidat non assumé mais en pleine campagne", s'est ainsi insurgée la sénatrice LR Alexandra Borgio Fontimp mercredi lors de la séance des questions au gouvernement.

"Je ne comprends pas cette polémique autoportée", lui a répliqué Gabriel Attal, renvoyant l'élue des Alpes-Maritimes aux règles du CSA.

Dès le 1er janvier, en vertu d'une recommandation du CSA publiée en octobre en vue du scrutin de 2022, "le principe d'équité doit être respecté à la fois pour le temps de parole et pour le temps d'antenne".

Autre axe de défense de l'exécutif: la comparaison avec l'intervention du président Sarkozy qui, en janvier 2012, alors qu'il n'était pas encore candidat à sa réélection, avait participé à une émission diffusée sur huit chaînes.

"Macron aime parler tout seul. Il est servi", a tranché Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».