Au procès du 13-Novembre, un bref aperçu du clan Clain

Croquis de Jennifer Clain, nièce des frères Clain, lors du procès (Photo, AFP).
Croquis de Jennifer Clain, nièce des frères Clain, lors du procès (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 16 décembre 2021

Au procès du 13-Novembre, un bref aperçu du clan Clain

  • La sœur aînée et la nièce des frères Clain, jugés par défaut au procès du 13-Novembre, ont laissé entrevoir devant la cour les mécanismes d'une radicalisation «familiale»
  • Les frères Fabien et Jean-Michel, présumés morts en Syrie en 2019, font partie des six accusés jugés en leur absence

PARIS: La sœur aînée et la nièce des frères Clain, jugés par défaut au procès du 13-Novembre, ont laissé entrevoir devant la cour les mécanismes d'une radicalisation "familiale" mais donné peu d'information sur ceux qui sont les "voix" françaises des revendications des attentats.

"Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'il s'est passé dans votre famille ?", demande le président de la cour d'assises spéciale, Jean-Louis Périès à Anne-Diana Clain, entendue comme témoin depuis sa prison de banlieue parisienne.

Ses frères Fabien et Jean-Michel, présumés morts en Syrie en 2019, font partie des six accusés jugés en leur absence. 

Elle, a été condamnée à 9 ans de prison pour avoir tenter de rejoindre l'Etat Islamique avec quatre de ses enfants et son mari - présenté comme celui qui a converti le clan Clain à la fin des années 1990.

Devant les enquêteurs, Anne-Diana Clain avait formellement reconnu les voix de ses "petits frères" sur le message audio sur fond de chant religieux diffusé au lendemain des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.  

Entendue en visioconférence, cette rousse aux longs cheveux bouclés d'aujourd'hui 46 ans, raconte volontiers la "recherche spirituelle" de la famille, puis la conversion à l'islam, "les uns après les autres". "On était dans l'extrême quasiment depuis le début", précise-t-telle.

La cour relit une note des renseignements de 2003, qui décrit l'appartement de leur mère (dernière convertie), "tapissé" de photos de la Mecque, où des couvertures sont tendues pour séparer les hommes et les femmes - qui ne se déplacent qu'en burkas noires.

Anne-Diana Clain acquiesce. Elle confirme aussi un déménagement collectif de la famille d'Alençon vers Toulouse pour "mieux vivre l'islam", puis "le but ultime" : "vivre dans un Etat où il n'y avait que des Musulmans".  

"Tout le monde est parti" en Syrie, résume-t-elle. "Une belle connerie", complètera celle qui a "changé" en prison.

«Travaillent pour les médias»

Mais sur ses frères, on n'apprendra rien. Elle ne sait rien sur tel séjour en Belgique ou cet autre en Egypte. "Pour moi c'était pour apprendre l'arabe", avance-t-elle. Elle n'estime pas, contrairement aux enquêteurs, qu'ils avaient une "influence" sur le reste de la famille, ne peut rien éclairer sur leur "rôle sur zone", et n'a pas de souvenirs de "propos haineux". "Pour moi ils étaient juste chanteurs pour l'EI", dit-elle encore. 

Le président rappelle des passages de leurs "anasheed" (chants religieux) : "il nous faut taper la France, il est temps de l'humilier", "il nous faut de la souffrance et des morts par milliers". 

Après Anne-Diana Clain, c'est sa fille Jennifer qui est entendue, depuis une autre prison. Comme pour sa mère, les questions tournent plus autour de son propre parcours que celui de ses oncles. Il s'agit de "comprendre", répète un avocat de parties civiles. 

"Quand on est là bas, on oublie qu'on peut penser par soi-même", finit-elle par dire. Les attentats parisiens, "ça m'avait mal au cœur, mais j'avais mis ça de côté".

Mariée à 15 ans, "à la maison", avec une connaissance de ses oncles, elle a rejoint la Syrie en 2014 avec ses enfants, et en est partie en 2017, déçue de dirigeants de l'EI plus soucieux de "leur intérêt personnel" que "de Dieu" explique-t-elle. Elle n'a pas encore été jugée.

La jeune femme d'aujourd'hui 30 ans au look strict et cheveux tirés en chignon avait caché son départ de Syrie à ses oncles, qu'elle ne voyait que peu, balaie-t-elle. "Je sais juste qu'ils travaillent pour les médias, à la radio, dans les magazines de Daesh". 

"Ils faisaient du prosélytisme ?", demande le président. Elle émet un petit rire. "Oui clairement". Si elle a "vu toutes les vidéos de Daesh", elle ne peut pas dire si elles ont été confectionnées par ses oncles. Fabien était "ingénieur du son", avance juste Jennifer Clain.

Ont-ils combattus, ont-ils choisi des cibles pour les attentats ? 

"Je vais vous parler sincèrement, tout le temps que j'ai passé à Daesh j'ai toujours cru que les médias avaient grossi ça, et que mes oncles n'avaient rien à voir là dedans". 


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.