Ecoutant déjà les couleurs, un artiste «cyborg» tente de «sentir» le temps qui passe

A première vue, l'antenne dépassant au-dessus de sa tête ressemble à une étrange lampe. Mais captant les fréquences des couleurs, elle les transforme en vibrations qui, par conduction osseuse, arrivent jusqu'à son oreille interne. (AFP).
A première vue, l'antenne dépassant au-dessus de sa tête ressemble à une étrange lampe. Mais captant les fréquences des couleurs, elle les transforme en vibrations qui, par conduction osseuse, arrivent jusqu'à son oreille interne. (AFP).
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Publié le Lundi 20 décembre 2021

Ecoutant déjà les couleurs, un artiste «cyborg» tente de «sentir» le temps qui passe

  • Né avec une achromatopsie, maladie rare entraînant une vision en noir et blanc, Neil Harbisson a grandi avec l'obsession des couleurs
  • Dans sa maison, une floraison de toiles colorées sont fixées sur les murs tandis que la cage d'escalier accueille de curieux "scores faciaux" de célébrités comme Leonardo di Caprio, Tom Cruise ou Woody Allen

MATARO: Atteint d'une maladie rare, Neil Harbisson ne peut voir qu'en noir et blanc. Mais cet artiste a fixé une antenne dans son crâne lui permettant de transformer les couleurs en sons pour les entendre comme de la musique.


Et désormais, ce "cyborg" britannique de 39 ans, installé près de Barcelone, teste un collier lui permettant de ressentir physiquement le temps qui passe en vue d'en changer sa perception.


A première vue, l'antenne dépassant au-dessus de sa tête ressemble à une étrange lampe. Mais captant les fréquences des couleurs, elle les transforme en vibrations qui, par conduction osseuse, arrivent jusqu'à son oreille interne.

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Neil Harbisson s'est fait opérer pour fixer dans son crâne cette antenne, conçue durant ses études à l'université, et qui fait maintenant partie intégrante de son corps. (AFP).


"Ça me permet de ressentir les couleurs de l'infrarouge à l'ultraviolet à travers des vibrations dans ma tête qui se transforment en son, donc je peux entendre les couleurs", explique-t-il.


Il peut ainsi entendre "l'Air de la Reine de la nuit" de Mozart en passant son antenne devant une peinture composée d'une série de bandes colorées, dont les couleurs et les largeurs correspondent à cet air de la "Flûte enchantée", et voit mentalement des couleurs dès qu'il écoute de la musique, son cerveau étant désormais conditionné par cette association couleurs-sons.


Né avec une achromatopsie, maladie rare entraînant une vision en noir et blanc, Neil Harbisson a grandi avec l'obsession des couleurs. A tel point qu'il s'est fait opérer pour fixer dans son crâne cette antenne, conçue durant ses études à l'université, et qui fait maintenant partie intégrante de son corps, le transformant ainsi en "cyborg".


"Etre un cyborg, ça veut dire que la technologie fait partie de ton identité", dit-il.

Une cacophonie de couleurs

Cette conduction osseuse des sons a déjà été utilisée par Beethoven lorsqu'il a commencé à devenir sourd. Il a alors découvert qu'il pouvait encore entendre en posant une baguette de bois sur le piano et en serrant l'autre extrémité entre ses dents pendant qu'il jouait pour ressentir les vibrations. Quelque 200 ans plus tard, les appareils auditifs à ancrage osseux fonctionnent de la même manière.

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Au-delà des couleurs, Neil Harbisson tente, à travers son art, de trouver de nouveaux moyens d'étendre ses sens en modifiant la perception de la réalité par le cerveau. (AFP).


"Au début, tout était chaotique car l'antenne ne me disait pas: bleu, jaune, rose, elle m'envoyait des vibrations et je n'avais aucune idée de la couleur que j'avais devant moi. Mais au bout d'un certain temps, mon cerveau s'y est habitué", se souvient-il.


Et il s'y est tellement accoutumé qu'il peut rêver "en couleur" et réalise lorsqu'il se réveille que ces couleurs "ont été créées par mon cerveau" et non par l'antenne.


Dans sa maison, une floraison de toiles colorées sont fixées sur les murs tandis que la cage d'escalier accueille de curieux "scores faciaux" de célébrités comme Leonardo di Caprio, Tom Cruise ou Woody Allen.


Dans le cadre d'un projet artistique, ces derniers ont tous laissé Neil Harbisson s'approcher d'eux avec son antenne pour détecter les fréquences et le "son" du teint de leur peau et de la couleur de leurs lèvres, devenus d'énigmatiques lignes de fusain.

Le collier du temps

Mais au-delà des couleurs, Neil Harbisson tente, à travers son art, de trouver de nouveaux moyens d'étendre ses sens en modifiant la perception de la réalité par le cerveau.


Il s'apprête à commencer un essai d'un an avec un dispositif en forme de collier métallique destiné à percevoir physiquement le temps qui passe. 


"Il y a un point de chaleur qui met 24h à tourner autour de mon cou et qui me permet de sentir la rotation de la planète", explique-t-il. 


L'objectif ? Que le cerveau s'adapte lentement à la sensation physique du temps qui passe, après quoi il devrait être possible de manipuler cette perception.

 

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"C'est un art qui comporte une forme de risque car nous n'avons pas beaucoup d'antécédents de fusion entre les corps et la technologie". (AFP).


"Une fois que le cerveau s'y est habitué, vous pouvez utiliser une application pour apporter des changements subtils à la vitesse du point de chaleur, ce qui devrait modifier votre perception du temps - vous pourriez potentiellement étirer le temps ou donner l'impression qu'il passe plus vite", affirme-t-il.


Pour l'instant, il s'agit d'un dispositif portable plutôt que d'un implant. Une version précédente a dû être mise au rebut parce qu'elle le "brûlait" systématiquement à 18h, sourit-il, avant de juger que "c'est un art qui comporte une forme de risque car nous n'avons pas beaucoup d'antécédents de fusion entre les corps et la technologie". 

 


Goodbye Julia, grand gagnant des Prix de la critique pour les films arabes à Cannes

La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
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  • Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, a remporté trois prix
  • Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama

DUBAÏ: Goodbye Julia, du réalisateur soudanais Mohamed Kordofani, a remporté les prix du meilleur long métrage et du meilleur scénario lors de la 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes, qui s’est déroulée samedi en marge du festival du Festival de Cannes.

Le compositeur franco-tunisien Amin Bouhafa, qui a travaillé sur Hajjan, a remporté le prix de la meilleure musique pour ce film qui se déroule en Arabie saoudite.

Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, qui n’a pas remporté le prix du meilleur documentaire aux Oscars cette année, a remporté trois récompenses: meilleure réalisatrice pour Ben Hania, meilleur documentaire et meilleur montage.

Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama.

L’acteur palestinien Saleh Bakri a décroché le prix du meilleur acteur pour son rôle dans The Teacher, tandis que I Promise You Paradise, du cinéaste égyptien Morad Mostafa, est arrivé premier dans la catégorie du meilleur court métrage.

La cérémonie de remise des prix est organisée par le Centre du cinéma arabe (Arab Cinema Center, ACC), situé au Caire. Les vainqueurs sont élus par un jury de 225 critiques venus de plus de 70 pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Paul Kupelian, artiste informel et chroniqueur du côté coloré de la vie

L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
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  • A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants, tout comme de sa propre évolution
  • Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’œil

BEYROUTH : Figuratif ? Naïf ? L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. Né en 1975, cet artiste autodidacte de nationalité libanaise et française dont les racines remontent à l'Arménie, a grandi dans une famille d'artistes. Il n’a que 7 ans quand sa grand-tante l’initie à la technique reine, et donc complexe, de la peinture à l’huile. Dès lors, le reste de son enfance est ébloui par d’innombrables heures passées à dessiner et à peindre tout ce qui l’entoure. Il met toute sa passion à se perfectionner, aborde de nouveaux médiums tels que l'encre de Chine, l'acrylique, le pastel gras, le fusain ou la sanguine. Savait-elle, cette bienveillante aïeule, qu’elle lui offrait à travers l'art l'exutoire thérapeutique suprême, un moyen d'exprimer ses émotions et d'affronter les complexités de la vie ?  A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants tout comme de sa propre évolution, projetant ses troubles sur la toile et y gagnant en retour paix intérieure et stabilité.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’oeil. Il y a dans ses oeuvres une joie contagieuse que confirme le sourire spontané de tout spectateur qui y est confronté. Ce pouvoir n’échappe pas au regard avisé de la galeriste Nadine Begdache, commissaire de l’espace Janine Rubeiz, à Beyrouth. En 2016, elle lui offre son exposition inaugurale : "Looking at the Bright Side" (Regard sur le côté lumineux de la vie). Une présentation saluée par les critiques d'art et les collectionneurs.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Qu’on ne se trompe pas sur la « naïveté » de cet artiste autodidacte. Sa profonde compréhension des proportions, de la perspective et des détails complexes n’échappe pas à un regard averti.  Ses peintures, bien que légères, servent de canal à ses émotions. Dans ses œuvres récentes, Paul Kupelian utilise principalement la peinture acrylique à grande échelle, un médium dont il apprécie la polyvalence et le potentiel expressif.

Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Bien qu’il n’ait pas donné d’exposition depuis un certain temps, il confie à Arab News en français qu’il vit à présent à Dubai où il occupe un poste de direction dans le retail.  « Je peins dès que j’en ai le temps, le soir et surtout les weekends » poursuit-il. « La peinture est mon exutoire, je peux y passer des heures sans voir le temps passer. Cela me permet de tout oublier et m’apporte énormément de joie » ajoute Paul Kupelian qui affirme que, comme pour beaucoup d’artistes, son art est sa thérapie. Ajoutez à cette passion celle de l’histoire, la géopolitique, la philosophie, la musique, les voyages, le sport, vous obtenez, dans chaque toile, une nouvelle fenêtre ou un nouveau miroir où chacun peut trouver une réponse à ses propres questionnements.

 


Deuxième jour de la RSFW: défilé historique de maillots de bain et dentelle élégante

La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
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  • Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués
  • La collection de Sara Altwaim, comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline

MER ROUGE: La marque marocaine EAU a marqué l’histoire en lançant, vendredi, la deuxième série de défilés de la Red Sea Fashion Week. En effet, c’est la première fois que des maillots de bain font leur entrée sur un podium saoudien.

Avec la piscine scintillante de St. Regis et les palmiers ondulants en arrière-plan, la deuxième RSFW a mis en valeur l’une des pièces incontournables de l’été.

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EAU. (Photo fournie)

La collection comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. Bleu roi, jaune moutarde, vert chasseur et rouge marron dominaient la collection, créant une palette d’automne plutôt singulière, mais bienvenue, pour la saison estivale à venir.

Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués, notamment des paniers tressés parsemés de strass, des sacs de plage en paille et des pochettes à franges.

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Sarah Altwaim. (Photo fournie)

La mode affluait à mesure que la mer Rouge brillait. La collection de Sara Altwaim comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline. Chacune des pièces est attrayante, grâce à une touche individuelle, de subtiles perles, des coupes superposées ou un mélange de tissus.

Altwaim a présenté un tissu en mousseline d’inspiration sous-marine présentant des croquis de créatures des fonds marins, comme les poissons, les crevettes et les crabes, qui ont fait leur apparition dans une variété d’ensembles.

Les cols de perles très superposés, les jupes en forme de paréo, les résilles ornées de bijoux, les tissus métalliques et les vêtements fluides étaient également inspirés de la vie marine.

La créatrice saoudienne Yasmina Q a introduit les vêtements d’intérieur, clôturant les défilés avec une collection de robes en tricot effet côtelé dans des tons vert menthe, bleu écume de mer, jaune vif, corail et bien plus encore.

Il y avait aussi des manches évasées et une taille ajustée qui se transformait en une forme trapèze. Certaines pièces étaient également sans manches pour un look estival plus décontracté. La collection, composée de lunettes de soleil et de chapeauxestivaux, présentait également une gamme de vêtements d’intérieur, allant des bas côtelés aux hauts ajustés simples, en passant par les chemises côtelées, les hauts kimonos et les pulls amples.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com