La pêche française, une force vieillissante chahutée par le Brexit

Le président français Emmanuel Macron, aux côtés du ministre français des Affaires européennes Clément Beaune, assiste à une réunion avec une délégation de pêcheurs français, sur les licences de pêche post-Brexit dans la Manche au palais de l'Élysée à Paris, France, le 17 décembre , 2021.(AFP)
Le président français Emmanuel Macron, aux côtés du ministre français des Affaires européennes Clément Beaune, assiste à une réunion avec une délégation de pêcheurs français, sur les licences de pêche post-Brexit dans la Manche au palais de l'Élysée à Paris, France, le 17 décembre , 2021.(AFP)
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Publié le Jeudi 23 décembre 2021

La pêche française, une force vieillissante chahutée par le Brexit

  • La France est le troisième producteur de poissons (pêche et aquaculture confondues) de l'Union européenne, derrière l'Espagne et le Danemark
  • Malgré cela, la pêche française reste minoritaire sur les étals nationaux (25% du poisson vendu) et déficitaire, avec des importations qui excèdent largement ses exportations

PARIS : Un secteur prospère et une armada vieillissante: tour d'horizon de la pêche française, éprouvée par le Brexit et confrontée aux défis d'une modernisation plus verte.

Une force en Europe, mais déficitaire

La France est le troisième producteur de poissons (pêche et aquaculture confondues) de l'Union européenne, derrière l'Espagne et le Danemark, avec quelque 720.000 tonnes en 2019, selon les données du ministère de la Mer.

En 2019, la France a vendu pour 1,2 milliard d'euros de poissons. Elle est, par ailleurs, le leader européen de la production d'huîtres et au premier rang des ventes (en valeur) pour les moules (2e derrière l'Espagne en volume).

Malgré cela, la pêche française reste minoritaire sur les étals nationaux (25% du poisson vendu) et déficitaire, avec des importations qui excèdent largement ses exportations, contribuant pour 4,3 milliards d'euros au déficit du commerce extérieur français.

Le goût des Français pour le saumon et la crevette pèse dans la balance: ces deux espèces constituent, à elles seules, le tiers des importations de poissons (2,2 milliards d'euros en 2018).

Des armements vieillissants

La flotte française a diminué de plus d'un quart en 20 ans, pour atteindre 6.034 navires en 2020, dont quelque 4.000 en métropole.

Elle est composée essentiellement de petits bateaux: 5.166 navires de moins de 12 mètres, contre moins de 300 navires dédiés à la pêche au grand large.

La pêche au chalut approvisionne la moitié de l'offre française. Elle permet de pêcher les espèces près du fond comme le cabillaud, le merlu, ou la lotte ainsi que des espèces pélagiques comme l'anchois.

Le reste des approvisionnements se fait avec des filets (raie, sole), mais aussi à la drague (coquilles Saint-Jacques), avec des casiers (crabes, homards) et à la palangre (requins, thons et dorades).

La pêche française est engagée dans un renouvellement de sa flotte, vieillissante. Entre 2017 et 2019, une vingtaine de navires de 18-24 mètres sont sortis des chantiers. Objectifs: réduire la facture énergétique, améliorer la qualité de vie à bord pour attirer de nouveaux marins et développer une pêche plus verte.

Un métier rémunérateur qui manque de bras 

En 2019, la France comptait 13.120 marins-pêcheurs (en équivalent temps plein). Près de la moitié (46%) ont plus de 45 ans et partiront dans les 5 à 10 ans.

Leur rémunération mensuelle varie entre 2.500 et 3.000 euros nets, selon France Filière Pêche, avec de fortes variations dans l'année selon les espèces pêchées et la météo.

Et pourtant, la filière a du mal à recruter: on estime entre 200 et 300 le nombre de matelots qui manquent.

Pointés du doigt comme responsables de la surpêche, les marins ont pourtant participé aux efforts communs: outre le respect des quotas et périodes de pêche, ils participent à la gestion durable de la ressource, par exemple pour la coquille Saint-Jacques, en ensemençant les côtés de la Manche.

En 2020, 60% des volumes pêchés en France étaient issus de stocks exploités durablement, contre 15% il y a 20 ans, selon l'Ifremer. Un effort "compatible avec l'objectif de rendement maximal durable" fixé par la Politique commune de la pêche.

Mais il y a encore 21% de stocks surpêchés (sole, merlan, cabillaud) et 2% des populations sont considérées comme effondrées, comme le merlu en Méditerranée.

Dans le cadre du plan de relance lancé à l'été 2020, 100 millions d'euros sont destinés au renforcement d'un modèle de pêche et d'aquaculture durable et 200 millions au verdissement des ports.

Le choc du Brexit

Si plus d'un millier de licences de pêches post-Brexit ont finalement été octroyées par le Royaume-Uni et les îles anglo-normandes, des dizaines de pêcheurs restent sur le carreau, un an après l'accord de commerce entre Londres et Bruxelles.

Durant cette année, certains pêcheurs, notamment des Haut-de-France, n'ont eu aucun accès aux eaux britanniques, où ils se retrouvent à peine sortis du port de Boulogne-sur-Mer, et affichent des pertes de 20% à 50% de leur chiffre d'affaires, selon le comité national des pêches.

La France s'est engagée à indemniser ceux affectés par le Brexit, mais le manque de visibilité freine les projets d'investissement: les pêcheurs s'inquiètent des modalités techniques (types de filets, quotas) dont seront assorties les nouvelles licences.

Ils redoutent un "risque de surpêche", notamment après l'été 2026 quand les navires européens devront renoncer à 25% de leurs captures dans les eaux britanniques.

 

Brexit: un an de bataille franco-britannique et le coeur lourd des pêcheurs

Un "long supplice", un "brouillard épais": les pêcheurs français, durement éprouvés par un an de bataille entre Paris et Londres pour obtenir des licences post-Brexit, ont pris acte, dans un mélange de soulagement et d'amertume, de la fin d'une époque.

La veille de Noël 2020, alors que Bruxelles et Londres scellaient enfin un accord de commerce permettant d'éviter le désastre d'un "no deal", ils se disaient plongés dans le noir, "à la merci des Anglais".

Pour certains d'entre eux, on en est toujours là: "On a finalement obtenu un paquet de licences mais maintenant on attend de connaître les modalités de pêche (quotas, période, techniques): on n'a aucune prise là-dessus, tout est entre les mains de Londres", résume Romain Davodet, pêcheur normand de homards et de bulots.

S'ils saluent "l'engagement clair" du gouvernement français à leurs côtés, les pêcheurs ne décolèrent pas contre la Commission européenne qui les a "mal défendus", "trop tard" et noyés sous "une tonne de paperasserie".

"On est soulagés de voir cette période se terminer mais beaucoup en ont assez, même des jeunes veulent quitter le métier", regrette Olivier Leprêtre, président du comité des pêches des Haut-de-France.

L'accord post-Brexit a instauré une période de transition jusqu'à l'été 2026, date à laquelle les pêcheurs européens devront renoncer à 25% des captures dans les eaux britanniques --qui s'élèvent en valeur à environ 650 millions d'euros par an.

Le texte prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans les eaux britanniques à condition de prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Pendant un an, Français et Britanniques se sont disputés sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir.

Parmi les Européens, les Français occupent une position singulière du fait de la forte interdépendance entre les deux rives de la Manche: près de 25% des captures françaises sont effectuées dans les eaux britanniques, tandis que 70% des produits de la mer britanniques sont exportés vers l'Europe, avec la France comme premier débouché.

Des importations qui font vivre toute une activité industrielle littorale, du mareyage aux usines de transformation du Boulonnais.

« Se parler à nouveau »

Les premières licences sont arrivées dès janvier pour la zone économique exclusive britannique (12-200 milles), où se pratique une pêche hauturière: les Français obtiennent 734 des 1.674 autorisations européennes.

Les négociations s'enlisent rapidement pour tout le reste et en particulier concernant les petits bateaux de moins de douze mètres, auxquels l'UE n'imposait pas alors d'être dotés d'un système de géolocalisation et qui peinent à apporter la preuve d'une antériorité de leur activité.

Le ton monte, frôlant la confrontation à plusieurs reprises en 2021: un blocus de Jersey par les pêcheurs français en mai, qui a entraîné l'envoi de deux patrouilleurs britanniques; des menaces françaises de sanctions en octobre; le blocage côté français du terminal fret du tunnel sous la Manche en novembre.

Paris a revu à la baisse ses exigences, écartant des dizaines de dossiers fragiles, mais a demandé en retour la "bonne foi" de Londres, qui assurait s'en tenir à de stricts "critères techniques".

Cela dure des mois: Paris finit par critiquer ouvertement la "mollesse" de la Commission européenne, qui impose à Londres la date du 10 décembre pour régler le litige. Tout en rejetant cet "ultimatum", le Royaume-Uni délivre une dernière poignée de licences.

"Nous avons obtenu 1.034 licences, il en manque encore 74", dira la ministre de la Mer Annick Girardin.

Mais une page est tournée et le président Emmanuel Macron l'explique lui-même aux pêcheurs, qu'il reçoit à l'Elysée. La France va demander à la Commission d'engager une procédure de contentieux contre le Royaume-Uni et lance en parallèle un "plan d'accompagnement" pour les professionnels restés à quai.

Pierre Vogel, pêcheur de coquilles à Saint-Malo, a fourni "tous les papiers possibles" et attend toujours sa licence de Jersey. Son dossier est en haut de la pile mais il redoute que "cela dure encore des mois".

"La bonne nouvelle, c'est qu'on va pouvoir se parler à nouveau directement. On partage cette mer depuis si longtemps, dit-il. C'est une vieille histoire avec Jersey", sous souveraineté anglaise depuis le raid éclair de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie couronné roi d'Angleterre le jour de Noël 1066. 

Le choc du Brexit

Si plus d'un millier de licences de pêches post-Brexit ont finalement été octroyées par le Royaume-Uni et les îles anglo-normandes, des dizaines de pêcheurs restent sur le carreau, un an après l'accord de commerce entre Londres et Bruxelles.

Durant cette année, certains pêcheurs, notamment des Haut-de-France, n'ont eu aucun accès aux eaux britanniques, où ils se retrouvent à peine sortis du port de Boulogne-sur-Mer, et affichent des pertes de 20% à 50% de leur chiffre d'affaires, selon le comité national des pêches.

La France s'est engagée à indemniser ceux affectés par le Brexit, mais le manque de visibilité freine les projets d'investissement: les pêcheurs s'inquiètent des modalités techniques (types de filets, quotas) dont seront assorties les nouvelles licences.

Ils redoutent un "risque de surpêche", notamment après l'été 2026 quand les navires européens devront renoncer à 25% de leurs captures dans les eaux britanniques.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".


La France rapatrie treize femmes et enfants depuis les camps en Syrie, une première depuis deux ans

La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
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  • La France a rapatrié dix enfants et trois femmes détenus dans des camps jihadistes en Syrie, marquant la première opération du genre depuis deux ans
  • Deux femmes ont été placées en garde à vue, et une troisième présentée à un juge antiterroriste

PARIS: La France a rapatrié tôt mardi matin dix enfants et trois femmes âgées de 18 à 34 ans qui étaient détenus dans des camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie, une première depuis deux ans.

Parmi les femmes, "deux ont été placées en garde à vue, sur commission rogatoire du juge d'instruction", a annoncé le Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un communiqué.

"Une autre femme, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt, sera présentée à un juge d'instruction dans la journée" en vue d'une possible mise en examen, a-t-il ajouté.

"Les mineurs sont pris en charge dans le cadre de procédures d'assistance éducative sous la responsabilité du parquet" de Versailles, a indiqué le Pnat, qui "assurera le suivi centralisé des mineurs concernés, en lien avec les parquets territoriaux".

"La France remercie les autorités syriennes de transition ainsi que l'administration locale du Nord-Est syrien qui a rendu possible cette opération", a déclaré de son coté le porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

Cette opération est une première depuis juillet 2023 en France, où ces retours restent une question sensible, dix ans après la vague d'attentats jihadistes sur le sol national.

Au total, 179 enfants et 60 femmes adultes ont été rapatriées depuis 2019, précise une source diplomatique.

Mais ces opérations avaient cessé à l'été 2023, faute de volontaires selon les autorités, et ce malgré des condamnations internationales dont celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en 2022.

- "Arbitraire" -

"Pour les familles qui attendaient leurs petits-enfants, neveux et nièces depuis plus de six ans, c'est un immense et indescriptible soulagement", a déclaré l'avocate des femmes rapatriées, Marie Dosé, dans un communiqué transmis à l'AFP.

Mais "la France laisse derrière elle 110 autres enfants français, toujours détenus dans le camp Roj", l'un des camps contrôlés comme d'autres centres et prisons par les forces kurdes, depuis plus de six ans, dénonce-t-elle.

Des dizaines de milliers de personnes, d'une cinquantaine de nationalités et soupçonnées de liens avec l'organisation jihadiste État islamique, sont retenues dans ces camps.

En juin, quelque 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises y étaient encore retenus, selon le Collectif des Familles unies, qui rassemble leurs proches.

Après ce rapatriement nocturne, ce collectif a rediffusé sur X mardi matin son message habituel dénonçant la détention sur place d'enfants "coupables de rien" dans "des conditions indignes".

Car pour ces familles, rien n'est encore réglé. "Une nouvelle fois, la France fait le choix de l'arbitraire", regrette Marie Dosé.

"La France, qui refusait de rapatrier des enfants tant que leurs mères n'avaient pas donné leur accord, refuse aujourd'hui leur retour alors qu'ils sont devenus majeurs. Ce faisant et plus que jamais, la France décide donc de faire payer à ces enfants le choix de leurs parents", estime-t-elle aussi.

Elle dénonce également le sort de femmes sans enfant ou dont les enfants sont décédés, et que la France refuse désormais de rapatrier, ainsi que d'enfants nés en France et "conduits de force en Syrie" avant de pouvoir acquérir la nationalité, ou de jeunes majeurs enfermés dans d'autres lieux de détention syriens.

Pour Matthieu Bagard, responsable du pôle expertise Syrie de l'ONG Avocats sans frontières France, "ce rapatriement démontre une nouvelle fois que la France a la possibilité d'organiser ces opérations". Mais il déplore lui aussi la situation des femmes et jeunes majeurs toujours "illégalement détenus".

En février, l'administration kurde a annoncé, en coordination avec l'ONU, son intention de vider d'ici fin 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de jihadistes.


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
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  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.