Brexit: Paris va au contentieux et se résout à indemniser les pêcheurs sans licence

Rencontre à l'Elysée entre le président Emmanuel Macron, les représentants des pêcheurs et les élus des régions concernées. (AFP)
Rencontre à l'Elysée entre le président Emmanuel Macron, les représentants des pêcheurs et les élus des régions concernées. (AFP)
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Publié le Vendredi 17 décembre 2021

Brexit: Paris va au contentieux et se résout à indemniser les pêcheurs sans licence

  • Ces annonces du gouvernement, clôturent onze mois d'une féroce bataille franco-britannique sur l'octroi de licences de pêches post-Brexit
  • Paris va aussi demander à Bruxelles «de réunir le Conseil de partenariat pour dire aux Britanniques que c'est un problème européen, qu'ils ne respectent pas à 100% l'accord»

PARIS: La France va demander à la Commission européenne d'engager une procédure de contentieux contre le Royaume-Uni pour tenter d'obtenir encore quelques licences pour ses pêcheurs, mais s'est déjà résolue à lancer en parallèle un "plan d'accompagnement" pour les professionnels restés à quai.


Ces annonces du gouvernement, à l'issue d'une rencontre à l'Elysée vendredi entre le président Emmanuel Macron, les représentants des pêcheurs et les élus des régions concernées, clôturent onze mois d'une féroce bataille franco-britannique sur l'octroi de licences de pêches post-Brexit.


"Nous demanderons dans les prochains jours à la Commission européenne d'engager un contentieux, une procédure juridique pour les licences auxquelles nous avons droit, qui sont les plus prioritaires, les plus importantes", a déclaré le secrétaire d’État aux Affaires européennes Clément Beaune à l'issue de la rencontre.


Paris va aussi demander à Bruxelles "de réunir le Conseil de partenariat, qui est prévu par l'accord de Brexit quand il y a un problème - c'est une instance politique, on ne l'a jamais réuni pour l'instant -, pour dire aux Britanniques que c'est un problème européen, qu'ils ne respectent pas à 100% l'accord", a poursuivi Clément Beaune.


En vertu de l'accord signé fin 2020 entre Londres et Bruxelles, les pêcheurs européens peuvent continuer à travailler dans les eaux britanniques à condition de prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais depuis plus de onze mois, Français et Britanniques se disputent sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir.


Hors Méditerranée, environ un quart des prises françaises en volume (environ 20% en valeur) proviennent des eaux britanniques, très poissonneuses et qui sont à l'origine de 650 millions d'euros de ventes annuelles pour les pêcheurs de l'UE. 


La ministre de la Mer Annick Girardin a précisé qu'il restait "73 licences encore en attente", après l'obtention de plus d'un millier d'autorisations, promettant qu'un dialogue se poursuivrait avec Londres et les îles anglo-normande "pour tenter d'arracher" les dernières licences.

«Baladés par les Britanniques»


Mais prenant acte du fait que certains pêcheurs n'auront pas d'autorisation, les ministres ont officiellement ouvert une nouvelle page dans ce dossier: celle des indemnisations.


"Le président souhaite que sur le plan d'accompagnement des pêcheurs (qui n'auront pas eu de licences), nous soyons précis sur l'aide individuelle, et qu'on fasse du cousu main, cas par cas, bassin par bassin", a déclaré Annick Girardin, indiquant qu'un "Monsieur accompagnateur" serait "nommé dans la semaine qui vient".


Chez les pêcheurs, l'amertume le disputait au soulagement de voir l'incertitude prendre fin. 


Le contentieux ne permettra aucune solution à court terme, le processus pouvant s'éterniser pendant des mois. Mais il a le mérite de montrer la solidarité nationale et en premier lieu le soutien présidentiel à une filière qui représente, "de la mer à l'assiette", environ "100.000 emplois" et pour la seule activité de pêche 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires.


"C'est une bonne chose. On se fait balader par les Britanniques et j'ai l'impression (avec le contentieux) qu'on monte au créneau. Si ça me permet d'avoir ma licence, tant mieux", a déclaré à l'AFP Pierre Vogel, pêcheur de coquilles à Saint-Malo. 


Le patron de pêche normand Pascal Delacour, qui a lui obtenu sa licence de Jersey, n'a pas de mots assez durs pour "les politiciens" français qui n'ont pas été capables de tenir tête à Londres. Un avis partagé par le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui estime que "pour l'instant, Boris Johnson a gagné".


"C'est un problème européen", ont martelé les ministres. Clément Beaune a souligné que l'UE devait maintenir une "pression politique" sur Londres, y compris pendant la présidence française qui démarre le 1er janvier.


Le président du Comité national des pêches, Gérard Romiti, veut désormais voir "utilisée au mieux la réserve d'ajustement du Brexit", dotée d'une centaine de millions pour la pêche, pour bâtir un "solide plan d'accompagnement", à la fois en terme d'indemnités mais aussi de formation et de soutien à la modernisation de la filière.


Les combats restent nombreux: après la question des licences, demeure celle des modalités de pêche (quotas, espèces, techniques...) qui sont en cours de discussion avec Londres.


Le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, plaide pour "la remise en place d'instances de cogestion locales", comme ce fut le cas pendant 20 ans pour la délivrance des droits de pêche dans la baie de Granville.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.


L'Arabie saoudite lance 16 grands projets d'aide en Syrie

Abdullah Al-Rabeeah, superviseur général du KSrelief, et Raed Al-Saleh, ministre syrien de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence, ont lancé les projets humanitaires à Damas dimanche. (AN Photo/Abdulrhman Bin Shalhoub)
Abdullah Al-Rabeeah, superviseur général du KSrelief, et Raed Al-Saleh, ministre syrien de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence, ont lancé les projets humanitaires à Damas dimanche. (AN Photo/Abdulrhman Bin Shalhoub)
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  • Nous visons à faire passer le peuple syrien de la dépendance à l'aide humanitaire à une période de rétablissement", déclare le chef de KSrelief à Arab News
  • Nos projets renforcent les communautés, les femmes, les enfants et les jeunes à travers la Syrie", ajoute Abdullah Al-Rabeeah

DAMASCUS : Le Dr Abdullah Al-Rabeeah, superviseur général de l'agence d'aide saoudienne KSrelief, a lancé dimanche 16 initiatives humanitaires globales en République arabe syrienne.

M. Al-Rabeeah, qui était accompagné d'une importante délégation saoudienne de haut niveau, a déclaré à Arab News : "Aujourd'hui est un jour historique. Comme tout le monde le sait, l'Arabie saoudite soutient le peuple syrien depuis des décennies.

"Et aujourd'hui, c'est un nouveau signal : Nous l'avons soutenu avant le conflit, pendant le conflit, et maintenant, nous l'espérons, (pendant) cette période de réforme en Syrie, nous soutenons (à nouveau) le peuple syrien."


Il a ajouté : "Aujourd'hui, nous avons lancé de nombreux projets dans le secteur de la santé et des abris, dans le soutien aux communautés. Dans le domaine de la sécurité alimentaire, notre objectif est d'autonomiser la communauté, les femmes, les enfants et les jeunes, afin que le peuple syrien passe d'une situation de dépendance aux secours à une période de rétablissement. Et nous espérons que cette période sera suivie d'une période de développement".

La première initiative annoncée est le programme d'équipements médicaux vitaux, qui vise à équiper 17 hôpitaux centraux de tomodensitomètres, d'équipements de pointe pour les soins intensifs et d'unités de dialyse modernes, en plus de la livraison de 454 appareils de dialyse ultramodernes dans l'ensemble du pays.

Le programme prévoit également le déploiement de 1 220 médecins spécialistes saoudiens dans plus de 45 spécialités, notamment les implants cochléaires, la neurochirurgie, la chirurgie du cancer pédiatrique et le traitement des brûlures.

En outre, 128 159 heures de bénévolat ont été engagées, avec un déploiement continu par rotation.

Raed Al-Saleh, ministre syrien de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence, a félicité KSrelief pour ses efforts en faveur de la Syrie.

M. Al-Saleh a déclaré : "Ce partenariat sera un pilier essentiel de l'aide apportée à la Syrie : "Ce partenariat sera un pilier essentiel dans la lutte contre la crise humanitaire au niveau national. Nous croyons en l'avenir de la Syrie et en notre capacité à coexister, quels que soient les défis à relever."

La deuxième annonce majeure de la cérémonie concerne le programme de sécurité alimentaire et de relance de l'agriculture, qui fournit un soutien stratégique à l'agriculture, y compris la réhabilitation de 33 boulangeries publiques dans huit gouvernorats.

L'initiative comprend également le programme de soutien à l'agriculture des sept céréales, qui offre des outils, des semences et une formation aux familles d'agriculteurs.

Dans le cadre du programme de restauration des infrastructures éducatives de KSrelief, 34 écoles réparties dans trois gouvernorats seront restaurées et dotées de systèmes d'énergie solaire intégrés et d'environnements d'apprentissage modernes afin de contribuer au redressement post-conflit.

Six projets d'approvisionnement en eau et d'assainissement ont également été lancés, bénéficiant à plus de 300 000 Syriens.

Dans le cadre d'initiatives globales de prise en charge des orphelins, 1 000 enfants vont bénéficier d'un parrainage et d'un soutien mensuel par le biais du programme de prise en charge et d'autonomisation dans le nord-ouest de la Syrie.

Le programme Basma Hope offrira une prise en charge globale des orphelins, y compris l'éducation, les loisirs et les besoins essentiels.

KSrelief va également former 400 femmes soignantes à la couture afin de promouvoir l'autonomie économique.

L'événement a également annoncé une aide d'urgence comprenant des ambulances, de l'équipement lourd, des machines de déblaiement, des kits d'abris d'urgence et la distribution de paniers alimentaires.

M. Al-Rabeeah a souligné à Arab News l'importance d'une aide humanitaire complète pour la Syrie.

Il a déclaré : "Il n'y a aucun doute (sur l'importance) de l'aide humanitaire : "Il n'y a pas de doute (sur son importance). Elle s'inscrit en fait dans le cadre des relations étroites entre les deux pays.

"Le lien entre l'Arabie saoudite et la Syrie se situe au niveau des gouvernements et des populations, sur les plans politique, économique et humanitaire. Et j'en passe. Il s'agit donc d'une nouvelle journée de soutien de l'Arabie saoudite à la Syrie.

M. Al-Saleh a ajouté : "KSrelief a toujours été un partenaire important de la Syrie : "KSrelief a toujours été actif dans les domaines de l'aide d'urgence, des abris, de l'éducation, de la santé et du soutien aux moyens de subsistance. Ce soutien a contribué de manière significative à la résilience des Syriens au cours des dernières années."


L'Allemagne menacée par la peur des réformes, selon le patron de Deutsche Bank

Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
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  • "Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur"
  • Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement"

FRANCFORT: Le président du premier groupe bancaire allemand Deutsche Bank a estimé mercredi que l'Allemagne est moins menacée par les tensions commerciales que par son incapacité à mener des réformes urgentes pour relancer son activité économique en panne.

"Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur", a déclaré Christian Sewing, également président du lobby des banques privées allemandes (BdB), en ouverture d'un congrès bancaire à Francfort.

"Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement", a souligné le banquier, au moment où le gouvernement de coalition mené par le chancelier Friedrich Merz a promis un "automne des réformes" après des débuts poussifs depuis le printemps.

Les dirigeants des partis de la coalition au pouvoir, conservateurs de la CDU-CSU et sociaux-démocrates (SPD), se réunissent mercredi à Berlin pour discuter des réformes à mener dans les mois à venir.

La réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à la Chancellerie, a été précédée de déclarations dissonantes entre les ténors de la coalition, notamment sur le besoin de réformer les systèmes sociaux.

Les entreprises réclament aussi des réformes urgentes pour réduire la bureaucratie et abaisser les prix de l'énergie.

"C'est pourquoi nous avons urgemment besoin de l'automne des réformes annoncées, et ce, de manière à ce qu'il mérite vraiment son nom", a lancé M. Sewing.

Berlin a brisé un tabou au printemps en lâchant la bride sur le frein constitutionnel à la dette, afin de permettre le vote de programmes d'investissements en centaines de milliards d'euros pour muscler la défense et moderniser les infrastructures du pays.

"On ne peut pas seulement augmenter la dette et ne pas mettre en place de réforme, les deux doivent aller de pair", a prévenu M. Sewing.