L'Europe pourrait connaître de nouvelles hausses des prix du gaz après le record d'octobre

Le gazoduc Yamal-Europe est long de 4107 kilomètres de long reliant les gisements de gaz naturel russes de la péninsule de Yamal et de la Sibérie occidentale à la Pologne et à l'Allemagne, via la Biélorussie (Photo fournie)
Le gazoduc Yamal-Europe est long de 4107 kilomètres de long reliant les gisements de gaz naturel russes de la péninsule de Yamal et de la Sibérie occidentale à la Pologne et à l'Allemagne, via la Biélorussie (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 24 décembre 2021

L'Europe pourrait connaître de nouvelles hausses des prix du gaz après le record d'octobre

  • Il convient de noter que les volumes de gaz sur le gazoduc Yamal-Europe avaient connu une baisse en août dernier
  • «L'Europe est entrée en novembre avec ses installations souterraines de stockage de gaz remplies à 77%, contre 90 à 95% en temps normal»

 

MOSCOU: Les prix au comptant du gaz naturel sur le marché européen ont connu une nouvelle flambée la semaine dernière.

Le 13 décembre, le prix du contrat néerlandais de référence à échéance d’un mois a dépassé le précédent record historique de 116 euros par MWh établi le 5 octobre. Le prix a grimpé de 18% au cours de la semaine se terminant le 17 décembre et de 79% au cours du mois jusqu'au 22 décembre.

La flambée des prix la semaine dernière s'est produite alors que les médias rapportaient que les volumes des exportations de gaz russe vers l'Europe via le gazoduc Yamal-Europe diminuaient fortement chaque jour.

Cette information est confirmée par les données de Gazprom montrant que du samedi 18 décembre au 21 décembre, les flux quotidiens vers l'Europe via la Biélorussie ont chuté de 41%.

Les volumes expédiés via le gazoduc Yamal-Europe, d'une capacité nominale de 33 milliards de mètres cubes (mmc), pourraient avoir atteint 28 mmc depuis le début de l’année, soit 20% des exportations russes vers l'Europe.

Au cours des 11 premiers mois de l’année, le gaz russe expédié à la fois vers l'UE et le Royaume-Uni via tous les gazoducs a représenté environ 46% des importations totales de gaz par gazoduc de la région au cours de cette période.

Il s'agit d'une estimation approximative basée sur les données compilées dans un rapport récent de l’Institut d’études énergétiques d’Oxford.

Il convient de noter que les volumes de gaz sur le gazoduc Yamal-Europe avaient connu une baisse en août dernier.

Cette baisse a été causée par un incendie dans une usine de traitement de gaz dans le nord-ouest de la Sibérie qui fournit la matière première pour le gazoduc. Selon les estimations des analystes de l'époque, l'accident aurait coûté à la Russie quelque 8 milliards de mètres cubes de gaz naturel en volumes d'exportation perdus.

Mais les analystes récemment contactés par Arab News au sujet de la flambée des prix du gaz en Europe en décembre ont indiqué qu'il ne sert à rien de dramatiser la situation.

«En effet, il y a eu un certain déclin de Yamal-Europe ces derniers jours, mais les volumes ne sont pas si importants», a déclaré à Arab News Kirill Bakhtine, analyste pétrolier et gazier chez Sinara Financial Group, basé à Moscou.

«Le gazoduc a maintenant été inversé, et le gaz circule maintenant de l'Allemagne vers la Pologne pour répondre à la demande des consommateurs polonais. L'inversion du tuyau est un facteur temporaire et peut se produire tous les quelques mois», a expliqué Bakhtine.

«Gazprom a ralenti les exportations via Yamal-Europe parce que les clients européens demandent moins de gaz... en raison des prix très élevés. Ils tirent plutôt du gaz de leur stock», a déclaré à Arab News le directeur exécutif et analyste principal du pétrole et du gaz de BCS Global Markets, basé à Moscou.

Répondant à la question d'Arab News sur la raison de la flambée des prix de décembre, Smith a expliqué: «Actuellement, l'Europe est froide et calme, ce qui signifie que la demande de gaz pour le chauffage est en hausse, la demande d'électricité est en hausse et la production éolienne est très faible, ce qui signifie que la production au gaz fonctionne à des niveaux élevés malgré les prix si élevés du gaz.»

Mais Bakhtine et Smith semblent plus préoccupés par ce qui se passerait vers la fin de la période hivernale en février-mars 2022, alors que la saison de chauffage devrait encore battre son plein.

«L'Europe est entrée en novembre avec ses installations souterraines de stockage de gaz remplies à 77%, contre 90 à 95% en temps normal.»

«Pendant la saison de chauffage normale, le remplissage serait réduit de 60 à 65 points de pourcentage. C'est une situation risquée… si l'hiver s'avère plus froid et qu'aucun approvisionnement substantiel n'arrive à cause des prix élevés, alors le taux d'occupation des stockages pourrait tomber en dessous du seuil critique de 10%», a averti Bahktine.

«Les clients de Gazprom peuvent jouer à ce jeu de vider du gaz du stockage pendant un certain temps, mais cela soulève la possibilité de pénuries totales vers la fin de l'hiver», a soutenu Smith.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".