L'impact des artistes arabes sur la scène artistique américaine mis en lumière à Washington

Helen Khal, Sans titre. (Fourni)
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Publié le Vendredi 24 décembre 2021

L'impact des artistes arabes sur la scène artistique américaine mis en lumière à Washington

  • Figure fondatrice de la diaspora, Gibran a été l'un des premiers à écrire sur l'identité arabo-américaine
  • Les artistes arabo-américains d'aujourd'hui utilisent une grande variété de matériaux et abordent souvent des questions sociopolitiques lourdes de sens

DUBAΪ: D'un délicat dessin figuratif de Khalil Gibran à la peinture tricolore d'Etel Adnan Planète 8, la récente exposition du Middle East Institute (MEI) de Washington présentait les œuvres d'artistes arabes établis et émergents qui ont construit leur vie et leur carrière en Amérique.
L’événement, intitulé «Converging Lines: Tracing the Artistic Lineage of the Arab Diaspora in the US» («Lignes convergentes: filiation artistique de la diaspora arabe aux États-Unis»), montre la présence bien ancrée d'artistes multidisciplinaires associés au Liban, à l'Égypte, à la Palestine et au Soudan dans des villes américaines telles que New York, San Francisco et Washington. Ces créateurs explorent des thèmes intemporels d'abstraction, de figuration, de migration, de guerre et d'occupation et ils apportent, chacun à leur manière, une contribution à «l'art américain».
Les États-Unis abritent environ trois millions de citoyens d'origine arabe, mais le grand public méconnaît encore la riche production artistique de cette communauté, qui tend à rester enfermée dans les cercles arabo-américains. Selon la commissaire indépendante de l'exposition, Maymanah Farhat, qui est également écrivaine, une partie de ce problème tient à la représentation institutionnelle.

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Huguette Caland, Corps bleu (Bribes de corps), 1973. (Fourni)

«C'est une question de reconnaissance», explique-t-elle à Arab News. «Le monde de l'art américain dépend de gens – des galeristes, des collectionneurs, des historiens, des conservateurs, et des artistes eux-mêmes – qui vous défendent constamment; sinon, il vous est vraiment impossible d’avancer. Cette scène artistique est toujours dominée par les hommes blancs.»
Les artistes noirs, par exemple, ont également été confrontés à la marginalisation et à la négligence, comme leurs contemporains arabes. Toutefois, comme le souligne Farhat, ils ont réalisé des progrès significatifs au cours des dix dernières années.
«À elle seule, une personne ne peut pas y parvenir, et cela nécessite vraiment beaucoup d’investissement», nous confie-t-elle. «Nous l'avons vu récemment avec l'émergence d'artistes noirs: un soin réel est apporté, mais cela arrive après des décennies et de décennies d'historiens de l'art et de conservateurs noirs qui ont pris la peine de défendre ces récits, d’écrire des monographies et d’organiser des expositions.»

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Jacqueline Salloum, Sane Hilwe Ya Okhti (Bon anniversaire, chère Sœur), 2017. (Fourni)

 

Compte tenu du climat politique de ces vingt dernières années, la «diabolisation» des Arabo-Américains constitue une autre préoccupation, au même titre que la désinformation. Farhat affirme qu'elle a entendu quelqu'un dire un jour: «Je ne savais pas que les Arabes faisaient de l'art contemporain.»
«Il y a toujours cette emprise de Hollywood et de l'orientalisme, qui cherchent à nourrir l'imagination des Américains», observe-t-elle.
Bien qu'il y ait eu des tentatives notables pour améliorer l'inclusivité – exposer les œuvres d'artistes arabes dans des foires d'art internationales, organiser des ventes aux enchères et des biennales, par exemple –, il reste un long chemin à faire pour une pleine reconnaissance américaine. C’est précisément l’objectif visé par l'exposition du MEI.

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Khalil Gibran, Les Aveugles, 1919. (Fourni)

L'exposition se consacre à trois groupes d'artistes arabo-américains sur une période de cent ans: les modernistes des années 1950-1960, le «milieu de carrière» et les nouveaux artistes, qui ont émergé au cours des quinze dernières années.
Tout commence avec les dessins de ce géant littéraire et grand-père de l'art arabo-américain, Khalil Gibran. Né au Liban, il a fréquenté les sphères littéraires de Boston et de New York pendant des années, au début du xxe siècle. Figure fondatrice de la diaspora, Gibran a été l'un des premiers à écrire sur l'identité arabo-américaine – un sujet que les artistes contemporains traitent encore aujourd’hui.
«Gibran et Rûmî sont les auteurs les plus vendus dans le monde de l'édition américaine, et il est amusant de constater qu'ils sont toujours considérés comme des “hommes orientaux” mythiques», explique Farhat. «C'est en tout cas frustrant pour moi que Gibran ne soit jamais considéré comme un artiste américain, alors qu'une grande partie de son œuvre plastique a été produite à une époque où New York était vraiment internationale. Gibran était très actif sur la scène artistique américaine.»
Le titre de l'exposition fait référence au fait que de nombreux artistes présentés se sont croisés à un moment ou à un autre et qu’ils ont eu l’occasion de partager une esthétique, ainsi que des centres d’intérêt. «Le thème le plus commun aux artistes réside dans le fait qu’ils affirment leurs propres identités et leurs propres histoires», déclare Farhat.

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Helen Zughaib, Circle Home Beit, 2010. (Fourni)

Le travail de la regrettée Helen Khal, qui fut peintre et critique, est particulièrement captivant. Née en Pennsylvanie au sein d’une famille libanaise dans les années 1920, elle a décidé de suivre ses études à Beyrouth. C’est dans la capitale qu’elle partagera un studio avec Huguette Caland. Leur travail est simple; il explore les couleurs et les formes dans ce qui s’apparente à un espace surnaturel en mouvement.
«Il est impossible de parler de leur travail. Vous découvrez leur travail et vous êtes tout simplement époustouflé», lance Farhat à propos de ces deux peintres. Caland a finalement quitté le Liban pour se rendre d’abord en France puis vivre à Venise, en Californie, pendant environ trois décennies. Elle a alors participé au mouvement d'abstraction de la côte ouest.
Pendant ce temps, Etel Adnan, décédée le mois dernier à l'âge de 96 ans, a commencé à immortaliser les paysages californiens au caractère rêveur qu’elle aime tant dans le comté de Marin. Ils ont fait d'elle une véritable artiste de la Bay Area, en Californie.

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Helen Khal, Sans titre. (Fourni)

Disparu il y a un peu plus de deux ans, le graveur palestinien Kamal Boullata honore la tradition tout en adoptant de nouvelles idées. Il a vécu à Washington pendant trente ans et s'est toujours inspiré de la calligraphie et des mosaïques du dôme du Rocher, à Jérusalem, sa ville natale, qu’il a été contraint de quitter en 1967.
L’histoire de Helen Zughaib est également marquée par l’exil, puisqu’elle a fui le Liban pendant la guerre civile. Elle travaille actuellement aux États-Unis et expérimente elle aussi la calligraphie, notamment autour du mot arabe «beit» («maison»), dans une recherche artistique sans cesse renouvelée.
Les artistes arabo-américains d'aujourd'hui sont audacieux et ils se font entendre. Ils utilisent une grande variété de matériaux et abordent souvent des questions sociopolitiques lourdes de sens. Happy Birthday, Dear Sister, de Jacqueline Salloum, originaire du Michigan, représente ainsi un beau gâteau givré blanc à l'extérieur, mais fourré de balles M16. L’œuvre fait référence aux paroles échangées par Salloum avec une jeune fille dans un camp palestinien, où des activités banales – telles que la préparation d'un gâteau d'anniversaire – avaient lieu au milieu d’un climat de violence permanente.
Pour la Libano-Mexicaine Farhat, qui s’apprête à faire paraître un ouvrage consacré à l'art des Arabo-Américains, le contenu de l'exposition, particulièrement varié, est quelque chose d’intime. «Je les aime tous. Chaque génération propose quelque chose de spécial», confie-t-elle. «J'aime l’idée que ce que nous communiquons à travers cette exposition, c'est la notion de longévité. Je pense que chaque génération a produit des œuvres autour desquelles nous pouvons graviter.»
Farhat espère que l'exposition a réussi à faire passer l'idée que les artistes arabes et leurs homologues américains ont travaillé ensemble comme des pairs, et non que ces derniers ont «influencé» les premiers.
«[Les artistes arabes] se sont engagés et ont apporté leur contribution», déclare-t-elle. «Ce n'est pas qu'ils se trouvaient dans une ville spécifique et qu’ils ont ensuite été influencés par d'autres artistes: ils avaient leurs propres techniques, leurs propres contributions et leur propre style, qu'ils ont apportés à la scène artistique américaine dans son ensemble.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.


La Riyadh Fashion Week ouvre ses portes aux marques internationales pour l’édition 2025

Pour sa troisième édition, qui se déroulera du 16 au 21 octobre, cette manifestation de six jours proposera plus de 25 défilés, 10 présentations de créateurs, une salle d'exposition spécialisée et des activités à l'échelle de la ville. (Fourni)
Pour sa troisième édition, qui se déroulera du 16 au 21 octobre, cette manifestation de six jours proposera plus de 25 défilés, 10 présentations de créateurs, une salle d'exposition spécialisée et des activités à l'échelle de la ville. (Fourni)
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  • L’édition 2025 de la Riyadh Fashion Week (16–21 octobre) inclura pour la première fois des marques internationales, aux côtés de designers saoudiens
  • L’événement vise à renforcer la place du Royaume dans l’industrie mondiale de la mode en créant des liens entre talents locaux et acteurs internationaux

DUBAÏ : Pour la première fois, l’édition 2025 de la Riyadh Fashion Week ouvrira son calendrier aux marques internationales.

De retour pour sa troisième édition du 16 au 21 octobre, le rendez-vous de six jours présentera plus de 25 défilés, 10 présentations de créateurs, un showroom sélectionné avec soin, ainsi que des activations à l’échelle de la ville.

La liste des créateurs participants n’a pas encore été dévoilée.

Organisé par la Commission de la mode saoudienne, l’une des 11 commissions culturelles du ministère de la Culture d’Arabie saoudite, l’événement mettra également en lumière les talents locaux.

Le programme comprendra des pièces de haute couture, des tenues de soirée, du prêt-à-porter féminin et masculin, ainsi que du streetwear.

« La Riyadh Fashion Week est devenue une porte d’entrée pour celles et ceux qui souhaitent comprendre et participer à l’avenir de l’industrie de la mode saoudienne », a déclaré Burak Cakmak, directeur général de la Commission de la mode saoudienne, dans un communiqué.

« En accueillant le monde à Riyad, nous créons une plateforme unique où les leaders internationaux peuvent établir des liens concrets avec les acheteurs, les médias et les consommateurs locaux. »

« Dans le même temps, l’événement braque les projecteurs sur les talents saoudiens, dont la créativité va de l’artisanat au design contemporain, renforçant ainsi l’influence croissante du Royaume sur la scène mode internationale », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com