En Inde, des musulmans poursuivis et harcelés faute d'endroit où prier

Dans cette photo d'archive prise le 17 décembre 2021, des fidèles musulmans roulent des tapis après avoir offert les prières du vendredi dans un terrain ouvert à Gurgaon, après que plusieurs sites de prière ont été fermés par les autorités à la suite des demandes de groupes hindous de droite appelant à interdire les prières musulmanes dans les espaces ouverts. (Photo, AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 17 décembre 2021, des fidèles musulmans roulent des tapis après avoir offert les prières du vendredi dans un terrain ouvert à Gurgaon, après que plusieurs sites de prière ont été fermés par les autorités à la suite des demandes de groupes hindous de droite appelant à interdire les prières musulmanes dans les espaces ouverts. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 25 décembre 2021

En Inde, des musulmans poursuivis et harcelés faute d'endroit où prier

  • Depuis l'élection du Premier ministre Narendra Modi en 2014, les groupes qui considèrent l'Inde comme une nation avant tout hindoue et sa minorité musulmane de 200 millions de personnes comme des étrangers potentiellement dangereux se sont enhardis
  • Au début du mois, le ministre en chef de l'État de Haryana, membre du Bharatiya Janata Party (BJP) de M. Modi, a déclaré que les prières extérieures "ne seront plus tolérées" à Gurgaon

GURGAON : Chaque vendredi, Dinesh Bharti et d'autres militants se baladent en voiture à Gurgaon, interrompant et harcelant les musulmans priant à l'extérieur, dernière illustration des tensions sectaires sous le gouvernement nationaliste hindou en Inde.

Les musulmans qui prient en public "créent des problèmes dans le pays et dans le monde entier", lance cet homme d'une quarantaine d'années, tilak rouge sur le front indiquant qu'il est un membre dévot de la religion majoritaire du pays.

Depuis l'élection du Premier ministre Narendra Modi en 2014, les groupes qui considèrent l'Inde comme une nation avant tout hindoue et sa minorité musulmane de 200 millions de personnes comme des étrangers potentiellement dangereux se sont enhardis. 

Gurgaon est une ville-satellite moderne proche de la capitale New Delhi, et fait office de domicile ou de lieu de travail pour 500 000 musulmans.  

La ville ne compte que 15 mosquées pour les accueillir mais le gouvernement local a refusé d'en construire d'autres, alors même que le nombre de temples hindous a augmenté.  

Cette situation a contraint la communauté à tenir ses "namaz", les prières du vendredi, dans des espaces ouverts.  

Ces dernières années, des groupes hindous pulvérisent les lieux de prière avec de la bouse de vache et traitent les fidèles de "Pakistanais" ou de "terroristes", ce qui a mené les autorités locales à réduire le nombre autorisés de lieux de culte en plen air.

«Plus tolérés»

Au début du mois, le ministre en chef de l'État de Haryana, membre du Bharatiya Janata Party (BJP) de M. Modi, a déclaré que les prières extérieures "ne seront plus tolérées" à Gurgaon. 

Battant en brèche leur argument selon lequel la religion ne pouvait être pratiquée qu'à l'intérieur, des groupes hindous ont organisé vendredi dernier une fête religieuse, installant un temple de fortune et une cuisine communautaire pour nourrir des centaines de personnes sous les airs d'une musique religieuse. 

À l'autre bout de la ville, des centaines de musulmans faisaient à l'inverse la queue pour se recueillir à tour de rôle sur l'un des six sites de prière encore disponibles.  

Sur un autre site, des musulmans ont été chahutés et forcés à scander des slogans nationalistes hindous. 

"Si le gouvernement ne trouve pas de solution au problème... cela va se compliquer et devenir grave", s'est inquiété auprès de l'AFP Sabir Qasmi, un musulman présent à la réunion de prière. 

Lynchages

Narendra Modi est un membre de longue date du groupe nationaliste hindou Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) et a été brièvement interdit de séjour aux États-Unis en raison des émeutes religieuses qui ont eu lieu au Gujarat (ouest) en 2002, alors qu'il était à la tête de cet Etat.

Depuis son arrivée au pouvoir, une série de lynchages et d'autres crimes haineux ont été menés contre des musulmans par des foules hindoues, semant la peur et le désespoir au sein de cette communauté.

Plusieurs États ont adopté des lois criminalisant la conversion au christianisme et à l'islam, y compris par le biais du mariage - ou "jihad de l'amour", comme l'appellent les zélotes hindous.

Selon les militants hindous à Gurgaon, ces lieux publics où se recueillent les musulmans posent un risque de "sécurité", causent des problèmes de circulation et empêchent les enfants de jouer au cricket.  

Mais les critiques disent que les musulmans n'ont tout simplement pas leur place dans la nouvelle Inde intolérante de Modi, où les zélotes hindous dictent la politique du gouvernement. 

Pour le commentateur politique Arati R. Jerath, il y a une volonté de transformer l'Inde pluraliste et laïque en un "pays hindou", avec le "soutien tacite du gouvernement".

"Que ce soit des espaces économiques ou des espaces de culte, ou des espaces pour la nourriture et les coutumes ou tout ce qui a une identité musulmane, cela va faire partie du projet", a déclaré Jerath à l'AFP. 

Dimanche, le chef d'un groupe de coordination hindou a proposé une solution : la conversion des musulmans. 

"Ils auront leurs temples pour prier et cette question (de la prière) prendra fin", a déclaré Mahaveer Bhardwaj, président du Sanyukt Sangharsh Samiti. 


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.