Nouvelle-Calédonie: après le référendum, le blues des Kanaks

Emmanuel Tjibaou, le fils du leader indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou, pose devant un portrait mural de son défunt père dans la tribu de la maison Tiendanite, à Hienghène, le 19 décembre 2021. (Théo Rouby / AFP)
Emmanuel Tjibaou, le fils du leader indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou, pose devant un portrait mural de son défunt père dans la tribu de la maison Tiendanite, à Hienghène, le 19 décembre 2021. (Théo Rouby / AFP)
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Publié le Dimanche 26 décembre 2021

Nouvelle-Calédonie: après le référendum, le blues des Kanaks

  • Le territoire a refusé le 12 décembre de quitter la nation française lors du troisième et dernier référendum de l'accord de Nouméa
  • Les indépendantistes ont annoncé qu'ils ne reconnaissaient pas le résultat et ne s'engageraient pas dans des discussions avec le gouvernement actuel, avant l'élection présidentielle

HIENGHENE, France : Autour de la tombe de Jean-Marie Tjibaou, «tous les Premiers ministres qui sont venus ont planté un pin: Jospin, Fillon, Rocard, Valls», raconte Emmanuel Tjibaou, le fils du leader indépendantiste kanak abattu en 1989, «mais c'est fini tout ça».

A l'époque, «on a planté parce qu'on avait l'espoir que ça change, mais notre situation ne change pas», assure-t-il depuis sa vallée au nord-est de la Nouvelle-Calédonie.

Le territoire a refusé le 12 décembre de quitter la nation française lors du troisième et dernier référendum de l'accord de Nouméa. Mais les indépendantistes kanak avaient appelé à ne pas s'exprimer lors de ce scrutin pour protester contre ce vote qui avait lieu pendant la période de deuil observée par la population touchée par l'épidémie de Covid-19. Les indépendantistes du FLNKS ont donc annoncé qu'ils ne reconnaissaient pas le résultat et ne s'engageraient pas dans des discussions avec le gouvernement actuel, avant l'élection présidentielle.

«Arriver à se prononcer pour son pays, alors que les rituels qui fondent les racines mêmes de notre identité, on les accomplit pas, c'est en partie se renier», explique Emmanuel Tjibaou à Hienghène, fief de la tribu Tiendanite.

Dans ce village escarpé, celui qui dirige le centre culturel Jean-Marie Tjibaou à Nouméa désigne l'endroit où des soldats français ont maté une révolte en 1917 à coup de fusil mitrailleur, avant de se recueillir sur les tombes des frères de son père, tués dans une embuscade des Européens en 1984.

Evoquant le discours du président Macron le 12 décembre, il s'interroge: «Comment on va parler de respect et d'humilité, si déjà les principes mêmes de respect et d'humilité qu'on doit à nos défunts ne sont pas appliqués ?»

- faire le deuil -

Plus au sud, sur la côte, dans la tribu d'Ina, une cinquantaine de personnes, parents d'une femme morte dans un accident de voiture, sont présents depuis 15 jours pour «faire le deuil», un temps de recueillement et de solidarité important dans la culture kanak qui durera un ou deux mois. «La journée, tout le monde travaille chez soi, et le soir on soutient la famille», explique Michel Oumattu, son ex-mari.

Un groupe de jeunes garçons a remonté les tôles de la cabane où on fait la cuisine, chahutées pendant l'alerte cyclonique quelques jours auparavant. Une quinzaine de femmes jouent au bingo, assises sur des nattes, dans le but de faire une cagnotte pour aider la famille à payer les factures.

Plus loin sur la route qui longe le littoral de la côte est de la grande île, vers Poindimié, ponctuée de petits drapeaux indépendantistes plantés à l'entrée des terrains, sur les arbres et les étals de bord de route, habite Bernard Lepeu, ancien président de l'Union calédonienne.

«Il n'y a pas de discussion possible avec un gouvernement qui ne nous reconnaît pas et montre du mépris vis à vis des Kanak», affirme-t-il, en échangeant avec d'autres militants indépendantistes sur sa tablette, sous l'auvent de sa maison, à Wagap.

«Le président fait une lecture arithmétique des trois référendums. On a l'impression qu'il veut que la Calédonie reste française pour protéger les intérêts de la France et pas ceux de la Nouvelle-Calédonie. Maintenant on peut mettre en place un référendum de projet car ce sera un référendum de projet dans la France et pas hors de la France? C'est vicieux comme système!», clame-t-il.

Son neveu, Jean-Noël Lepeu, petit-chef de la tribu de Wagap, assure pour sa part: «je suis indépendant: j'ai une maison, mon champ et ma famille. C'est ça pour moi la Kanaky».

Ce sont les grandes vacances et les enfants passent de cour en cour, grappe joyeuse et bruyante, pendant que la mère et la sœur de Jean-Noël préparent le repas dans la cour. La case est réservée au repos, le reste de la journée se passe à l'extérieur, on travaille aux champs pour cultiver l'igname et le taro, on pêche. Après le repas, on joue aux dominos assis sur des nattes.

Sur l'île des pins, au sud de l'archipel où ont eu lieu les seuls troubles répertoriés le jour du référendum, un jeune homme explique qu'il «est prêt à mourir pour l'indépendance».


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.


Mercosur: les syndicats rencontrent Macron à l'Elysée, la dermatose en toile de fond

Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron reçoit les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dont la signature a été reportée, mais les tensions restent fortes malgré les concessions évoquées par le gouvernement
  • La rencontre se déroule sur fond de crise sanitaire liée à la dermatose bovine et de blocages agricoles persistants, avec une remobilisation annoncée début janvier

PARIS: Emmanuel Macron reçoit mardi après-midi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur auquel ils sont opposés mais le sujet de la dermatose bovine sera difficile à éviter au regard des blocages routiers qui persistent sur le terrain.

La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne sont reçus à 16H30, ont-ils annoncé à l'AFP.

C'est la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'est aussi la première depuis l'annonce jeudi dernier du report de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur, après une mobilisation de plusieurs milliers d'agriculteurs avec leurs tracteurs à Bruxelles.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées qui affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes, notamment environnementales et sanitaires, que les produits européens.

Il permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, demandant que les "avancées" réclamées par la France, mais aussi l'Italie, se concrétisent afin que "le texte change de nature".

Les syndicats agricoles sont remontés depuis des mois et demandaient au président de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être "plutôt positif" quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Emmanuel Macron avait rencontré des représentants de différents syndicats à Toulouse mi-novembre, des manifestations ayant changé le programme d'un déplacement qui devait être consacré aux réseaux sociaux et au spatial.

- "Mercosur = NON" -

"Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair: Mercosur = NON", a indiqué mardi le syndicat dominant dans une déclaration à l'AFP. Son président Arnaud Rousseau fera une déclaration à la presse à l'issue. Il avait déjà rencontré le président mi-novembre.

La Coordination rurale et la Confédération paysanne, fer de lance de la contestation de la gestion de la dermatose par l'Etat et opposants historiques au traité UE-Mercosur, ont ensuite confirmé à l'AFP leur venue.

Pour ces deux syndicats, c'est la première rencontre entre le président et des représentants nationaux depuis le dernier Salon de l'agriculture.

Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la nouvelle échéance visée pour la signature était désormais le 12 janvier au Paraguay.

"Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu'il ne le soit pas", a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, citant des "mesures miroir pour garantir la réciprocité", des "contrôles douaniers" et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes.

Mais certains sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre la stratégie gouvernementale pour lutter contre la dermatose bovine dans le Sud-Ouest, mais aussi ponctuellement plus au nord, contre le Mercosur et les autres crises qui pèsent sur le monde agricole.

En Gironde, la Coordination rurale (CR33) a annoncé organiser un "réveillon de Noël façon auberge espagnole" sur l'A63 au sud de Bordeaux.

"Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps", résume à l'AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu'un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l'autoroute.

Les bureaux centraux des syndicats se sont bien gardés d'appeler à lever les blocages, laissant les sections locales décider et appelant simplement au "repos" de leurs troupes et à une "trêve" pour certains pour mieux reprendre en janvier si nécessaire.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes) par rapport à dimanche (23 actions), mais elle est nettement en baisse comparée à la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).


Vol au Louvre: une grille de protection installée sur la fenêtre empruntée par les cambrioleurs

Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
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  • Une grille de protection a été installée sur la porte-fenêtre du Louvre utilisée lors du vol spectaculaire de bijoux du 19 octobre, dont le butin de 88 millions d’euros reste introuvable
  • Le musée renforce sa sécurité après de vives critiques : grilles supplémentaires, dispositifs anti-intrusion et vidéosurveillance accrue prévue d’ici 2026

PARIS: Une grille de protection a été installée mardi matin sur la porte-fenêtre du musée du Louvre à Paris, empruntée par les cambrioleurs lors du spectaculaire vol de bijoux du 19 octobre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le 19 octobre, quatre malfaiteurs ont réussi à approcher le bâtiment en camion-élévateur et à hisser deux d'entre eux jusqu'à cette fenêtre menant à la galerie d'Apollon, qui donne sur les quais de Seine, grâce à une nacelle.

Ils ont dérobé huit joyaux de la Couronne de France. Le butin, estimé à 88  millions d'euros, reste introuvable.

Depuis le cambriolage, la sécurité du musée le plus visité au monde se retrouve au cœur des critiques, le braquage ayant révélé une série de défaillances.

La grille de protection "est l'une des mesures d'urgence décidées après le vol ", a précisé mardi à l'AFP Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée.

Des "réflexions" sont en cours concernant la "sécurisation sur les autres fenêtres", a ajouté le responsable.

La présidente du Louvre, Laurence des Cars, avait assuré la semaine dernière devant les sénateurs français qu'une grille serait reposée "avant Noël". Elle avait précisé que la précédente avait été retirée en 2003-2004, lors d'importants travaux de restauration.

Autre chantier majeur: le renforcement de la vidéosurveillance sur les façades du palais. "Nous avons annoncé un dispositif d'une centaine de caméras positionnées autour du palais. Le marché a été signé et l'installation pourra débuter tout au long de l'année 2026 ", a précisé Francis Steinbock.

La semaine dernière, le Louvre avait également annoncé l'achèvement de la mise en place de dispositifs anti-intrusion autour du musée.

Du 15 au 18 décembre, les agents du Louvre étaient en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et des moyens supplémentaires pour la sécurité. Le mobilisation a été levée vendredi, mais les négociations se poursuivent entre les syndicats et le ministère de la Culture pour répondre aux inquiétudes des agents.