Loi sur les séparatismes, une «réforme ambitieuse» de l’islam de France

 Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui. (AFP)
Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui. (AFP)
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Publié le Jeudi 03 décembre 2020

Loi sur les séparatismes, une «réforme ambitieuse» de l’islam de France

  • À quelques jours de l’annonce de la future loi sur les séparatismes, le Conseil français du culte musulman a été consulté par Jean Castex, Premier ministre, et Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur
  • De nouvelles pistes de réformes ont été évoquées avec le Premier ministre permettant une réorganisation de l’islam de Fran

PARIS: Le Premier ministre français, Jean Castex, a rencontré une délégation du Conseil français du culte musulman (CFCM), le 16 septembre à Matignon, à laquelle étaient présents le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, et ses deux vice-présidents, Chems-Eddine Hafiz et Ibrahim Alci. L’objet de cette rencontre consiste à émettre des pistes permettant «une réforme ambitieuse» de l’islam de France. «Le chef du gouvernement a été attentif et à l’écoute et a pris le temps de répondre à nos interrogations», déclare le CFCM. 

De nouvelles pistes de réformes ont été évoquées avec le Premier ministre permettant une réorganisation de l’islam de France. Ainsi, pour permettre plus de cohésion et de proximité avec les Français de culte musulman, la piste de la création de Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) a été évoquée. «Le Premier ministre s’est montré très favorable à la création des CDCM qui permettront davantage de proximité avec les acteurs du terrain et une meilleure gestion de dossiers de culte avec les préfectures, les mairies et les départements», précise le communiqué publié par le CFCM, à la suite de la rencontre avec Jean Castex.

Un autre sujet, et non des moindres, qui suscite le débat et resurgit régulièrement dans la société française, a aussi été abordé lors de cette rencontre: la formation des imams et aumôniers français. 

Quelle stratégie gouvernementale contre les séparatismes?

Lors de l’annonce faite par le président de la République, Emmanuel Macron, concernant le projet de loi contre les séparatismes, ce dernier a évoqué la volonté du gouvernement de mettre fin à l’accueil des imams «détachés», notamment en provenance de Turquie et du Maghreb. Ainsi, la rencontre entre Jean Castex et la délégation du CFCM avait aussi pour objectif de définir une formation «de qualité et à même de répondre aux grandes attentes des musulmans de France dans leur vie spirituelle et dans la lutte contre les idéologies extrémistes».

Dix jours plus tard, c’est au tour de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, de recevoir la délégation du CFCM. Lors de cette rencontre, le ministre de l’Intérieur a affirmé qu’il était nécessaire «de renforcer le dialogue entre les pouvoirs publics et les cultes». Le ministre a indiqué, que dans le cadre de la future loi contre les séparatismes, il est primordial de «renforcer l’ordre républicain et promouvoir les valeurs qui fondent notre vivre ensemble».

Ce week-end, à l’occasion de sa visite dans une synagogue à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, pour la célébration de la fête juive Yom Kippour, Gérald Darmanin a déclaré lors d’un point de presse: «Nous sommes dans une situation extrêmement critique, nous sommes en guerre contre le terrorisme islamique et peut-être que nous l’avons collectivement un peu mis derrière nous.» 

Parmi les pistes les plus évoquées, le gouvernement français compter accentuer la surveillance des actions des associations et aussi permettre, dans un cadre légal, la fermeture des structures qui seraient soupçonnées de séparatisme. Le projet de loi examinera aussi un des sujets des plus sensibles: la question du circuit de financement. L’exécutif souhaiterait la création de nouveaux circuits financiers, plus transparents, tout en préservant les principes fondamentaux de la loi de 1905 dont celui, essentiel, qui concerne la séparation entre les religions et l’État. 

Radicalisme, les musulmans sont aussi visés

Profanations, incendies de mosquées et de lieux de culte, attaques contre des citoyens de confession musulmane dont des élus de la République, sont aussi récurrents en France, dénonce le CFCM. «La lutte contre le radicalisme se réclamant de l’islam a fait, à juste titre, l’objet de nombreuses missions et commissions parlementaires», précise le CFCM. «Il est temps que le radicalisme qui s’attaque aux citoyens de confession musulmane et à leurs institutions (…), fasse également l’objet d’une commission d’enquête parlementaire.»

«Ce projet de loi contre les séparatismes pourrait permettre de faire avancer le débat qui s’éternise auprès des politiques et des médias en France, notamment à l’approche des échéances électorales. Je suis musulmane et je condamne avec la plus grande fermeté les actes odieux des terroristes, dont celui qui a été commis récemment à Paris à proximité des anciens locaux de Charlie Hebdo», confie à  Arabnews en français Malika, une Franco-Algérienne, informaticienne dans une entreprise privé. «J’espère que ce projet permettra, enfin, d’adopter u ne position, ferme et républicaine, contre tous les radicaux, les racistes, les xénophobes, tous ceux qui commettent des actes odieux contre l’ensemble des communautés religieuses en France. J’ose espérer que cela ne concernera pas uniquement les musulmans. Je souhaite vivement que ce projet de loi porte vraiment son nom: le séparatisme au pluriel, telle qu’est composée la société française aujourd’hui», ajoute-t-elle.

Pour rappel, le chef de l’État définira, le 2 octobre prochain, sa stratégie contre les séparatismes. Le projet de loi, quant à lui, sera présenté au débat à l’Assemblée nationale cet automne.


JO-2024: la cérémonie d'ouverture «sera inoubliable», selon le président du CIO

Le président du CIO, Thomas Bach, s'exprime lors d'une interview avec l'AFP avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, au siège du CIO à Lausanne, le 26 avril 2024. (Photo Gabriel Monnet  AFP)
Le président du CIO, Thomas Bach, s'exprime lors d'une interview avec l'AFP avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, au siège du CIO à Lausanne, le 26 avril 2024. (Photo Gabriel Monnet AFP)
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  • Le président du CIO, Thomas Bach, a expliqué que «l'approche très méticuleuse, très professionnelle» des autorités françaises lui donnait «confiance» dans le bon déroulement de la parade
  • «Tout le monde est déterminé à organiser cette cérémonie d'ouverture sur la Seine», a-t-il insisté s'abstenant de commenter les «plans B et C» évoqués par le président français, soit un repli possible au Trocadéro ou au Stade de France

LAUSANNE, Suisse : La cérémonie d'ouverture des JO de Paris, le 26 juillet sur la Seine, «sera inoubliable pour les athlètes et tout le monde sera en sécurité», a assuré vendredi le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, dans un entretien exclusif à l'AFP.

Interrogé sur les risques d'attentat qui ont poussé Emmanuel Macron à envisager un plan de repli, le dirigeant allemand a expliqué lors d'une interview au siège de l'instance olympique à Lausanne, en Suisse, que «l'approche très méticuleuse, très professionnelle» des autorités françaises lui donnait «confiance» dans le bon déroulement de la parade.

«Tout le monde est déterminé à organiser cette cérémonie d'ouverture sur la Seine», a-t-il insisté s'abstenant de commenter les «plans B et C» évoqués par le président français, soit un repli possible au Trocadéro ou au Stade de France.

La semaine dernière, le président du Comité olympique britannique Andy Anson s'était dit «préoccupé» par les questions de sécurité entourant cette cérémonie, organisée dans un cadre inédit le long du fleuve, en plein cœur de la capitale, malgré la menace terroriste et l'attaque dans une salle de concert de Moscou le 22 mars.

Thomas Bach s'est plus largement réjoui du retour du public après deux éditions olympiques assombries par la pandémie, à huis clos aux JO-2020 de Tokyo puis sans spectateurs étrangers aux JO-2022 de Pékin.

«C'est extrêmement important, parce que l'esprit olympique vit du fait que le monde entier se rassemble et que les spectateurs peuvent encourager des athlètes du monde entier», a-t-il souligné.

Si l'approche des Jeux continue à susciter scepticisme et inquiétudes en France, «ce n'est pas simplement lié aux JO mais c'est une partie de notre +Zeitgeist+ (l'air du temps, ndlr), parce que nous vivons une époque incertaine», a jugé Thomas Bach, disant «comprendre certaines questions et certaines critiques».

Il a aussi rappelé que le «succès» sportif du pays hôte était «important» pour la réussite des Jeux, alors que la France avait ramené 33 médailles des JO-2020, un bilan en-deçà de ses ambitions.

«L'enthousiasme du pays hôte est toujours relié, d'une manière ou d'une autre, à la performance de l'équipe nationale», a-t-il estimé, sans s'aventurer à chiffrer un nombre de médailles à atteindre.

 


A Sciences Po Paris, la mobilisation pro-palestinienne se poursuit

Des manifestants participent à un rassemblement devant l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) alors que des étudiants occupent un bâtiment, avec une barricade bloquant l'entrée, en soutien aux Palestiniens, à Paris le 26 avril 2024. (AFP)
Des manifestants participent à un rassemblement devant l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) alors que des étudiants occupent un bâtiment, avec une barricade bloquant l'entrée, en soutien aux Palestiniens, à Paris le 26 avril 2024. (AFP)
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  • «Le débat, oui. Le blocage, non», a déploré la ministre de l'Enseignement supérieur sur BFMTV qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par LFI dans la mobilisation
  • «Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble», a jugé Raphaël Glucksmann

PARIS: La mobilisation pro-palestinienne se poursuit vendredi à Sciences Po Paris avec l'occupation et le blocage de locaux historiques par des étudiants dont les revendications font écho aux contestations qui agitent certains prestigieux campus américains.

Quelques dizaines d'étudiants du comité Palestine de Sciences Po ont occupé dans la nuit de jeudi à vendredi les locaux, rue Saint-Guillaume, au coeur du huppé 7e arrondissement.

Mercredi soir, une dizaine de tentes avaient été installées dans la cour d'un autre bâtiment, avant que la police ne vienne déloger les étudiants favorables à la cause palestinienne.

Keffiehs sur la tête, drapeaux palestiniens accrochés aux balustrades, slogans fustigeant Israël, plusieurs dizaines étudiants bloquaient encore vendredi en début d'après-midi dans et en dehors le bâtiment nouvellement occupé.

ils ont reçu le soutien de plusieurs figures de LFI dont la militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste "insoumise" pour les élections européennes.

"Ces étudiants sont en train véritablement de porter l'honneur de la France", a déclaré à la presse, Mme Hassan reprenant peu ou prou les propos du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a adressé un message audio de soutien aux manifestants.

La direction, qui chiffre à une soixantaine le nombre d'occupants du principal bâtiment, a décidé de fermer plusieurs locaux de son campus parisien. Elle "condamne fermement ces actions étudiantes".

La direction, à qui une partie de la communauté éducative reproche d'avoir laissé les forces de l'ordre intervenir sur le campus, a organisé une rencontre avec des représentants des étudiants vendredi matin.

"Le débat, oui. Le blocage, non", a déploré la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau sur BFMTV qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par LFI dans la mobilisation.

Fustigeant "le jeu dangereux" de LFI à des "fins électorales", elle a accusé les leaders du mouvement d'être des "irresponsables" faisant la promotion de "l'anarchie" sur les campus.

Le comité Palestine revendique lui "la condamnation claire des agissements d'Israël par Sciences Po" et "la fin des collaborations" avec toutes "les institutions ou entités" jugées complices "de l'oppression systémique du peuple palestinien". Il demande en outre l'arrêt de "la répression des voix propalestiniennes sur le campus".

Comme aux Etats-Unis où la mobilisation d'étudiants pro-Gaza enflamme le débat politique, le militantisme des étudiants pro-Gaza à Sciences Po est accusé d'alimenter l'antisémitisme sur le campus.

Fin des cours

"Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble", a jugé Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, sur BFMTV.

"Après, dans quelle atmosphère on le fait? (...) Est-ce qu'on est capable d'organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le point de vue? Et jusqu'ici, jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas. Donc on a un problème et la direction de Sciences Po a le droit de décider d'évacuer", a complété M. Glucksmann.

Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, qui s'exprimait sur LCI, "il n'y a rien de massif" mais "ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs".

"On n'a rien contre les étudiants de confession juive, il y a des étudiants juifs qui militent avec nous", a plaidé Hubert Launois, 19 ans, étudiant en deuxième année et membre du comité Palestine. "Ce qui nous pose problème, c'est la politique coloniale et génocidaire du gouvernement d’extrême droite israélien", a-t-il ajouté.

Nouvel élan ou chant du cygne alors que ce vendredi marque, pour une majorité des élèves, la fin des cours et le début des révisions des examens?

"On sait aussi que c'est la fin de l'année. On ne veut pas que ce mouvement meure", a résumé une étudiante de 21 ans, mobilisée, qui n'a pas souhaité donner son nom.

"Les revendications sont légitimes" mais "le blocus reste assez radical comme mode d'action", a observé un autre étudiant. "Il faut trouver un moyen d'apaiser le dialogue (...) "La plupart des étudiants ont en tête la fin de l'année."


Européennes : pour Macron, une victoire du RN relèverait d'une «responsabilité collective»

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe devant le slogan «Une Europe puissante» dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe devant le slogan «Une Europe puissante» dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024. (AFP)
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  • L'opposition accuse Macron d'avoir tenu un discours électoraliste et demande qu'il soit pris en compte dans le temps de parole de la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer
  • Le chef de l'Etat a semblé écarter toute incidence politique directe en France en cas de victoire de la liste du Rassemblement national le 9 juin

STRASBOURG: Emmanuel Macron a jugé vendredi qu'il était "légitime" en tant que président à parler d'Europe, réfutant tout discours électoraliste la veille à la Sorbonne, et il a estimé qu'une victoire de l'extrême droite aux européennes le 9 juin relèverait d'une "responsabilité collective".

"La voix de la France en Europe c’est au cœur de notre diplomatie, de notre politique. Comme chacun de mes prédécesseurs, je suis légitime à aussi, en tant que président, dire un mot de ce qu'il s’y passe, de ce qui s’y joue", a-t-il déclaré à des journalistes en marge d'un déplacement à Strasbourg.

"C’était une parole de président de la République hier (..) Il ne faut pas être hypocrite sur le sujet", a-t-il affirmé. "Il faut assumer la politique qu'on a conduite, le rôle que la France a mené ces dernières années et le fait que j’ai mis l’Europe au cœur aussi du projet".

L'opposition l'accuse d'avoir tenu un discours électoraliste et demande qu'il soit pris en compte dans le temps de parole de la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer.

"Les temps de campagne, si je devais participer à certains d’entre eux -  je n'ai pas encore décidé -  je le ferai à ce moment-là à part, comme je l’avais fait il y a cinq ans", a ajouté Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat a par ailleurs semblé écarter toute incidence politique directe en France en cas de victoire de la liste du Rassemblement national le 9 juin.

"C'est une élection européenne", a-t-il pointé. A la question de savoir si une arrivée en tête de la liste RN emmenée par Jordan Bardella serait une forme de désaveu, il a répondu : "Bien sûr. Surtout ça représenterait un responsabilité collective".

Jordan Bardella, en tête d'une quinzaine de points dans les intentions de vote devant Valérie Hayer, a annoncé qu'il réclamerait une dissolution de l'Assemblée nationale s'il l'emporte le 9 juin.

"On voit bien toute cette stratégie, d'ailleurs des extrêmes, qui consiste à nationaliser le débat (...) Au moins parlons d’Europe quand on parle des élections européennes parce que c’est ça dont il s’agit", a relevé Emmanuel Macron.