Diagnostic d'une pandémie: bruit de fond ou explosion?

«Nous avons devant nous un très rude hiver», prévient le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (Photo, AFP)
«Nous avons devant nous un très rude hiver», prévient le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 28 décembre 2021

Diagnostic d'une pandémie: bruit de fond ou explosion?

  • Les vagues d'infections se succèdent et se ressemblent avec leur cortège de restrictions suivi de réouvertures
  • Un an après leur arrivée sur le marché, des vaccins ont prouvé leur efficacité contre les formes les plus graves de la maladie

GENEVE : La pandémie fait rage depuis deux ans et le variant Omicron se répand comme un feu de paille. Malgré tout l'espoir subsiste qu'en 2022 la Covid-19 devienne une maladie endémique avec laquelle l'humanité pourra apprendre à vivre.

Les vagues d'infections se succèdent et se ressemblent avec leur cortège de restrictions suivi de réouvertures – souvent prématurées – qui font penser à "Un jour sans fin".

"Nous avons devant nous un très rude hiver", prévient d'ailleurs le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Mais de nombreux experts en santé publique jugent que le monde a désormais les moyens de maîtriser le virus. Encore faut-il que populations et pouvoirs politiques acceptent de faire des choix parfois difficiles.

"Nous avons les outils pour faire rendre gorge" à la pandémie: si on les utilise correctement "nous avons le pouvoir d'y mettre fin en 2022", martèle Maria Van Kerkhove, chargée de la lutte contre la Covid à l'OMS et qui est en première ligne depuis l'apparition de la maladie fin 2019 en Chine.

Rappel sans discernement

Un an après leur arrivée sur le marché, des vaccins ont prouvé leur efficacité contre les formes les plus graves de la maladie, à défaut d'empêcher complètement la transmission, y compris contre les deux variants qui dominent: Delta et Omicron. 

Depuis un an 8,5 milliards de doses ont été administrées et la production mondiale de sérums devrait atteindre 24 milliards de doses en juin. Théoriquement, bien assez pour immuniser la population mondiale. 

Mais quand des dizaines de pays ont déjà mis en place des programmes de rappel ou commencé la vaccination des enfants, d'autres peinent à démarrer, même pour vacciner les personnels soignants et les personnes les plus vulnérables.

L'inégalité vaccinale - 67% de la population vaccinée dans les pays riches et autour de 10% dans les pays pauvres - est pour l'OMS l'un des principaux obstacles pour stopper la pandémie.

"Aucun pays ne pourra se sortir de la pandémie à coups de doses de rappel", a averti le docteur Tedros, estimant que "des programmes de rappel sans discernement ont toutes les chances de prolonger la pandémie, plutôt que d'y mettre fin". 

"Personne n'est en sécurité tant que tout le monde ne l'est pas." 

Tant que le virus circule, il mute et peut donner naissance à un variant plus contagieux et plus dangereux.

Micro Omicron?

Omicron, détecté fin novembre en Afrique australe où le taux de vaccination est faible, en est la preuve a expliqué Michael Ryan, responsable des urgences de l'OMS: "Le virus a saisi l'opportunité pour évoluer."

Les pays riches feraient preuve "de myopie en pensant qu'en se vaccinant eux-mêmes ils se sont débarrassés du problème", a renchéri Gautam Menon, professeur de biologie et de physique à l'université d'Ashoka en Inde.

Si les premières études disponibles semblent pointer vers des symptômes moins graves pour les gens infectés par Omicron, les experts veulent rester prudents. De plus sa circulation massive présente le risque de donner naissance à un variant contre lequel le monde serait mal armé mais aussi de faire imploser les hôpitaux aux personnels épuisés par deux ans de lutte contre la Covid-19.

L'écrasante majorité des personnes hospitalisées ou décédées sont celles qui ne sont pas vaccinées.

Annus horribilis

En 2021, partout dans le monde, se sont répétées les scènes de patients intubés ou alités dans les couloirs, pris en charge par des soignants épuisés. Dehors, dans les rues de pays comme le Brésil ou l'Indonésie, se sont formées des queues interminables de proches à la recherche d'oxygène.

Les images des centaines de bûchers improvisés pour incinérer les morts de la Covid en Inde, ont incarné l'ampleur de la perte en vies humaines: officiellement plus de 5,5 millions mais peut-être deux ou trois fois plus, selon l'OMS.

Aucun pays n'a été autant affecté que les Etats-Unis où plus 800 000 personnes sont mortes. 

Pendant ce temps, le mouvement antivax et antipass s'est radicalisé: des émeutes ont éclaté notamment aux Pays-Bas et en France, en Guadeloupe.

Faire partie des meubles

Les experts estiment cependant que l'étape de "pandémie", pourrait bientôt être surmontée. À l'instar de la grippe, le monde pourrait continuer à cohabiter avec le virus, devenu une maladie endémique mais largement maîtrisée, qui ferait "partie des meubles", assure Andrew Noymer, un épidémiologiste de l'Université de Californie Irvine.

Mais si l'inégalité d'accès aux vaccins reste la même, venant s'agréger aux déséquilibres pré-existants entre pays nantis et démunis, des scénarios sombres ne sont pas à exclure.

Pire, un scénario catastrophe hypothétique récemment élaboré par l'OMS en guise d'avertissement envisage une pandémie de Covid hors de contrôle provoquée par des mutations de plus en plus dangereuses, doublée d'une autre pandémie de type Zika.

Dans ce scénario, la confusion, la désinformation et les crises migratoires déclenchées par les maladies réduisent à néant la confiance dans les autorités politiques et scientifiques, et les systèmes de soin s'effondrent.

L'OMS pousse ses Etats membres à lui donner les moyens de se battre.

Mais "sommes nous prêts pour l'avenir?". Pour le docteur Tedros, la réponse est "simple": "Toujours pas prêts".


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com