RDC: sur la colline de Rhoo, « les gens n'attendent plus que la mort »

Des volontaires de la Croix-Rouge quittent le camp de déplacés de Rhoo pour enterrer des corps dans le village de Dhedja, escortés par des soldats de la MONUSCO (mission des Nations Unies en RD Congo) le 19 décembre 2021, à 60 kilomètres de Bunia, la capitale provinciale de l'Ituri dans le nord-est de la République démocratique du Congo.(AFP)
Des volontaires de la Croix-Rouge quittent le camp de déplacés de Rhoo pour enterrer des corps dans le village de Dhedja, escortés par des soldats de la MONUSCO (mission des Nations Unies en RD Congo) le 19 décembre 2021, à 60 kilomètres de Bunia, la capitale provinciale de l'Ituri dans le nord-est de la République démocratique du Congo.(AFP)
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Publié le Mercredi 29 décembre 2021

RDC: sur la colline de Rhoo, « les gens n'attendent plus que la mort »

  • Depuis deux ans, dans les collines de la province de l’Ituri, des milliers d’hommes armés lancent des assauts sur des villages
  • En reprenant la route, un Casque bleu entonne une prière, le visage trempé de sueur

BUNIA : "Run! Run! Run!" hurle le capitaine Miraj. Le Casque bleu bangladais démarre à la première rafale d’arme automatique et entraîne avec lui des membres de la Croix-Rouge locale venus enterrer des corps qui pourrissent depuis trois semaines dans le village de Dhedja, après une attaque de miliciens, aux confins nord-est de la RDC. 

Depuis deux ans, dans les collines de la province de l’Ituri, des milliers d’hommes armés lancent des assauts sur des villages, des camps de déplacés et des positions militaires au nom de la Coopérative pour le développement du Congo, la Codeco: un groupe armé structuré autour d’une secte religieuse. Ils prétendent défendre la tribu Lendu face à l’armée et à la tribu Hema. 

Abandonnant leurs pelles derrière eux, la vingtaine de secouristes de la Croix-Rouge détalent au milieu des champs et des maisons carbonisées. C’est la panique. La petite équipe se recroqueville derrière un mur pendant que les Casques bleus vident à l'aveugle des chargeurs d’AK-47 dans les hautes herbes qui les entourent.

Dans le village, les blindés des Nations unies sont également pris pour cible. Ils ouvrent le feu pour se frayer un chemin jusqu’au petit groupe. Après 20 minutes de tirs, le silence. On se compte dans les rangs de la Croix-rouge et de la Monusco, la mission de l'ONU en République démocratique Congo (RDC). Personne ne manque. Personne n’est blessé.

En reprenant la route, un Casque bleu entonne une prière, le visage trempé de sueur.

Depuis octobre, l’ampleur et la fréquence des attaques de la Codeco ont augmenté dans le territoire de Djugu, bordé à l’est par le lac Albert et l’Ouganda. Dans les dix derniers jours de novembre, au moins 82 personnes ont été tuées, selon les chercheurs du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), présents dans les zones de conflits dans l’est du Congo.

 

Décombres 

De retour de Dhedja, les blindés de l'ONU font une halte à Drodro. Du camp de déplacés qui accueillait 16.000 personnes il y a encore un mois, au pied de la paroisse catholique, il ne reste que des ruines. Le 21 novembre, des miliciens incendiaient les cases et les abris et tuaient 26 personnes.

Aujourd’hui, des dizaines de corbeaux, quelques femmes et de jeunes enfants fouillent les décombres à la recherche de quoi manger ou de matériaux à récupérer.

Un enfant s’extrait d’entre les ruines, un cahier à la main. A l’encre bleue sur la couverture est écrit "A nous l’école!". Mais plus aucune école n’est ouverte par ici. L’hôpital, soutenu par Médecins sans frontières, est lui aussi fermé depuis l’attaque.

"Même la paroisse et les ONG sont des déplacés!", s’exclame un notable, croisé sur la route de terre qui mène, 10 km à l’est, à la colline de Rhoo, terminus du convoi des Casques bleus. 

Sur les flancs de cette butte, à 2.000 m d’altitude, des abris de branches et de bâches s’imbriquent anarchiquement sur vingt hectares autour de la base des Nations unies.

"La zone est totalement enclavée", s’alarme Audrey Rivière, coordinatrice pour l’Ituri de l’ONG Action contre la faim, arrivée à Rhoo par hélicoptère, comme les rares humanitaires présents. "Il y a moins de 3 m2 par personne. Les gens ici manquent de tout: d’eau, de nourriture, d’endroits où faire leurs besoins". 

Trouver le sommeil 

"Malgré les risques, nous sommes obligés de sortir du camp pour chercher à manger, mais il n’y a pas la sécurité", constate Constant Ngaz, commerçant. "A Rhoo, les gens n’attendent plus que la mort".

Ces deux dernières semaines, au moins trois déplacés ont été tués à proximité du camp alors qu’ils partaient aux champs ou chercher de l’eau.

Les premiers camions apportant l’aide du Programme alimentaire mondial (PAM) ont pu atteindre Rhoo lundi par la route. Trois jours plus tôt, interrogé par l’AFP lors d'une distribution de seaux et de savon par une ONG, un camionneur déclarait avoir "été racketté par les Codeco" pour passer leurs check-points. 

Depuis vendredi, au moins quatre personnes ont été tuées sur cette route menant à Bunia, la capitale provinciale. 

Le soleil a disparu sur la colline. Les secouristes de la Croix-rouge rejoignent leurs abris. Un peu plus loin, noyées dans la fumée de feux de bois, des dizaines de personnes dont des enfants s’entassent en plein air par petites grappes pour se protéger du froid et trouver désespérément le sommeil... en priant qu’il ne pleuve pas.

Après des années de guerre, l’Ituri a connu un calme relatif pendant près de 20 ans. Fin 2017, les violences ont repris, sporadiques d'abord puis de plus grande ampleur en 2019, avec des factions communautaires structurées et bien armées.


Pourparlers de paix sans résultats entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan à Abou Dhabi

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev se sont retrouvés jeudi dans la capitale des Emirats arabes unis, ont annoncé leurs cabinets. (AFP)
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev se sont retrouvés jeudi dans la capitale des Emirats arabes unis, ont annoncé leurs cabinets. (AFP)
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  • Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev se sont retrouvés jeudi dans la capitale des Emirats arabes unis, ont annoncé leurs cabinets
  • A l'issue de cette rencontre, deux communiqués séparés ont été publiés, qui ne comportent aucun signe d'avancée en vue d'une finalisation de l'accord de paix sur lequel les deux Etats voisins s'étaient pourtant entendus en mars

ABOU DHABI: Aucun progrès tangible vers un accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan n'a été réalisé à l'issue d'une rencontre jeudi à Abou Dhabi entre les dirigeants de ces deux pays du Caucase, empêtrés dans un conflit territorial depuis des décennies.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev se sont retrouvés jeudi dans la capitale des Emirats arabes unis, ont annoncé leurs cabinets.

A l'issue de cette rencontre, deux communiqués séparés ont été publiés, qui ne comportent aucun signe d'avancée en vue d'une finalisation de l'accord de paix sur lequel les deux Etats voisins s'étaient pourtant entendus en mars après de très longues négociations.

Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a cependant indiqué que les dirigeants "se sont mis d'accord pour poursuivre les négociations bilatérales et mettre en place des mesures destinées à renforcer la confiance entre les deux pays".

Avant toute signature, l'Azerbaïdjan avait présenté une liste d'exigences à l'Arménie dont l'ajout d'amendements à la Constitution arménienne incluant l'abandon de toute revendication territoriale sur la région contestée du Karabakh.

Bakou et Erevan se sont affrontés lors de deux guerres pour le contrôle de ce territoire montagneux que l'Azerbaïdjan a finalement repris aux séparatistes arméniens lors d'une offensive éclair en 2023.

En début de semaine, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio avait exprimé l'espoir de la conclusion d'un accord de paix rapide entre Bakou et Erevan.

La dernière rencontre entre MM. Aliev et Pachinian remonte à mai, lors du sommet de la Communauté politique européenne en Albanie, où les dirigeants de l'UE avaient également appelé à conclure un accord au plus vite.


Ukraine : Starmer et Macron appellent à accroître «la pression» sur Poutine pour obtenir un cessez-le-feu

Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron ont appelé jeudi à accroître "la pression" sur le président russe Vladimir Poutine avec de nouvelles sanctions pour obtenir un cessez-le-feu en Ukraine. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron ont appelé jeudi à accroître "la pression" sur le président russe Vladimir Poutine avec de nouvelles sanctions pour obtenir un cessez-le-feu en Ukraine. (AFP)
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  • "Nous devons réorienter nos efforts vers la préparation de la paix, en forçant Poutine à se rendre à la table des négociations (...). Cette pression coordonnée fera la différence", a déclaré Keir Starmer
  • Les deux dirigeants coprésident depuis le centre de commandement de l'Otan de Northwood, au nord-ouest de Londres, une réunion par visioconférence de la "coalition des pays volontaires", prêts à garantir un futur cessez-le-feu entre Kiev et Moscou

NORTHWOOD: Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron ont appelé jeudi à accroître "la pression" sur le président russe Vladimir Poutine avec de nouvelles sanctions pour obtenir un cessez-le-feu en Ukraine.

"Nous devons réorienter nos efforts vers la préparation de la paix, en forçant Poutine à se rendre à la table des négociations (...). Cette pression coordonnée fera la différence", a déclaré Keir Starmer, tandis qu'Emmanuel Macron appelait à "augmenter la pression" sur la Russie.

Les deux dirigeants coprésident depuis le centre de commandement de l'Otan de Northwood, au nord-ouest de Londres, une réunion par visioconférence de la "coalition des pays volontaires", prêts à garantir un futur cessez-le-feu entre Kiev et Moscou. L'émissaire américain Keith Kellogg et deux sénateurs américains, dont le républicain Lindsay Graham qui pousse pour des sanctions drastiques contre la Russie, comptent parmi les participants à la réunion.

 

 


Ukraine: Rubio dit avoir échangé avec Lavrov sur de «nouvelles idées»

M. Rubio s'exprimait à l'issue de cet entretien qui s'est déroulé dans une salle du centre de conférences à Kuala Lumpur et a duré environ 50 minutes. (AFP)
M. Rubio s'exprimait à l'issue de cet entretien qui s'est déroulé dans une salle du centre de conférences à Kuala Lumpur et a duré environ 50 minutes. (AFP)
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  • Il s'est refusé à détailler quelles pourraient être ces nouvelles idées ou concepts disant refuser de négocier en public
  • Mais les deux diplomates ont eu, selon lui, "un échange franc"

KUALA LUMPUR: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a déclaré jeudi avoir exprimé "déception" et "frustration" à son homologue russe Sergueï Lavrov face au manque de progrès vers la paix en Ukraine, tout en disant qu'ils avaient échangé de "nouvelles idées".

"Ce n'est pas une nouvelle approche. C'est une nouvelle idée ou un concept nouveau que je vais rapporter au président (Donald Trump) pour en discuter" dès ce soir, a déclaré M. Rubio à la presse, en précisant de manière assez vague qu'il ne s'agissait pas d'une initiative menant "automatiquement à la paix" mais "qui pourrait potentiellement permettre d'ouvrir la porte" vers une voie possible.

"J'ai fait écho aux propos du président (Donald Trump), une déception et une frustration face au manque de progrès", a indiqué M. Rubio à M. Lavrov, fustigeant le manque de "flexibilité" de la Russie lors de cette rencontre qui s'est tenue en marge d'une réunion des chefs de la diplomatie des pays d'Asie du Sud-Est à Kuala Lumpur.

M. Rubio s'exprimait à l'issue de cet entretien qui s'est déroulé dans une salle du centre de conférences à Kuala Lumpur et a duré environ 50 minutes.

Il s'est refusé à détailler quelles pourraient être ces nouvelles idées ou concepts disant refuser de négocier en public.

Mais les deux diplomates ont eu, selon lui, "un échange franc".

"Il y a eu un échange d'idées aujourd'hui, des points de vues qu'ils ont exprimé et que je vais transmettre au président pour examen", a-t-il encore dit en soulignant, par ailleurs, que Washington pourrait, le cas échéant, imposer de nouvelles sanctions contre Moscou en l'absence de progrès.

Une proposition de loi en ce sens circule au Sénat américain.

L'entretien entre MM. Rubio et Lavrov intervient en pleine impasse dans les  négociations sur la guerre en Ukraine et alors que la Russie a intensifié sa campagne de bombardements.

La Russie a frappé la capitale ukrainienne Kiev avec une deuxième salve meurtrière en deux jours de drones et de missiles.

MM. Rubio et Lavrov s'étaient déjà rencontrés mi-février en Arabie saoudite, dans la foulée du rapprochement entre les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine. Ils se sont également parlé à plusieurs reprises au téléphone.