Elena Palumbo-Mosca, une vie en bleu Klein

L'Italienne Elena Palumbo-Mosca pose avec le livre d'Yves Klein lors d'une interview à Bruxelles, le 29 décembre 2021. (Photo, AFP)
L'Italienne Elena Palumbo-Mosca pose avec le livre d'Yves Klein lors d'une interview à Bruxelles, le 29 décembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 06 janvier 2022

Elena Palumbo-Mosca, une vie en bleu Klein

  • Elena Palumbo-Mosca, qui fêtera ses 87 ans vendredi, a couvert son corps du bleu devenu iconique de l'artiste français
  • Pour cette première performance qui a lieu dans une galerie parisienne en mars 1960, la critique parlera de «pinceau vivant»

BRUXELLES : Son ADN a laissé sa trace dans les tableaux d'Yves Klein: Elena Palumbo-Mosca, qui fêtera ses 87 ans vendredi, a couvert son corps du bleu devenu iconique de l'artiste français, déposant son empreinte sur des oeuvres qui valent aujourd'hui une fortune.

"Yves nous faisait mettre de la peinture sur le ventre, les seins, les cuisses, parfois les mains. Il portait des gants blancs pour montrer qu'il ne touchait pas à l'oeuvre, sa participation était conceptuelle", se souvient l'Italienne, rencontrée dans son appartement de Bruxelles où elle vit entourée de ses chats et de livres d'art.

"Cela demandait beaucoup de précision et de concentration, s'appuyer ni trop ni pas assez. Je réalisais le monochrome en me roulant sur une toile par terre. Les deux autres femmes le faisaient à la verticale contre un carton", explique l'octogénaire, qui a été interprète une trentaine d'années auprès des institutions européennes.

Pour cette première performance qui a lieu dans une galerie parisienne en mars 1960, la critique parlera de "pinceau vivant", un terme qu'elle récuse, lui préférant celui de "collaboratrice" du créateur, décédé il y a 60 ans cette année, en juin 1962.

"J'ai lutté contre cette expression. Je ne suis pas un objet mais une personne qui a partagé avec Yves certaines idées et qui l'a aidé par amitié et par curiosité à les réaliser", confie-t-elle d'un voix chantante teintée d'un léger accent italien.

C'est par l'intermédiaire de l'artiste Arman, célèbre pour ses sculptures réalisées à partir d'objets trouvés et qui l'avait embauchée pour garder ses enfants à Nice, qu'elle rencontre Klein. Il donnera son nom à un bleu outremer, l'International Klein Blue (IKB), une teinte inspirée des ciels de Giotto qu'il fera breveter.

Elle n'a pas compté les "anthropométries" auxquelles elle a participé - "20 ou 30" - mais "il était clair qu'on faisait quelque chose que personne n'avait jamais fait".

"C'était mon côté +épatons le bourgeois+", reconnaît cette femme malicieuse au visage lumineux, qui n'a rien d'une vieille dame.

Plongeon artistique

Elle n'a qu'un lointain souvenir des réactions du public - "certains s'arrachaient les cheveux, d'autres applaudissaient" - et pour cause: "dès qu'on avait fini notre travail, on partait se laver en coulisses, cette peinture était quand même toxique".

Il fallait en tout cas être résistante physiquement pour travailler avec Klein, en particulier pour les "Peintures de feu", se rappelle celle qui a chaussé les skis toute petite dans son Val d'Aoste natal, dans le nord-ouest de l'Italie. Elle pratiquait le patinage, la danse et a été championne de plongeon artistique à 16 ans.

Leur réalisation au centre d'essais de Gaz de France, peu avant la mort de l'artiste à 34 ans, n'a pas été de tout repos.

"Les ateliers étaient pleins de courants d'air. Il nous arrosait d'eau froide pour faire des empreintes sur le carton. Quand on se retirait, il passait la partie mouillée à la flamme, la silhouette se dessinait, surgissant du néant, c'était beau".

Ces dernières oeuvres représentent "un aboutissement de sa pensée, le divin exprimé par l'eau et le feu qui correspondent à la cosmogonie japonaise, les couleurs sacrées, rose, bleu et or. Tout était réuni. Je ne sais pas ce qu'il aurait fait après", confie-t-elle à la fois songeuse et admirative.

Plongée dans cette avant-garde artistique, la jeune femme issue d'un milieu de musiciens, a "appris peu à peu à ouvrir les yeux".

"Je crois que Klein a apporté une solution au moment où la représentation du réel battait de l'aile. Beaucoup de peintres étaient face à une porte fermée. Et je pense qu'Yves a trouvé la sortie, notamment en donnant à la couleur tout son espace".

A l'époque, la jeune femme n'a pas été payée alors que des "anthropométries" se sont vendues ces dernières années plusieurs millions de dollars, mais Elena Palumbo-Mosca refuse "de mêler l'argent" à son travail avec le plasticien.

Et en cas de coup dur, elle sait qu'elle peut compter sur une amitié indéfectible forgée avec une jeune artiste allemande, qui travaillait elle aussi comme fille au pair chez Arman : Rotraut Uecker, qui épousera Klein en janvier 1962. Elles s'appellent régulièrement.

A Paris, où elle faisait ses études d'interprète, financées en dansant la nuit dans les cabarets de Pigalle, elle a côtoyé les jazzmen américains et croisé l'écrivain James Baldwin.

Aujourd'hui, elle se considère toujours un peu comme une rebelle... "dans la mesure du possible" et a toujours autant de plaisir à contempler le bleu de Klein.


Le 87ème prix Albert Londres sera remis le 25 octobre à Beyrouth

Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
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  • La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris
  • "Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association

PARIS: Le 87ème prix Albert Londres, qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel francophone de l'année, sera remis le 25 octobre à Beyrouth, a annoncé mercredi l'association.

La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris.

"Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association.

"Mais l'histoire en décida autrement. Quand le journaliste est revenu dans la région dix ans plus tard, les mots massacres et assassinats se sont imposés sous sa plume. Le conflit israélo-palestinien voyait ses premières victimes", poursuit le texte.

"Déjà ! Près de cent ans plus tard, la tragédie est massive. Informer est un enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs. Le Prix Albert Londres se devait d'aller y voir. Le propre du reportage, en somme".

L'association Albert Londres a dévoilé la liste des articles, films et livres pré-sélectionnés pour l'édition 2025, sur 134 candidatures.

Pour le 87ème prix de la presse écrite, ont été choisis : Eliott Brachet (Le Monde), Julie Brafman (Libération) , Emmanuel Haddad (L'Orient-Le Jour), Iris Lambert (Society, Libération), Ariane Lavrilleux (Disclose), Célian Macé (Libération), Matteo Maillard (Libération, Jeune Afrique) et Arthur Sarradin (Libération, Paris Match).

Pour le 41ème prix audiovisuel, ont été retenus : Solène Chalvon-Fioriti pour "Fragments de guerre" (France 5), Marianne Getti et Agnès Nabat pour "Tigré : viols, l'arme silencieuse" (Arte), Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour "Le Syndrome de La Havane" (Canal+), Julien Goudichaud pour "Calais-Douvres, l'exil sans fin" (LCP), Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye pour "Rachida Dati, la conquête à tout prix" (France 2) et Solène Oeino pour "Le Prix du papier" (M6).

Pour le 9ème prix du livre, ont été désignés Charlotte Belaich et Olivier Pérou pour "La Meute" (Flammarion), Siam Spencer pour "La Laverie" (Robert Laffont), Quentin Müller pour "L'Arbre et la tempête" (Marchialy) et Elena Volochine pour "Propagande : l'arme de guerre de Vladimir Poutine" (Autrement).

L'an dernier, la journaliste du Monde Lorraine de Foucher avait remporté le prix pour l'écrit pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et encore les victimes de l'industrie du porno.

Le prix de l'audiovisuel avait été décerné à Antoine Védeilhé et Germain Baslé pour leur film "Philippines: les petits forçats de l'or" (Arte) et le prix du livre avait couronné Martin Untersinger pour "Espionner, mentir, détruire" (Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyberespace.

Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5.000 euros pour chacun des candidats, qui doivent avoir moins de 41 ans.


Des projets architecturaux saoudiens parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA

Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
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  • Deux projets innovants situés à Riyad – le parc King Salman et le centre d’expérience de Wadi Safar – ont été sélectionnés parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA
  • Ce prix célèbre des projets ayant un impact social fort et une vision durable

DUBAÏ : Riyad s'impose comme un centre du design de pointe, alors que le Royal Institute of British Architects (RIBA) a dévoilé les 15 finalistes de son tout premier prix des bâtiments les plus transformateurs du Moyen-Orient.

Cette nouvelle distinction récompense les projets architecturaux récents ayant le plus d’impact social et de transformation à travers le Golfe, et deux des candidats les plus remarquables se trouvent dans la capitale saoudienne.

Au cœur de la contribution de Riyad figure le parc King Salman, une vaste opération de réhabilitation de l’ancien aéroport de la ville, réalisée par Gerber Architekten, Buro Happold et Setec. Ce projet ambitieux transforme une relique de l’ère aérienne en une oasis urbaine immense, offrant aux habitants et visiteurs un réseau de jardins, de plans d’eau et d’espaces de loisirs. Il met en œuvre des techniques novatrices de régénération des sols désertiques, d’utilisation durable de l’eau et de plantation résistante au climat.

Non loin de là, le centre d’expérience de Wadi Safar sert de porte d’entrée au développement plus large de Wadi Safar. Conçu par Dar Al Omran – Rasem Badran, il s’inspire du style vernaculaire najdi, avec des cours intérieures et un aménagement paysager en bermes de terre créant une atmosphère fraîche et contemplative tout en valorisant le patrimoine régional.

La liste des finalistes met également en lumière l’excellence dans tout le Moyen-Orient. Aux Émirats arabes unis, le sanctuaire des tortues et de la faune de Khor Kalba (Hopkins Architects) soutient la réhabilitation des tortues et oiseaux en danger dans la mangrove ancestrale de Sharjah, avec des pavillons arrondis se fondant dans le paysage côtier. À Dubaï, le centre Jafar du Dubai College (Godwin Austen Johnson) offre un espace STEM flexible, baigné de lumière naturelle, où l’acoustique et l’efficacité énergétique sont prioritaires.

À Doha, le centre Al-Mujadilah et sa mosquée pour femmes (Diller Scofidio + Renfro) réinterprètent de manière contemporaine un espace sacré, avec un toit percé de plus de 5 000 puits de lumière diffusant une lumière naturelle apaisante dans les salles de prière et les espaces communautaires.

Plusieurs projets revisitent les formes patrimoniales dans un contexte contemporain. À Sharjah, The Serai Wing, Bait Khalid Bin Ibrahim (ANARCHITECT) transforme deux maisons familiales des années 1950, autrefois propriétés d’un marchand de perles, en un hôtel boutique alliant préservation du patrimoine et design contemporain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cate Blanchett sera à l’honneur au Festival du film d’El Gouna

Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
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  • L’actrice australienne sera l’invitée d’honneur du festival égyptien et recevra le Champion of Humanity Award pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés en tant qu’ambassadrice du HCR
  • Reconnue pour ses rôles marquants au cinéma et son implication sur scène, Blanchett est aussi saluée pour son action sur le terrain dans des camps de réfugiés, incarnant la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité

DUBAÏ : L’actrice et productrice australienne Cate Blanchett sera mise à l’honneur lors de la 8e édition du Festival du film d’El Gouna, en Égypte, qui se tiendra du 16 au 24 octobre.

Elle sera l’invitée d’honneur de cette édition et recevra le Champion of Humanity Award (Prix de la Championne de l’Humanité).

« De ses rôles emblématiques dans Elizabeth, Blue Jasmine et TÁR, à ses collaborations remarquables avec les plus grands réalisateurs, Cate Blanchett a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma mondial », a publié le festival sur Instagram.

« Au-delà de son art, elle continue de défendre des causes humanitaires urgentes en tant qu’ambassadrice de bonne volonté mondiale pour le HCR, reflétant ainsi la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité », ajoute le communiqué. « Pour saluer son engagement en faveur des réfugiés et des personnes déplacées de force, Cate Blanchett recevra le Champion of Humanity Award du Festival du film d’El Gouna. »

Cate Blanchett est également connue pour son travail sur scène, ayant été co-directrice artistique de la Sydney Theatre Company. Elle est aussi cofondatrice de Dirty Films, une société de production à l’origine de nombreux films et séries récompensés.

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Depuis 2016, elle occupe le rôle d’ambassadrice de bonne volonté pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. À ce titre, elle utilise sa notoriété pour sensibiliser à la cause des réfugiés et encourager le soutien international. Elle a visité des camps de réfugiés et des communautés hôtes dans des pays comme la Jordanie, le Liban, le Bangladesh, le Soudan du Sud, le Niger et le Brésil.

En 2018, elle a reçu le Crystal Award lors du Forum économique mondial en reconnaissance de son engagement humanitaire.

Amr Mansi, fondateur et directeur exécutif du Festival d’El Gouna, a déclaré : « C’est un immense honneur d’accueillir une artiste du calibre de Cate Blanchett. Son talent exceptionnel fascine le public depuis des décennies, et son engagement humanitaire à travers le HCR est véritablement inspirant.

Ce partenariat avec le HCR et la Fondation Sawiris, ainsi que sa venue, illustrent parfaitement la mission essentielle de notre festival : utiliser la force du cinéma pour promouvoir un changement positif et soutenir l’humanité. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com