La cigarette électronique, aide ou danger? Le débat ressurgit

Les autorités sanitaires n'excluent certes pas que la cigarette électronique puisse aider certains fumeurs à s'en sortir au cas par cas, mais elles se refusent à en faire un outil pour les médecins. (Photo, AFP)
Les autorités sanitaires n'excluent certes pas que la cigarette électronique puisse aider certains fumeurs à s'en sortir au cas par cas, mais elles se refusent à en faire un outil pour les médecins. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 07 janvier 2022

La cigarette électronique, aide ou danger? Le débat ressurgit

  • Il n'y a guère de doute quant au fait que les vapoteuses sont nettement moins dangereuses que les cigarettes traditionnelles
  • Mais leur vapeur contient des particules fines dont on ignore les effets à long terme

PARIS : La cigarette électronique, un outil pour cesser de fumer ? Les autorités sanitaires françaises viennent de rejeter l'idée au moment même où le Royaume-Uni assume pleinement ce choix, des divergences qui témoignent d'incertitudes persistantes après des années de polémique.

Les cigarettes électroniques "ne peuvent pas à ce jour être présentés comme des outils de réduction des risques liés au tabac", résume, dans un avis paru cette semaine, le Haut conseil de santé publique (HCSP), l'un des organismes guidant les politiques de santé en France.

C'est la dernière réponse en date à un vieux questionnement: jusqu'où ces "vapoteuses" marquent-elles un progrès par rapport aux cigarettes classiques ?

Contrairement à ces dernières, les cigarettes électroniques ne contiennent ni goudron ni monoxyde de carbone, les deux principaux éléments à l'origine des innombrables cancers et maladies cardio-vasculaires liés au tabagisme.

Mais, le plus souvent, elles sont chargées en nicotine, la substance à l'origine de l'addiction au tabac. Et leur vapeur contient des particules fines dont on ignore les effets à long terme.

À cause de ce statut incertain, les vapoteuses sont, depuis plusieurs années, à l'origine de polémiques qui opposent parfois plusieurs instances. 

En 2019, l'Académie française de médecine avait par exemple défendu les cigarettes électroniques contre l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui les jugeait "incontestablement" nocives.

Pas un outil pour les médecins

Tout ne fait pas débat. Il n'y a guère de doute quant au fait que les vapoteuses sont nettement moins dangereuses que les cigarettes traditionnelles.

Inversement, il y a un large consensus pour estimer qu'il ne faut pas considérer les cigarettes électroniques comme un produit innocent de consommation courante. On doit donc les déconseiller à un non fumeur.

Mais, entre ces deux extrêmes, figure toute une gamme de questionnements irrésolus. Par exemple, chez les jeunes, la cigarette électronique réduit-elle le risque de commencer à fumer ou pousse-t-elle au contraire à franchir le pas ?

Ou encore, la question abordée cette semaine par les autorités sanitaires françaises: faute de mieux, doit-on proposer à un fumeur de vapoter pour le sortir de son addiction ?

Non, disent-elles, et c'est un durcissement. Dans leur précédent avis, cinq ans plus tôt, elles jugeaient que la cigarette électronique pouvait "être considérée comme une aide" pour réduire sa consommation.

Les autorités sanitaires n'excluent certes pas que la cigarette électronique puisse aider certains fumeurs à s'en sortir au cas par cas, mais elles se refusent à en faire un outil pour les médecins.

"Cet avis tombe un peu de nulle part et est à contresens total des données et pratiques", regrette l'addictologue Julien Azuar, estimant que le HCSP ne fait que s'aligner sur l'OMS.

Surtout, cette position contraste avec la situation britannique. Le Royaume-Uni est en effet parti pour devenir le premier pays où des cigarettes électroniques pourront être prescrites médicalement et, donc, partiellement remboursées par le système de santé.

C'est la conséquence d'une mesure prise en octobre 2021 par le gouvernement britannique afin de permettre dans les faits aux fabricants de cigarettes électroniques de faire approuver leurs vapoteuses par le régulateur des produits de santé.

Études peu concluantes

Cette décision a, là encore, provoqué de vives divisions dans le monde scientifique et médical. Le gouvernement l'a justifiée par l'état des études scientifiques en cours.

Mais, paradoxalement, c'est aussi l'argument employé en France par le Haut conseil de santé publique pour ne pas recommander la vapoteuse aux fumeurs qui cherchent à s'arrêter.

Qui croire ? En réalité, les études sur le sujet peinent à se montrer concluantes dans un sens ou l'autre, alors même qu'elles se sont accumulées ces dernières années.

Il y a des preuves "modérées" que la cigarette électronique est plus efficace pour arrêter de fumer que d'autres traitements, comme les substituts à la nicotine, selon une organisation très respectée dans le monde scientifique, Cochrane, qui compile de nombreuses études sur un même sujet et actualise régulièrement ses conclusions.

Mais d'autres travaux du même type se montrent moins affirmatifs.

"Nous n'avons pas trouvé de données solides qui établissent un lien entre la cigarette électronique et le fait d'arrêter de fumer", jugeaient en novembre les auteurs d'une étude publiée dans la revue Tobacco Prevention & Cessation.

Ce travail compile, comme celui de Cochrane, plusieurs dizaines d'études préalables. Les auteurs admettent qu'une partie de celles-ci tendent à établir un lien entre vapoteuse et arrêt du tabagisme.

Mais ces études sont "systématiquement" de faible qualité, concluent-ils.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.