Thaïlande: afflux de migrants birmans poussés par la misère

L'armée royale thaïlandaise prends la température des migrants birmans appréhendés par les militaires thaïlandais dans la province de Kanchanaburi, frontalière avec la Birmanie. (Photo, AFP)
L'armée royale thaïlandaise prends la température des migrants birmans appréhendés par les militaires thaïlandais dans la province de Kanchanaburi, frontalière avec la Birmanie. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 janvier 2022

Thaïlande: afflux de migrants birmans poussés par la misère

  • Après une marche nocturne éprouvante à travers la jungle et un massif montagneux, un couple de Birmans arrive en Thaïlande dans l'espoir de trouver un petit boulot
  • Etre sans-papiers en Thaïlande, c'est passer son temps à échapper à la police, et dormir la nuit dans des dortoirs exigus

Après une marche nocturne éprouvante à travers la jungle et un massif montagneux, un couple de Birmans arrive en Thaïlande dans l'espoir de trouver un petit boulot, alors que leur pays est frappé par une crise profonde.

Comme Myo Chit et sa femme, des milliers de migrants ont traversé illégalement la frontière ces derniers mois, pour fuir la misère provoquée par la pandémie et le coup d'Etat qui a chassé Aung San Suu Kyi du pouvoir il y a bientôt un an.

Leur périple a duré deux jours depuis la région côtière de Tanintharyi, dans le sud de la Birmanie, à travers des fermes de maïs, des plantations de caoutchouc et une jungle dense, avant qu'ils n'arrivent à la frontière thaïlandaise pour rejoindre, avec l'aide d'un passeur, la province de Kanchanaburi, puis la région de Bangkok où vit une importante diaspora birmane.

Etre sans-papiers en Thaïlande, c'est passer son temps à échapper à la police, et dormir la nuit dans des dortoirs exigus.

"Mais nous ne pouvions pas rester (dans notre ville)... nous devions penser à l'avenir de nos enfants", explique  Myo Chit, 45 ans, en utilisant un pseudonyme par crainte d'être repéré par les autorités.

«Pour gagner de l'argent»

Il a trouvé un emploi dans une usine de teinture de vêtements, pour un maigre salaire de 10 dollars par jour.

Avec un enfant de six ans et un nourrisson laissés avec les grands-parents en Birmanie, "nous sommes venus ici uniquement pour gagner de l'argent", déclare-t-il.

Avant la pandémie, le nombre de Birmans vivant en Thaïlande était estimé à 2 millions.

Les frontières étant fermées depuis mars 2020, les nouveaux migrants n'ont d'autre choix que d'entrer illégalement. 

Le nombre d'arrestations a triplé dans les mois qui ont suivi le putsch en février 2021, selon les chiffres fournis par le gouvernement thaïlandais.

En novembre, un record de 6 000 migrants arrêtés a été atteint, 10 fois plus qu'en janvier, avant le coup d'Etat. 

Pour chaque personne arrêtée, "on peut penser qu'au moins une autre a pu traverser la frontière sans être appréhendée", estime Géraldine Ansart, chef de mission Thaïlande à l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Selon Roisai Wongsuban, militante des droits des migrants, le pic des arrivées est dû à la crise économique post-coup d'Etat qui a vu l'inflation monter en flèche et les offres d'emplois se tarir.

Emplois non pourvus

"C'est difficile pour les gens ordinaires", d'autant que la monnaie locale, le kyat, s'est effondrée face au dollar, explique-t-elle. "La frontière est fermée depuis si longtemps qu'il n'existe aucune voie légale pour les travailleurs qui veulent revenir en Thaïlande", notamment tous les saisonniers, a ajouté Roisai Wongsuban.

La réouverture de la Thaïlande au tourisme international est ce qui a poussé les travailleurs birmans à vouloir revenir en Thaïlande, estime le porte-parole de l'armée thaïlandaise, le général Santipong Thammapiya, car nombre d'entre eux travaillent dans l'industrie des services et de la restauration.

"Les travailleurs (...) ont voulu revenir", a-t-il déclaré à l'AFP. "Ils ont également confiance dans le système de santé thaïlandais, qui peut fournir des traitements face au Covid".

Et ils répondent aussi à un besoin de l'économie thaïlandaise.

Selon le ministère du Travail, il y a jusqu'à 200 000 offres d'emplois non pourvues dans le royaume.

Mais Bangkok ne tolère pas l'immigration clandestine et les personnes arrêtées sont envoyées "pour une procédure légale suivie de rapatriement", affirme le général Santipong.

Malgré les obstacles, deux passeurs de clandestins opérant près du poste frontière de Three Pagodas Pass, dans la province de Kanchanaburi, ont déclaré que les affaires étaient bonnes.

Les prix pour effectuer la traversée varient de 13 000 à 25 000 bahts thaïlandais (380 à 750 dollars), et le désespoir pousse des milliers de personnes à payer. 

"Certaines sont arrêtés, mais il y a encore plus de gens qui ne le sont pas", a déclaré un passeur sous couvert d'anonymat.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.