Karim Majbour, avocat des victimes : «Marwan Habib a traumatisé toute une communauté»

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Publié le Vendredi 14 janvier 2022

Karim Majbour, avocat des victimes : «Marwan Habib a traumatisé toute une communauté»

  • «Marwan Habib ne s’est pas arrêté aux innombrables victimes qu’il a faites au Liban et en Floride. Il est allé jusqu’à harceler la femme de ménage de ses parents»
  • «Un psychologue qui l’a examiné a constaté qu’aucun traitement n’existait pour remédier à un pareil cas»

BEYROUTH: «Je parle de plus de deux cents victimes libanaises de harcèlement sexuel, parfois de viol, dont le “criminel” est unique: Marwan Habib», explique Me Karim Majbour, l’avocat des victimes de ce harceleur sexuel, à Arab News en français.

«Marwan Habib ne s’est pas arrêté aux innombrables victimes qu’il a faites au Liban et en Floride. Il est allé jusqu’à harceler la femme de ménage de ses parents. Cette dernière a fui la maison et a déposé une plainte contre lui avant d’être rapatriée par les parents du harceleur, qui ont cherché à passer l’affaire sous silence», raconte-t-il.

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Marwan Habib. (Capture d'écran).

«Habib ne consomme ni alcool ni drogue. Pourtant, un psychologue qui l’a examiné a constaté qu’aucun traitement n’existait pour remédier à un pareil cas», ajoute-t-il.

En Floride, après une enquête ouverte le 6 janvier dernier à l’encontre de Marwan Habib, qui a tenté de cambrioler la chambre d’hôtel d’une touriste et d’agresser cette dernière, il a été convoqué pour comparaître devant la justice américaine. La juge Marisa Tinkler Mendez l’a condamné à une peine de prison pour des faits de harcèlement sexuel.

Me Majbour raconte que, après cette condamnation, «un journaliste de la chaîne américaine Channel 7 m’a contacté le jour de l’arrestation de Marwan Habib, qui se faisait appeler “Jay Harrison” aux États-Unis, afin de collecter des informations au sujet de cette affaire». Il explique ainsi que Habib «a dû changer son nom parce que des photos de lui associées à sa véritable identité circulaient sur tous les réseaux sociaux». Des plaintes contre lui ont par ailleurs été déposées en Floride dès le mois d’août 2021.

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L'arrestation de Habib, reprise par les médias américains. (Capture d'écran).

L’avocat libanais raconte avoir «déposé un grand nombre de plaintes auprès du parquet libanais». La première «date du 3 décembre 2019, avec des preuves et des vidéos filmées en public, sans compter les témoignages des victimes qui ont comparu en personne devant le commissariat de police», révèle-t-il. «Convoqué une première fois, le harceleur n’a pas comparu devant le parquet et n’a jamais fait l'objet d'une détention de quarante-huit heures lors des enquêtes préliminaires menées en 2019 comme le prétendent certains médias. Il a uniquement été visé par une enquête» qui n’a en réalité jamais abouti au pays du Cèdre.

Interrogé sur le fait que le harceleur a fui le pays en passant par l’aéroport sans qu’aucune action n’ait été entreprise à son encontre, Majbour affirme: «Le 25 décembre 2019 à 19 heures, Habib a été arrêté lors de son arrivée à l’aéroport de Beyrouth et il a été renvoyé devant le commissariat de police de Hobeich, où il a fait l’objet de deux heures d’interrogatoire avant d’être libéré. Par la suite, on nous a informés qu’il était prêt à demander pardon à ses victimes, comme si cela pouvait être en mesure de “soigner” leurs cicatrices.»

La mesure judiciaire prise à son encontre à l’étranger a provoqué un sentiment contrasté de soulagement et d'amertume chez ses victimes libanaises. Ces dernières ne se sentent protégées ni par la loi ni par les forces de l'ordre; le problème du harcèlement qui est pris à la légère. Dans les sociétés orientales, ce sont en général les femmes qui sont accusées de provocation. Cette solution complaisante est en phase avec la mentalité ambiante, qui rechigne à mettre un frein aux comportements intrusifs et inquiétants de certains prédateurs.

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Une capture d'écran de la plainte déposée contre Habib à Beyrouth, fournie par l'avocat des victimes à Arab News en français. 

Me Majbour confie avoir essayé à plusieurs reprises de convaincre les victimes de témoigner devant les autorités compétentes au Liban pour aller jusqu’au bout, «mais seulement quatre d’entre elles ont accepté de le faire. Les autres m’ont supplié de ne rien divulguer, ne souhaitant pas être “abandonnées” par leur partenaire».

Me Majbour regrette que certaines victimes soient paralysées par cette angoisse, alors que «plusieurs situations d'une très grande souffrance et des cas de harcèlement sexuel ont été constatés».

«Il a traumatisé, voire détruit toute une communauté. Les gens n’attendent que de le voir traduit en justice», souligne-t-il.

Interrogé sur l’arrestation de Marwan Habib en Floride et sur l’évolution de la situation actuelle, Me Majbour déclare que l’affaire se concentre en ce moment sur le volet immigration du détenu: ce dernier réside aux États-Unis avec un visa de type «touristique», ce qui a ouvert les yeux des autorités sur son affaire. «Toutefois, il sera sûrement jugé, d’autant que l’opinion publique nous soutient», assure Me  Majbour.

«J’invite toute personne victime de tels crimes à signaler immédiatement ces actes au commissariat de police le plus proche», insiste Me  Majbour.

«Aujourd’hui, nous réclamons l'indépendance du système judiciaire. C’est avec cette initiative que débutent les vraies réformes», conclut-il.


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.