Open d'Australie: le visa de Djokovic encore annulé à trois jours du tournoi

Le champion serbe Novak Djokovic lors d’une séance d'entraînement avant le tournoi de tennis de l'Open d'Australie à Melbourne le 14 janvier 2022. (AFP)
Le champion serbe Novak Djokovic lors d’une séance d'entraînement avant le tournoi de tennis de l'Open d'Australie à Melbourne le 14 janvier 2022. (AFP)
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Publié le Samedi 15 janvier 2022

Open d'Australie: le visa de Djokovic encore annulé à trois jours du tournoi

  • Le ministre de l'Immigration a publié un communiqué annonçant l'annulation, pour la deuxième fois, du visa australien du N.1 mondial
  • Djokovic a admis avoir rempli incorrectement sa déclaration d'entrée en Australie, et n'avoir pas respecté les règles d'isolement après avoir été testé positif à la Covid-19 en décembre

MELBOURNE : L'Australie a relancé vendredi de façon spectaculaire la saga Djokovic en annulant à nouveau le visa du numéro un mondial de tennis, à trois jours du premier tournoi du Grand Chelem de l'année à Melbourne.

Canberra a même menacé le tennisman serbe de 34 ans d'un retour dès samedi en rétention, où il a déjà passé plusieurs jours après être entré en Australie sans respecter l'obligation d'être vacciné contre la Covid-19.

Djokovic a continué vendredi à s'entraîner dans l'espoir de conquérir un 10e titre à l'Open d'Australie, qui démarre lundi, et une 21e victoire en Grand Chelem, ce qui serait un record.

Mais, en fin de journée, le ministre de l'Immigration Alex Hawke a annulé, pour la deuxième fois, le visa australien du Serbe "sur des bases sanitaires et d'ordre public".

Si Djokovic ne sera pas expulsé avant l'examen de son recours, le gouvernement souhaite que le Serbe soit de nouveau placé en rétention dès samedi matin, après un entretien avec les services de l'immigration, et qu'il ne puisse en sortir que pour assister, dans les bureaux de ses avocats et sous la surveillance de policiers, aux audiences en ligne de la justice concernant son cas, a indiqué l'avocat des autorités, Stephen Lloyd. 

Les représentants du joueur ont en revanche réclamé qu'il puisse rester en liberté en attendant le dénouement de cette procédure, qui pourrait être retardée. Le juge de l'Etat australien, Antony Kelly, s'est en effet dessaisi au profit de la justice fédérale australienne.  

"Les Australiens ont fait de nombreux sacrifices pendant cette pandémie et souhaitent à juste titre que le résultat de ces sacrifices soit protégé", a défendu le Premier ministre australien Scott Morrison.

Le joueur va-t-il finalement jeter l'éponge? "Djokovic est extrêmement bien armé et dispose d'une équipe compétente autour de lui. Il peut soit rester et se battre, soit partir", estime l'avocat spécialisé dans les questions d'immigration Christopher Levingston.

"Nole" avait sollicité une dérogation pour entrer en Australie, en invoquant une contamination à la Covid-19 en décembre, mais son visa a été annulé une première fois à son arrivée à Melbourne le 5 janvier et il a été placé en centre de rétention.

Lundi dernier, il a été libéré après avoir obtenu d'un juge le rétablissement de son visa, mais le document a de nouveau été annulé vendredi par le ministre de l'Immigration en vertu de son pouvoir discrétionnaire.

«Erreur humaine»

Djokovic a admis avoir rempli incorrectement sa déclaration d'entrée en Australie, et n'avoir pas respecté les règles d'isolement après avoir été testé positif à la Covid-19 en décembre.

Djokovic, vu en Serbie et en Espagne dans les deux semaines précédant son arrivée, contrairement à ce qu'il avait déclaré dans le formulaire d'immigration, a plaidé "l'erreur humaine". 

Les rêves d'un 10e titre à Melbourne s'éloignent d'autant plus que cette annulation de visa, si le recours est rejeté, implique que Djokovic sera interdit d'entrée dans le pays pendant trois ans, sauf circonstances exceptionnelles.

Ce bannissement peut être levé uniquement si les intérêts de l'Australie le justifient, selon l'avocat Christopher Levingston.

Cette saga autour du champion de tennis se déroule dans un pays dont les habitants ont enduré pendant près de deux ans des restrictions anti-Covid parmi les plus strictes au monde, et où des élections sont prévues d'ici mai. 

D'où un contexte politique chargé. Et la pression s'est intensifiée autour du Premier ministre Scott Morrison, accusé d'"incompétence" par la cheffe de l'opposition travailliste, Kristina Keneally.

«Pays fasciste»

Chez les joueurs, les avis sont partagés.

L'Américain Tennys Sandgren, lui aussi non-vacciné, a dénoncé sur Twitter "une humiliation" contre Djokovic et la volonté de "faire un exemple". Le Serbe Janko Tipsarevic a également estimé que "tous ceux impliqués dans cette procédure" devraient avoir "honte".

Le Grec Stefanos Tsitsipas, N.4 mondial, a en revanche regretté que Djokovic ait "joué selon ses propres règles", dans une interview jeudi au média indien WION, et "fait passer la majorité des joueurs pour des idiots".

L'Ecossais Andy Murray a choisi un ton plus empathique: "Je ne vais pas commencer à frapper Novak alors qu'il est à terre." 

Le feuilleton est aussi suivi assidument en Serbie, où des responsables politiques érigent la star en héros national.

Vendredi, le président serbe Aleksandar Vucic a de nouveau apporté son soutien au joueur, accusant l'Australie de "maltraiter" Djokovic.

"Pourquoi vous en prenez-vous non seulement à lui, mais aussi à sa famille et à toute la nation ?" s'est insurgé le dirigeant sur Instagram. "Si vous vouliez interdire à Novak Djokovic de remporter un 10e trophée à Melbourne, pourquoi ne l'avez-vous pas renvoyé immédiatement, pourquoi ne lui avez-vous pas dit qu'il était impossible d'obtenir un visa pour votre pays ?", a demandé M. Vukic. Avant de conclure: "Novak, nous sommes à tes côtés !".

Dans les rues de Belgrade, Stanislav Urosevic, retraité de 69 ans, a "l'impression que l'on veut l'empêcher à tout prix de remporter un nouveau titre, comme c'est parti ils vont interdire le tennis si nécessaire".

"L'Australie, qui a toujours été à mes yeux un pays de libertés, le rêve de tous, comme les Etats-Unis, est devenu un pays fasciste. Ce qu'ils font, c'est du fascisme", s'étrangle un autre Belgradois, Mirko Herceg.

"Ca devient absurde que quelqu'un qui soit en bonne santé (...) soit une menace pour le public", a pour sa part déclaré Igor Cetojevic, un médecin connu pour avoir aidé Djokovic à se hisser au sommet du tennis mondial.

Djokovic pourrait perdre sa place de N.1 mondial en cas de forfait cumulé à une victoire à Melbourne de Daniil Medvedev (N.2) ou d'Alexander Zverev (N.3).

Et s'inscrire à des tournois risque désormais de relever de la course d'obstacles pour le joueur, qui partage actuellement le record de victoires en Grand Chelem (20) avec Roger Federer et Rafael Nadal. 

Le frère du joueur, Djordje Djokovic, a déclaré que la famille ne s'exprimerait plus jusqu'à la fin de la procédure juridique en cours en Australie.

Un feuilleton à rebondissements

Les principaux épisodes de l'affaire Novak Djokovic, qui voulait entrer en Australie sans être vacciné contre le Covid-19 pour participer au premier tournoi du Grand Chelem de l'année (17-30 janvier), mais dont le visa a été à nouveau annulé vendredi.

. 16 décembre

Deux jours après avoir assisté à un match de basket à Belgrade avec plusieurs personnes qui ont ensuite été testées positives, Djokovic fait un test antigénique négatif puis un PCR qui s'avérera positif le lendemain.

Avant d'en avoir obtenu le résultat, le joueur assiste au lancement d'un timbre à son effigie, toujours en Serbie.

. 17 décembre

Le Serbe de 34 ans participe à une rencontre avec des jeunes joueurs de tennis. Il assure avoir effectué avant un deuxième test antigénique, également négatif. "Je n'avais pas de symptôme, je me sentais bien et je n'avais pas reçu la notification du PCR positif avant la fin de cet événement", a-t-il assuré dans un communiqué publié sur Instagram le 12 janvier.

. 18 décembre

Toujours à Belgrade, il réalise une interview et une séance photo avec le quotidien sportif français L'Equipe, alors qu'il sait qu'il est positif. "Je me suis senti obligé (...) car je ne voulais pas laisser tomber le journaliste, mais j'ai veillé à respecter la distanciation sociale et à porter un masque, sauf lorsque mon portrait photo a été fait", dit-il. Le Serbe reconnaît "une erreur de jugement" et admet qu'il aurait "dû reporter cet engagement."

. 25 décembre

Djokovic est photographié à Belgrade en compagnie du handballeur serbe Petar Djordjic.

. 31 décembre

L'académie SotoTennis tweete une vidéo de Djokovic s'entraînant à Marbella, en Espagne. Le 2 janvier, le journal local Diario le photographie en train de s'entraîner, toujours à Marbella.

. 4 janvier

Djokovic, qui n'a jamais communiqué sur son statut vaccinal, annonce sur les réseaux sociaux qu'il a obtenu une "dérogation" pour participer à l'Open d'Australie, où il vise une 10e victoire et un 21e sacre record dans un tournoi du Grand Chelem. Or les participants doivent fournir un certificat de vaccination ou une exemption médicale délivrée par un panel d'experts indépendants.

. 5 janvier

Le tennisman arrive dans la soirée à l'aéroport de Melbourne mais s'y trouve bloqué pour ne pas avoir rempli le bon formulaire pour le visa demandé afin d'entrer dans le pays.

Le Premier ministre australien Scott Morrison exige de Djokovic qu'il fournisse la preuve que la "dérogation médicale" dont il bénéficie pour participer au tournoi est justifiée, faute de quoi il sera renvoyé "chez lui par le premier avion".

Son visa est annulé.

. 6 janvier

Le joueur dépose un recours en justice contre cette annulation et son expulsion. Celle-ci est suspendue et il est placé dans un centre de rétention.

. 8 janvier

Ses avocats indiquent qu'il a obtenu une exemption de vaccination car il a été testé positif le 16 décembre.

. 10 janvier

Un juge australien ordonne la libération immédiate de Djokovic. Pour lui, si les autorités lui en avaient laissé le temps, il "aurait pu consulter d'autres personnes et présenter des arguments pour expliquer pourquoi son visa ne devrait pas être annulé".

Le gouvernement australien concède que la façon dont cet entretien a été mené n'était pas "raisonnable". Un avocat du gouvernement avertit toutefois que ce dernier peut encore décider de l'expulser, ce qui aurait pour conséquence de lui interdire l'entrée sur le territoire pendant trois ans.

Le patron du tennis australien Craig Tiley défend sa fédération contre les critiques l'accusant d'avoir induit les joueurs en erreur à propos de la réglementation pour entrer dans le pays, déclarant que le gouvernement avait "refusé" de vérifier la validité des exemptions médicales avant leur arrivée.

. 11 janvier

Le joueur reprend l'entraînement.

Il apparait qu'il n'a pas signalé dans le document remis à son arrivée en Australie son déplacement en Espagne, effectué dans les 14 jours précédant son arrivée à Melbourne, ce qui pourrait justifier son expulsion.

La bataille judiciaire menée par Djokovic pour entrer sur le territoire australien et y disputer l'Open d'Australie "a été préjudiciable sur tous les fronts, y compris pour le bien-être de Novak et sa préparation à l'Open d'Australie", estime l'ATP, qui gère le circuit de tennis masculin.

. 12 janvier

Djokovic dénonce dans un communiqué sur Instagram la "désinformation" à propos de ses apparitions en public après son test positif le 16 décembre et donne sa chronologie des événements. Pour avoir déclaré à tort à son arrivée en Australie n'avoir pas voyagé lors des 14 jours précédant, il reconnaît une "erreur humaine certainement pas délibérée" de la part de son "agent".

. 13 janvier

Le tirage au sort de l'Open d'Australie désigne le Serbe Miomir Kecmanovic (78e) comme adversaire de Djokovic au premier tour.

. 14 janvier

Le gouvernement australien annule à nouveau le visa de Djokovic, une décision prise "sur des bases sanitaires et d'ordre public", explique le ministre de l'Immigration Alex Hawke dans un communiqué. Elle implique que le joueur serbe sera interdit d'entrée dans le pays pendant trois ans, sauf dans certaines circonstances.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.