Covid: le scénario catastrophe s'éloigne en France

Des élèves attendent de passer les tests antigéniques Covid-19 disponibles dans les locaux du groupe scolaire Fénelon Notre-Dame de La Rochelle, dans le sud-ouest de la France, le 13 janvier 2022. (Philippe Lopez/AFP)
Des élèves attendent de passer les tests antigéniques Covid-19 disponibles dans les locaux du groupe scolaire Fénelon Notre-Dame de La Rochelle, dans le sud-ouest de la France, le 13 janvier 2022. (Philippe Lopez/AFP)
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Publié le Vendredi 14 janvier 2022

Covid: le scénario catastrophe s'éloigne en France

  • L'Institut Pasteur se concentre désormais sur un scénario dans lequel le pic d'hospitalisations quotidiennes serait atteint fin janvier
  • Il ne faut pas beaucoup réduire ses contacts - 20%, voire 10% suffisent - pour faire une grosse différence

PARIS : Situation difficile mais sous contrôle: c'est désormais la perspective des hôpitaux français face au Covid-19. Après avoir entamé 2022 en pleine incertitude à cause de l'explosion des cas liés au variant Omicron, la France pourrait, comme ses voisins, échapper au pire.

«On s'oriente vers des scénarios qui restent très compliqués pour l'hôpital mais ne sont pas les plus durs qui auraient pu survenir», résume  le chercheur Simon Cauchemez, qui chapeaute les prévisions de l'Institut Pasteur à Paris.

Comme de nombreux autres pays, la France est confrontée à une explosion des cas de Covid-19. Leur niveau moyen s'approche actuellement des 300.000 par jour, un niveau jamais vu depuis deux ans de pandémie.

Ces chiffres impressionnants s'expliquent en partie par le nombre exceptionnellement élevé des tests réalisés. Mais ils traduisent une véritable reprise de l'épidémie, liée au variant Omicron.

Apparu fin 2021, il se transmet bien plus que ses prédécesseurs et, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), frappera bientôt plus de la moitié des Européens.

Mais un espoir s'est confirmé ces dernières semaines: Omicron est moins dangereux que les précédentes incarnations du virus. Il provoque moins d'hospitalisations, à la fois car les populations sont mieux vaccinées et car il est en soi moins virulent.

Sur cette base, l'Institut Pasteur, fondation française spécialisée dans l'étude des vaccins et dont les prévisions sont attentivement surveillées par le gouvernement, se concentre désormais sur un scénario, jugé le plus probable, dans lequel le pic d'hospitalisations quotidiennes serait atteint fin janvier et compris entre 2.500 et un peu plus de 5.000.

Ce dernier cas dépasserait le record du printemps 2020, au début de la pandémie en France, où il avait fallu un strict confinement pour stopper les hospitalisations et éviter un effondrement du système de santé.

Mais comme cela a été observé dans les pays gagnés en premier par Omicron comme l'Afrique du Sud ou le Royaume-Uni, les personnes hospitalisées vont moins en réanimation et restent moins longtemps à l'hôpital.

- Delta toujours là -

Les chercheurs de Pasteur jugent dans ce contexte probable qu'il n'est pas nécessaire, au maximum, de disposer de plus de 6.000 places en soins critiques, un niveau cette fois inférieur au sommet observé au début 2020.

Il ne faut pas minimiser une telle charge. Elle alourdirait considérablement les hôpitaux français, déjà contraints depuis des semaines de déprogrammer des opérations à cause de la pression liée au Covid, sur fond d'épuisement des soignants.

Mais l'impact serait «potentiellement absorbable par les services hospitaliers, si on fait un effort pour diminuer la transmission», a estimé M. Cauchemez.

C'est un message régulièrement répété par les épidémiologistes aux Français: il ne faut pas beaucoup réduire ses contacts - 20%, voire 10% suffisent - pour faire une grosse différence.

Sur ce plan, les chercheurs sont encourageants. Ils estiment que cette réduction a probablement déjà lieu, en partie grâce aux mesures d'extension du télétravail, mais aussi aux précautions de chacun face à l'explosion des contaminations.

L'évolution de l'épidémie à l'étranger tend à alimenter ce relatif optimisme. Au Royaume-Uni, la vague de contaminations recule depuis quelques jours sans s'être finalement traduite par une hausse des admissions en réanimation.

La France risque cependant d'être face à une situation moins favorable. Les personnes âgées y sont moins bien vaccinées que leurs homologues britanniques: trois quarts des Français de plus de 65 ans ont reçu une dose de rappel, contre 90% de l'autre côté de la Manche.

Surtout, plus qu'en Grande-Bretagne, la vague Omicron a frappé la France alors que ses hôpitaux étaient déjà largement occupés par des patients infectés par Delta. Celui-ci n'a d'ailleurs pas disparu des nouvelles contaminations même s'il est nettement minoritaire.

Dans certaines régions, comme le Sud, «il y a encore beaucoup de patients hospitalisés (à cause de) la vague Delta», a prévenu M. Fontanet, ce qui laisse «moins de marge» en France qu'au Royaume-Uni.

«On peut voir les choses avec optimisme à moyen terme», a pour sa part estimé vendredi sur la radio Europe 1 Éric Caumes, infectiologue à l'Hôtel Dieu à Paris: «On ira vers des vagues de moins en moins importantes et ce sera des épidémies hivernales».


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
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  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.