Les murs frontaliers symbole d’une Europe où les réfugiés ne sont plus les bienvenus

Les réfugiés fuyant la guerre, la pauvreté et la persécution dans leur pays d'origine sont souvent confrontés à des barbelés, à la suspicion et à une franche hostilité lorsqu'ils arrivent aux portes de l'UE. (Photo, AFP)
Les réfugiés fuyant la guerre, la pauvreté et la persécution dans leur pays d'origine sont souvent confrontés à des barbelés, à la suspicion et à une franche hostilité lorsqu'ils arrivent aux portes de l'UE. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 15 janvier 2022

Les murs frontaliers symbole d’une Europe où les réfugiés ne sont plus les bienvenus

  • Des milliers de migrants sont arrivés à la frontière entre le Bélarus et la Pologne à la fin de 2021 dans le vain espoir de passer en Europe
  • La Pologne a fermé ses frontières en décembre avec un mur fortifié de 185 km de long, qui devrait coûter près de 300 millions de dollars américains une fois achevé

DJEDDAH : En l'absence d'un passage sûr et légal vers l'Europe, les réfugiés fuyant la guerre, la pauvreté et la persécution dans leur pays d'origine sont souvent confrontés à des barbelés, à la suspicion et à une franche hostilité lorsqu'ils arrivent aux portes de l'Union européenne (UE).

Depuis plusieurs années, le sort des migrants et des réfugiés arrivant en Europe divise l'opinion publique, faisant émerger des récits contradictoires sur la compassion et l'identité nationale, tout en suscitant des préoccupations en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme.

Ces divisions ont été mises en évidence en 2015 lorsque des centaines de milliers de Syriens, d'Irakiens, d'Afghans, d'Iraniens, de Soudanais, d'Érythréens et d'autres nationalités ont entrepris le périlleux voyage vers l'Europe par voie terrestre ou maritime, souvent avec l'aide de trafiquants.

Nombre de ces débats ont refait surface au cours des derniers mois de 2021, après que des dizaines de milliers de personnes, principalement originaires du Moyen-Orient, sont arrivées à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, campant à la frontière forestière au froid glacial dans le vain espoir d'atteindre l'Europe.

En décembre, la Pologne a fermé ses frontières en construisant un mur fortifié de 185 km de long, qui devrait être achevé en juin de cette année, à un coût de près de 300 millions de dollars.

Les murs frontaliers fortifiés ont commencé à apparaître après l'afflux de réfugiés de 2015, principalement en provenance du Moyen-Orient. À lui seul, le mur de la Hongrie a coûté plus d'un milliard d'euros à l'UE.

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Un drapeau de l'Union européenne (UE) flotte derrière des barbelés dans le nouveau centre fermé pour migrants de l'île grecque de Kos, le 27 novembre 2021. (Photo, AFP)

Des fortifications similaires ont vu le jour en Slovénie, en Macédoine, en Bulgarie, en Espagne et en France, toutes dans le but de tenir les migrants à l'écart.

L'UE est passée de deux murs seulement après la chute du mur de Berlin à 15 en 2017, soit l'équivalent de six murs de Berlin. Ces nouvelles barrières reflètent un durcissement général des opinions à l'encontre des réfugiés en Europe

Quelques CHIFFRES

* 26,6 millions - Réfugiés dans le monde à la mi-2021.

* 0,6 % - Proportion de la population de l'UE qui sont des réfugiés. (HCR)

Alors que les dirigeants européens considéraient autrefois qu'il était de leur devoir humanitaire d'accueillir des réfugiés, nombre d'entre eux tirent aujourd'hui un capital politique de leur fermeté à l'égard de l'immigration clandestine. Ce faisant, la question de la migration s'est dissociée des calamités qui ont poussé ces migrants à fuir.

«C'est pour le moins déshumanisant», a déclaré à Arab News Wafa Mustafa, journaliste, activiste et réfugié syrien vivant en Allemagne. «Nous ne pouvons pas parler des réfugiés sans évoquer les raisons pour lesquelles ils sont devenus des réfugiés.»

Le père de Mustafa, Ali, un militant syrien des droits de l’homme, a été arrêté en juillet 2013 avant de disparaître dans le tristement célèbre système carcéral de Bashar Al-Assad. Environ 130 000 personnes seraient détenues dans les prisons du régime, où elles subiraient des tortures et des abus sexuels.

«Nous ne pouvons pas ignorer le fait qu'il existe des forces qui poussent les gens à risquer leur vie, celle de leurs enfants et de leurs proches, qui sont plus difficiles que d'être laissés mourir aux frontières», a expliqué Mostafa.

«Je pense que la façon dont l'UE traite les personnes bloquées à ses frontières est un crime. Nous avons entendu parler de l'entrée illégale comme d'un crime, mais je crois que le fait de ne pas permettre aux gens de traverser les frontières et de les laisser mourir, c’est là le véritable crime».

Mustafa est convaincu que les politiciens européens refusent de s'engager sur la question parce qu'«ils devraient faire face au fait qu'ils ont échoué dans leur travail, et que la communauté internationale n'a pas réussi à résoudre le problème, surtout dans le cas de la Syrie et de la dictature d'Al-Assad».

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Un membre de la force frontalière britannique (à droite) aide des enfants migrants sur une plage de Dungeness, sur la côte sud-est de l'Angleterre le 24 novembre 2021 après avoir été secourus lors de la traversée de la Manche. (Photo, AFP)

À la vue de cette précipitation à fortifier ses frontières, beaucoup seraient excusés de penser que la charge économique et sociale de la crise mondiale des réfugiés incombe principalement à l'Europe. Rien ne saurait être plus loin de la vérité.

Comme le souligne fréquemment le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 85 % des 26,6 millions de réfugiés dans le monde (à la mi-2021) sont accueillis soit dans des pays voisins, soit ailleurs dans des régions en développement.

La Turquie, par exemple, compte plus de réfugiés à l'intérieur de ses frontières que tout autre pays plus de 3,5 millions, soit 43 pour 1 000 de ses propres citoyens. La Jordanie en compte près de 3 millions, tandis que le Liban en accueille 1,5 million, soit plus de 13 réfugiés pour 100 Libanais.

En revanche, environ 2,65 millions de réfugiés vivent parmi les 447 millions d'habitants de l'UE.

Après la Seconde Guerre mondiale, les États européens ont signé une série de traités destinés à protéger les droits des réfugiés, notamment la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, le Protocole de 1967 relatif au statut des réfugiés et l'Accord européen de 1980 sur le transfert de la responsabilité à l'égard des réfugiés.

Malgré ces engagements, les dirigeants européens et une partie des médias ont plutôt créé des récits grossiers sur les migrants «dignes» et «indignes» pour justifier le rejet des réfugiés..

«C'est un récit dangereux», a indiqué Mustafa. «Nous devons les considérer comme des humains, écouter leurs histoires et leur fournir des ressources pour faire face aux raisons pour lesquelles ils sont venus en Europe.»

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Des migrants visant à atteindre la Pologne sont photographiés dans un camp près du poste frontière de Bruzgi-Kuznica, à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, le 17 novembre 2021. (Photo, AFP)

Abdelaziz Dukhan, originaire de Homs dans l'ouest de la Syrie, est arrivé en Grèce en 2015 alors qu'il n'avait que 17 ans. C'est là, alors qu'il était confiné dans l'un des camps surpeuplés du pays, qu'un bénévole lui a offert un appareil photo.

Ce qui a commencé comme un passe-temps s'est rapidement transformé en une illustre carrière de photographe lorsqu'il s'est finalement installé en Belgique.L'exposition de photos de Dukhan intitulée «50 Humans», qui s'est tenue à la fin de l'année dernière à Bruxelles, visait à remettre en question le rejet des migrants et des réfugiés comme boucs émissaires, tout en démontrant la contribution positive qu'ils apportent aux sociétés multiculturelles.

Asile et nationalités

Les 5 nationalités les plus représentées parmi les primo-demandeurs d'asile dans l'UE (2020)

1. Syrienne 63 600

2. Afghane 44 285

3. Vénézuélienne 30 325

4. Colombienne 29 055

5. Irakienne 16 275

* Source : Commission européenne/Eurostat

«Leur histoire a fait d'eux ce qu'ils sont, mais je ne m'attarde pas sur leur passé», a déclaré Dukhan à Arab News. «Je me concentre sur leur présent, répondant aux arguments moraux de la manière la plus subtile. Oubliez les guerres et les conflits et concentrez-vous sur le présent. Ce sont leurs vraies histoires.»

Ceux qui s'opposent à l'accueil des réfugiés font souvent valoir qu'ils constituent un fardeau pour l'économie, qu'ils prennent des emplois et font baisser les salaires ou qu'ils quémandent l'aide de l'État. Cependant, des études ont montré que les sociétés dont la population en âge de travailler diminue ont tendance à bénéficier de l'arrivée de migrants plus jeunes.

Un document de travail du FMI de 2021, intitulé «L'impact de la migration internationale sur la croissance inclusive», a décrit plusieurs des avantages à long terme de l'accueil des immigrants.

«La migration internationale est à la fois un défi et une opportunité pour les pays de destination», indiquent ses auteurs.

«D'une part, surtout à court terme, les immigrés peuvent créer des défis sur les marchés du travail locaux, affectant potentiellement les salaires et déplaçant certains travailleurs originaires du pays qui leur font concurrence. Leur arrivée peut également imposer un coût fiscal à court terme».

Cependant, le rapport indique que «surtout à moyen et à long terme, les immigrés peuvent stimuler la production, créer de nouvelles opportunités pour les entreprises locales et les travailleurs originaires du pays, fournir les capacités et les compétences nécessaires à la croissance, générer de nouvelles idées, stimuler le commerce international et contribuer à l'équilibre budgétaire à long terme, en rendant plus équilibrée la répartition par âge des pays avancés».

Néanmoins, il existe encore une perception largement répandue dans de nombreux pays européens selon laquelle les nouveaux arrivants prennent plus qu'ils ne contribuent. En réalité, les migrants reçoivent peu d'aide de l'État, ce qui les oblige à travailler dur afin d’améliorer leur situation.

«Les politiques de l'UE ont rendu la tâche difficile aux immigrés et aux réfugiés, en leur collant des étiquettes. Mais cela ne les a pas dissuadés», confie Dukhan.

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Un bébé est secouru par des membres de l'ONG espagnole Maydayterraneo à bord du bateau de sauvetage Aita Mari lors du secours d'environ 90 migrants en pleine Méditerranée, au large des côtes libyennes. (Photo, AFP)

«Ceux qui arrivent ont une expérience professionnelle, des diplômes et étaient des membres essentiels de leurs anciennes communautés, et ils veulent faire de même dans leurs nouveaux pays d’accueil. Bien que leurs diplômes ne signifient peut-être rien dans le nouveau pays, beaucoup ne resteront pas les bras croisés. Ils se lèveront, étudieront, feront des petits boulots et plus encore.»

Malgré les avantages potentiels de l'immigration, de nombreux Européens restent préoccupés par l'afflux d'étrangers. À travers son exposition, Dukhan espère défier les mythes et les idées fausses sur les migrants et les réfugiés, et les montrer sous un angle plus honnête.

«Ce ne sont pas des gens misérables», affirme Dukhan. «Les médias ont joué un rôle majeur en les décrivant et en les rabaissant au rang d’expérience sociale, en les plaçant dans une bulle pour les scruter et les ridiculiser».

Alors que l'Europe renforce ses frontières et que le sentiment anti-immigration continue de gagner du terrain, inverser ces perceptions bien ancrées peut s'avérer plus facile à dire qu'à faire.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.