Jacques-Henri Bronckart et Olivier Masset-Depasse évoquent Duelles et le cinéma belge

De gauche à droite: Jacques-Henri Bronckart et Olivier Masset-Depasse répondent aux questions des spectateurs (fournie)
De gauche à droite: Jacques-Henri Bronckart et Olivier Masset-Depasse répondent aux questions des spectateurs (fournie)
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Publié le Samedi 15 janvier 2022

Jacques-Henri Bronckart et Olivier Masset-Depasse évoquent Duelles et le cinéma belge

  • Depuis plus de vingt ans, Jacques-Henri Bronckart défend des cinéastes talentueux qui incarnent le cinéma d’aujourd’hui et de demain
  • Duelles, d’Olivier Masset-Depasse, a remporté neuf prix lors de la cérémonie des Magritte du cinéma 2020

Dubaï:  Jacques-Henri Bronckart fonde en 1999 Versus Production, qui joue aujourd’hui un rôle majeur dans le cinéma belge et qui est devenu un solide partenaire des coproductions internationales. Depuis plus de vingt ans, il défend des cinéastes talentueux qui incarnent le cinéma d’aujourd’hui et de demain.

Olivier Masset-Depasse est un réalisateur belge. Son film Duelles a remporté neuf prix lors de la cérémonie des Magritte du cinéma 2020, dont celles du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario.

Dans un entretien accordé à Arab News en français, ces deux personnalités nous parlent du cinéma belge, de la dynamique de l’industrie cinématographique, et surtout de Duelles, le long métrage de Masset-Depasse projeté à Dubaï dans le cadre du Festival du film belge.

Jacques-Henri Bronckart et Olivier Masset-Depasse (de gauche à droite), discutent avec le public (fournie)
Jacques-Henri Bronckart et Olivier Masset-Depasse (de gauche à droite), discutent avec le public (fournie)

«Un thriller psychologique»

«Je voulais faire un thriller psychologique et travailler le bad side de l’instinct maternel», confie Olivier Masset-Depasse. Dans ce film, qui est une adaptation d’un livre de Barbara Abel, le réalisateur s’attaque aux grandes références. Il se tient à distance du style «Les Experts: Miami» pour se concentrer sur l’histoire humaine. Marqué depuis son enfance par le style hitchcockien, il trouve dans les années soixante le cadre idéal. Il se focalise sur les personnages et entend demeurer «dans un conte, moral ou amoral».

Le film raconte l’histoire de deux personnages, Alice (Veerle Baetens) et Céline (Anne Coesens), qui perdent la raison après un événement tragique. Des desperate housewives coincées dans leur statut de femmes des années soixante.

«Âge d’or»

«Les années soixante, c’est plus glamour, c’est un âge d’or: une époque où tout est beau. Raconter une histoire aussi noire dans un décor aussi flamboyant crée un contraste qui permet d’aller plus loin dans la mise en scène, de faire un film plus stylisé: du pur cinéma», indique Jacques-Henri Bronckart.

Dans la tradition d’un cinéma belge influencé par une tendance documentaire et sociale, Olivier Masset-Depasse montre son talent et joue avec tous les éléments, y compris la musique, pour réaliser un film envoûtant.

Remake américain

Le remake américain proposera une variation autour du même thème. Elle mettra en vedette Jessica Chastain et Anne Hathaway. Dans cette coproduction belgo-américaine, le scénario a été retravaillé avec une scénariste américaine pour souligner le caractère féministe et montrer l’emprisonnement des femmes des années soixante. Le tournage est prévu pour le mois de mai prochain.

«Le remake est une manière de se réapproprier le film, de le transposer dans sa propre histoire, sa propre culture. Une histoire universelle peut s’appliquer partout. Le background qui fait la différence, mais les visages aussi», explique Jacques-Henri Bronckart.

Industrie cinématographique belge

La Belgique, au cœur de l’Europe, reste un lieu propice pour faire du cinéma. Elle propose un accès à différentes sources de financement qui facilite les coproductions: des tax shelters (qui encouragent l’investissement dans des œuvres audiovisuelles, cinématographiques et scéniques, NDLR), des fonds régionaux, des commissions de sélection et des télévisions.

Toutefois, la concurrence est de plus en plus importante, les coûts de production augmentent et les financements ont tendance à diminuer. Le modèle est en train de changer en raison des multiples plates-formes disponibles.

«Quand la France négocie avec les plates-formes, une partie de leur chiffre d’affaires va annuellement dans le cinéma et la production de visuels. Les Français sont toujours plus actifs en termes de lobbying. En Belgique, ce n’est pas le cas. La chose la plus importante, c’est que nous avons besoin d’être plus internationaux», souligne Jacques-Henri Bronckart.

L'entrée du pavillon Belgique à l'Expo 2020, Dubaï (fournie)
L'entrée du pavillon Belgique à l'Expo 2020, Dubaï (fournie)

Demande croissante

Pour le cofondateur de Versus Production, l’expérience qui consiste à aller au cinéma est unique et irremplaçable. Le format home streaming connaît une demande croissante. Aujourd’hui, il existe différentes manières de voir des films, et la question du choix des réalisations est importante. «Un film qui passe au cinéma, c’est un film choisi par un distributeur, qui décide de mobiliser des frais pour le commercialiser» en fonction du marché et de l’attente d’un public.

«Pour nous, le cinéma, c’est sacré. La problématique repose sur la différence d’appréciation entre une histoire qu’on retrouve sur Netflix et sa réalisation sous la forme d’un film», remarque Olivier Masset-Depasse, qui ajoute: «Il y a un croisement entre le cinéma et les plates-formes disponibles »; en outre, le spectateur s’équipe de plus en plus. La Covid a accéléré un modèle qui était déjà très installé. Mais le producteur voit toujours des opportunités et il est conscient qu’il est important de proposer un contenu de qualité: « quand on réalise un film de cinéma, on va à la rencontre d’un public.»

«Ce qui est sûr, c’est que Netflix donne l’illusion de la liberté – alors que c’est faux. Une série reste très formatée. Il n’y a que le cinéma qui reste plus ou moins libre. En tant que réalisateur, si je veux être libre, je ferai du cinéma», Olivier Masset-Depasse.

Duelles a été projeté dans le cadre du premier Festival du film belge de Dubaï en collaboration avec Awex UAE et l’Alliance française. Cet événement qui s’est déroulé pendant cinq jours a été clôturé par une table ronde au Pavillon belge de l’Expo 2020, avec la participation d’experts de l’industrie, notamment Hans Fraikin et Jérôme Tellin.


Vers l’infini et au‑delà – Goldorak, 50 ans d’inspiration

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  •  50 ans après sa création, la série animée Goldorak continue de marquer l’imaginaire arabe
  • Arab News Japan s’entretient avec son créateur Go Nagai, des fans du Moyen-Orient, et revient sur l’histoire du robot OVNI chargé de protéger notre planète

​​​​​​LONDON: Peu d’importations culturelles ont franchi les frontières de manière aussi inattendue — et aussi puissante — que Goldorak, le robot géant japonais qui, il y a un demi-siècle, est devenu un héros de l’enfance à travers le monde arabe, et plus particulièrement en Arabie saoudite.

Créé au Japon au milieu des années 1970 par le mangaka Go Nagai, Goldorak s’inscrivait dans la tradition des « mecha », ces récits de robots géants. Le genre, façonné par l’expérience japonaise de la Seconde Guerre mondiale, explorait les thèmes de l’invasion, de la résistance et de la perte à travers le prisme de la science-fiction.

Si la série a rencontré un succès modéré au Japon, c’est à des milliers de kilomètres de là, au Moyen-Orient, que son véritable héritage s’est construit.

L’anime « UFO Robot Goldorak » est arrivé à la télévision dans la région en 1979, doublé en arabe et diffusé pour la première fois au Liban, en pleine guerre civile. L’histoire du courageux Actarus, prince exilé dont la planète a été détruite par des envahisseurs extraterrestres, a profondément résonné chez les enfants grandissant dans un contexte de conflits régionaux et d’occupation par Israël.

Ses thèmes — la défense de la patrie, la résistance à l’agression et la protection des innocents — faisaient douloureusement écho aux réalités de la région, transformant la série d’un simple divertissement en un véritable refuge émotionnel.

Une grande partie de l’impact de la série tenait à la réussite de son arabisation. Le doublage arabe puissant et le jeu vocal chargé d’émotion, notamment celui de l’acteur libanais Jihad El-Atrash dans le rôle d’Actarus, ont conféré à la série une gravité morale inégalée par les autres dessins animés de l'époque.

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Au début des années 1980, Goldorak s'était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. (Fourni)

Le générique de la série, interprété par Sami Clark, est devenu un hymne que le chanteur libanais a continué à interpréter lors de concerts et de festivals jusqu’à son décès en 2022.

Au début des années 1980, Goldorak s’était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. Pour beaucoup, il s’agissait non seulement d’un premier contact avec les anime japonais, mais aussi d’une source d’enseignements sur des valeurs telles que la justice et l’honneur.

L’influence de Goldorak dans la région a été telle qu’il a fait l’objet de recherches universitaires, qui ont non seulement mis en lumière la manière dont le sort des personnages résonnait auprès du public du Moyen-Orient, mais ont aussi relié sa popularité aux souvenirs générationnels de l’exil, en particulier à la Nakba palestinienne.

Un demi-siècle plus tard, Goldorak demeure culturellement vivant et pertinent dans la région. En Arabie saoudite, qui avait pleinement adopté la version originale de la série, Manga Productions initie aujourd’hui une nouvelle génération de fans à une version modernisée du personnage, à travers un jeu vidéo, The Feast of The Wolves, disponible en arabe et en huit autres langues sur des plateformes telles que PlayStation, Xbox et Nintendo Switch, ainsi qu’une nouvelle série animée en langue arabe, «  Goldorak U », diffusée l’an dernier.

Cinquante ans après les débuts de la série, « Goldorak » est de retour — même si, pour toute une génération de fans de la série originale, dont les étagères regorgent encore de produits dérivés et de souvenirs, il n’est en réalité jamais vraiment parti.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com