Covid-19: des pass tombent, la mobilisation des opposants aussi

Un manifestant tient une pancarte indiquant «La vérité vous rendra libres» lors d'une manifestation contre le laissez-passer sanitaire et les vaccins Covid-19, sur la place du Trocadéro à Paris, le 15 janvier 2022. (AFP)
Un manifestant tient une pancarte indiquant «La vérité vous rendra libres» lors d'une manifestation contre le laissez-passer sanitaire et les vaccins Covid-19, sur la place du Trocadéro à Paris, le 15 janvier 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 16 janvier 2022

Covid-19: des pass tombent, la mobilisation des opposants aussi

  • Pour tous ces manifestants, l'enjeu était de faire au moins aussi bien que le samedi précédent
  • La plupart des banderoles affichaient une hostilité à la fois au pass et aux vaccins eux-mêmes: «C'est pas un virus qu'ils veulent contrôler, c'est vou»

PARIS : La mobilisation en France contre le pass sanitaire, qui va devenir un pass vaccinal, a connu un gros recul samedi: elle a été divisée par deux, alors même qu'entrait en vigueur la désactivation de nombreux pass faute de rappel de vaccin anti-Covid.

Dans toute la France, ces manifestations ont rassemblé 54 000 participants selon le ministère de l'Intérieur, très loin des 105 200 du samedi précédent qui avait été marqué par un très net rebond de la mobilisation.

A Paris, quatre cortèges ont mobilisé 7 000 personnes, dont 5 800 au rassemblement organisé par Les Patriotes, formation du candidat d'extrême droite à la présidentielle Florian Philippot.

Dans le reste du pays, 47 000 manifestants ont été recensés (dont 3 200 à Montpellier, 1 500 à Toulouse, 1 300 à Lyon, 1 140 à Nantes ou 750 à Marseille).

Quatre personnes ont été interpellées dans la capitale et six en province.

Journalistes agressés

À Paris, lors du rassemblement organisé par Les Patriotes, une équipe de journalistes vidéo de l'AFP a été menacée de mort et agressée, et l'un des agents de sécurité qui la protégeaient a été blessé à la tête.

Cette équipe a été ciblée par au moins une cinquantaine de personnes identifiées comme étant d'extrême droite par les journalistes.

Lorsque ces personnes se sont dirigées vers l'équipe pour en découdre, les agents de protection se sont interposés. Ils ont été frappés, notamment à coups de matraque, et l'un a reçu une bouteille sur la tête, lui ouvrant le cuir chevelu.

"L'AFP proteste vigoureusement contre cette agression intolérable et la volonté de certains d'empêcher ses journalistes de faire leur travail", a réagi Phil Chetwynd, son directeur de l'information.

Le cortège où a eu lieu l'agression s'était élancé vers 15H00 de la Place du Trocadéro, dans l'ouest de Paris, sous un soleil radieux.

Les intervenants à la tribune ont fait scander à la foule des "Liberté Djokovic!", en serbe: des encouragements destinés au champion de tennis serbe que le gouvernement australien ne veut pas laisser entrer sur son sol pour l'Open d'Australie car il n'est pas vacciné.

De nombreux drapeaux français, des drapeaux régionaux - corse, breton... - et quelques bannières à fleurs de lys - emblème des rois de France - flottaient au vent. Certains manifestants se réclamaient de mouvements d'extrême droite, comme les intégristes catholiques de Civitas.

La plupart des banderoles affichaient une hostilité à la fois au pass et au vaccin: "C'est pas un virus qu'ils veulent contrôler, c'est vous" à Paris, ou "Démocratie en danger", "Vaccin toxique" à Rennes...

"C'est le nazisme, l'apartheid, je ne suis pas piquée et je suis contre les vaccins en général", s'agaçait Claire, une sexagénaire interrogée à Paris par l'AFP, en dénonçant pêle-mêle "un système corrompu" et des "médias instrumentalisés".

Non loin, Laurence et Anne-Sophie affichaient un discours plus mesuré en brandissant une banderole "Mères en colère": "Nous sommes vaccinées, mais nous sommes contre le pass pour les ados et nous ne voyons pas pourquoi on les vaccine puisqu'ils ne sont pas à risque".

Vote

"Je ne mets pas en cause le fait qu'il y a une maladie, mais là ce sont des prétextes sanitaires pour diviser les gens et mettre en place une ségrégation", estimait quant à elle Céline, 47 ans, qui défilait à Toulouse  (sud-ouest).

Quelques heures avant ces manifestations, les députés avaient adopté dans la nuit, en deuxième lecture, le projet de loi controversé transformant le pass sanitaire en pass vaccinal. 

Dans la soirée de samedi, le Sénat - chambre haute du Parlement - a lui aussi voté à nouveau le projet de loi, mais en maintenant certains points de désaccord avec l'Assemblée nationale, à qui reviendra donc le dernier mot dimanche. Cela mettra un terme à deux semaines d'un parcours législatif particulièrement chaotique.

Le pass est présent sur un troisième front ce week-end: faute de rappel de vaccin sept mois après la précédente injection, des dizaines de milliers de pass devaient être désactivés samedi, date-butoir fixée en novembre.

En théorie, quelque 560 000 personnes étaient susceptibles de perdre leur pass samedi, selon le ministère de la Santé.

Mais le chiffre réel est difficile à déterminer, notamment car on ne peut distinguer les gens qui ont été infectés sans le notifier dans l'application TousAntiCovid, ce qui prolonge la validité de leur pass.

"C'était urgent", a déclaré Juan Fernandez, 32 ans, après s'être fait vacciner à Paris dans la matinée, juste avant de perdre son pass. "Quand on sort, à chaque fois on a besoin du pass sanitaire, je l'ai fait plutôt pour ça".


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."