Djokovic perd sa bataille judiciaire contre son expulsion d'Australie

Le Serbe Novak Djokovic porte un masque facial lorsqu'il arrive au bureau de l'avocat avant le tournoi de tennis de l'Open d'Australie à Melbourne, le 16 janvier 2022. (Photo, AFP)
Le Serbe Novak Djokovic porte un masque facial lorsqu'il arrive au bureau de l'avocat avant le tournoi de tennis de l'Open d'Australie à Melbourne, le 16 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 16 janvier 2022

Djokovic perd sa bataille judiciaire contre son expulsion d'Australie

  • Au terme d'une audience en référé, les trois juges de la Cour fédérale d'Australie ont débouté le Serbe de 34 ans, enterrant ses espoirs de conquérir, lors de l'Open d'Australie qui débute lundi, un 21e titre en Grand Chelem, un record
  • Novak Djokovic avait été bloqué à son arrivée en Australie le 5 janvier et placé une première fois en rétention administrative

MELBOURNE : Novak Djokovic a, une fois n'est pas coutume, perdu: le N.1 mondial, non-vacciné contre la Covid-19, se préparait dimanche à quitter l'Australie après le rejet par la justice du recours qu'il avait intenté contre son expulsion, ordonnée par le gouvernement australien.

Au terme d'une audience en référé, les trois juges de la Cour fédérale d'Australie ont débouté le Serbe de 34 ans, enterrant ses espoirs de conquérir, lors de l'Open d'Australie qui débute lundi, un 21e titre en Grand Chelem, un record.

"Je suis extrêmement déçu", a réagi Djokovic dans un communiqué. "Je respecte la décision de la Cour et je coopérerai avec les autorités compétentes concernant mon départ du pays", a-t-il ajouté.

"Je vais maintenant prendre du temps pour me reposer et récupérer", a encore souligné le joueur, dont la carrière pourrait pâtir lourdement de ce revers.

"Cela me met mal à l'aise que l'attention ait autant été portée sur moi ces dernières semaines, et j'espère que nous pouvons désormais tous nous focaliser sur le jeu et le tournoi que j'aime", a ajouté "Djoko".

Autorisé à quitter le centre de rétention où il avait été placé samedi et où il avait passé plusieurs nuits après son arrivée mouvementée à Melbourne, Djokovic avait suivi l'audience en ligne, qui a duré quatre heures, depuis les bureaux de ses avocats à Melbourne.

Devant la Cour, ses avocats avaient qualifié le placement en rétention de leur client et sa possible expulsion d'"illogiques", "irrationnelles" et "déraisonnables". Sans convaincre les trois juges de la Cour fédérale qui ont rejeté le recours à l'unanimité, sans possibilité d'appel.

Dans ses conclusions déposées samedi devant cette même Cour, le ministre de l'Immigration Alex Hawke avait soutenu que la présence de Djokovic dans le pays était "susceptible de représenter un risque sanitaire".

Selon lui, elle encourageait "le sentiment anti-vaccination" et pouvait dissuader les Australiens de se faire injecter leurs doses de rappel, alors que le variant Omicron se répand à grande vitesse dans le pays.

«Troubles civils»

Même s'il avait qualifié le risque que Djokovic contamine lui-même des Australiens de "négligeable", le ministre avait estimé que son "mépris" passé des règles sanitaires contre le Covid constituait un mauvais exemple.

Novak Djokovic avait été bloqué à son arrivée en Australie le 5 janvier et placé une première fois en rétention administrative.

Le joueur, qui a contracté le Covid-19 en décembre, espérait bénéficier d'une exemption pour entrer dans le pays sans être vacciné, mais les autorités n'avaient pas accepté cette explication.

Le gouvernement australien avait subi un humiliant revers le 10 janvier quand un juge avait bloqué l'expulsion de Djokovic, rétabli son visa et ordonné sa libération immédiate.

Mais le ministre de l'Immigration avait contre-attaqué vendredi et annulé son visa pour la deuxième fois en vertu de ses pouvoirs discrétionnaires, invoquant "des raisons sanitaires et d'ordre public".

Dans un communiqué publié mercredi sur ses réseaux sociaux, Djokovic avait admis avoir rempli de manière incorrecte sa déclaration d'entrée en Australie.

«Grands sacrifices»

Le joueur aux 86 titres ATP, vu en Serbie et en Espagne dans les deux semaines précédant son arrivée, contrairement à ce qu'il avait déclaré dans le formulaire d'immigration à son arrivée, a plaidé "l'erreur humaine".

Ce feuilleton à rebondissements s'est déroulé dans un pays dont les habitants ont enduré pendant près de deux ans des restrictions anti-Covid parmi les plus strictes au monde, et où des élections sont prévues d'ici mai.

D'où un contexte politique chargé. La pression s'était intensifiée ces derniers jours autour du Premier ministre conservateur Scott Morrison, accusé d'"incompétence" par l'opposition travailliste.

Djokovic privé de l'Open d'Australie: les réactions du monde du tennis

Les réactions du monde du tennis, après le rejet dimanche du recours de Novak Djokovic contre son expulsion d'Australie qui le prive de l'Open d'Australie (17-30 janvier):

Vasek Pospisil (CAN, co-fondateur avec Novak Djokovic du PTPA, un syndicat de joueurs) sur Twitter: "Novak ne serait jamais allé en Australie si on ne  lui avait pas donné une exemption pour entrer dans ce pays par le gouvernement. Il aurait fait l'impasse sur l'Open d'Australie, serait resté chez lui avec sa famille et personne n'en aurait fait tout un foin. Il y avait des questions politiques derrière tout ça avec des élections approchant (en Australie). Ce n'est pas de sa faute. Il n'a pas forcé les frontières du pays et n'a pas +écrit ses propres règles+, il était prêt à rester chez lui".

Alizé Cornet (FRA), sur Twitter: "Je ne connais pas assez le dossier pour juger, mais ce que je sais de Novak, c'est qu'il est toujours le premier pour nous soutenir, nous les joueurs, mais aucun d'entre nous ne l'a soutenu. Sois fort @DjokerNole. Et surtout ne dites pas que je suis anti-vax s'il vous plait".

Patrick Mouratoglou (entraîneur de Serena Williams), sur Twitter: "Le grand perdant de tout ce chantier, c'est le tournoi. La seule bonne nouvelle, c'est qu'on va pouvoir parler de tennis".

Daniel Vallverdu (entraîneur de Stan Wawrinka), sur Twitter: "Tout le monde du tennis, des joueurs aux entraîneurs en passant par les journalistes, faisons maintenant l'effort de tourner la page et concentrons nous sur les joueurs qui vont jouer pendant les deux semaines à venir, ils se sont entraînés dur pendant des mois, c'est leur moment".

Andy Murray (ancien N.1 mondial) sur la BBC: "Ce n'est pas bien pour le tournoi car cela serait mieux si tous les meilleurs joueurs pouvaient y participer. Il va évidemment y avoir beaucoup de questions sur ce qui s'est passé et la situation dans laquelle nous nous sommes retrouvés. Je connais Novak depuis que nous avons 12 ans, c'est quelqu'un que je respecte et contre lequel j'ai joué. Je n'aime pas qu'il se retrouve dans cette situation et je n'aime pas le fait qu'il a été placé en détention (...). J'espère que cela ne se reproduira pas pour d'autres tournois. Je ne le souhaitais ni à Novak, ni au tennis et j'espère que c'est terminé maintenant".

Le gouvernement australien s'est félicité dimanche de sa victoire judiciaire.

"La politique ferme de protection des frontières de l'Australie nous a maintenus en sécurité pendant la pandémie", a affirmé le ministre de l'Immigration, Alex Hawke, dans un communiqué.

"Les Australiens ont fait de grands sacrifices pour en arriver là et le gouvernement Morrison est fermement décidé à protéger cette position" a-t-il ajouté.

L'affaire Djokovic est aussi suivie assidûment en Serbie où "Nole" est considéré comme en héros national. Vendredi, le président Aleksandar Vucic a accusé l'Australie de le "maltraiter".

"C'est une farce, cela n'a rien à voir avec le sport", a réagi dimanche un journaliste spécialisé, Nebojsa Viskovic, interrogé par l'AFP.

Après le fiasco australien, le match serré de Djokovic avec les sponsors

A portée du record masculin de titres du Grand Chelem et réconcilié avec le public au dernier US Open, Novak Djokovic était sans doute mieux positionné que jamais pour séduire les sponsors, avant que sa saga australienne, conclue dimanche par le rejet de son recours contre son expulsion, ne vienne de nouveau brouiller son image.

Quelque 30 millions de dollars (26,3 M EUR), c'est la somme qu'a reçu de ses partenaires, en 2021, le N.1 mondial, selon le magazine Forbes, de l'équipementier sportif japonais Asics au constructeur automobile français Peugeot, avec, en tête, son contrat Lacoste, évalué environ à 9 millions de dollars par an par plusieurs médias américains.

L'enveloppe sponsoring est conséquente, mais il est devancé par pas moins de trois autres représentants de son sport, à savoir Roger Federer (90 M), Serena Williams (40) et Naomi Osaka (55).

Arrivé plus tard sur le circuit que ses grands rivaux Federer et Nadal, "Nole" agace régulièrement spectateurs et joueurs, avec ses raquettes brisées, ses pauses toilettes à rallonge ou ses appels au médecin en plein match.

"Il y a cette impression que peut-être, il n'est pas aussi sympathique que Federer ou Nadal", résume Patrick Rishe, professeur d'économie du sport à l'université Washington de St. Louis (Missouri).

"En plus d'être un grand champion (...), votre comportement et ce que vous faites en dehors du court ont de l'importance", avait confié l'ancien champion suédois Bjorn Borg au quotidien Marca, en 2020, pour expliquer le déficit de popularité de Djokovic. "Je pense que Rafa et Roger ont fait une belle promotion du tennis".

«Indépendant»

Bien qu'engagé dans plusieurs œuvres caritatives, à l'origine de la création d'un syndicat de joueurs (le PTPA en 2020), Novak Djokovic n'arrive pas à décoller son étiquette d'individualiste.

Le rejet par les autorités australiennes d'une demande d'exemption vaccinale soumise par le Serbe, non-vacciné, ainsi que l'admission, par le joueur, du non-respect de l'isolement après avoir testé positif en décembre, "alimentent cette réputation", estime Patrick Rishe.

"Donc cet incident va inciter une marque qui envisageait peut-être de collaborer avec lui à ne pas le faire", dit-il.

"Son image va être écornée du fait de cette situation, car la plupart des joueurs qui jouent ce tournoi sont vaccinés et ont respecté les règles", abonde Josh Schwartz, responsable du marketing des athlètes au sein de l'agence américaine PIVOT.

"C'est dommage", relève Patrick Rishe, "parce qu'il est sur le point d'établir le record de victoires en Grand Chelem. (...) Et normalement, quand quelqu'un atteint ce statut, on peut penser que cela va déboucher sur des opportunités de sponsoring. Mais je n'en imagine pas se présenter à court terme."

Pour autant, Josh Schwartz ne voit pas des partenaires existants rompre leur contrat en pleine crise ou immédiatement après.

"Novak Djokovic est indépendant. Nous ne pouvons pas commenter ses décisions", a déclaré à l'AFP une porte-parole de l'horloger suisse Hublot, qui s'est lié contractuellement avec le joueur l'an dernier. "Hublot va poursuivre son partenariat avec le numéro un mondial du tennis."

«La mémoire très courte»

La banque autrichienne Raiffeisen s'est montrée plus nuancée, rappelant que son partenariat avec le Serbe remontait à "bien avant les informations sur le statut vaccinal de Novak Djokovic et sa participation à l'Open d'Australie. En tant que sponsor, nous suivons de près la situation en cours."

Le risque existe qu'une rupture éventuelle se retourne contre la marque qui en prendrait l'initiative, car une proportion non négligeable de l'opinion est opposée à l'obligation vaccinale.

"C'est une situation compliquée", admet Josh Schwartz. "Légalement, il n'y a pas eu de délit."

Les précédents les plus marquants depuis le début de la pandémie vont plutôt dans le sens du statu quo.

Début novembre, après avoir tenu des propos ambigus sur la vaccination, le quarterback des Green Bay Packers Aaron Rodgers (football américain), n'a été lâché que par un sponsor mineur, Prevea Health.

Le meneur des Brooklyn Nets (NBA), Kyrie Irving, n'en a lui perdu aucun après avoir dénoncé, en octobre, l'obligation vaccinale pour les sportifs dans l'Etat de New York et refusé de recevoir une injection anti-Covid.

"En tant que consommateurs, nous avons la mémoire très courte", fait valoir Joe Favorito, spécialiste de marketing sportif qui enseigne à l'université Columbia.

"On aime les héros et les méchants", estime-t-il, "et on adore voir les gens surmonter des épreuves. Si Novak Djokovic revient, où que ce soit, cela dépassera tout ça, parce qu'il n'a enfreint aucune loi. Ce n'est que son opinion personnelle."

"Cela ne diminue en rien ce qu'il a fait sur les courts."


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.