Présidentielle: un parfum de campagne à gauche

L'ancienne ministre de la Justice française et candidate à l'élection présidentielle de 2022 Christiane Taubira lors d'une émission d'information de la chaîne de télévision France 2 à Paris, le 15 janvier 2022. (Photo, AFP)
L'ancienne ministre de la Justice française et candidate à l'élection présidentielle de 2022 Christiane Taubira lors d'une émission d'information de la chaîne de télévision France 2 à Paris, le 15 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 17 janvier 2022

Présidentielle: un parfum de campagne à gauche

L'ancienne ministre de la Justice française et candidate à l'élection présidentielle de 2022 Christiane Taubira lors d'une émission d'information de la chaîne de télévision France 2 à Paris, le 15 janvier 2022. (Photo, AFP)
  • «On ne peut se prétendre amoureux de la France et nier à ce point ce que nous sommes. Une nation solidaire, humaniste, qui ne divise ni ne stigmatise», a commenté Emmanuel Macron
  • La candidate socialiste Anne Hidalgo a jugé candidature qui arrive «tard» était «une mauvaise nouvelle» qui crée de  «la confusion»

PARIS: Après l'entrée officielle de Christiane Taubira dans la course présidentielle et la polémique sur les enfants handicapés déclenchée par Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon a tenté « un coup d'éclat » pour attirer l'attention dimanche avec son meeting « immersif et olfactif » à Nantes. 

La majorité espère elle une adoption définitive dans l'après-midi à l'Assemblée nationale du controversé pass vaccinal qui a donné lieu samedi à de nouvelles manifestations dans le pays, moins importantes que lors de la forte mobilisation du samedi précédent. 

« C'est en quelque sorte un début de campagne. Il fallait que ce soit un coup d'éclat et c'est ce que nous sommes en train de faire dans la patrie de Jules Verne », a lancé en introduction Jean-Luc Mélenchon à ExpoNantes, devant 3 000 sympathisants conviés à une nouvelle expérimentation de militantisme politique. 

Rythmant son discours d'images spectaculaires à 360 degrés de l'espace ou de la mer, le candidat de l'Union populaire a ensuite déroulé son programme, sur les thèmes de la culture, le numérique, l'espace et la mer. 

Il a de nouveau attaqué Emmanuel Macron qui selon lui divise la société sur le pass vaccinal, le qualifiant de  « danger public ».  

Son objectif est de relancer sa campagne et de lui permettre de se démarquer au sein d'une gauche de plus en plus divisée et à la peine dans les sondages. Pour l'heure, situé autour des 10% d'intention de vote, il devance Yannick Jadot d'un à trois points. 

Pour ce faire, l'équipe de Jean-Luc Mélenchon a vu les choses en grand, avec une structure dont les quatre murs, d'une largeur de 50 mètres, et le plafond sont composés d'écrans pour permettre la diffusion de ces images. 

Le candidat écologiste Yannick Jadot était lui aussi à l'offensive au Grand Jury RTL-Le Figaro–LCI où il a demandé de  « reprendre le contrôle total d'EDF » par un changement de statut, en refaisant un établissement public industriel et commercial (EPIC). 

Et il a lui aussi vivement critiqué dimanche la proposition d'Emmanuel Macron de faire payer l'université, l'accusant d'être « le président le plus antijeunes de la Ve République ». 

‘L'union ne se fera pas’ 

Interrogé sur la candidature de Christiane Taubira, officialisée la veille, il a répondu qu'il entendait faire « la guerre pour le climat » et non « la guéguerre avec la vieille gauche ou au sein de la vieille gauche » qui, selon lui, « n'a toujours pas fait l'inventaire du quinquennat Hollande ». 

« C'est une candidature de plus à gauche et je pense qu'on n'en avait pas spécialement besoin », a déploré dimanche sur franceinfo l'écologiste Sandrine Rousseau qui avait perdu la primaire écolo contre Yannick Jadot. 

La candidate socialiste Anne Hidalgo a quant à elle jugé sur BFMTV que cette candidature qui arrive « tard » était « une mauvaise nouvelle » qui crée de  « la confusion ». 

Pour elle, « la page » de la primaire populaire est « tournée » et qu'elle n'aura « aucune incidence » sur la suite de la campagne puisque Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et elle-même « continueront » quelle qu'en soit l'issue. 

Mme Taubira, ex-candidate à la présidentielle de 2002 (2,32% au premier tour) a promis de se soumettre à ce vote prévu fin janvier (120 000 inscrits) pour lequel elle part favorite. 

A l'extrême droite, Eric Zemmour s'est de nouveau expliqué sur France 3 sur la bronca générale qu'il a suscitée après avoir dénoncé « l'obsession de l'inclusion » des enfants handicapés et défendu des « établissements spécialisés » pour les scolariser. 

Même le président de la République a critiqué cette prise de position. « On ne peut se prétendre amoureux de la France et nier à ce point ce que nous sommes. Une nation solidaire, humaniste, qui ne divise ni ne stigmatise. Une nation qui, par-delà les sensibilités politiques, a toujours su faire des différences une richesse et une force », a commenté Emmanuel Macron en privé, selon des propos rapportés par Le Parisien et confirmés par des proches. 

Le polémiste, jugé en son absence en novembre pour provocation à la haine après ses propos sur les migrants mineurs isolés, sera fixé lundi sur son sort par le tribunal correctionnel de Paris. 

Marine Le Pen, qui sera l'invitée du 20 heures de TF1, espère profiter de ces difficultés pour creuser définitivement l'écart sur son rival chez les « nationaux ». Et installer un nouveau duel avec le quasi candidat Emmanuel Macron, comme dans un clip de campagne publié samedi. 

La candidate du Rassemblement national, donnée au premier tour au coude-à-coude avec Valérie Pécresse à 16-17% des intentions de vote, a accusé mercredi Eric Zemmour, distancé à 12-13%, de servir de  »marchepied » à la candidate LR pour le second tour. 


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.