Bulgarie: opération secours pour un ovni architectural communiste

L’ancien siège du parti communiste bulgare, une soucoupe volante sur le sommet du Buzludzha, au cœur des montagnes balkaniques. (Nikolay Doychinov/AFP
L’ancien siège du parti communiste bulgare, une soucoupe volante sur le sommet du Buzludzha, au cœur des montagnes balkaniques. (Nikolay Doychinov/AFP
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Publié le Vendredi 02 octobre 2020

Bulgarie: opération secours pour un ovni architectural communiste

  • Érigée en 1981 à 1.400 mètres d'altitude sur la chaîne des Balkans, cette enceinte circulaire en béton et acier, de style brutaliste, affiche à son faîte l'étoile rouge, aujourd'hui décrépie, qui était visible par temps clair jusqu'en Roumanie et en Grèce
  • Qualifié de "prouesse architecturale", le monument abrite d’énormes mosaïques à la gloire du communisme : scènes des combats "antifascistes", de l'Armée rouge ou encore de la femme dans la société socialiste

BOUZLOUDJA, Bulgarie : Telle une soucoupe volante posée au sommet d'une montagne, au cœur de la Bulgarie, un monument communiste abandonné connaît un regain de vie avec la mobilisation d'experts, à pied d'œuvre pour sauver ses mosaïques en ruine.

"C'est une course contre la montre. Il faut agir vite car il n'y aura plus de mosaïques si nous attendons une décision" des autorités sur son avenir, lance l'architecte bulgare Dora Ivanova, qui s'est prise de passion pour cet édifice de Bouzloudja.

Érigé en 1981 à 1.400 mètres d'altitude sur la chaîne des Balkans, cette enceinte circulaire en béton et acier, de style brutaliste, style architectural qui a connu une grande popularité à partir des années 1950, côtoie deux piliers hauts de 70 mètres. A son faîte, l'étoile rouge, aujourd'hui décrépie, était jadis visible par temps clair jusqu'en Roumanie et en Grèce.

Dépouillé au fil du temps de ses parures en bronze et cuivre, sa toiture percée de trous béants, le monument, qualifié de "prouesse architecturale", abrite des panneaux monumentaux de mosaïques à la gloire du communisme : scènes des combats "antifascistes", de l'Armée rouge ou encore de la femme dans la société socialiste.

Au plafond trônent toujours la faucille et le marteau, symboles de l'unité entre ouvriers et paysans, tandis que s'affiche sur la façade le célèbre slogan marxiste : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!".

Garder les graffiti aussi

A l'origine, les mosaïques s'étendaient sur près de 1.000 mètres carrés, mêlant techniques byzantines et nouveaux matériaux et procédés. Un tiers a disparu, victime des intempéries ou de malfaiteurs. Un graffiti maladroit de l'ex-dictateur communiste Todor Jivkov limogé en 1989 a remplacé la mosaïque avec son portrait.

"L'objectif n'est pas de restaurer le monument dans sa splendeur ancienne", assure le professeur Thomas Danzl, de l'université technique de Munich.

L'équipe, de toute façon, n'en a pas les moyens. L'opération a été financée par un don de 185.000 dollars (158.000 euros) de la part de la fondation américaine Getty, qui suffira tout juste à préserver une partie des mosaïques.

"Nous allons conserver (le monument) tel que nous le trouvons en ce moment. Nous gardons aussi les graffiti comme un signe du temps, des 30 dernières années", explique M. Danzl, spécialiste de l'héritage de l'ex-RDA.

Dix-huit experts et étudiants allemands, grecs, bulgares et suisses se sont consacrés aux travaux minutieux de conservation des mosaïques, réalisés notamment à l'aide de seringues.

"Nous traitons les zones critiques en utilisant un minimum de matériaux invasifs" pour maintenir les mosaïques jusqu'à ce que les autorités se prononcent, explique le chef technique de l'opération, Nikifor Haralampiev, de l'Académie des beaux-arts à Sofia.

"Préserver la mémoire"

Réfractaire au débat toujours vif sur les monuments communistes, assimilés en Bulgarie à un régime honni, le gouvernement tarde à accorder à l'édifice de Bouzloudja un statut qui lui permettrait de réunir les fonds nécessaires à sa restauration.

"C'est la société qui doit décider de la fonctionnalité du monument. Il y a toujours eu des voix pour et contre, un débat est donc nécessaire", se borne à dire, évasive, la présidente du Conseil régional Gergana Mihova sous le regard austère de Marx, Engels et Lénine en mosaïques.

A Kazanlak, ville située au pied du mont Bouzloudja, Stoïanka Dimova se montre réservée face aux efforts de sauver le monument. "Ces dons de l'étranger devraient d'abord aider les gens du pays le plus pauvre de l'Union européenne", estime cette institutrice de 52 ans.

Mais pour Thomas Danzl, "préserver les mosaïques, c'est préserver une sorte de mémoire". "Il faut connaître le passé pour s'assurer un meilleur avenir", insiste-t-il.

L'édifice, à l'époque instrument de propagande, puis prisé des amateurs de lieux insolites, pourrait devenir un lieu à visées éducatives et touristiques où l'histoire de la Bulgarie à travers les siècles serait retracée, imagine Dora Ivanova.

 


La première Semaine de la mode de la mer Rouge mettra en lumière le savoir-faire saoudien

La première édition de la Semaine de la mode de la mer Rouge débutera le 16 mai au nouveau St. Regis Red Sea Resort. (Agence de presse saoudienne)
La première édition de la Semaine de la mode de la mer Rouge débutera le 16 mai au nouveau St. Regis Red Sea Resort. (Agence de presse saoudienne)
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  • La Semaine de la mode de la mer Rouge est la dernière initiative de la Commission saoudienne de la mode visant à promouvoir cette industrie au Royaume
  • Un défilé de mode aura lieu le premier jour, suivi de deux jours d’activités annexes et d’autres défilés

RIYAD: Lundi, le chef de la Commission saoudienne de la mode a déclaré que la première Semaine de la mode de la mer Rouge, qui se tiendra au courant de ce mois, mettra en lumière le savoir-faire du Royaume auprès d’un public mondial, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Burak Cakmak, PDG de la commission, soutient: «Avec la Semaine de la mode de la mer Rouge, nous avons décidé de lancer une plate-forme dynamique qui, en plus de mettre en valeur la créativité et les compétences de l’Arabie saoudite, fait également rayonner notre nation sur la scène mondiale de la mode en tant qu’acteur clé.»

«Cette initiative témoigne de notre engagement à cultiver les talents locaux et à les intégrer sur la scène internationale. Elle est profondément ancrée dans les objectifs de l’initiative Vision 2030 du Royaume qui a pour objectif d’enrichir notre tissu culturel et d’élargir nos horizons économiques.»

La première édition de la Semaine de la mode de la mer Rouge, dernière initiative de la Commission saoudienne de la mode visant à promouvoir cette industrie au Royaume, débutera le 16 mai au nouveau St. Regis Red Sea Resort. Elle se poursuivra jusqu’au 18 mai.

Un défilé de mode aura lieu le premier jour, suivi de deux jours d’activités annexes et d’autres défilés présentant une collection de mode de luxe, de bijoux, d’articles de prêt-à-porter et de tenues de vacances conçus par des créateurs saoudiens et internationaux.

L’Arabie saoudite a accueilli sa première Semaine de la mode en 2023 à Riyad et a organisé, l’année dernière, un événement éphémère à Milan, en marge de la Semaine de la mode de la ville.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La guerre à Gaza au coeur de l'édition 2024 des prix Pulitzer

Une jeune Palestinienne blessée crie « Ya Allah » (« Oh, mon Dieu ! ») alors qu'elle est amenée sur une civière à l'hôpital Nasser, à la suite des frappes israéliennes sur l'école de Ma'an (Photo, Reuters).
Une jeune Palestinienne blessée crie « Ya Allah » (« Oh, mon Dieu ! ») alors qu'elle est amenée sur une civière à l'hôpital Nasser, à la suite des frappes israéliennes sur l'école de Ma'an (Photo, Reuters).
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  • Cette édition des prix Pulitzer a aussi honoré l'opposant russe emprisonné Vladimir Kara-Mourza
  • L'agence de presse Reuters a remporté un prix dans la catégorie photographie d'actualité pour sa couverture «brute et immédiate»

NEW YORK: La guerre à Gaza a été au coeur des différents prix Pulitzer attribués lundi, ces récompenses annuelles de la presse et de la littérature américaine décernant notamment une mention spéciale pour les journalistes couvrant le conflit entre Israël et le Hamas.

Le New York Times a remporté un prix Pulitzer du journalisme international "pour sa couverture vaste et révélatrice de l'attaque létale du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre" ainsi que pour sa couverture "de la réponse radicale et mortelle des forces armées israéliennes".

L'agence de presse Reuters a remporté un prix dans la catégorie photographie d'actualité pour sa couverture "brute et immédiate" de l'attaque du 7 octobre et des représailles d'Israël.

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Dans une dernière étreinte, Inas Abu Maamar, 36 ans, berce le corps enveloppé dans un linceul de sa nièce de cinq ans, Saly, décédée lors des frappes israéliennes sur Khan Younis, à la morgue de l'hôpital Nasser avant ses funérailles dans le sud de Gaza, le 17 octobre 2023. (Reuters)

Et une mention spéciale a tenu à reconnaître "les journalistes et employés de médias qui couvrent la guerre à Gaza".

"Ce conflit a également coûté la vie de poètes et d'écrivains", explique le comité Pulitzer, organe de l'université Columbia.

La prestigieuse université new-yorkaise se trouve actuellement au coeur de la controverse, après être devenue l'épicentre des manifestations propalestiniennes sur les campus américains.

La direction de Columbia a fait appel à la police fin avril pour déloger des étudiants qui avaient dressé un campement, puis quelques jours plus tard pour déloger des manifestants qui s'étaient barricadés dans un bâtiment.

Restreintes 

La police a fortement restreint l'accès de ces opérations à la presse et a menacé d'arrêter les étudiants journalistes qui souhaitaient couvrir l'événement.

Dans un article paru ce week-end, deux responsables du journal étudiant de Columbia ont accusé la direction de l'université d'avoir mené une "répression" du travail de journalisme de ces étudiants, notamment par ses exigences de transmettre certaines vidéos et photos des événements.

Cette édition des prix Pulitzer a aussi honoré l'opposant russe emprisonné Vladimir Kara-Mourza "pour ses articles passionnés écrits au péril de sa vie depuis sa cellule de prison", mettant en lumière les risques pris par "la dissidence dans la Russie de Vladimir Poutine" et "plaidant pour un avenir démocratique dans son pays".

Collaborateur du Washington Post, Vladimir Kara-Mourza purge une peine de 25 ans de prison, à laquelle il a été condamné en avril 2023 notamment pour "trahison" et diffusion de "fausses informations", en pleine répression des voix critiques du Kremlin.

Des journalistes américains ayant enquêté sur le travail d'enfants migrants, les disparités raciales dans le système judiciaire américain et la violence par armes à feu ont également été récompensés.

Adem Altan, photographe à l'AFP, était finaliste pour le prix de la photo d'actualité, pour son travail sur les conséquences du séisme qui a dévasté le sud-est de la Turquie en février 2023.

La photo nommée montre un père en train de serrer la main de sa fille décédée, dont le bras dépasse à peine des décombres.

L'autrice Jayne Anne Philipps a remporté le prix de la meilleure fiction de littérature pour son roman "Night Watch", sur une mère et une fille dans l'après-Guerre de sécession.

Le prix de la meilleure non-fiction est revenu à Nathan Thrall pour "Une journée dans la vie d'Abed Salama. Anatomie d'une tragédie à Jérusalem".


Un célèbre club privé londonien vote sur une possible ouverture aux femmes

Vue générale de l'extérieur du Garrick Club, club privé fondé en 1831 et situé au cœur du West End et du Theatreland de Londres, à Covent Garden, au centre de Londres (Photo, AFP).
Vue générale de l'extérieur du Garrick Club, club privé fondé en 1831 et situé au cœur du West End et du Theatreland de Londres, à Covent Garden, au centre de Londres (Photo, AFP).
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  • L'institution fondée en 1831 compte parmi ses membres de nombreux juges et avocats, des journalistes, des hauts fonctionnaires ainsi que des responsables politiques
  • En 2015, un vote sur le sujet n'avait pas réuni une majorité suffisante

LONDRES: Un des plus anciens clubs privés londoniens vote mardi sur une possible ouverture aux femmes, un sujet qui déchire cette vénérable institution.

Comme d'autres prestigieux clubs, le Garrick Club est réservé aux hommes en vertu d'une règle ancienne, régulièrement dénoncée comme archaïque et symbole d'un entre-soi masculin dans les lieux de pouvoir et d'influence.

L'institution fondée en 1831 compte parmi ses membres de nombreux juges et avocats, des journalistes, des hauts fonctionnaires ainsi que des responsables politiques.

Selon une liste révélée en mars dernier par The Guardian, le roi Charles III ou encore les acteurs Brian Cox (Succession) et Benedict Cumberbatch en font par exemple partie.

Sous pression après ces révélations, le chef du Secret Intelligence Service (MI6) Richard Moore et le secrétaire général de Downing Street Simon Case, qui est le plus haut fonctionnaire du pays, ont annoncé quitter le Garrick Club.

La question de l'admission des femmes dans les quelques "gentlemen's clubs" encore existants se fait de plus en plus pressante ces dernières années.

Pression

En 2015, un vote sur le sujet n'avait pas réuni une majorité suffisante.

Mais cette fois, "de nombreux membres du Garrick Club, dont Sting, Mark Knopfler et d'autres acteurs et producteurs majeurs ont écrit au président du club en menaçant de le quitter si ses membres ne votent pas en faveur de l'accès aux femmes" mardi, a indiqué sur X John Simpson, un des rédacteurs en chef de BBC News, lui-même membre du club.

En 2021, une pétition avait reçu le soutien de Cherie Blair, avocate de renom et épouse de l'ancien Premier ministre Tony Blair.

Elle avait raconté comment en 1976, elle avait dû rester dehors alors que son futur mari avait été autorisé à y entrer.

"C'est scandaleux que si peu de progrès aient été faits depuis", avait-elle écrit.

A l'époque, les signataires de cette pétition avait mis en avant que l'interdiction des femmes, alors même que de nombreux juges et avocats appartenaient au club, les privaient d'opportunités de se créer un réseau dans ce cercle d'influence, en particulier dans des professions où elles étaient déjà sous-représentées.