Agression de journalistes de l'AFP : une enquête ouverte à Paris

Des manifestants brandissent des pancartes et des drapeaux français lors d'une manifestation contre le pass Vaccinal contre la  Covid-19, sur la place du Trocadéro à Paris, le 15 janvier 2022.(AFP)
Des manifestants brandissent des pancartes et des drapeaux français lors d'une manifestation contre le pass Vaccinal contre la Covid-19, sur la place du Trocadéro à Paris, le 15 janvier 2022.(AFP)
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Publié le Vendredi 21 janvier 2022

Agression de journalistes de l'AFP : une enquête ouverte à Paris

  • L'AFP a déposé plainte pour « violences volontaires en réunion », « menaces de mort » et « entrave à la liberté d'expression »
  • Le responsable du groupuscule d'ultradroite les Zouaves, Marc de Cacqueray-Valmenier, a été incarcéré jeudi soir après sa participation à cette manifestation alors qu'il était sous contrôle judiciaire

PARIS : Une enquête a été ouverte mercredi pour "violences volontaires aggravées" après l'agression le 15 janvier d'une équipe de l'AFP qui couvrait un rassemblement anti-pass vaccinal, a indiqué vendredi le parquet de Paris.

Cette enquête est également ouverte pour "menaces" et "entrave à l'exercice d'une liberté, et a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP).

Lors de cette manifestation organisée par le mouvement des Patriotes du candidat pro-Frexit à la présidentielle Florian Philippot, deux journalistes reporter d'images (JRI) de l'Agence France-Presse et leurs deux gardes de sécurité avaient été violemment pris à partie par un groupe d'une cinquantaine de personnes, identifiées comme d'extrême droite.

Selon les journalistes, ces personnes ont tenté de s'en prendre à la vidéaste de l'AFP, répondant à l'appel d'un individu encagoulé avec un mégaphone.

Les agents de protection se sont interposés, mais ont été frappés à coups de matraque. 

L'équipe a été menacée de mort et l'un des agents de sécurité a reçu une bouteille sur la tête, entraînant une plaie au crâne.

L'AFP a déposé plainte pour "violences volontaires en réunion", "menaces de mort" et "entrave à la liberté d'expression".

"L'AFP dénonce la banalisation des agressions, verbales et maintenant physiques, contre ses équipes et s'inquiète du nouveau degré de violence atteint", avait affirmé dimanche le PDG de l'agence, Fabrice Fries.

Il s'agit de la deuxième agression d'une équipe de l'AFP couvrant des manifestations contre le pass sanitaire en l'espace de quelques mois. En juillet 2021, deux JRI avaient reçu crachats et injures lors d'une précédente manifestation organisée par M. Philippot.

Le responsable du groupuscule d'ultradroite les Zouaves, Marc de Cacqueray-Valmenier, a été incarcéré jeudi soir après sa participation à cette manifestation alors qu'il était sous contrôle judiciaire. Vendredi, il a été condamné à un an de prison ferme.


La gauche dispersée face au vide de l'après-retraites

Le premier secrétaire du parti socialiste français et député, Olivier Faure (à gauche), assiste à un débat pour examiner la proposition de loi du groupe parlementaire de centre-droit LIOT sur l'abrogation de la réforme des retraites portant l'âge de la retraite à 64 ans, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 8 juin 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le premier secrétaire du parti socialiste français et député, Olivier Faure (à gauche), assiste à un débat pour examiner la proposition de loi du groupe parlementaire de centre-droit LIOT sur l'abrogation de la réforme des retraites portant l'âge de la retraite à 64 ans, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 8 juin 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La gauche est minée par le débat houleux des dernières semaines sur la désunion aux européennes de 2024
  • Les meetings Nupes du premier trimestre sur le thème des retraites, qui se déroulaient partout en France avec un responsable de chacun des partis, sont souvent cités comme l'un des moments d'entente productive de la coalition

PARIS : Après avoir jeté toutes leurs forces dans la bataille des retraites qui se clôt au Parlement et dans la rue, les gauches peinent à trouver ensemble de nouveaux ressorts d'opposition et de proposition.

La droite, elle, s'est vite focalisée sur le projet de loi immigration qui arrive au Parlement tandis qu'Emmanuel Macron parvient peu à peu à se sortir des casserolades et des abysses sondagiers.

Mais les insoumis, socialistes, communistes et écologistes font face à une équation compliquée: comment ne pas donner l'impression de lâcher l'affaire après des mois de lutte acharnée tout en se reportant résolument sur d'autres combats ?

«Qu’est-ce qu’on fait après ? C’était important cette contestation, on a fait le boulot, mais on ne va pas non plus rester là-dessus tout le quinquennat», glisse le député écologiste Aurélien Taché.

Pour le communiste Pierre Dharréville, il faut se poser la question de «ce qu'on peut faire pour changer les choses» concrètement. Car actuellement, témoigne-t-il, «les gens nous disent +vous êtes impuissants+».

Problème supplémentaire: la gauche est minée par le débat houleux des dernières semaines sur la désunion aux européennes de 2024. Un dialogue apaisé sur des initiatives communes entre le coordinateur de LFI Manuel Bompard et la cheffe des Verts Marine Tondelier, en particulier, est devenu impossible.

«Le seul sujet où l'on est collectivement visible ne peut pas être de la discutaille stratégique», se désespère cette dernière auprès de l'AFP.

Les répétitions en vue d'un acte 2 de la Nupes, tant réclamé il y a quelques mois, n'ont jamais vraiment commencé.

«Des initiatives qui renforceraient la Nupes sont repoussées par nos partenaires». Certains «nous baladent», «c'est compliqué mais je garde l'espoir qu'on y arrive», soupire la députée LFI Aurélie Trouvé.

- Chacun son colloque -

Aurélien Taché, lui, propose: «Pourquoi pas un nouveau cycle de meetings ensemble sur les propositions Nupes pour 2027 ?» Puisque, contrairement aux européennes, une candidature commune à la présidentielle s'est installée dans les esprits.

Les meetings Nupes du premier trimestre sur le thème des retraites, qui se déroulaient partout en France avec un responsable de chacun des partis, sont souvent cités par les uns et les autres comme l'un des moments d'entente productive de la coalition.

«Il faut réunir un intergroupe d’urgence pour trouver quatre ou cinq sujets, et arrêter de se faire imposer l’agenda, de suivre le calendrier parlementaire. Les retraites d’accord, mais Macron nous impose trop les sujets», poursuit Aurélien Taché, interlocuteur régulier de Marine Tondelier et de Jean-Luc Mélenchon.

En attendant, les initiatives sont dispersées. Les écologistes se concentrent sur les états généraux qui doivent refonder le parti, lancés en début d'année.

Les socialistes veulent «porter la question de la démocratie de manière plus offensive», confie le député Arthur Delaporte. Et s'efforcer d'être «une force de blocage, de pivot, de bascule, sur les textes».

Les insoumis, eux, sont les plus réticents à donner le point au pouvoir sur les retraites en passant à autre chose, et veulent «prolonger la lutte sur ce thème dans d'autres textes», comme sur «le droit au temps libéré», indique le député Hadrien Clouet.

Côté insoumis toujours, François Ruffin organise un colloque samedi à Paris sur «l'économie de guerre climatique», invitant des intellectuels et le député Les Républicains Aurélien Pradié. Tandis qu'Aurélie Trouvé met sur pied un débat avec des syndicalistes à l'Assemblée nationale lundi sur une proposition de loi «pour le partage des richesses en entreprise».

Certains craignent le débat à venir sur l'immigration. «Il y a un tête à tête entre LR et le gouvernement. La difficulté, c'est qu'à gauche on n'est pas tout à fait d'accord entre nous», confie le socialiste Philippe Brun.

Le même reconnaît cependant que la gauche rechigne à passer à autre chose parce que, «la vérité, c'est qu'il n'y a pas de combat aussi rassembleur que celui des retraites».


Alain Touraine, sociologue de l'action sociale

Sociologue français et expert de la société industrielle et du mouvement ouvrier, Alain Touraine pose pour une photographie dans son bureau à Paris, le 7 juin 2001. (Photo JOEL ROBINE / AFP)
Sociologue français et expert de la société industrielle et du mouvement ouvrier, Alain Touraine pose pour une photographie dans son bureau à Paris, le 7 juin 2001. (Photo JOEL ROBINE / AFP)
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  • Féru d'histoire et d'économie, cet universitaire avait le souci permanent de mettre en action ses théories, n'hésitant pas à s'engager dans le champ politique
  • Veuf de la chercheuse chilienne Adriana Arenas Pizzaro décédée en 1990, il était père de deux enfants, Marisol, ex-ministre socialiste, et Philippe, professeur de médecine

PARIS: Grande figure de la sociologie et compagnon critique de la gauche, Alain Touraine, décédé vendredi à l'âge de 97 ans, a analysé les mouvements sociaux post-industriels, attentif aux groupes minoritaires.

Féru d'histoire et d'économie, cet universitaire avait le souci permanent de mettre en action ses théories, n'hésitant pas à s'engager dans le champ politique.

Son nom restera attaché à un champ d'études, à savoir les "nouveaux mouvements sociaux" comme les étudiants, les féministes, les écologistes ou les régionalistes, nés dans les années 1970, et à une méthode de travail, l'interventionnisme sociologique.

"Il faut quitter le calme rassurant des utopies et des prophéties, fussent-elles catastrophiques, pour descendre dans le mouvement, déconcertant mais réel, des relations sociales", assurait-il.

Père de deux enfants

Veuf de la chercheuse chilienne Adriana Arenas Pizzaro décédée en 1990, il était père de deux enfants, Marisol, ex-ministre socialiste, et Philippe, professeur de médecine.

Né à Hermanville-sur-Mer à côté de Caen le 3 août 1925, ce fils de médecin intègre Normale Sup' et obtient une agrégation d'histoire. Chercheur au CNRS de 1950 à 1958, il crée en 1956 le Centre de recherche de sociologie du travail de l'université du Chili. Il commence sa carrière par une étude sur des mineurs de charbon chiliens et aura toute sa vie des liens étroits avec l'Amérique latine.

C'est en 1955 qu'il publie sa thèse (dirigée par Georges Friedmann), "L'Évolution du travail ouvrier aux usines Renault", très remarquée. Deux ans plus tard, il fonde le Laboratoire de sociologie industrielle, qui devient en 1970 le Centre d'études des mouvements sociaux.

En 1960, il est nommé directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études en sciences sociales (EHESS). Docteur ès lettres en 1965, il enseigne de 1966 à 1969 à l'université de Nanterre.

«Révolution culturelle»

En mai 68, il est de ceux qui demandent la suppression des examens pour les étudiants en sciences sociales.

En 1981, il fonde le Centre d'analyse et d'intervention sociologiques, dont il laisse la direction à Michel Wieviorka en 1993.

S'il estimait que la gauche "n'a pas fait sa révolution culturelle", il a été longtemps proche de la CFDT et de la "deuxième gauche" et s'est ensuite employé à refonder l'idéologie socialiste.

Il a appartenu à la Commission de réforme des universités ou la Commission de réflexion sur la nationalité (1987). Aux élections européennes de 1994, il figure, parmi de nombreux intellectuels et personnalités politiques, sur la liste "L'Europe commence à Sarajevo", dirigée par le professeur Léon Schwartzenberg.

Manifeste pour la laïcité

Il signe en 1989 avec Gilles Perrault et Harlem Désir un manifeste pour la laïcité, publié dans l'hebdomadaire Politis. En 1996, scandalisé par le traitement "moralement et politiquement inacceptable" de la question des sans-papiers de l'église Saint-Bernard, il claque la porte du Haut-Conseil à l'intégration, dont il faisait partie depuis deux ans.

Attentif aux revendications des groupes minoritaires, il étudie aussi bien les grèves françaises de fin 1995, que le zapatisme au Mexique, soutient l'instauration de la parité hommes- femmes dans la vie publique ou encore la semaine de quatre jours.

On lui devait des essais tels que "La Conscience ouvrière", "Le Communisme utopique", "Critique de la modernité", "La société post-industrielle", "Pourrons-nous vivre ensemble?" ou "Comment sortir du libéralisme ?" qui, en 1999, constatait la fin de l'État-providence à la française. Il a cosigné avec Ségolène Royal "Si la gauche veut des idées" (2008).

Lauréat 2010 du prestigieux prix Prince des Asturies, il était aussi très connu dans des pays comme la Pologne, où il avait reçu en 2012 une importante distinction pour ses travaux sur le mouvement Solidarité (Solidarno), premier syndicat indépendant du bloc soviétique, dans les années 80.


Benalla, as de la débrouille devenu roi de l'embrouille

L'ancien garde du corps du président français Alexandre Benalla arrive au tribunal de Paris à Paris le 9 juin 2023, pour son procès en appel pour avoir agressé un jeune couple lors de la manifestation du 1er mai en 2018. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'ancien garde du corps du président français Alexandre Benalla arrive au tribunal de Paris à Paris le 9 juin 2023, pour son procès en appel pour avoir agressé un jeune couple lors de la manifestation du 1er mai en 2018. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • Longtemps il n'a été que l'ombre portée d'Emmanuel Macron, sa silhouette trapue, sa courte barbe et ses yeux noirs relégués en arrière plan des photos, avant d'en devenir le sujet principal
  • A 31 ans, Alexandre Benalla a associé son patronyme à l'affaire la plus embarrassante du premier quinquennat Macron, dont les répliques ont enrayé la bonne marche du pouvoir

PARIS: Homme à tout faire de la campagne en 2017 qui s'est rendu indispensable par son dévouement auprès du couple Macron, Alexandre Benalla a profité de sa position au plus près du sommet de l'Etat, jusqu'à la faute, qui le conduit vendredi de nouveau devant un tribunal.

Longtemps il n'a été que l'ombre portée d'Emmanuel Macron, sa silhouette trapue, sa courte barbe et ses yeux noirs relégués en arrière plan des photos, avant d'en devenir le sujet principal. A 31 ans, Alexandre Benalla a associé son patronyme à l'affaire la plus embarrassante du premier quinquennat Macron, dont les répliques ont enrayé la bonne marche du pouvoir.

Issu d'un quartier populaire d'Evreux, ce fils de professeurs titulaire d'une licence de droit s'est rapidement orienté vers les métiers de la sécurité, sa passion. En 2010, il intègre le service d'ordre du PS, formé par son chef emblématique Eric Plumer, qui se souvient d'un jeune homme "calme et posé", "très sérieux dans les missions" assignées.

«C'est le couteau suisse»

Après avoir accompagné un temps Martine Aubry, M. Benalla travaille brièvement pour Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif: "Je m'en suis séparé au bout d'une semaine après une faute professionnelle d'une première gravité: il avait provoqué un accident de voiture en ma présence et voulait prendre la fuite", avait-il raconté.

M. Benalla débarque en macronie début juillet 2016, recruté par Ludovic Chaker, alors secrétaire général d'En Marche. D'abord bénévole, il est embauché à l'automne par le mouvement pour assurer la sécurité d'Emmanuel Macron et devient rapidement une figure connue et appréciée du premier cercle du candidat.

"Il a été repéré comme quelqu'un qui réglait les problèmes pratico-pratiques de manière très efficace. Il pense à tout, c'est le couteau suisse", témoigne un pilier de la campagne. "Il était là tout le temps. Il venait ouvrir le bureau à 6H30 si personne n'avait pris le +slot+ de la permanence de sécurité. C'est lui qui faisait la nuit si personne d'autre ne le faisait", abonde un autre.

En campagne, dans certaines situations tendues comme à l'usine Whirlpool d'Amiens, M. Benalla est aussi celui qui dit au candidat "c'est possible" quand les policiers chargés de la protection de M. Macron renâclent. En cela, le chef de l'Etat lui restera reconnaissant: "Quoiqu'il advienne dans cette affaire, je n'ai pas à oublier cet engagement", lance M. Macron quand le scandale éclate.

«Gadgets»

Récompensé par un poste de chargé de mission à la chefferie de cabinet, dédié aux déplacements du président, M. Benalla s'immisce dans les failles du système: "il voulait tous les gadgets", soupire un conseiller du Palais. Passeports diplomatiques, badge d'accès à l'hémicycle de l'Assemblée, voiture de fonction...

Réserviste dans la gendarmerie dans l'Eure, où il officia aux côtés du futur ministre des Armées Sébastien Lecornu, il obtient aussi en 2017 le grade élevé de lieutenant-colonel. Et un port d'arme lui est alloué, malgré un premier refus du ministère de l'Intérieur.

Il cultive, avec Vincent Crase, un ami de dix ans, lui aussi employé à la sécurité de la campagne et salarié d'En Marche, des amitiés troubles, comme avec l'homme d'affaires Alexandre Djouhri.

Jusqu'à être soupçonné d'avoir conclu en juin 2018 un juteux contrat de protection pour la famille d'un sulfureux oligarque russe. Un "deal" désormais au coeur d'une enquête du Parquet national financier.

Un an de prison ferme en première instance

Dans le même temps, M. Benalla participe à une réflexion sur la refonte de la sécurité de l'Elysée. Projet qui a pu susciter des inimitiés, notamment au sein du ministère de l'Intérieur.

Sa chute a commencé lorsqu'il a été identifié dans une vidéo, filmée lors des défilés du 1er mai 2018 et diffusée par Le Monde en juillet. Il y est identifié en train de violenter un manifestant.

Un scandale, qui lui vaut d'être rejugé vendredi en appel à Paris après avoir été condamné à un an de prison ferme en première instance. Mais aussi un véritable feuilleton, alimenté par des révélations de presse, notamment sur sa rencontre au Tchad en décembre 2018 avec le président Déby dans un rôle d'émissaire pour un homme d'affaires israélien.

A la tête d'une entreprise de services de sécurité et défense (Comya) et consultant pour une ONG genevoise, M. Benalla, qui vit en Suisse avec son épouse et ses deux enfants, se rend régulièrement en Afrique (Mozambique, Mali ou encore Soudan) pour ses activités, ou plus récemment en Ukraine.

Lui qui s'emportait contre une "machine pour détruire (s)a réputation" affirme avoir coupé les ponts avec le monde politique. "Il a été lâché par tout le monde. Il est tout de même drôlement solide comme garçon", souffle un ami.