Adieu à l'émir du Koweït, patriote arabe et artisan de paix

L'émir du Koweït Cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah dans la Salle Est de la Maison Blanche, Washington, D.C., États-Unis, le 7 septembre 2017 (Photo, Reuters)
L'émir du Koweït Cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah dans la Salle Est de la Maison Blanche, Washington, D.C., États-Unis, le 7 septembre 2017 (Photo, Reuters)
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Publié le Samedi 03 octobre 2020

Adieu à l'émir du Koweït, patriote arabe et artisan de paix

Adieu à l'émir du Koweït, patriote arabe et artisan de paix
  • Sous son autorité, le Koweït a joué un rôle de médiateur entre les factions libanaises, et les parties yéménites en guerre. Il a joué un rôle déterminant dans la résolution des différends entre le Bangladesh et le Pakistan, et s'est efforcé de ramener le
  • Le défunt émir était également un humanitaire reconnu qui était très apprécié par l'ancien président américain Jimmy Carter et les secrétaires généraux successifs de l'ONU

Un dirigeant exceptionnel, qui a gagné le respect de la communauté internationale et l'amour de son peuple, a été rappelé au ciel à l'âge de 91 ans. Ce fut un triste jour pour moi lorsque j'ai appris que l'émir du Koweït, Cheikh Sabah Al- Ahmad Al-Sabah, avait finalement perdu son long combat contre la maladie pour laquelle il recevait des soins aux États-Unis.

Sa sagesse, sa générosité, et son aptitude naturelle à œuvrer pour la paix nous manqueront beaucoup. Je demande aux membres de sa famille et à tous nos frères et sœurs koweïtiens d'accepter mes sincères condoléances pour sa perte. J'ai eu le privilège de le rencontrer à mon hôtel de Beyrouth il y a quelques années, et j'ai été impressionné par sa personnalité digne et chaleureuse.

Cheikh Sabah était l’un des chefs d’État du Golfe de la vieille école qui se sentait étroitement lié à ses homologues du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), et s’efforçait de faire du CCG une entité cohérente, unie et influente. C'était un unificateur qui essayait toujours de réunir à la même table les différentes parties en conflit sans prendre parti.

Tout au long des dernières décennies, - quand il a été ministre des Affaires étrangères et Premier ministre du Koweït, avant de prêter serment comme émir et commandant des forces armées en 2006 - il a exercé une influence apaisante pendant les pires tempêtes.

Sous son autorité, le Koweït a joué un rôle de médiateur entre les factions libanaises, et les parties yéménites en guerre. Il a joué un rôle déterminant dans la résolution des différends entre le Bangladesh et le Pakistan, et s'est efforcé de ramener le Qatar dans le giron du Golfe. Ses efforts inlassables pour réunir les nations n'ont pas échappé à l'attention du président américain Donald Trump, qui lui a décerné la prestigieuse « Legion of Merit » pour « son inlassable médiation dans les différends internationaux. »

Aux côtés des réfugiés

Le défunt émir était également un humanitaire reconnu qui était très apprécié par l'ancien président américain Jimmy Carter et les secrétaires généraux successifs de l'ONU. Les réfugiés syriens ont été parmi les plus grands bénéficiaires de sa générosité. Par ailleurs, à la suite des soulèvements de 2013 en Égypte qui ont renversé le gouvernement des Frères musulmans à un moment où Le Caire était au bord de l’effondrement économique et se dirigeait vers la faillite, le Koweït a rejoint l'Arabie Saoudite, les EAU et Bahreïn pour proposer une enveloppe financière totalisant plus de 12 milliards de dollars.

Les Émiratis, en particulier ceux de ma génération, se sentent particulièrement proches du peuple koweïtien, avec lequel nous avons partagé le pain pendant la Guerre du Golfe de 1991, et avons été côte à côte sur le champ de bataille pour vaincre l’armée d’invasion de Saddam Hussein. J'ai été ravi d'accueillir des clients koweïtiens dans mes hôtels jusqu'à ce qu'ils puissent rentrer chez eux.

Cheikh Sabah était l’un des chefs d’État du Golfe de la vieille école qui se sentait étroitement lié à ses homologues du Conseil de Coopération du Golfe (CCG).

Khalaf Ahmad Al-Habtoor

En fait, quand j'étais enfant, je détestais être enfermé à l'école alors que j'aurais pu participer à des courses de chameaux, courir avec mon faucon et mon chien, chasser l'outarde, ou faire de la plongée sous-marine, mais j'ai beaucoup apprécié les enseignants qualifiés envoyés par le Koweït pour nous fournir une bonne formation scolaire. Ils nous ont stimulé et, pour cela, nous avons une dette importante envers le Koweït.

Les Koweïtiens ont toujours accordé une grande importance à l'instruction. J'ai de nombreux amis du Koweït qui ont tous reçu une excellente instruction, une bonne formation et sont connus pour cela. Ils excellent dans les débats qui stimulent la réflexion. Mon souhait pour eux et pour tous les Koweïtiens est que l'héritage de Cheikh Sabah se perpétue pendant des années dans le cœur et l'esprit de ses successeurs. Il a posé les fondements d'une société moderne et tolérante ; il est maintenant temps de bâtir sur les piliers d'équité et de justice qu'il a élevés.

Alors que je dis au revoir à un homme exceptionnel qui a guidé son pays avec prudence à travers diverses tempêtes, je voudrais également féliciter Cheikh Nawaf Al-Ahmad Al-Sabah pour son intronisation et lui souhaiter bonne chance dans son rôle d'émir. Puisse Allah guider ses mains et son cœur sur un chemin de paix, de justice et de prospérité.

Khalaf Ahmad Al-Habtoor est un homme d'affaires et une personnalité publique éminente des EAU. Il est réputé pour ses opinions sur les affaires politiques internationales, ses activités philanthropiques et ses efforts pour promouvoir la paix. Il a longtemps agi en tant qu'ambassadeur officieux de son pays à l'étranger. Twitter: @KhalafAlHabtoor

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com