«Je démissionne»: comment TikTok précipite la mue du marché du travail

Cette photo prise à Moscou le 12 octobre 2021 montre le logo du service de réseau social chinois TikTok sur un smartphone. (Photo, AFP)
Cette photo prise à Moscou le 12 octobre 2021 montre le logo du service de réseau social chinois TikTok sur un smartphone. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 29 janvier 2022

«Je démissionne»: comment TikTok précipite la mue du marché du travail

  • Depuis 2020, nombre de TikTokers ont utilisé la fonction +live+ pour se filmer en claquant la porte de leur entreprise
  • D'autres grands mouvements similaires sont nés et/ou ont grandi grâce aux réseaux sociaux, comme MeToo, Black Lives Matter ou les anti-pass sanitaire

PARIS : Des démissions en cascade, des conseils pour mieux négocier son salaire, une quête de sens devenue cruciale dans son activité professionnelle: le réseau social TikTok donne depuis plusieurs mois un coup d'accélérateur aux transformations du monde du travail occidental.

Une tendance illustre particulièrement ce phénomène: la mode de la démission filmée et retransmise en direct sur l'application. Depuis 2020, nombre de TikTokers ont utilisé la fonction +live+ pour se filmer en claquant la porte de leur entreprise.

Un mouvement initié par l'Américaine Shana Blackwell en octobre 2020. La jeune femme de 19 ans annonce alors en vidéo son départ au micro du magasin Walmart où elle travaille. "J'emmerde les managers, j'emmerde cette entreprise! Je démissionne, putain!". Un éclat justifié par deux années intenables, empoisonnées par du harcèlement moral, explique la jeune femme.

Sans le vouloir, l'ancienne employée lance l'une des plus grosses tendances de la plateforme. Les vidéos affichant le hashtag #QuitMyJob cumulent aujourd'hui plus de 200 millions de vues.

Ces vidéos trouvent un écho considérable aux Etats-Unis, traversés par une vague de démissions sans précédent (intitulée "la Grande démission"), et dans une moindre mesure en France.

Avec à la clef, davantage de démissions, liées à "un fort effet d'imitation", explique à l'AFP Stéphanie Lukasik, enseignante chercheuse en sciences de l'information et de la communication à l'université de Lorraine, dans l'est de la France, même s'il est difficile de mesurer précisément l'impact.

"Quand on voit des gens démissionner sur les réseaux sociaux, cela provoque une prise de conscience. On se demande : est-ce que mon travail est palpitant ?", indique-t-elle.

D'autres grands mouvements similaires sont nés et/ou ont grandi grâce aux réseaux sociaux, comme MeToo, Black Lives Matter ou les anti-pass sanitaire, relève Stéphanie Lukasik, soulignant que les plateformes jouent le rôle d'un "miroir grossissant".

Un nouveau LinkedIn ?

Au-delà de ces vidéos choc, le sujet du travail est devenu très présent sur TikTok, et même l'un des plus populaires avec plus de 50 milliards de vues cumulées.

"Chaque mois, plus d'un milliard d'utilisateurs à travers le monde se rassemblent sur la plateforme pour créer, partager et découvrir des vidéos au format court autour de thèmes qui leur tiennent à cœur, dont des thématiques de société", relève Eric Garandeau, directeur relations institutionnelles et des affaires publiques France de TikTok. Sans surprise, "de plus en plus d'utilisateurs et créateurs échangent et partagent des contenus liés à l'emploi et plus largement au monde du travail".

Forte de son expérience dans le milieu des ressources humaines, Karine Trioullier (alias Career Kueen), surfe sur cette vague, partageant à ses 500 000 abonnés des vidéos sur le thème du travail.

"J'ai vu beaucoup de gens avoir des prises de conscience sur leur situation professionnelle grâce à Tiktok, j'ai trouvé ça incroyable. Ça fait beaucoup de bien de les voir réfléchir au sens de leur travail", témoigne-t-elle auprès de l'AFP.

Et sur TikTok aussi l'argent passionne, avec son corollaire: comment décrocher une augmentation? "Il y a un fort engouement sur la question des négociations salariales et des salaires", explique la tiktokeuse Maryam Kante (alias Mamajob).

Mais pas question pour autant de pousser son audience à faire n'importe quoi. "On cherche plutôt à apprendre aux gens à connaître leur valeur", souligne "Mamajob".

TikTok n'a pourtant pas été conçu comme une plateforme pour parler de travail. A l'origine, l'application était plutôt connue pour ses courts extraits de reprise de chansons ou de sketches humoristiques.

"C'est tout l'intérêt de ce genre de réseaux sociaux numériques, ils offrent des possibilités, les usagers sont libres de s'en emparer et de les détourner de leur premier usage", analyse Stéphanie Lukasik.

Au contraire, un réseau comme LinkedIn, pensé pour les travailleurs, ne semble pas trouver grâce auprès de tous les jeunes actifs. La façon de communiquer sur LinkedIn, avec plus d'écrits et plus de sérieux, "ne correspond plus à cette génération, l'outil n'a pas une bonne image", estime Karine Trioullier.

Tiktok l'assure pourtant, la plateforme "n'a pas vocation" à devenir une spécialiste de l'emploi.


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.

 

 


L'Asie paye le prix fort aux aléas climatiques

Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
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  • L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère
  • L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990

GENEVE: L'Asie a été "la région du monde la plus touchée par les catastrophes" liées à la météo en 2023, inondations et tempêtes ayant fait le plus de victimes et de pertes économiques, indique l'ONU mardi.

"Le changement climatique a exacerbé la fréquence et la gravité de tels événements, impactant profondément les sociétés, les économies et, plus important encore, les vies humaines et l'environnement dans lequel nous vivons", a déclaré Celeste Saulo, directrice de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) dans un communiqué.

L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, souligne l'OMM, ajoutant que la fonte des glaciers -notamment dans la chaîne de l'Himalaya- menace la sécurité hydrique de la région.

En outre, l'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990.

"Les conclusions du rapport donnent à réfléchir", a déclaré la cheffe de l'OMM.

"De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, accompagnée d'une série de conditions extrêmes, allant des sécheresses et des vagues de chaleur aux inondations et aux tempêtes", souligne le rapport.

Le rapport sur l'état du climat en Asie 2023 souligne l'accélération du rythme des principaux indicateurs du changement climatique tels que la température de surface, le retrait des glaciers et l'élévation du niveau de la mer, affirmant qu'ils auraient de graves répercussions sur les sociétés, les économies et les écosystèmes de la région.


Alistithmar Capital et Ezdihar Real Estate s'associent pour lancer un fonds de développement immobilier de 293 millions de dollars

Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
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  • 'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs immobiliers
  • e partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs

RIYADH : La société saoudienne Alistithmar Capital s'associe à Ezdihar Real Estate Development Co pour créer un fonds immobilier de 1,1 milliard de SR (293 millions de dollars), ce qui profitera au paysage commercial et de bureaux de Riyad.

Dans un communiqué, Alistithmar Capital, la filiale d'investissement de la Saudi Investment Bank, a annoncé que l'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs en obtenant des droits d'usufruit sur une parcelle de 103 000 m² dans les locaux de l'Université du Roi Saoud sur la route Prince Turki Al-Awwal à Riyad, afin de développer le terrain en un complexe de bureaux commerciaux générant des revenus.

Le PDG de la société, Khalid Al-Rayes, a déclaré que le partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs et à l'évolution du paysage immobilier.

Il a ajouté que son organisation se consacre à offrir des perspectives d'investissement de haute qualité aux investisseurs immobiliers grâce à des fonds méticuleusement structurés et adaptés aux exigences de chaque projet. Cette approche garantit des avantages maximaux et des retours sur investissement optimaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com