L'Italie a son président, mais les intrigues politiques ne font que commencer

Le président italien Sergio Mattarella prononce un discours après sa réélection, à l'issue du 8e tour de scrutin, à Rome, le 29 janvier 2022. (Photo, AFP)
Le président italien Sergio Mattarella prononce un discours après sa réélection, à l'issue du 8e tour de scrutin, à Rome, le 29 janvier 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 30 janvier 2022

L'Italie a son président, mais les intrigues politiques ne font que commencer

Le président italien Sergio Mattarella prononce un discours après sa réélection, à l'issue du 8e tour de scrutin, à Rome, le 29 janvier 2022. (Photo, AFP)
  • Après six jours d'impasse et alors que l'on craignait la chute du gouvernement, le juriste de 80 ans a accepté samedi de garder ses fonctions faute de consensus sur un autre candidat
  • Le seul autre prétendant sérieux était le Premier ministre Mario Draghi, qui a réussi depuis février 2021 à relancer la croissance économique du pays, tout en maintenant l'unité d'un gouvernement composé de presque tous les partis politiques italiens

ROME: La réélection du président Sergio Mattarella a temporairement évité une crise politique en Italie, mais les manigances « machiavéliques » des partis politiques ne font que commencer, préviennent les analystes. 

Après six jours d'impasse et alors que l'on craignait la chute du gouvernement, le juriste de 80 ans a accepté samedi de garder ses fonctions faute de consensus sur un autre candidat. 

Initialement, M. Mattarella avait pourtant clairement fait savoir qu'il ne souhaitait pas effectuer un second mandat. 

Mais, a-t-il souligné, il s'agit d'une situation exceptionnelle: l'Italie, lourdement endettée et durement touchée par la pandémie de Covid-19 en 2020, « traverse encore une grave urgence sanitaire, économique et sociale », a expliqué M. Mattarella, qui a recueilli 759 voix sur 1 009 sénateurs, députés et responsables régionaux appelés à voter. 

Le seul autre prétendant sérieux était le Premier ministre Mario Draghi, qui a réussi depuis février 2021 à relancer la croissance économique du pays, tout en maintenant l'unité d'un gouvernement composé de presque tous les partis politiques italiens. 

Mais nombreux étaient ceux qui craignaient que son départ du gouvernement ne conduise l'Italie à prendre du retard dans les réformes nécessaires pour recevoir les fonds du plan de relance européen, ou ne déstabilise l'exécutif avec le danger de déclencher des élections anticipées. 

« Profondes cicatrices »  

L'élection de M. Mattarella élimine ce risque immédiat, alors que des élections sont prévues au printemps 2023. 

Mais cette « semaine d'intenses combats » produira « sans aucun doute une épreuve de force au sein des partis et des coalitions dans les jours et les semaines à venir. Les partis semblent plus faibles et divisés », note Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien. 

« La question est de savoir si l'ingrédient clé du gouvernement de Draghi - une large majorité trans-partisane - sera toujours là dans quelques jours », explique Francesco Galietti, du cabinet de conseil politique Policy Sonar. « Dans le cas contraire, la situation deviendra rapidement intenable ». 

Pour Wolfango Piccoli, du cabinet de conseil Teneo, il existe en effet « un risque tangible qu'au sein de la majorité au pouvoir, les luttes intestines s'accentuent dans les mois à venir » alors que l'élection a « laissé de profondes cicatrices dans les partis et chez leurs dirigeants ». 

Reconstruire la confiance au sein de la coalition est « une tâche quasi impossible », estime-t-il, s'attendant à des repositionnements « à la fois à l'intérieur des partis et des alliances ». 

Le plus grand perdant est Matteo Salvini, chef populiste de la Ligue, qui espérait jouer le rôle de faiseur de roi mais qui n'a pas réussi à faire élire son candidat et s'est retrouvé contraint de s'allier avec le bloc de centre gauche. 

Droite déchirée 

Cette décision a déchiré la droite. 

Giorgia Meloni, chef du parti d'extrême droite Frères d'Italie, qui ne voulait pas de M. Mattarella comme président, a accusé M. Salvini de trahison et annoncé qu'elle n'était plus alliée avec lui ni avec le leader de centre droit Silvio Berlusconi. 

« Les observateurs se demandent si les principaux lieutenants de la Ligue vont dire adieu à Matteo Salvini pour de bon », note M. Galietti. 

Une lutte est également attendue au sein du Mouvement 5 étoiles (M5S) entre Luigi Di Maio et l'ancien Premier ministre Giuseppe Conte qui a pris en août les rênes de ce parti, le plus grand au Parlement mais qui est aujourd'hui divisé et à la traîne dans les sondages d'opinion. 

Tout ceci pourrait naturellement affecter son entente avec le Parti démocratique (PD) de centre gauche. 

Dans ce contexte, M. Galietti s'attend à ce que les intrigues politiques soient « aussi machiavéliques que possible ». 

M. Draghi aura la lourde tâche de s'assurer que le gouvernement continue à fonctionner, alors même que sa propre position a été « affectée », n'ayant pas été choisi pour le poste de président, souligne M. Piccoli. 

Mais pour Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien, des partis affaiblis et divisés pourrait avoir des côtés positifs: ils « auront moins de droit de veto, ce qui pourrait faciliter la tâche de Draghi pour trouver des solutions de compromis sur les réformes », estime-t-il. 


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Short Url
  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Short Url
  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Short Url
  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.