Législatives au Portugal: le socialiste Antonio Costa obtient la majorité absolue

Le Premier ministre sortant portugais et chef du Parti socialiste (PS) Antonio Costa fait un geste en arrivant pour prononcer un discours après l'annonce des sondages de sortie des urnes au siège de campagne du Parti socialiste le soir des élections à Lisbonne le 30 janvier 2022. (Photo, AFP)
Le Premier ministre sortant portugais et chef du Parti socialiste (PS) Antonio Costa fait un geste en arrivant pour prononcer un discours après l'annonce des sondages de sortie des urnes au siège de campagne du Parti socialiste le soir des élections à Lisbonne le 30 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 31 janvier 2022

Législatives au Portugal: le socialiste Antonio Costa obtient la majorité absolue

  • Donné dans les derniers sondages au coude-à-coude avec l'opposition de centre droit, Costa a fini par améliorer son score de 2019 et ne dépendra plus de ses anciens alliés de la gauche radicale
  • L'ancien maire de Lisbonne, âgé de 60 ans, est arrivé au pouvoir en 2015 en scellant une union de la gauche sans précédent depuis la Révolution des Œillets de 1974, alors qu'il n'avait même pas gagné ces élections

LISBONNE : Le Premier ministre socialiste Antonio Costa a remporté haut la main les élections législatives de dimanche au Portugal, obtenant une improbable majorité absolue à l'issue d'un scrutin marqué aussi par une percée de l'extrême droite.

Donné dans les derniers sondages au coude-à-coude avec l'opposition de centre droit, M. Costa a fini par améliorer son score de 2019 et ne dépendra plus de ses anciens alliés de la gauche radicale, qui avaient provoqué ces élections anticipées en rejetant le projet de budget pour 2022.

L'ancien maire de Lisbonne, âgé de 60 ans, est arrivé au pouvoir en 2015 en scellant une union de la gauche sans précédent depuis la Révolution des Œillets de 1974, alors qu'il n'avait même pas gagné ces élections. Dimanche, il a offert au Parti socialiste la deuxième majorité absolue de son histoire.

Selon des résultats partiels portant sur toutes les circonscriptions sauf celles de l'étranger, qui élisent quatre députés, le Parti socialiste (PS) est arrivé en tête avec 41,7% des voix et au moins 117 sièges sur un total de 230.

"Une majorité absolue ce n'est pas le pouvoir absolu, (...) c'est une responsabilité accrue", a déclaré M. Costa devant ses partisans. "C'est la victoire de l'humilité, de la confiance et pour la stabilité", a-t-il ajouté.

Percée de l'extrême droite

"Le PS doit gagner car il faut de la stabilité, ce n'est pas le moment pour un changement politique", a témoigné à l'AFP Catia Reis, une spécialiste des ressources humaines de 39 ans, après avoir voté à Lisbonne.

"J'ai voté pour les socialistes car nous avons besoin d'eux en ce moment difficile", a confié Manuel Pinto, un ancien menuisier de 68 ans.

Alors qu'il espérait pouvoir créer la surprise, le principal parti d'opposition, le Parti social-démocrate (PSD, droite) de Rui Rio, arrive en deuxième position avec 29,3% des voix.

Le parti d'extrême droite Chega (Assez) est pour sa part propulsé au rang de troisième force du pays, avec 7,15% des voix et 12 élus, alors qu'il ne comptait qu'un seul député dans le Parlement sortant.

Le Portugal a longtemps fait exception en Europe car depuis la fin de la dictature en 1974 et jusqu'au dernier scrutin de 2019, ce pays de 10 millions d'habitants ne comptait aucun représentant de l'extrême droite au Parlement.

"Les gens ont compris notre message", s'est réjoui le président de Chega, André Ventura, qui a jugé "mauvais pour le pays qu'Antonio Costa continue d'être Premier ministre".

Les libéraux, entrés au Parlement en 2019 avec un seul député, confirment eux aussi la forte progression prévue par les sondages, avec près de 5% de voix et huit élus.

Plan d'investissements

Ils devancent les deux formations de la gauche radicale, le Bloc de gauche et la coalition communistes-verts, sévèrement sanctionnés après avoir provoqué ce scrutin en rejetant le projet de budget 2022.

Pendant la campagne électorale, Antonio Costa n'a cessé de se targuer d'avoir "tourné la page de l'austérité" budgétaire mise en œuvre par la droite jusqu'en 2015, sous la surveillance de la "Troïka" (BCE-FMI-UE), en pleine crise de la dette.

Mais, alors que son gouvernement minoritaire comptait désormais "tourner la page de la pandémie" grâce à une couverture vaccinale record et au plan européen de relance post-Covid, il a été stoppé dans son élan par ses anciens alliés, qui lui réclamaient davantage de concessions en matière sociale.

Ayant désormais les coudées franches, M. Costa pourra mettre en œuvre le plan d'investissements de 16 milliards d'euros financé par l'Union européenne.

Au cours de son premier mandat, conclu avant la crise sanitaire, son gouvernement avait profité d'une conjoncture économique favorable pour supprimer les coupes salariales du temps de la "Troïka", tout en affichant le premier excédent budgétaire de l'histoire récente du Portugal.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.