Partygate: un rapport dénonce des « erreurs de leadership » à Downing Street

Une capture vidéo d'images diffusées par l'Unité d'enregistrement parlementaire (PRU) du Parlement britannique montre le Premier ministre britannique Boris Johnson faisant une déclaration aux députés à la suite de la publication du rapport Sue Gray, à la Chambre des communes à Londres le 31 janvier 2022. ( AFP)
Une capture vidéo d'images diffusées par l'Unité d'enregistrement parlementaire (PRU) du Parlement britannique montre le Premier ministre britannique Boris Johnson faisant une déclaration aux députés à la suite de la publication du rapport Sue Gray, à la Chambre des communes à Londres le 31 janvier 2022. ( AFP)
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Publié le Lundi 31 janvier 2022

Partygate: un rapport dénonce des « erreurs de leadership » à Downing Street

  • Le rapport de la haute fonctionnaire Sue Gray était attendu depuis plusieurs jours, mais une enquête lancée la semaine dernière par la police était venue en contrarier la publication
  • Le Premier ministre, qui a toujours affirmé qu'il n'avait rien fait d'illégal, devait prendre la parole devant les députés en milieu d'après-midi

LONDRES/PARIS : Un rapport très attendu sur les fêtes organisées pendant le confinement à Downing Street, résidence et bureaux du Premier ministre britannique, a conclu lundi à des "erreurs de leadership et de jugement", et estimé que des leçons devaient en être tirées "immédiatement".

Le rapport de la haute fonctionnaire Sue Gray était attendu depuis plusieurs jours, mais une enquête lancée la semaine dernière par la police était venue en contrarier la publication, la police demandant que ses détails ne viennent pas mettre en danger l'enquête de police.

"Il y a eu des erreurs de leadership et de jugement de la part de différentes parties de Downing Street et du Cabinet Office à des moments différents. Certains événements n'auraient pas dû être autorisés. D'autres événements n'auraient pas dû se dérouler comme ils l'ont fait", a écrit Sue Gray, dont le rapport de 12 pages, qui se concentre sur 12 événements entre mai 2020 et avril 2021, a été remis au Premier ministre Boris John son lundi matin.

 

Partygate: Boris Johnson s'excuse mais exclut de démissionner

Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est excusé lundi au Parlement, promettant de tirer les leçons mais excluant de démissionner, après la publication d'un rapport administratif taclant des "erreurs de leadership" dans le scandale des fêtes à Downing Street durant le confinement.

"Je suis désolé pour les choses que nous n'avions tout simplement pas fait correctement, et aussi désolé pour la manière dont le sujet a été traité", a déclaré le dirigeant conservateur devant les députés. 

"Je comprends, et je vais y remédier", a-t-il ajouté, promettant des changements administratifs dans la gestion de Downing Street. 

Il a assuré que son gouvernement restait "digne de confiance", insistant sur ses réalisations post-Brexit, la réussite de la campagne de vaccination contre le coronavirus ou encore sa réponse face à la crise ukrainienne. 

"Je vais m'atteler à la tâche", a-t-il lancé, alors qu'il se trouve dans une position délicate, les appels à la démission s'étant multipliés jusque dans les rangs de la majorité. 

Un rapport très attendu sur les fêtes organisées pendant le confinement à Downing Street, résidence et bureaux du Premier ministre britannique, a conclu lundi à des "erreurs de leadership et de jugement", et estimé que des leçons devaient en être tirées "immédiatement".

Réclamant une nouvelle fois sa tête, le leader de l'opposition travailliste, Keir Starmer, a qualifié lundi le Premier ministre d'"homme sans vergogne". 

Partygate : les principaux points du rapport interne

Commandé début décembre par le Premier ministre Boris Johnson, un rapport interne sur des fêtes présumées organisées à Downing Street pendant les confinements des deux dernières années épingle des "erreurs de leadership". En voici les principaux points. 

L'objectif du rapport

Le principal objectif de cette enquête interne, condensée en 12 pages et réalisée par la haute fonctionnaire Sue Gray, connue pour son intégrité, était de faire la lumière sur la nature de ces "rassemblements" au vu des règles contre le Covid en vigueur. Mais, écrit cette dernière, il ne lui revient pas de déterminer s'il y a effectivement eu des infractions à la loi, ce qui est de la compétence de la police. 

Seize rencontres examinées

Un total de 16 rencontres entre mai 2020 et avril 2021, révélées ces dernières semaines dans les médias, sont dans le viseur de cette enquête interne. 

Elle se penche ainsi sur une photo montrant Boris Johnson, sa femme et des collaborateurs partageant planches de fromages et verres de vin dans le jardin de Downing Street pendant le premier confinement le 15 mai 2020.

Un autre rassemblement a eu lieu le 20 mai : une centaine de personnes avaient été invitées par le secrétaire particulier de Boris Johnson dans les jardins de la résidence du Premier ministre. Ce dernier y avait brièvement assisté, disant avoir pensé qu'il s'agissait d'une réunion de travail.

Outre des pots de départ dans la haute administration, le rapport liste aussi une fête d'anniversaire surprise organisée en l'honneur du chef du gouvernement à Downing Street en juin, un rassemblement à Downing Street avant Noël ou deux rencontres qui se sont déroulées la veille des funérailles du prince Philip, l'époux d'Elizabeth II, en avril 2021.  Et une fête dans l'appartement de M. Johnson.

La police, qui enquête de son côté, se penche sur 12 de ces rassemblements, qu'elle a demandé à Sue Gray de ne mentionner que de manière "minimale". "Malheureusement, cela signifie forcément que je suis très limitée dans ce que je peux dire sur ces événements", a souligné cette dernière.

La méthode

Plus de 70 personnes ont été interrogées dans le cadre de l'enquête administrative et une série de documents ont été examinés, dont des emails, des messages Whatsapp et des textos, des photographies ainsi que les entrées et sorties des bâtiments officiels.

Conclusions

Le gouvernement ayant demandé aux Britanniques de drastiquement réduire leurs interactions sociales, "certains des comportements entourant ces rencontres étaient difficilement justifiables", tacle Sue Gray. 

Elle dénonce "des erreurs de leadership et de jugement de la part de différentes parties de Downing Street et du Cabinet Office à des moments différents". 

Son rapport épingle aussi une "consommation excessive d'alcool inappropriée" sur le lieu de travail, demandant à ce que chaque ministère se dote d'une "politique claire et solide" en la matière. 

La haute fonctionnaire souligne en outre que face à la forte augmentation du nombre des personnes travaillant à Downing Street ces dernières années, l'encadrement n'a pas suivi et reste "fragmenté", ce qui a eu pour effet de "brouiller les responsabilités". 

Des "leçons importantes" doivent être "immédiatement" tirées, qui ne requièrent pas d'attendre les conclusions de la police, insiste-t-elle. 

Douze de ces rencontres sont mentionnées comme faisant l'objet de l'enquête de la police.Le rapport épingle aussi une "consommation excessive d'alcool inappropriée" sur le lieu de travail. Le Premier ministre, qui a toujours affirmé qu'il n'avait rien fait d'illégal, devait prendre la parole devant les députés en milieu d'après-midi.


La CPI ne se laissera pas influencer par les «Goliath» de ce monde, promet son procureur

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
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  • Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza
  • La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine

NATIONS UNIES : Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a assuré mardi qu'il ne se laisserait pas "influencer" par les "Goliath" de ce monde, en référence aux menaces le visant dans des dossiers liés à la guerre en Ukraine et à Gaza.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU portant sur son enquête sur les crimes de guerre en Libye, Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza.

"On peut se demander si l'efficacité de la CPI dans ce dossier n'est pas affectée par un projet de loi (...) visant à sanctionner les responsables de la CPI impliqués dans des enquêtes contre les Etats-Unis ou ses alliés",  a lancé l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, en référence à des informations rapportées par la presse sur un projet en ce sens d'élus au Congrès américains.

"Je veux le rassurer, (...) nous ne nous laisserons pas influencer, que ce soit par des mandats d'arrêt de la Russie contre moi ou des membres élus de la Cour, ou par n'importe quel élu d'une autre juridiction", a répondu Karim Kahn, évoquant des "menaces" personnelles et contre son bureau pour les forcer à "arrêter".

La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine pour son rôle dans la déportation d'enfants en Ukraine.

Début mai, la CPI avait déjà lancé une mise en garde aux "individus qui (la) menacent de représailles", elle ou son personnel, en affirmant que de telles actions pourraient constituer une "atteinte à l'administration de la justice".

Elle s'exprimait suite à des informations selon lesquelles la Cour s'apprêtait à délivrer des mandats d'arrêt contre des membres du gouvernement israélien -dont pourrait faire partie le Premier ministre Benjamin Netanyahu- en lien avec les opérations militaires menées par Israël à Gaza en riposte à l'attaque du Hamas.

"Nous avons un devoir de nous battre pour la justice, de nous battre pour les victimes", a insisté Karim Khan mardi devant les membres du Conseil de sécurité.

"Je suis bien conscient qu'il y a des Goliath dans cette salle. Des Goliath avec du pouvoir, de l'influence", mais "nous avons la loi", a-t-il ajouté, assurant qu'il ferait son travail "avec intégrité et indépendance".

 

 


Poutine en Chine cette semaine, en quête d'un soutien plus fort de Pékin

Le président russe Vladimir Poutine se rendra cette semaine en Chine à l’invitation du dirigeant Xi Jinping, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Pékin le 14 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine se rendra cette semaine en Chine à l’invitation du dirigeant Xi Jinping, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Pékin le 14 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Il s'agira du premier déplacement à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et aussi de la quatrième rencontre entre les deux présidents depuis le début de l'invasion russe en Ukraine
  • Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était «sans limites»

PEKIN: Le président russe Vladimir Poutine se rendra en Chine cette semaine avec l'espoir d'obtenir de son "cher ami" Xi Jinping un plus net soutien à sa guerre en Ukraine, une visite annoncée mardi par les deux pays.

Le dirigeant russe "effectuera une visite d'Etat en Chine du 16 au 17 mai", jeudi et vendredi, a annoncé une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.

Il s'agira du premier déplacement à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et aussi de la quatrième rencontre entre les deux présidents depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022.

Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était "sans limites". Depuis, leur relation diplomatique et commerciale s'est renforcée.

"Le président Xi Jinping procédera à un échange de points de vue avec le président Poutine sur les relations bilatérales, la coopération dans divers domaines et les questions internationales et régionales d'intérêt commun", a précisé un autre porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, lors d'un point presse régulier.

De son côté, le Kremlin a indiqué que les deux présidents évoqueraient leur "partenariat global et leur coopération stratégique" et "définir(aient) les domaines-clés de développement de la coopération russo-chinoise, tout en échangeant aussi leurs points de vue sur les questions internationales et régionales".

De nombreux experts estiment que la Russie est de plus en plus dépendante de la Chine, devenue un partenaire économique crucial face à l'avalanche de sanctions occidentales décrétées en réaction à son offensive militaire.

Baisse des exportations 

Ces derniers mois, Pékin a balayé à plusieurs reprises les critiques occidentales sur ses liens avec Moscou, tout en profitant d'importations à prix cassé de gaz et de pétrole de son voisin.

Mais sans vouloir pour autant renforcer son soutien.

"Les Russes veulent que la Chine fasse davantage pour les soutenir, ce que la Chine hésite à faire parce qu'elle ne veut pas compromettre ses relations avec l'Occident", explique à l'AFP Alexander Gabuev, directeur du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine et ont atteint 240 milliards de dollars (222 milliards d'euros) en 2023, selon les Douanes chinoises.

Mais les exportations chinoises vers son voisin ont chuté en mars et avril cette année, alors que Washington menace de sanctions les institutions financières soutenant l'effort de guerre russe.

Effrayées par ces menaces de sanctions, qui viendraient porter un nouveau coup à une économie chinoise déjà fragile, les banques du géant asiatique sont devenues récemment plus prudentes dans leurs transactions avec la Russie, les suspendant ou les réduisant.

"Les banques chinoises s'inquiètent de l'impact pour leur réputation et cherchent à éviter de grosses sanctions", souligne Elizabeth Wishnick, spécialiste des relations sino-russes au centre de réflexion américain CNA.

Pas «naïfs»

Et tandis que la Chine cherche à apaiser les tensions avec les Etats-Unis, elle pourrait être réticente à renforcer sa coopération avec la Russie.

"Si la Chine souhaite (...) maintenir le dégel, tactique, de ses relations avec les Etats-Unis et limiter la convergence américano-européenne en matière de politique à l'égard de Pékin, elle doit prendre au sérieux la menace américaine de sanctionner ses institutions financières", estime Ali Wyne, du groupe de réflexion International Crisis Group.

Vladimir Poutine et Xi Jinping discuteront ainsi "probablement des moyens par lesquels Pékin pourrait soutenir Moscou de manière moins voyante, peut-être par l'intermédiaire de petites banques chinoises ou de canaux de financement non officiels", estime-t-il.

Plusieurs experts estiment que cette nouvelle rencontre entre les deux présidents servira à réaffirmer l'étroite relation entre les deux dirigeants, à signer quelques accords et à plaider pour un renforcement des échanges commerciaux.

Vladimir Poutine sait parfaitement que Pékin reste déterminé à soutenir Moscou et faire ainsi front commun face à ce que les deux pays dénoncent comme l'hégémonie américaine sur le monde, soulignent ces experts.

Les Russes ne sont pas "naïfs" et "savent très bien que les liens avec l'Occident sont très importants pour la Chine" note M. Gabuev du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Mais ils sont toutefois "certains que la Chine ne les laissera pas tomber", souligne-t-il.


Accusations d'interférences au Royaume-Uni: Londres a convoqué l'ambassadeur chinois

Le dirigeant de Hong Kong dit avoir peu de souvenirs d'un homme accusé par la Grande-Bretagne d'espionnage pour le compte de la ville chinoise après la publication d'une photographie semblant les montrer ensemble (Photo, AFP).
Le dirigeant de Hong Kong dit avoir peu de souvenirs d'un homme accusé par la Grande-Bretagne d'espionnage pour le compte de la ville chinoise après la publication d'une photographie semblant les montrer ensemble (Photo, AFP).
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  • Arrêtés début mai, les suspects Chi Leung (Peter) Wai, 38 ans, Matthew Trickett, 37 ans, et Chung Biu Yuen, 63 ans, ont été libérés sous contrôle judiciaire
  • Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignement hongkongais et ingérence étrangère

LONDRES: Londres a annoncé avoir convoqué mardi l'ambassadeur chinois au lendemain de la présentation à la justice de trois hommes accusés d'aide aux services de renseignement hongkongais et d'interférence étrangère.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a été "sans équivoque" sur le fait que le comportement récent de la Chine n'est "pas acceptable", a indiqué un porte-parole dans un communiqué, évoquant cyberattaques, espionnage et promesse de récompense dans la traque de militants pro-démocratie à Hong Kong.

Arrêtés début mai, les suspects Chi Leung (Peter) Wai, 38 ans, Matthew Trickett, 37 ans, et Chung Biu Yuen, 63 ans, ont été libérés sous contrôle judiciaire à l'issue de leur présentation à la justice lundi à Londres.

Chung Biu Yuen est un chef de l'agence du commerce et de l'économie de Hong Kong (ETO) à Londres, selon le gouvernement hongkongais.

Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignement hongkongais et ingérence étrangère, en vertu de la loi britannique sur la sécurité nationale.

Ils sont notamment accusés d'avoir rassemblé des informations, mené des actions de surveillance "susceptibles d'aider matériellement un service de renseignement étranger dans ses actions liées au Royaume-Uni", et ce entre le 20 décembre 2023 et le 2 mai 2024.

Ils ont également été inculpés pour avoir forcé l'entrée dans une habitation, le 1er mai dernier.

Le Royaume-Uni a dénoncé à maintes reprises la répression du mouvement en faveur de la démocratie dans son ancienne colonie, dont plusieurs figures en exil ont trouvé refuge sur le sol britannique.

En juillet 2023, Londres avait vivement protesté contre les mandats d'arrêt et promesses de récompense visant à appréhender des militants pro-démocratie ayant fui Hong Kong.

Le chef de l'exécutif hongkongais, John Lee, a défendu mardi ses agences du commerce à l'étranger (ETO).

"Toute tentative d'allégation injustifiée contre le gouvernement (de Hong Kong) est inacceptable", a-t-il déclaré.

M. Lee a accusé lundi le Royaume-Uni d'avoir "inventé des accusations, arrêté arbitrairement des citoyens chinois et calomnié le gouvernement de Hong Kong". Il a dit mardi avoir demandé des précisions sur cette affaire au consulat britannique à Hong Kong et attendre une réponse.