La crise climatique et du vivant, invisible dans la campagne présidentielle

Un piéton passe devant les affiches de campagne de la candidate présidentielle du parti de droite Les Républicains Valérie Pecresse et du candidat présidentiel du parti Europe Ecologie Les Verts Yannick Jadot à Rennes, dans l'ouest de la France, le 1er février 2022. (Photo, AFP)
Un piéton passe devant les affiches de campagne de la candidate présidentielle du parti de droite Les Républicains Valérie Pecresse et du candidat présidentiel du parti Europe Ecologie Les Verts Yannick Jadot à Rennes, dans l'ouest de la France, le 1er février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 02 février 2022

La crise climatique et du vivant, invisible dans la campagne présidentielle

  • La mobilisation populaire autour du climat, avec de grandes marches en France en 2018 et 2019, est en partie retombée. Pour autant, ONG et militants espèrent remobiliser avant l'élection
  • Pourtant, les questions climatiques et environnementales sont présentes dans les programmes électoraux

PARIS : Canicules, pluies diluviennes, faune et flore en sursis: il ne reste que quelques années pour éviter la catastrophe, avertissent scientifiques et ONG. Un message visiblement inaudible dans la campagne présidentielle française, où les sujets climat et environnement sont quasiment absents.

"Les électeurs et électrices ont besoin de connaître les propositions des candidats et des candidates à l'élection présidentielle, et leurs conditions de mise en oeuvre" concernant les "défis" que représentent "la diminution des émissions de gaz à effet de serre et la préservation du vivant", ont réclamé mardi près de 1 400 chercheurs dans une tribune parue sur Franceinfo.fr.

Pouvoir d'achat, crise sanitaire, immigration... Depuis le début de la campagne électorale, ces sujets dominent les débats politiques et médiatiques, au détriment des questions environnementales.

"La crise sanitaire a peut-être un impact", analyse Anne Bringault du Réseau Action Climat (RAC) qui fédère 35 associations. "Le bruit médiatique est de plus en plus dans l'instantané et se focalise sur des polémiques, sans espace pour débattre de l'évolution des modèles de société", regrette-t-elle aussi.

"Historiquement, il y a eu une campagne présidentielle où l'environnement a été visible, celle de 2007", rappelle Simon Persico, professeur à Sciences Po Grenoble. La plupart des candidats avaient alors signé le Pacte écologique présenté par Nicolas Hulot. Depuis, le sujet n'a plus autant pesé.

Pourtant, les questions climatiques et environnementales sont présentes dans les programmes électoraux. Le candidat écologiste Yannick Jadot promeut une "République écologique", celui de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon défend une "planification écologique". A droite, Valérie Pécresse vante "une écologie de progrès et de solutions". A l'extrême droite, Marine Le Pen soutient le nucléaire en tant qu'énergie décarbonée et Eric Zemmour entend "préserver les paysages".

Il serait donc faux de dire que le sujet est absent de la campagne. Pour autant, "est-ce à la hauteur vu la gravité du problème? La réponse est non", relève Simon Persico, spécialiste des politiques environnementales.

"Il existe une attente des Français sur les questions environnementales et un hiatus sur la place accordée à ce sujet" dans les débats, estime Alexis Vannier de France Nature Environnement (FNE) qui regroupe 6 000 associations.

Mobiliser dans la rue

"La technicité et la complexité des sujets, l'affirmation de leur caractère anxiogène, la conviction qu'ils dépassent les clivages politiques et n'ont qu'un faible intérêt pour le grand public – la promesse donc d'un audimat en berne –, sont souvent avancées pour justifier ce silence", relèvent les chercheurs dans leur tribune.

"L'extrême droite est dynamique et arrive à imposer ses thèmes - immigration, insécurité -au détriment de l'environnement", analyse Simon Persico.

"La plupart des candidats esquivent le sujet parce qu'ils savent à quel point traiter les problèmes dans ce domaine nécessite une remise en question de nos modes de vie", estime Arnaud Schwartz, président de FNE.

Pour Anne Bringault du RAC, ce manque de débat sur des questions de fond qui vont structurer notre avenir constitue "une vraie alerte pour nos démocraties". Certains jeunes impliqués dans la lutte contre le changement climatique "ne voient pas du tout l’intérêt d’aller voter", estime-t-elle.

Si le taux de participation est bas, "la personne élue n’aura pas de vraie légitimité et il sera difficile d'engager les transformations fortes et rapides nécessaires pour le climat", craint-elle également.

La mobilisation populaire autour du climat, avec de grandes marches en France en 2018 et 2019, est en partie retombée. Pour autant, ONG et militants espèrent remobiliser avant l'élection.

"Il faut continuer à construire le rapport de force dans la rue", explique Gabriel Mazzolini, des Amis de la Terre. L'ONG, avec Alternatiba et ANV COP21, qui prônent la désobéissance civile non violente, préparent différentes actions avant avril 2022.

Elles comptent aussi sur la publication de rapports du Giec, les experts climat de l'ONU, pour replacer la question au centre des débats.

"Nous ne sommes pas au coeur de la campagne électorale, il reste encore un peu plus de deux mois", souligne aussi Simon Persico. Reste à voir si cela suffira à inverser la tendance.


JO-2024: le relais de la flamme, un rituel pas si antique Paris, France

L'actrice grecque Mary Mina, jouant le rôle de la grande prêtresse, allume la torche lors de la répétition de la cérémonie d'allumage de la flamme pour les Jeux olympiques de Paris 2024 au temple antique d'Héra sur le site archéologique d'Olympie.
L'actrice grecque Mary Mina, jouant le rôle de la grande prêtresse, allume la torche lors de la répétition de la cérémonie d'allumage de la flamme pour les Jeux olympiques de Paris 2024 au temple antique d'Héra sur le site archéologique d'Olympie.
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  • La flamme fut allumée pour la première fois à l'occasion des Jeux d'Amsterdam, en 1928. Le relais a été intronisé en 1936 pour les JO de Berlin dans l'Allemagne nazie. Et depuis 1964, la flamme est allumée à Olympie en Grèce, où se déroulaient les Jeux ol
  • En Grèce, la flamme va traverser le Péloponnèse, éclairer le rocher de l'Acropole et le sanctuaire de Delphes, Marathon et les Météores, faire la tournée des îles, Kastellorizo, Crète, Santorin avant d'être transmise à la France au stade panathénaïque d'A

PARIS : Le relais de la flamme olympique, allumée mardi dans le stade antique d'Olympie en Grèce, fait écho à des cérémonies vieilles de près de 3.000 ans. Mais ce rituel est relativement récent, absent des premiers Jeux modernes.

A l'origine, Olympie... Amsterdam et Berlin

La flamme fut allumée pour la première fois à l'occasion des Jeux d'Amsterdam, en 1928. Le relais a été intronisé en 1936 pour les JO de Berlin dans l'Allemagne nazie. Et depuis 1964, la flamme est allumée à Olympie en Grèce, où se déroulaient les Jeux olympiques antiques il y a 2.800 ans.

Le rituel s'inspire de cérémonies antiques: à Olympie, une flamme, allumée grâce aux rayons du soleil, brûlait sur l'autel de la déesse Hestia. Ce feu servait à allumer les autres feux du sanctuaire.

Aujourd'hui, des actrices vêtues en prêtresses grecques refont ces gestes. Puis la torche embrasée --chaque pays organisateur crée son modèle est relayée jusqu'à la ville hôte.

A pied, en traîneaux, en navette spatiale

Pour arriver à Berlin en 1936, Londres en 1948 et Moscou en 1980, les kilomètres ont été intégralement avalés à pied, mais généralement aéronefs, voiliers ou encore chameaux aident à couvrir la distance.

En 1952 (Helsinki), la flamme fait son premier voyage en avion. Les Norvégiens la font de nouveau voler en 1994 mais cette fois au bout du bras d'un sauteur à ski (Stein Gruben).

En 1968, elle gagne la côte mexicaine dans les mains de nageurs, rameurs ou skieurs nautiques. Au fil des éditions, on la verra au sommet de l'Everest, elle voyagera en bateau à vapeur sur le Mississippi, à cheval sur le parcours du Pony express (le service postal américain), en canoë avec des Amérindiens, et même dans la navette spatiale Columbia avant de retourner dans l'espace avec des cosmonautes russes. Les Australiens ont plongé la torche sous l'eau le long de la Grande barrière de corail en 2000.

Les accrocs du voyage

En 1956 (Melbourne), un jeune étudiant australien, Barry Larkin, trompe tout le monde en courant avec une torche faite maison, dans laquelle brûlaient... des sous-vêtements. Plus macabre, à Séoul en 1988, des colombes tout juste libérées ont rôti sur la vasque enflammée.

Les manifestations sont un classique du relais qui offre une exposition médiatique gigantesque. Elles ont été particulièrement importantes en 2008, quand des militants antichinois dénonçant principalement la politique de Pékin au Tibet-- ont perturbé le parcours à Londres, Paris ou San Francisco.

Des relayeurs emblématiques

En 1948, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le premier porteur, le soldat Konstantinos Dimitrelis pose son arme et ôte son uniforme avant de courir en tenue d'athlète.

Mais le dernier relayeur porte la plus forte charge symbolique. Comme en 1992 lorsque dans l'obscurité, Antonio Rebollo, archer paralympique espagnol, décoche sa flèche enflammée en direction de la vasque olympique à Barcelone.

Ou en 1996, quand le boxeur de légende et grande figure du militantisme chez les sportifs noirs américains, Mohamed Ali, rongé par la maladie de Parkinson, embrase la vasque à Atlanta, la ville de Martin Luther King.

Quatre ans plus tard, l'Australienne Cathy Freeman, symbole de l'identité aborigène, enflamme le sol face à une cascade d'eau à Sydney.

La longue route

En Grèce, la flamme va traverser le Péloponnèse, éclairer le rocher de l'Acropole et le sanctuaire de Delphes, Marathon et les Météores, faire la tournée des îles, Kastellorizo, Crète, Santorin avant d'être transmise à la France au stade panathénaïque d'Athènes et d'embarquer le 27 avril à bord de Belem (58 mètres), un trois-mâts de 58 mètres construit à Nantes en 1896.

Arrivée le 8 mai à Marseille, la flamme entamera son long parcours en France jusqu'à son installation dans le jardin des Tuileries, en face de la Pyramide du Louvre. Qui sera le premier relayeur? Qui sera le dernier, celui qui allumera la vasque? Les organisateurs entendent garder le secret.

Pendant 80 jours, on la verra sur les plages du Débarquement de Normandie, au Mont-Saint-Michel, à Chambord, dans les Alpes, à proximité des lieux les plus touristiques de Paris, mais aussi au Bataclan, théâtre de l'attaque jihadiste du 13 novembre 2015. Durant ce périple, elle remontera sur un bateau, le trimaran Maxi Banque Populaire XI skippé par Armel Le Cléac'h, pour se montrer aux Antilles, à la Réunion, en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie.


JO-2024: exercice de circulation sur les voies olympiques mardi en Seine-Saint-Denis

Le président français Emmanuel Macron (C) s'exprime lors d'une visite au Grand Palais, à Paris, le 15 avril 2024, à 100 jours des Jeux olympiques de Paris 2024 (AFP).
Le président français Emmanuel Macron (C) s'exprime lors d'une visite au Grand Palais, à Paris, le 15 avril 2024, à 100 jours des Jeux olympiques de Paris 2024 (AFP).
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  • Organisé par Paris-2024 et Île-de-France Mobilités, cet exercice en deux parties a pour but de mieux "appréhender la circulation d'un grand nombre de bus/cars" sur les principaux axes routiers de Seine-Saint-Denis, selon la préfecture
  • Le département de banlieue parisienne accueille une grande partie des infrastructures des Jeux (village olympique, Stade de France

BOBIGNY : Quelque 60 bus vont participer mardi en Seine-Saint-Denis à un exercice de circulation pour tester les voies réservées aux personnes accréditées pour les JO-2024, a annoncé lundi la préfecture du département.

Organisé par Paris-2024 et Île-de-France Mobilités, cet exercice en deux parties a pour but de mieux "appréhender la circulation d'un grand nombre de bus/cars" sur les principaux axes routiers de Seine-Saint-Denis, selon la préfecture, qui souhaite avertir les usagers de ces "tronçons très fréquentés".

Le département de banlieue parisienne accueille une grande partie des infrastructures des Jeux (village olympique, Stade de France, Centre aquatique olympique, etc.). Un dépôt de bus géant à Aulnay-sous-Bois servira aussi de principal centre de stockage des véhicules de transport des dizaines de milliers d'accrédités pendant les JO.

Partant d'Aulnay-sous-Bois et se rendant jusqu'à la porte d'Aubervilliers à l'entrée de Paris, les 60 bus testeront la circulation sur la voie de gauche de l'A1, qui sera réservée au seul transport des personnes accréditées durant la compétition, ainsi que les "cisaillements" (franchissements transversaux des voies de circulation) sur le parcours.

Les tests se tiendront entre 08H00 et 12H00 sur la RD40 et entre 16H00 et 17H00 sur l'A1 dans le sens province Paris. Les usagers de l'A1 seront avertis de la tenue de l'exercice par des panneaux lumineux.


JO-2024: Bernadette, aveugle, et sa chienne Mara testent les trajets vers les sites

Sébastien Verdin de l'équipe de France de rugby paralympique s'entraîne en vue des Jeux paralympiques de Paris 2024 au centre d'expertise de la performance de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) à Dijon,. (AFP)
Sébastien Verdin de l'équipe de France de rugby paralympique s'entraîne en vue des Jeux paralympiques de Paris 2024 au centre d'expertise de la performance de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) à Dijon,. (AFP)
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  • A 76 ans, elle fait partie des "comités d'experts usagers" mis en place par les organisateurs des JO pour tester régulièrement des cheminements jusqu'aux sites olympiques -des comités composés de personnes en fauteuil roulant, non-voyantes, autistes etc.
  • Des Jeux, elle espère un "changement de regard sur les personnes handicapées, une acceptation plus grande de leur présence". "On va les voir dans la rue, les stades, les salles de sport. Là où sont tous les autres citoyens".

PARIS : Un bon point pour les tramways et les autobus, qui annoncent les stations. Le métro, lui, s'apparente à une course d'obstacles. A 100 jours des JO, Bernadette Pilloy, aveugle, teste les trajets qui mènent aux sites olympiques, accompagnée de sa chienne guide Mara.

A 76 ans, elle fait partie des "comités d'experts usagers" mis en place par les organisateurs des JO pour tester régulièrement des cheminements jusqu'aux sites olympiques -des comités composés de personnes en fauteuil roulant, non-voyantes, autistes etc.

Pour améliorer le quotidien des quelque 200.000 non-voyants en France, la septuagénaire fait remonter les difficultés concrètes qu'architectes et concepteurs n'avaient pas anticipées.

Car les organisateurs attendent des dizaines de milliers de personnes handicapées dans le public des Jeux olympiques (26 juillet - 11 août) et paralympiques (28 août - 8 septembre), sans compter les 4.300 athlètes qui participent à ces derniers.

Cet événement est l'occasion de donner un coup d'accélérateur à l'accessibilité, clé pour l'inclusion, mais aussi pour adapter la société à une population vieillissante.

Métro en direction d'Arena Bercy (sud-est de Paris), où se tiendront les épreuves de basket. "Mara, cherche la porte", lance Bernadette Pilloy. La chienne en laisse la guide vers l'ouverture de la rame. "Mara, cherche un siège". La chienne trouve un strapontin et place sa tête dessus.

- "Nous ne les verrons pas!" -

La rame n'annonce pas les stations. "Je compte sur mes doigts. Onze stations". Elle a, comme toujours, planifié son déplacement avec une appli payante spécifique.

"On nous a promis que les métros seraient vocalisés, puis on nous a dit que ce serait impossible. Seules les rames les plus modernes +parlent+", regrette la septuagénaire.

A la station suivante, le trafic est interrompu par un incident, les passagers doivent sortir. Lorsqu'elle est perdue, la voyageuse s'exclame: "Y aura-t-il quelqu'un de gentil pour m'aider?"

Arrivée sur le quai de la station Bercy, vers quel côté sortir pour rejoindre l'Arena?

La chienne la guide vers un escalier. Est-ce le bon? Bernadette tâte autour d'elle et détecte un panneau. Elle sort de sa poche son iPhone. L'appli "Seeing AI" lui "lit" le panneau.

"Être autonome, c'est ne pas peser sur ses proches, ne pas avoir besoin qu'ils viennent avec moi", explique cette mère de cinq enfants et grand-mère de 11 petits-enfants, mariée depuis 52 ans à un homme voyant.

A la sortie du métro, comment trouver l'Arena? "Il y aura des volontaires, 30.000, spécialement formés pour aider les personnes handicapées. J'ai dû expliquer lors des réunions que c'était à eux de nous repérer...car nous ne les verrons pas!".

Ces volontaires formés au handicap seront recrutés pour la période des Jeux, mais Bernadette Pilloy veut croire que cette formation leur sera utile dans leur profession future.

- Le tramway "parle" -

Et maintenant, en bus, direction Roland-Garros (sud-ouest), qui accueillera boxe et tennis. C'est nettement mieux. Tous les bus parisiens annoncent les stations et des endroits sont prévus pour les fauteuils roulants. Mais lorsqu'il y a du monde, ces places ne sont plus accessibles, relève Bernadette Pilloy.

Elle teste ensuite le tramway, pour aller à Arena La Chapelle (nord), le site où se dérouleront les épreuves de parabadminton. Le chien détecte la "bande d'éveil à la vigilance" (des picots), qui indique le passage qui traverse les voies. Le chien lui trouve la porte, un siège. "Le tramway +parle+ et est extrêmement accessible", se réjouit-elle.

Pour cette membre de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH), pouvoir se déplacer, "c'est avoir un accès réel aux droits: à l'éducation, à la santé, au sport, à la justice..."

Membre également du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), elle vient à Paris depuis Elancourt (Yvelines), où elle vit, plusieurs fois par semaine pour des réunions.

Des Jeux, elle espère un "changement de regard sur les personnes handicapées, une acceptation plus grande de leur présence". "On va les voir dans la rue, les stades, les salles de sport. Là où sont tous les autres citoyens".