La récolte de sel de mer, un savoir-faire transmis de mère en fille au Yémen

Des femmes creusent des bassins d'extraction de sel dans la zone minière de Brom Mayfa, dans le district côtier d'Al-Mukalla, au sud du Yémen, dans la province d'Hadramawt, le 1er novembre 2021. HADBA AL-YAZIDI / AFP
Des femmes creusent des bassins d'extraction de sel dans la zone minière de Brom Mayfa, dans le district côtier d'Al-Mukalla, au sud du Yémen, dans la province d'Hadramawt, le 1er novembre 2021. HADBA AL-YAZIDI / AFP
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Publié le Jeudi 03 février 2022

La récolte de sel de mer, un savoir-faire transmis de mère en fille au Yémen

  • Dans un village côtier du sud du Yémen, Zakia Obeid et ses collègues récoltent du sel de dizaines de bassins qu'elles ont elle-mêmes creusés, un savoir-faire hérité de leurs ancêtres
  • Les femmes saisissent à pleines mains les cristaux sur la terre, puis les font sécher

AL MOUKALLA: Dans un village côtier du sud du Yémen, Zakia Obeid et ses collègues récoltent du sel de dizaines de bassins qu'elles ont elle-mêmes creusés, un savoir-faire hérité de leurs ancêtres.
Chaque matin, des femmes de tous les âges arrivent à bord de camionnettes pour travailler autour de bassins dans un petit village de la région portuaire de Moukalla.

yemen
Après plus de deux mois d'attente, l'eau des bassins, creusés en novembre par ces femmes à une profondeur d'un à deux mètres, s'est enfin évaporée. HADBA AL-YAZIDI / AFP


Après plus de deux mois d'attente, l'eau des bassins, creusés en novembre par ces femmes à une profondeur d'un à deux mètres, s'est enfin évaporée.
Les femmes saisissent à pleines mains les cristaux sur la terre, puis les font sécher. Le sel sera ensuite nettoyé puis mis en paquets pour être vendu sur les marchés.
"On travaille 15 jours de suite puis une autre équipe prend le relai pour 15 autres jours", explique Zakia Obeid, à l'AFP.  
Dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, la récolte de sel est pour beaucoup d'entre elles une rare opportunité de travail et un moyen de subvenir aux besoins de leurs familles. Au total, 500 femmes de Moukalla travaillent ainsi pour un salaire d'environ 90 euros par mois.
L'association Al-Hassi pour la production de sel de mer, créée en 2020, leur fournit une aide précieuse en transportant le sel vers l'usine où il est empaqueté et offrant l'équipement nécessaire pour le broyer.
L'économie du pays s'est effondrée avec la guerre dévastatrice qui sévit depuis plus de sept ans, et qui a plongé le Yémen dans l'une des pires crises humanitaires au monde.

Fardeau économique

Selon le chef de l'association Al-Hassi, Khamis Bahtroush, les femmes produisent entre 20 et 30 tonnes de sel par trimestre, précisant que la production est "plus faible en hiver qu'en été".
"Chaque sac (d'environ 1 kg, NDLR) est vendu environ 3.000 rials yéménites (10 euros) mais nous subissons l'inflation et nous ne pouvons pas augmenter leurs salaires", dit-il à l'AFP.
"C'est leur seule source de revenus. Elles n'ont rien d'autre, ni ferme, ni bétail", insiste-t-il.
Selon le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), la mort des pères de famille dans le conflit a alourdi le fardeau économique qui pèse sur les épaules des femmes.
La pression est "encore plus forte" quand elles doivent "soudainement subvenir aux besoins de leurs familles alors qu'elles ont elles-mêmes été privées d'un minimum d'éducation ou d'une formation professionnelle", déplore l'UNFPA sur son site internet.
Depuis 2014, le Yémen est ravagé par un conflit meurtrier entre les rebelles Houthis, proches de l'Iran, et les forces progouvernementales, appuyées principalement par les Saoudiens, à la tête d'une coalition militaire, et les Emiratis.
Selon l'ONU, 377.000 personnes sont mortes, la grande majorité des conséquences indirectes de la guerre comme la faim, les maladies et le manque d'accès à l'eau potable.
Quelque 80% des près de 30 millions d'habitants du Yémen dépendent aujourd'hui de l'aide humanitaire.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk