« Ark Re-imagined » redonne vie à l'héritage culturel des Arabes des marais

Les bateaux sont au cœur d'Ark Re-imagined. (Fourni)
Les bateaux sont au cœur d'Ark Re-imagined. (Fourni)
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Publié le Lundi 24 mai 2021

« Ark Re-imagined » redonne vie à l'héritage culturel des Arabes des marais

  • « Nous sommes ici pour créer une liaison », dit Rashad Salim, à propos du pavillon irakien qui participe cette année à la Biennale Architettura de Venise
  • Les bateaux sont au cœur d’Ark Re-imagined (Arche repensée), qui remet en question les perceptions occidentales de l'Arche de Noé

DUBAÏ : « Il s'agit d'une culture jusqu'ici ignorée », dit l'artiste irako-allemand Rashad Salim. « Aucun effort n'a été consenti pour préserver l'architecture vernaculaire qui fait partie de notre patrimoine culturel. Auparavant, des anthropologues, des ethnologues indépendants et des individus, que la culture vernaculaire intéressait, venaient consulter ces architectures. Depuis l'invasion et l'occupation de l'Irak, tout a basculé ».        

M. Salim a consacré sa carrière artistique à protéger et à redonner vie aux anciens métiers de l'Irak. Il nous parle d'un sujet qui le passionne : la construction de bateaux, l'architecture et l'artisanat traditionnels qui proliféraient dans le centre, le sud et l'ouest de l'Irak. Les conflits, les déplacements de la population et les traumatismes collectifs souvent ahurissants ont plongé cette culture dans des tragédies successives et l'ont conduite au bord de l'extinction.

Rashad Salim cherche, à sa façon, à contrer cette négligence de manière active à travers le projet Ark Re-imagined, qui collabore avec des artisans à travers le pays en vue de faire revivre et de documenter les restes des techniques traditionnelles. Initialement lancée en 2016, l'initiative est désormais gérée par Safina Projects, un studio de création cofondé par Salim et Hannah Lewis en 2017.

Rashad Salim - La Mésopotamie à Venise. (Fourni)
Rashad Salim - La Mésopotamie à Venise. (Fourni)

« Dans toutes les régions que j'ai visitées en Irak, j'ai rencontré des habitants qui conservent la mémoire des lieux et de l'environnement », explique-t-il. « Leur civilisation repose sur cette culture. Mais pour la première fois de son histoire, l'Irak a été tellement miné, tellement corrompu, que le tissu essentiel du pays – celui qui repose sur l'environnement et la culture, qui émane de la terre et génère les moyens de subsistance – a été sapé et risque de disparaître. Les bateaux en sont un exemple».

Les bateaux sont au cœur d’Ark Re-imagined (Arche repensée), qui remet en question les perceptions occidentales de l'Arche de Noé, et de la plupart des autres initiatives prises en charge par Safina Projects. À travers l'Arche pour l'Irak, le studio s'efforce de « redonner vie aux bateaux traditionnels du Tigre et de l'Euphrate, les préserver et les explorer », ce qui permettra de transmettre les connaissances à la nouvelle génération. Ainsi, cette initiative contribue à faire revivre la guffa (un coracle en osier), fabriquée par une seule personne, à savoir une vieille femme de la ville de Hillah, située dans le centre de l'Irak, et  dont les cordes artisanales sont fabriquées à Ayn al-Tamr. Cette initiative assure ainsi une continuité culturelle.

C'est Ark Re-imagined qui va mettre en lumière le patrimoine naval de l'Iraq lors de la Biennale Architettura de Venise de cette année. L'Irak participera pour la première fois à cette biennale qui se déroulera du 22 mai au 21 novembre à travers l'exposition « Ark Re-imagined : the Expeditionary Pavilion » (Arche repensée: le pavillon des expéditions). Avec le soutien de Community Jameel et de Culturunners, le projet rendra hommage à l'architecture vernaculaire et aux embarcations du Tigre et de l'Euphrate, mais se penchera également sur le titre de l'exposition de cette année : « Comment allons-nous vivre ensemble ? ».  Après tout, le message original de l'Arche était celui de l'unité et de la rencontre.

Abou Hyder et Rashad - Qishla vieux Bagdad. (Fourni)
Abou Hyder et Rashad - Qishla vieux Bagdad. (Fourni)

« La conception de l'Ark n’a pas pris que cinq années de travail », déclare M. Salim. « ll s’agit plutôt de 40 ans de travail. Pendant cinq ans, j'ai travaillé en Irak pour raviver et recréer des bateaux qui avaient disparu. C'était un projet universitaire ancré dans mes convictions d'artiste. Aujourd'hui, nous cherchons à reprendre ce projet et à le réengager dans le domaine artistique durant la biennale ».

C'est en 1976 que Salim a visité pour la première fois les marais du sud de l'Iraq, alors qu'il était  jeune étudiant en art. L'année suivante, il s'est joint à l'expédition du Tigre menée par l'explorateur norvégien Thor Heyerdahl à bord d'un bateau en roseau depuis le Shatt al-Arab, en passant par le golfe Arabique jusqu'au Pakistan, avant de rejoindre la mer Rouge. Cette expérience a transformé sa vie et a inspiré son travail par la suite.

« Le Tigre était pleinement organique et tendu. C'était comme si l'on naviguait à bord d'un corps humain », se souvient-il. « Le navire se déplaçait sur l'eau de façon bien différente d'un bateau à quille... Nous nous déplacions à la vitesse d'un vélo au mieux. Comme la profondeur était minime (ne dépassant pas 30 centimètres au-dessus du niveau de l'eau à des endroits), on pouvait constater la complexité de la vie ; des vagues qui déferlent sur d'autres vagues et la vie à la surface de l'eau. Cette expérience m'a ainsi profondément influencé et a suscité mon intérêt pour explorer plus à fond l'histoire des bateaux et leur rôle dans le développement de la civilisation ».

Tissage de tapis en roseau, Rashad Salim 2016. (Fourni)
Tissage de tapis en roseau, Rashad Salim 2016. (Fourni)

Ark Re-imagined est le fruit de cette histoire profonde et de l’attachement de M. Salim à la grâce, à la pureté et à la simplicité de la construction traditionnelle des bateaux.

« La question que nous nous posons est la suivante : comment l'Arche a-t-elle été construite à cette époque et à cet endroit ? De toute évidence, la conception que l'Occident attribue aux arches ne correspond ni à l'époque ni au lieu où elles ont été construites. Il s'agit principalement d'un rouage du 17e siècle. Il ne correspond en aucune façon au lieu, aux technologies, aux matériaux ni aux techniques  disponibles à l'époque. Lors de nos premières visites à Venise, nous avons remarqué que les mêmes techniques de construction, le même type de bateaux et le même type d'engagement avec l'environnement étaient utilisés dans les marais de Venise qu'en Mésopotamie. Les arches construites en Europe seraient construites selon la même méthode employée en Mésopotamie à l'époque, à savoir la traction. Il s'agit d'une période qui précède de longue date l'époque où le métal a permis de manipuler le bois pour créer un engrenage ».

Ark Re-imagined se présentera sous diverses formes. Cette initiative a vu le jour lors d'une conversation entre M. Salim et Markus Reymann, directeur de la TBA21-Academy, à Ocean Space, le 20 mai. On assure actuellement des sites d'amarrage pour deux types de bateaux – la tarada du grand cheikh (un grand canoë diplomatique) et une maison flottante en roseau –  et on exposera à l'entrée de la cour les marchandises que vendaient traditionnellement les marchands. Les sites d'amarrage changeront régulièrement d'emplacement pendant les six mois de l'exposition. Par ailleurs, deux films consacrés aux activités d'Ark Re-imagined en Irak seront projetés, et la vie à l'intérieur de l'arche sera représentée au moyen de la broderie au crochet traditionnelle du sud de l'Irak, dite Izar. Le centre d'intérêt de cette exposition concernera la tarada, spécialement construite pour l'exposition. Surnommée « Faisaliyah », du nom du roi Fayçal 1er  d'Irak, elle fait 11,8 mètres de long et naviguera de l'Irak jusqu'à Venise au cours de l'exposition.

La Barge Delil reconstruite sur la rive du fleuve à Hit, Rashad Salim, 2019. (Fourni)
La Barge Delil reconstruite sur la rive du fleuve à Hit, Rashad Salim, 2019. (Fourni)

Un autre élément est également pris en compte, à savoir le caractère curatif de l'art. Le pavillon et la documentation du projet bénéficient du soutien du Fonds culturel irakien pour la santé, qui a été créé par Community Jameel et Culturunners dans le cadre du Fonds de soutien aux artistes intitulé The Future is Unwritten (L'avenir n'a pas encore été écrit). Le programme du pavillon est également élaboré en concertation avec l'initiative Healing Arts, lancée l'année dernière en partenariat avec la Fondation de l'OMS sous les auspices de l'Organisation mondiale de la santé. Ark Re-imagined est le premier projet à être soutenu par le Fonds culturel irakien pour la santé.

« Ark Re-imagined illustre la collaboration entre les communautés pour favoriser le processus de guérison. Cette démarche porte sur l'art en faveur de la santé », explique Christopher Bailey, responsable des arts et de la santé à l'OMS. « Dans ce cas bien précis, le problème présente une multitude de dimensions. Il s'agit d'une communauté – en l’occurrence les Arabes des marais – qui a subi une succession de catastrophes au fil des ans ; de l'assèchement intentionnel de son habitat à l'expulsion de son peuple et à la disparition des connaissances traditionnelles. Tout cela a engendré une crise culturelle au sein de cette communauté.

Coracle de guffa recouvert de goudron et d'adobe, Rashad Salim, 2018. (Fourni)
Coracle de guffa recouvert de goudron et d'adobe, Rashad Salim, 2018. (Fourni)

« L'exposition soulève en effet la question suivante : ‘Comment reprendre ces connaissances disparues ou en passe de disparaître et, en apprenant à la nouvelle génération à maîtriser cet artisanat, comment concevoir une sorte d'arche conceptuelle - un nouvel espoir - qui permettrait de préserver une pratique en voie de disparition en raison d’une succession de catastrophes, mais aussi d'imaginer un nouvel endroit vers lequel cet artisanat pourrait nous conduire ?’ Je trouve que cette métaphore est particulièrement puissante ».

M. Salim sera à Venise pour les cinq premiers jours de la Biennale Architettura, avant de se rendre à Bagdad et à Bassora, où une exposition de certains objets artisanaux sera organisée pendant la même période. Il retournera ensuite à Venise pour entamer une tournée continue.

« Voilà trois ans que je travaille sur ce projet et j'ai conçu dans ma tête un nombre incalculable d'expositions », explique-t-il. « Nous sommes ici dans le cadre d'une expédition. Nous sommes ici pour créer une liaison et un engagement, pour entretenir une conversation culturelle,  pour réunir les étudiants et leur montrer que nous vivons ensemble depuis la nuit des temps ».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com  


La "Tour des arts" redonne du sens et de la couleur au Boulevard des Sports de Riyad

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
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  • Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.
  • Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

RIYADH : Lorsque vous vous aventurez sur la promenade de la dernière attraction de la capitale, le Sports Boulevard, un nouveau point de repère ne manque pas d'attirer votre attention.

Une tour située à l'intersection de la route Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz et de la route Prince Turki bin Abdulaziz Al-Awwal est pleine de couleurs et de caractère.  

L'auteur de cette œuvre, baptisée "The Arts Tower", est l'artiste saoudien de renom Abdulnasser Gharem, qui, dès le début de sa carrière, a mis l'accent sur le quotidien dans le paysage architectural avec des œuvres telles que "Siraat" (Le chemin) et "Road to Makkah" (La route de La Mecque). 

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)

Gharem a déclaré à Arab News : "Cette œuvre est le témoin de la transformation qui s'opère ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle qui prouve l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Je pense que la tour représente cette transformation, en particulier parce qu'elle transforme l'un des symboles de l'énergie en un phare pour l'expression créative".

Anciennement l'un des nombreux pylônes électriques de 83,5 mètres, la tour devait être supprimée dans le cadre du projet du boulevard des sports.

"J'ai demandé si je pouvais en avoir une", a déclaré M. Gharem, expliquant qu'en tant qu'un des artistes nominés pour proposer une œuvre destinée à embellir le boulevard, il tenait à utiliser la structure existante.  

Points marquants

La proposition retenue comporte un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade animée de la tour.

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, notamment la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

L'auteur et conservateur Nato Thompson a déclaré à propos de l'œuvre dans un communiqué : "En réaffectant un symbole de l'infrastructure énergétique et en le transformant en phare de l'expression artistique, Gharem met en lumière l'évolution du rôle de la culture et de l'art dans le parcours de développement de l'Arabie saoudite.

"Elle est la preuve vivante de l'engagement du Royaume à entretenir son paysage culturel, en faisant des arts et de la créativité un élément indissociable de son identité, tout comme le pétrole et l'énergie l'ont été dans le passé".

La proposition sélectionnée comprend un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade vibrante de la tour.

Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)
Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)

Il utilise des éléments de l'architecture saoudienne et des motifs que nous reconnaissons dans nos anciennes maisons, principalement la forme triangulaire.  

"J'ai eu la chance que la tour soit composée de triangles, une forme géométrique qui rassemble les différentes régions du Royaume et les caractéristiques historiques de nos débuts, ce qui en fait un symbole d'unité", explique M. Gharem.  

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

Cette pièce est un témoin de la transformation qui se produit ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle, preuve de l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Abdulnasser Gharem, artiste saoudien.

"Les couleurs font allusion au lien entre notre histoire et notre patrimoine et les concepts de gaieté et d'hospitalité mentale. Une tour vous oblige toujours à lever les yeux".

Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

"L'œuvre est basée sur la lumière du soleil", a-t-il déclaré. "La lumière du jour donne une dimension complètement différente à l'œuvre par rapport à son éclairage urbain pendant la nuit. 

L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)
L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)

"Les couleurs ne se contentent pas d'apparaître ; elles changent, se transforment et s'animent de différentes manières tout au long de la journée. Ici, la nature devient un élément crucial de la structure".

Même le vent a joué un rôle dans la détermination du nombre et de l'emplacement des pièces colorées utilisées. "Il m'a appris qu'il fallait des espaces pour permettre à l'œuvre de respirer et m'a forcé à m'humilier devant le pouvoir de la nature.

"Le vent est devenu mon partenaire dans la conception", a-t-il déclaré.

La "Tour des arts" est conçue pour que les gens se sentent représentés et connectés.

Alors que le boulevard des sports encourage l'activité physique, ce point de repère créatif a un objectif plus profond : c'est un espace de réflexion destiné à inspirer l'interaction humaine et la communauté - et plus important encore, à inviter les gens à ralentir, à s'engager et à réfléchir à l'avenir.

"La culture est l'un des facteurs clés du développement de notre pays. En fin de compte, la culture est aussi importante que l'énergie. Cela vaut la peine d'investir dans ce domaine, et c'est un certificat attestant que le Royaume s'est engagé à nourrir sa scène culturelle", a déclaré M. Gharem. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Quand Pompidou "copie" le Louvre: 100 artistes exposent à Metz

Centre Pompidou (Photo AFP)
Centre Pompidou (Photo AFP)
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  • À partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».
  • Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

METZ, FRANCE : Faire revivre des œuvres du Louvre à travers le regard de 100 artistes : à partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».

Les commissaires de l'exposition, Donatien Grau, conseiller pour les programmes contemporains du musée du Louvre, et Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, ont voulu en faire « une radioscopie de l'art contemporain et une exposition pour les amoureux de l'histoire de l'art ».

L'exposition est le résultat d'une « invitation envoyée à 100 artistes, non copistes a priori, à réactiver des œuvres du patrimoine », résume Donatien Grau.

Ici, une sculpture romaine recouverte de ballons métalliques colorés attire l'œil du visiteur : il s'agit d'une copie réalisée par l'artiste américain Jeff Koons de L'Hermaphrodite endormi, une sculpture antique dont on ignore l'auteur.

Un peu plus loin, plusieurs artistes ont fait le choix de créer leur interprétation de La Liberté guidant le peuple (1830) d'Eugène Delacroix : c'est le cas de Bertrand Lavier avec Aux armes citoyens (2025), dans lequel il se concentre sur les armes et le drapeau peints dans la version originale.

« La Vierge et l'Enfant au chancelier Rolin » (XVe siècle), peint par Jan Van Eyck, a aussi été en partie copié par l'Irano-Américain Y.Z. L'artiste Kami, quant à lui, a décidé de s'emparer d'un petit détail de l'œuvre originale, les mains, qu'il a reproduit comme un symbole. 

On peut aussi découvrir « la Joconde » copiée par le collectif Claire Fontaine, qui a camouflé son visage d'une tache noire, lui ôtant son sourire énigmatique.

Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

Giulia Andreani a réalisé trois portraits de femmes, a aimé « se heurter à des œuvres du Louvre », « détourner la technique » et « exploser le format ».

Chiara Parisi note que certaines copies sont réalisées presque à l'identique : « On est un peu déstabilisés » dans un premier temps en les regardant, puis « après on reconnaît la patte de l'artiste ».

D'autres, au contraire, ont détourné les originaux pour en faire des créations où « les œuvres ne sont pas là pour être reconnues », précise-t-elle. 

L'artiste Neila Czermak Ichti a détourné le tableau Roger délivrant Angélique (1819) de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Dans sa version, « tout le monde a un peu changé de place. Le défi consistait à ce que le monstre n'ait pas la même place sans pour autant devenir une victime comme Angélique dans la version originale.

Donatien Grau a également mis en garde : « Le sujet de l'exposition n'est pas la copie, mais la pluralité des copistes. » « Copier, aujourd'hui, ce n'est pas se mettre face au tableau et le dupliquer. C'est mille autres choses » illustrées dans l'exposition.

Cela met aussi en valeur le patrimoine, qui « n'existe que quand on le recrée, qu'on le fait vivre, quand on l'habite », selon Donatien Grau.

Les œuvres originales n'ont pas été transportées à Metz : le visiteur peut les retrouver reproduites dans le catalogue d'exposition (25 euros) qui, selon Mme Parisi, « prolonge la visite ».

L'exposition « Copistes. En collaboration exceptionnelle avec le musée du Louvre » est visible jusqu'au 2 février 2026.