Après le duel de meetings à l'extrême droite, le temps du communiste Roussel à Marseille

Cette photo prise le 5 février 2022 à Paris montre une affiche de campagne du candidat présidentiel du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel avant l'élection présidentielle d'avril 2022 en France. (AFP)
Cette photo prise le 5 février 2022 à Paris montre une affiche de campagne du candidat présidentiel du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel avant l'élection présidentielle d'avril 2022 en France. (AFP)
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Publié le Dimanche 06 février 2022

Après le duel de meetings à l'extrême droite, le temps du communiste Roussel à Marseille

  • Fabien Roussel défendra son programme pour «la France des jours heureux»: Smic à 1 500 euros nets, 500 000 emplois en plus dans les services publics, revenu étudiant à partir de 850 euros, nationalisation d'EDF ou encore triplement de l'ISF
  • S'il a choisi Marseille, c'est parce que c'est «la deuxième ville de France, une grande ville populaire, avec beaucoup d’activité industrielle et l'industrie», assure Roussel

PARIS: Au lendemain d'une confrontation par meetings interposés à l'extrême droite, c'est la gauche qui tient le haut de l'affiche dimanche de la campagne présidentielle, avec un meeting du communiste Fabien Roussel à Marseille.


Le candidat PCF, qui cultive sa différence, a donné rendez-vous à 15H00 au Parc Chanot pour son premier grand meeting national.


Il défendra son programme pour "la France des jours heureux", présenté fin janvier: Smic à 1.500 euros nets, 500.000 emplois en plus dans les services publics, revenu étudiant à partir de 850 euros, nationalisation d'EDF ou encore triplement de l'ISF.


"Le peuple de gauche est à conquérir. Il est aujourd’hui en train de bouder les urnes, il a été déçu par une certaine gauche qui a gouverné mais n’a pas répondu aux attentes", affirme au journal La Marseillaise M. Roussel, qui compte profiter d'une certaine dynamique autour de sa candidature, alimentée par son franc-parler. 


Il devance même la socialiste Anne Hidalgo dans certains sondages, avec 3 à 4% des intentions de vote. 


S'il a choisi Marseille, c'est parce que c'est "la deuxième ville de France, une grande ville populaire, avec beaucoup d’activité industrielle et l'industrie", assure-t-il. C'est aussi la terre d'élection de Jean-Luc Mélenchon, que le PCF soutenait en 2017.


Le leader de LFI est toujours en tête à gauche selon les sondages, et la primaire populaire de dimanche dernier, d'où Christiane Taubira est ressortie vainqueur, n'a pas fait bouger les lignes. 


Mme Taubira, créditée de 4 à 6%, assure au JDD qu'elle "ne se résigne pas" à la désunion à gauche et qu'elle ira "jusqu'au bout", déroulant ses propositions pour "une démocratie moderne", afin d'"en finir avec la monarchie présidentielle".   


Toujours à la peine, Anne Hidalgo se rend dimanche à Lille pour une déambulation aux côtés de la maire PS Martine Aubry, avant d'assister dans la soirée au match de foot Losc-PSG. La candidate, qui a reçu samedi le soutien appuyé de l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, devenu président de son comité de soutien, vient de perdre celui du Premier secrétaire de la fédération PS du Nord, Benjamin Saint-Huile, qui a quitté son parti, estimant que la gauche offrait "un spectacle désolant". 

Egalité à l'extrême droite 
C'est à Lille aussi que s'est tenu samedi un meeting du candidat d'extrême droite Eric Zemmour, contesté par des centaines de manifestants antiracistes et "antifas". Il a critiqué "l'assistanat" qui selon lui favorise l'immigration, devant 6.000 partisans chauffés à blanc. 


A Reims, sa rivale Marine Le Pen tenait elle une convention présidentielle devant 4.000 militants. La candidate du RN a surtout pris pour cible Emmanuel Macron, responsable selon elle de la "régression" d'une France "polytraumatisée" et "ensauvagée".


Selon le maire de Béziers Robert Ménard, soutien de Mme Le Pen et ami de M. Zemmour, "sur le constat de l'un et de l'autre, ils étaient à dire à peu près les mêmes choses". Mais l'ex-polémiste "continue à être brutal, dur, cassant, il a tort de faire ça, ça divise la France", a-t-il pointé sur Cnews-Europe 1.


Gilbert Collard, récent transfuge du RN vers Eric Zemmour, a lui relevé "l'intelligence, la construction intellectuelle" de son candidat en meeting. Mais "il est clair qu'au second tour il va falloir qu'on se réconcilie", avec une dose d'"aseptie verbale", a-t-il souligné.


Les deux prétendants d'extrême droite sont donnés à égalité dans un sondage Ipsos Sopra-Steria à 14% au premier tour, derrière Valérie Pécresse (16,5%) et Emmanuel Macron (24%).


Une courte majorité (51%) juge que la candidature du chef de l'Etat ne fait aucun doute et qu'il devrait se déclarer dès maintenant, par souci d'équité avec les autres candidats.  


Mais l'agenda d'Emmanuel Macron n'y est guère favorable: il est attendu lundi en Russie pour rencontrer Vladimir Poutine et mardi à Kiev pour échanger avec son homologue ukrainien, dans une tentative pour empêcher un conflit armé.


"La semaine prochaine, le président de la République est pleinement président", a défendu la députée LREM Aurore Bergé à Franceinfo.


Son camp continue de se préparer néanmoins: après quelques bisbilles entre ténors, c'est l'heure du rassemblement dimanche. La "maison commune" de la majorité organise un grand atelier à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), intitulé "Ecrivons demain avec vous". Stanislas Guerini (LREM), François Bayrou (MoDem), Edouard Philippe (Horizons) et Richard Ferrand (coprésident d'Ensemble citoyens) échangeront avec experts, représentants syndicaux ou de la société civile "autour des enjeux de la France de demain". 


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.