Le nord industriel de l'Angleterre se sent porté par le vent

C'est la plus grande usine de pales d'éoliennes du pays, et elle tourne à plein régime : à Hull, dans le nord industriel de l'Angleterre, le fabricant hispano-allemand Siemens-Gamesa est en pleins travaux d'agrandissement pour répondre à la demande qui explose. (AFP)
C'est la plus grande usine de pales d'éoliennes du pays, et elle tourne à plein régime : à Hull, dans le nord industriel de l'Angleterre, le fabricant hispano-allemand Siemens-Gamesa est en pleins travaux d'agrandissement pour répondre à la demande qui explose. (AFP)
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Publié le Dimanche 06 février 2022

Le nord industriel de l'Angleterre se sent porté par le vent

  • La ville portuaire se réinvente aujourd'hui un destin dans les énergies renouvelables, dopée par l'objectif du pays d'éliminer les émissions de carbone d'ici 2050
  • L'éolien a le vent en poupe au Royaume-Uni, qui cherche à se défaire d'une dépendance au gaz qui fait flamber les factures énergétiques et force Londres à aligner cet hiver des milliards de livres d'aides aux plus modestes

KINGSTON UPON HULL, Royaume-Uni: C'est la plus grande usine de pales d'éoliennes du pays, et elle tourne à plein régime : à Hull, dans le nord industriel de l'Angleterre, le fabricant hispano-allemand Siemens-Gamesa est en pleins travaux d'agrandissement pour répondre à la demande qui explose.


La ville portuaire, posée sur l'estuaire maritime Humber, était autrefois connue pour sa florissante industrie de la pêche. Elle se réinvente aujourd'hui un destin dans les énergies renouvelables, dopée par l'objectif du pays d'éliminer les émissions de carbone d'ici 2050.


Dans l'atelier, Carl Jackson, 56 ans, applique le revêtement externe et la peinture sur les pales d'éoliennes. "Nous faisons notre part pour fournir de l'énergie plus propre et moins chère à tout le monde", dit-il à l'AFP.


"L'énergie éolienne occupera une place importante à l'avenir" et pour la ville de Hull, elle a déjà "donné un énorme coup de pouce aux emplois et à l'économie", ajoute ce peintre industriel qui a rejoint l'entreprise lorsqu'elle a ouvert il y a six ans.


L'éolien a le vent en poupe au Royaume-Uni, qui cherche à se défaire d'une dépendance au gaz qui fait flamber les factures énergétiques et force Londres à aligner cet hiver des milliards de livres d'aides aux plus modestes.


Ainsi depuis 2016, quelque 1.500 pales sont sorties des chaines de production, des géantes de 81 mètres de long, soit à peu près autant que l'envergure des ailes d'un Airbus A380.

Un quart d'éolien
Le groupe Siemens-Gamesa doit ouvrir en mars une usine dans la ville française du Havre. Et s'il s'agrandit à Hull, c'est pour y construire des pales encore plus grandes, longues de 100 mètres : une seule rotation pourra alimenter en électricité une maison de taille moyenne jusqu'à deux jours.


Dans l'usine, qui emploie un millier de personnes, les ouvriers s'affairent à fixer du bois de balsa, de la fibre de verre et de la résine dans d'immenses moules, qui donneront bientôt naissance à des pales prêtes à affronter les vents violents de la mer du Nord.


Un quart de l'électricité britannique est déjà produite grâce à l'énergie éolienne, davantage que la moyenne européenne (16%) et bien plus qu'en France (9%), selon des chiffres du lobby européen WindEurope, datant de 2020.


La part de l'éolien "va continuer à croître", affirme le directeur de l'usine, Andy Sykes, alors que le Royaume-Uni doit selon lui réduire ses émissions de carbone tout en diminuant sa dépendance aux importations d'énergie.


De fait, le Premier ministre Boris Johnson, qui a accueilli en novembre en Écosse la COP26, le sommet mondial pour le climat, affirme vouloir faire de son pays "l'Arabie saoudite du vent".


Et en janvier, les autorités écossaises avaient accordé des concessions à 17 projets éoliens en mer portés par de grands noms de l'énergie, qui viendront démultiplier les capacités de production du Royaume-Uni.

Emissions industrielles 
Mais Hull ne s'arrête pas aux éoliennes. La ville multiplie les projets dans les énergies renouvelables : biocarburants, hydrogène vert, capture de carbone mais aussi énergies solaire et marémotrice.


Si la collectivité est soucieuse de réduire les émissions de carbone, c'est que la région de l'estuaire Humber est responsable de 40% des émissions industrielles de Grande Bretagne, en particulier dues aux secteurs du ciment, du gaz, du pétrole, de la pétrochimie et de la sidérurgie.


"La décarbonation de la région de Hull est indispensable" si le Royaume-Uni veut atteindre la neutralité carbone, résume à l'AFP Martin Budd, responsable du climat au Conseil municipal de la ville. L'usine de pales d'éoliennes "est un facteur clé pour y parvenir".


Hull est en outre "la deuxième ville la plus vulnérables aux crues après Londres", rappelle M. Budd. "La survie de cette ville dépend" de son engagement contre le changement climatique, insiste-t-il.


Le Royaume-Uni veut produire un tiers de son électricité grâce à l'énergie éolienne d'ici 2030. 


Mais la question du stockage est cruciale, avertit Nick Cowern, professeur émérite de physique à l'Université de Newcastle, les énergies éolienne ou solaire étant dépendantes de la météo.


"Tant que nous n'aurons pas la possibilité de stocker de l'énergie sous forme d'hydrogène – ou d'alternatives comme l'ammoniac – et que nous ne serons pas mieux connectés au réseau électrique de nos voisins européens (...) le gaz sera encore nécessaire", selon lui.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.