L’université de Beir Zeit en première ligne du militantisme estudiantin

Des étudiants manifestent sur le campus de l’université de Beir Zeit, au nord de Ramallah, en Cisjordanie. (Facebook/Université de Beir Zeit).
Des étudiants manifestent sur le campus de l’université de Beir Zeit, au nord de Ramallah, en Cisjordanie. (Facebook/Université de Beir Zeit).
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Publié le Lundi 07 février 2022

L’université de Beir Zeit en première ligne du militantisme estudiantin

  • Les étudiants sont dans l’incapacité de poursuivre leurs études en raison des manifestations, et l’avenir de 15 000 personnes est en jeu
  • Les familles commencent à exprimer leur frustration face à la «position irresponsable» des représentants d’étudiants

RAMALLAH (Cisjordanie): Mohammed Khweis, 21 ans, était impatient de terminer ses études à l’université de Beir Zeit, près de Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Mais cet étudiant originaire de Jérusalem-Est, qui est actuellement en troisième année, a désormais une vision très différente: des manifestations violentes organisées par les représentants d’étudiants ont interrompu les cours et contraint l’université à fermer ses portes au moins une fois.

Les étudiants sont dans l’incapacité de poursuivre leurs études en raison de ces manifestations, et l’avenir de 15 000 personnes est en jeu.

Le jeune homme avait l’habitude de parcourir près de quarante kilomètres par jour pour se rendre à l’université et de rentrer chez lui en fin de journée. Il passe maintenant ses journées à dormir et ses nuits à jouer aux cartes avec des amis.

«Je m’ennuie et j’ai peur que cette situation ne se prolonge», confie-t-il à Arab News.

Même dans ces circonstances, il n’est pas en mesure de se mettre à la recherche d’un travail temporaire, puisqu’il ne peut prédire quand l’université rouvrira ses portes pour que les étudiants puissent reprendre leurs études.

La crise s’est aggravée lorsque l’administration de l’université – qui craint que les manifestations ne soient utilisées comme excuse par les forces armées israéliennes pour envahir l’institution – a empêché les représentants du Hamas et du Front populaire de libération de la Palestine d’exposer des caricatures de roquettes sur le campus lors d’un sit-in organisé pour célébrer les anniversaires de leurs partis politiques, les 13 et 14 décembre.

Cependant, les étudiants affiliés aux partis politiques ont rejeté la décision et ils ont accusé l’administration d’imposer des restrictions à la liberté d’expression politique au sein du campus.

Le différend a conduit à une fermeture temporaire de l’université. De fait, les étudiants et le personnel n’ont pas le droit d’entrer dans l’établissement.

Dans la foulée, des militants étudiants ont exigé que l’administration de l’université limoge le vice-président et le doyen par intérim des affaires étudiantes.

Ghassan al-Khatib, vice-président de l’université, a déclaré vendredi à Arab News que les gens s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants.

«Les étudiants ont le droit de manifester, de faire la grève, d’exercer leur liberté d’expression et de tenir des élections, mais pas au moyen de méthodes qui impliquent un lourd tribut à payer», soutient-il.

«Il est absurde de perturber le processus éducatif et de compromettre les intérêts de 15 000 étudiants pour des revendications qui pourraient être satisfaites par d’autres moyens sans causer de dommages comme la fermeture de l’université», estime-t-il.

«Les universités et les institutions culturelles ne devraient pas être le lieu où se tiennent des défilés militaires», ajoute-t-il.

Bien que des institutions influentes de la société civile palestinienne tentent de servir de médiatrices entre l’administration de l’université et les représentants d’étudiants, ces derniers insistent pour que leurs demandes soient satisfaites.

Nader Oweidat, 23 ans, est étudiant en sciences politiques et en relations internationales. Également coordinateur du bloc islamique à l’université de Beir Zeit, il précise: «Nous n’aimons pas l’idée de fermer l’université.»

Il explique toutefois à Arab News que l’administration de l’université avait nommé un doyen par intérim des affaires étudiantes «qui a tiré profit de sa position pour tenter de dompter le mouvement étudiant à l’université».

«C’est inacceptable, nous exigeons qu’il soit licencié», ajoute-t-il.

L’étudiant déclare que l’Université de Beir Zeit jouit de libertés sans précédent par rapport aux autres universités palestiniennes «et nous voulons préserver cet environnement démocratique et pluraliste».

Alors que ce conflit met en péril l’année universitaire de 15 000 étudiants, les familles ont commencé à exprimer leur frustration face à la «position irresponsable» des représentants d’étudiants.

Mahmoud Khweis, père de Mohammed, étudiant, confie à Arab News: «Je ne fais pas confiance à la capacité des étudiants et à leur vision future quant au maintien de la position scientifique de l’université de Beir Zeit en Palestine et dans le monde. Nous ne devrions pas tolérer que l’avenir de l’université soit entre leurs mains.»

Les droits généraux des étudiants sont plus importants que les droits individuels d’un petit groupe, souligne-t-il.

Selon M. Khweis, la police palestinienne devrait rouvrir les portes de l’université et permettre aux étudiants ainsi qu’aux enseignants de reprendre les cours.

Le rôle des militants étudiants est d’aider les étudiants à réduire les frais de scolarité et à résoudre leurs problèmes au sein de l’université, non de s’engager dans un travail politique sur le campus, renchérit-il.

Le campus de l’université de Beir Zeit est le seul lieu de Cisjordanie où le mouvement Hamas peut organiser librement ses activités politiques.

Cependant, Nader Oweidat est révolté: «L’administration de l’université tolère que des militants du Fatah organisent un défilé militaire avec de véritables armes, mais elle se montre agacée lorsque le Front populaire de libération de la Palestine et le bloc islamique [Hamas] exposent des caricatures de roquettes.»

L’Autorité palestinienne a demandé le 31 janvier dernier au ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mahmoud Abou Muwais, de communiquer avec l’administration de l’université et les représentants d’étudiants afin de résoudre ce différend.

Cependant, certains pensent que l’influence du gouvernement est dérisoire dans la mesure où l’université de Beir Zeit est un établissement privé, contrairement aux autres universités palestiniennes.

L’université de Beir Zeit a été créée en 1972 en tant qu’institution privée. C’est l’une des plus anciennes universités palestiniennes; elle se caractérise par une atmosphère libérale et des politiques qui permettent aux étudiants d’organiser librement diverses activités.

De nombreux dirigeants palestiniens de premier plan sont diplômés de cette université, dont le Premier ministre, Mohammed Shtayyeh.

L’université décerne une licence dans plusieurs domaines, un diplôme d’enseignement supérieur dans trente-cinq spécialités et un doctorat dans deux disciplines. Elle entretient également des relations académiques avec de nombreuses universités prestigieuses d’Europe et des États-Unis.

«Nous nous sommes habitués à ce que l’occupation israélienne ferme l’université, non ses étudiants», s’indigne M. Khweis.

«Nous devrions nous opposer à ces jeunes étudiants et leur dire que ce qu’ils font est honteux.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.