Philippines: coup d'envoi de la campagne présidentielle

La vice-présidente philippine et candidate à la présidence de l'opposition, Leni Robredo, s'exprime depuis un camion lors d'un rassemblement électoral dans la ville de Libamanan, province de Camarines Sur, au sud de Manille, le 8 février 2022. (AFP)
La vice-présidente philippine et candidate à la présidence de l'opposition, Leni Robredo, s'exprime depuis un camion lors d'un rassemblement électoral dans la ville de Libamanan, province de Camarines Sur, au sud de Manille, le 8 février 2022. (AFP)
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Publié le Mardi 08 février 2022

Philippines: coup d'envoi de la campagne présidentielle

  • Contrairement aux précédents scrutins, les accolades, selfies et autres poignées de main sont interdits en raison des restrictions sanitaires
  • Plus de 35 ans après que les Philippines ont tourné la page de la dictature de Ferdinand Marcos, les sondages prédisent la victoire écrasante de son fils, Ferdinand « Bongbong » Marcos Jr

BOCAUE : Le coup d'envoi de trois mois de campagne présidentielle aux Philippines a été donné mardi, le fils et homonyme de l'ancien dictateur Ferdinand Marcos faisant figure de favori pour succéder au président autoritaire Rodrigo Duterte.

Contrairement aux précédents scrutins, les accolades, selfies et autres poignées de main sont interdits en raison des restrictions sanitaires.

Plus de 35 ans après que les Philippines ont tourné la page de la dictature de Ferdinand Marcos, les sondages prédisent la victoire écrasante de son fils, Ferdinand "Bongbong" Marcos Jr, lors des élections du 9 mai.

Porté par sa tonitruante campagne sur les réseaux sociaux et son alliance avec Sara Duterte, fille du président sortant et candidate à la vice-présidence, Marcos Jr, une des figures les plus clivantes de l'archipel, entend "unifier le pays".

A Bocaue près de Manille, des milliers de partisans rassemblés dans un stade couvert appartenant à une Eglise influente ont scandé  "Bongbong, Sara" pour un meeting aux allures de concert de rock marquant le lancement de la campagne des deux héritiers.

"Quand j'ai déclaré mon intention de me présenter au poste de président des Philippines, mon unique souhait était d'unir à nouveau notre pays", a lancé Marcos Jr à ses fans. "Ma cause, c'est l'unité parce que je crois fermement que l'unité est la première étape pour sortir de la crise où nous sommes".

L'actuelle vice-présidente Leni Robredo - une ancienne avocate au service des défavorisés et une ennemie jurée de Marcos Jr et de M. Duterte -- arrive loin derrière dans les sondages. 

Au lancement de sa campagne, dont le rose est la couleur, dans la ville de Lupi (province centrale de Camarines Sur) Mme Robredo a assuré à ses partisans que leur présence la remplissait "de courage".

"Nous devons mettre fin à la vieille politique pourrie (qui est) à la racine des problèmes qui écrasent les Philippins", a-t-elle ajouté. "C'est l'essence de notre combat".

Mme Robredo devance cependant le maire de Manille Francisco Domagoso, le champion de boxe à la retraite Manny Pacquiao et l'ancien responsable de la police Panfilo Lacson.

"Le grand favori reste Marcos", a souligné Peter Mumford, analyste d'Eurasia Group, qui estime que l'ancien sénateur a "70% de chances" de l'emporter.  

« Dans la continuité » de Duterte 

De nombreux partisans de M. Duterte considèrent M. Marcos comme étant l'+"homme fort+ qui s'inscrit dans la continuité" de l'actuel président, selon M. Mumford.

Une victoire de Marcos Jr marquerait l'ultime retour politique de sa famille, contrainte à l'exil aux États-Unis après la chute humiliante de son patriarche en 1986.

Le dictateur a été accusé de corruption massive avec son épouse Imelda lorsqu'ils étaient au pouvoir, et d'être responsable de milliers de crimes et de violations des droits de l'homme. 

Les opposants à Marcos Jr ont déposé des recours pour qu'il soit disqualifié en vertu d'une ancienne condamnation pour avoir omis de déclarer ses revenus.

Même s'il était exclu du scrutin, le code électoral autorise une personne portant le même nom de famille à le remplacer. 

Marcos Jr a tenté de défendre le régime de son père en invoquant la croissance économique et en minimisant les exactions commises sous son régime.

Mais les questions relatives au passé de sa famille et à sa richesse soupçonnée d'être mal acquise sont devenues une source d'irritation pour le candidat.

Il a refusé les invitations à débattre avec ses adversaires et a déclaré à un journaliste qu'il refusait de "revenir sur des questions vieilles de 35 ans".

Mme Robredo, qui a battu de justesse Marcos Jr dans la course à la vice-présidence en 2016, s'est quant à elle engagée à contrecoeur dans la présidentielle sous la pression de ses partisans et des groupes d'opposition.

Bien que sa campagne, menée par des bénévoles, ait touché une corde sensible chez les progressistes, sa personnalité policée est loin d'être un atout dans ce pays aux valeurs machistes.

 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.