A Riyad, l'association Rahmah a secouru plus de 2 300 animaux

En Arabie saoudite, l’adoption d’animaux de compagnie est un concept relativement nouveau, mais la jeune génération s’efforce de corriger les idées fausses et de faire évoluer les attitudes traditionnelles. (Photo fournie)
En Arabie saoudite, l’adoption d’animaux de compagnie est un concept relativement nouveau, mais la jeune génération s’efforce de corriger les idées fausses et de faire évoluer les attitudes traditionnelles. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 09 février 2022

A Riyad, l'association Rahmah a secouru plus de 2 300 animaux

En Arabie saoudite, l’adoption d’animaux de compagnie est un concept relativement nouveau, mais la jeune génération s’efforce de corriger les idées fausses et de faire évoluer les attitudes traditionnelles. (Photo fournie)
  • La Rahmah Animal Welfare Association s’occupe des animaux errants, organise des adoptions et lutte contre le trafic d’animaux sauvages
  • Rahmah, basée à Riyad, a secouru plus de 2 300 animaux et supervisé l’adoption de centaines d’autres

DUBAÏ: Pour de nombreuses personnes dans le monde, les mesures de confinement liées à la pandémie étaient des expériences isolantes et parfois décourageantes. Les familles étaient confinées dans leurs appartements et leurs maisons, les enfants contraints de suivre leurs cours sur des écrans d’ordinateur dans leur chambre, et les parents travaillaient à distance depuis n’importe quel espace disponible dans leur maison. 

En dépit de cette morosité, l’un des résultats les plus positifs est que de nombreuses personnes ont adopté des animaux abandonnés pour en faire des animaux de compagnie, ce qui leur permettait de faire du sport et d’avoir un divertissement bien nécessaire. 

En Arabie saoudite, l’adoption d’animaux de compagnie est un concept relativement nouveau, mais la jeune génération s’efforce de corriger les idées fausses et de faire évoluer les attitudes traditionnelles. 

L’une des personnes qui font la différence est Shokran Aljihani, 29 ans, responsable du comité d’adoption et de sauvetage de la Rahmah Animal Welfare Association, une organisation bénévole à but non lucratif lancée à Riyad en mai 2020. Elle a décidé de s’y impliquer initialement en raison de son amour pour les animaux et de son désir de contribuer à inspirer le changement. 

«Tout a commencé avec un groupe de personnes intéressées dans la protection des animaux et de l’environnement qui se sont réunies et ont décidé de créer Rahmah pour sensibiliser les gens aux animaux et à l’environnement», explique-t-elle à Arab News. «Ma famille et moi aimons les animaux, donc cette passion a commencé il y a longtemps pour moi.» 

Cette passion a poussé Mme Aljihani à adopter ses propres animaux de compagnie. Ensuite, elle a rencontré l’un des membres du conseil d’administration de Rahmah, qui lui a présenté le groupe naissant et le travail qu’il prévoyait de faire. En mai 2020, elle a rejoint l’association en tant que membre fondateur dans l’espoir de «faire la différence». 

«Je m’assure que les processus de sauvetage et d’adoption ainsi que les opérations quotidiennes du refuge se déroulent comme prévu», indique-t-elle. 

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Shokran Aljihani, 29 ans, est responsable du comité d’adoption et de sauvetage de la Rahmah Animal Welfare Association, une organisation bénévole à but non lucratif lancée à Riyad en mai 2020. (Photo fournie) 

L’association répond aux appels du public concernant des chiens ou des chats blessés ou errants, et envoie des équipes de sauvetage pour récupérer les animaux. Une fois les problèmes de santé immédiats résolus, les animaux sont généralement vaccinés, stérilisés et proposés à l’adoption. 

Les photos des animaux secourus, ainsi que leur histoire, sont publiées sur le site Web du groupe, rahmah-ksa.com, et sur ses comptes Twitter et Instagram, dans le but de trouver des personnes prêtes à les adopter. 

Peu après avoir rejoint le groupe, Mme Aljihani a secouru six chats et deux babouins et les a hébergés chez elle. Les babouins en particulier se sont avérés être un défi, mais un défi gratifiant. 

«L’adoption de babouins n’est pas vraiment courante, mais il est un peu difficile de les garder au refuge en permanence, car ils ont besoin de soins supplémentaires et de plus d’attention», dit-elle. 

«L’un d’eux est âgé de 3 mois et l’autre de 10 mois, mais les singes ont besoin de soins maternels.» 

Les babouins sont originaires des montagnes Sarawat, dans la région occidentale de l’Arabie saoudite. La plupart se trouvent dans le sud-ouest, entre Taïf et Asir. L’année dernière, ils ont également été repérés, pour la première fois depuis des décennies, dans la région centrale, dans plusieurs quartiers de Riyad. 

Les babouins secourus par Rahmah ont été retrouvés dans la région du sud-ouest. Ils avaient été capturés dans la nature, un problème courant pour les animaux du Royaume. Mme Aljihani admet qu’il était difficile de vivre avec eux dans sa maison au début, étant donné leur comportement enfantin, mais elle ajoute que cela est amusant. 

«Ils cassent les meubles mais ils sont gentils avec les chats», mentionne-t-elle. 

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En Arabie saoudite, l’adoption d’animaux de compagnie est un concept relativement nouveau, mais la jeune génération s’efforce de corriger les idées fausses et de faire évoluer les attitudes traditionnelles. (Photos fournie) 

Elle explique que la fondation de Rahmah a été motivée par une mission importante : «L’objectif de Rahmah, et la principale raison de sa création, est de protéger les animaux et nous pouvons le faire de plusieurs façons grâce à notre travail ici», indique Mme Aljihani. «Nous sauvons et prenons soin des animaux, et nous leur fournissons les soins médicaux dont ils ont besoin. Nous essayons de leur trouver des foyers et de sensibiliser les gens, ce qui est primordial.» 

Ce dur labeur porte ses fruits. À ce jour, Rahmah a secouru plus de 2 300 animaux et supervisé l’adoption d’environ 300 autres, et tout cela a été réalisé avec l’aide de près de 2 000 bénévoles. L’équipe du refuge promeut activement les notions de coexistence, de paix et de compassion pour les animaux et l’environnement. 

Toutefois, il n’existe que cinq refuges pour animaux dans le Royaume, et une aide supplémentaire est nécessaire. Rahmah s’efforce de sensibiliser le public en visitant les écoles de Riyad, en formant et en éduquant les jeunes sur la façon de prendre soin des animaux et en leur suggérant des moyens de contribuer aux efforts de sauvetage. 

«C’est une question de sensibilisation; les gens n’ont pas été assez sensibilisés, alors nous y travaillons», souligne Mme Aljihani. «En Arabie saoudite, il y a tellement de personnes passionnées par les animaux, mais elles travaillent. Par conséquent, le fait de mettre en place une organisation à but non lucratif permet de sensibiliser les gens plus rapidement.» 

En effet, les mentalités évoluent lentement et Rahmah prévoit d’ouvrir ses portes dans d’autres villes. Elle espère également mettre en place prochainement une clinique mobile qui fournira des services médicaux aux animaux au domicile de leurs propriétaires et dans les rues, ainsi que des services de sauvetage. 

Mme Aljihani estime que les animaux sont égaux aux humains quant à leur droit à une vie heureuse et saine. 

«J’ai beaucoup de chance que ma famille me soutienne autant», déclare-t-elle. «Je passe beaucoup de temps à l’extérieur car je travaille le matin et ensuite je vais au refuge et j’y passe des heures, et c’est eux qui prennent soin de mes animaux.» 

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Les photos des animaux secourus ainsi que leur histoire sont publiées sur le site Web du groupe, rahmah-ksa.com, et sur ses comptes Twitter et Instagram, dans le but de trouver des personnes prêtes à les adopter. (Photo fournie) 

Elle bénéficie également de l’aide et du soutien de son amie Basma Altwejri, qui a lancé l’initiative Pay It Forward en Arabie saoudite en 2016 pour encourager les gens à marquer positivement leur communauté. Pay It Forward opère dans plus de 80 pays et cherche à changer la perception du don en encourageant la bonne action simple et quotidienne. 

En tant que passionnée du secteur non lucratif et amoureuse des animaux, Mme Altwejri s’est sentie appelée à aider Rahmah et a pris en charge sa section marketing et partenariats il y a plus d’un mois. 

«Je tiens cela de ma mère», confie-t-elle à Arab News. «Nous étions très jeunes lorsque nous avons adopté quelques chiens et chats errants. Je me sentais impuissante en tant qu’enfant: je voulais en aider beaucoup plus, mais je ne pouvais pas le faire. Nous avons fait de notre mieux à l’époque, mais il me semblait qu’il n’y avait aucun groupe capable de venir en aide aux animaux, alors j’en suis restée là.» 

Lorsqu’elle a grandi et acquis de l’expérience auprès d’organisations à but non lucratif, elle a constaté qu’il y avait une lacune dans le domaine de la protection des animaux, en particulier en Arabie saoudite, qui abrite une population considérable de chats et d’animaux exotiques souvent vendus et commercialisés illégalement. 

«Ce n’est pas éthique, affirme Mme Altwejri. J’ai donc voulu aider.» 

Elle a commencé à collaborer avec le Riyadh Animal Shelter avant d’explorer d’autres possibilités d’aider les animaux du Royaume. La plupart des options qu’elle a découvertes étaient des opérations menées par une seule personne, jusqu’à ce qu’elle découvre Rahmah. 

«J’ai essayé de faire du bénévolat dans de nombreuses organisations à but non lucratif, mais Rahmah est une organisation tellement professionnelle qui s’occupe des animaux avec un amour absolu», dit-elle. 

«Il est nécessaire d’atteindre un public plus large. Le succès de Rahmah jusqu’à présent est impressionnant, mais il y a encore beaucoup d’animaux qui doivent être adoptés. Nous avons besoin d’un coup de pouce. Peu de gens ont de la compassion pour les animaux. Ils pensent que c’est juste une chose secondaire, mais les animaux sont des créatures sans défense qui nous donnent un amour inconditionnel, et si nous ne les aidons pas, ils ne peuvent pas s’aider eux-mêmes.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


La star marocaine de la Coupe du monde Amallah apprécie la vie en Liga avec Valence

L'international marocain Selim Amallah profite de la vie au sein du de la Liga de Valence. (Photo, AN)
L'international marocain Selim Amallah profite de la vie au sein du de la Liga de Valence. (Photo, AN)
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  • Avant le départ de son club pour Barcelone, le milieu de terrain s’est entretenu avec Arab News au sujet de sa carrière en Espagne, des exploits de son pays à la Coupe du monde et des joueurs arabes en Europe
  • «Je suis très content de jouer en Espagne parce que c’est l’un des meilleurs championnats au monde»

VALENCE: Ces dernières années, Selim Amallah, star du Valence CF et du Maroc, a vécu des moments inoubliables, tant au niveau international qu’en club.

À l’été 2023, le footballeur de 27 ans a été prêté à l’équipe de la Liga par le club de deuxième division Real Valladolid, après avoir participé aux demi-finales de la Coupe du monde 2022 au Qatar avec la sélection marocaine.

Ce soir, le milieu de terrain né en Belgique fera partie de l’équipe de Valence, actuellement en huitième position dans le classement de La Liga. Le club est dirigé par la légende Ruben Baraja et il affrontera le FC Barcelone au stade olympique Lluis-Companys.

Selim est ravi de la tournure des événements.

«Je suis très content de jouer en Espagne parce que c’est l’un des meilleurs championnats au monde», déclare-t-il à Arab News, après une séance d’entraînement à la Ciudad Deportiva de Paterna, le complexe d’entraînement ultramoderne de Valence.

«C’est un championnat dans lequel je voulais jouer et j’y suis parvenu», précise-t-il. «Je m’attendais à avoir beaucoup plus de temps de jeu au départ», ajoute-t-il. «Je suis conscient de l'expérience d'apprentissage inestimable que cette saison m'a offerte. Franchement, je suis très heureux d'être ici.»

Si, historiquement, de nombreux joueurs d’Afrique du Nord ont brillé en Liga et dans d’autres championnats européens, très peu de joueurs du Moyen-Orient ou des pays du Golfe ont tenté de franchir le pas.

Selim Amallah estime que davantage de joueurs arabes devraient tenter leur chance, non seulement pour relever de nouveaux défis sportifs et découvrir de nouvelles cultures, mais aussi et surtout pour réussir en tant que professionnels sur le terrain.

«Bien sûr, entrer dans l'Histoire d'un championnat ou de son pays est quelque chose que l'on aspire à réaliser, et c’est aussi un de mes objectifs», poursuit-il.

À ce jour, le point culminant de la carrière de Selim Ramallah a sans aucun doute été l’incroyable parcours du Maroc vers les demi-finales de la Coupe du monde 2022 au Qatar. En cours de route, les Lions de l’Atlas ont battu l’Espagne et le Portugal, avant de s'incliner face à la France, championne du monde en titre.

«C’était incroyable», lance Selim. «Ce sont des souvenirs qui, je crois, resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Aucun de nous ne s’attendait à arriver à ce niveau-là. Nous avons su montrer que les joueurs marocains et les clubs marocains peuvent aussi pratiquer le football au plus haut niveau. Nous sommes très fiers d’avoir représenté notre pays.»

L'expérience au Qatar a été marquée par le soutien massif que les sélections des pays arabes ont reçu, les membres des différentes communautés s’unissant pour soutenir les équipes de la région.

«C’était une fierté parce qu’il n’y avait pas nécessairement que le peuple marocain qui était derrière nous. Tous les peuples musulmans étaient avec nous», souligne Selim Amallah. «Nous étions heureux de montrer que les musulmans sont bien présents dans le football et que nous pouvions non seulement rendre fiers les Marocains, mais aussi tout le monde arabe et le monde africain, à travers notre détermination sur le terrain.»

Après l’euphorie du Qatar 2022, le Maroc a reçu une autre bonne nouvelle en étant désigné comme coorganisateur de la Coupe du monde 2030, aux côtés de l’Espagne et du Portugal.

Selim Amallah affirme que lui et ses coéquipiers cherchent à étoffer leur palmarès avant ce grand rendez-vous mondial du football.

«Je pense que nous avons envie de prouver, de montrer que le Maroc sera encore là», indique-t-il. «Nous avons une très belle équipe, nous avons de grands joueurs, mais je pense que désormais ça sera un peu plus difficile parce que nous serons attendus. Nous ferons tout notre possible pour représenter notre pays.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Ryan Reynolds, ambassadeur de l’île de Yas à Abu Dhabi

La star hollywoodienne Ryan Reynolds est le nouveau directeur en chef de l’île de Yas. C’était donc lui, le mystérieux parachutiste qui apparaissait dans une récente campagne pour le site d’Abu Dhabi. (Photo fournie)
La star hollywoodienne Ryan Reynolds est le nouveau directeur en chef de l’île de Yas. C’était donc lui, le mystérieux parachutiste qui apparaissait dans une récente campagne pour le site d’Abu Dhabi. (Photo fournie)
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  • La vedette de Deadpool succède à l’acteur américain Jason Momoa et, avant ce dernier, au comédien américain Kevin Hart
  • Dans la nouvelle vidéo promotionnelle, on voit Reynolds sauter en parachute au milieu des voitures lancées à grande vitesse sur le circuit de Yas Marina

DUBAÏ: La star hollywoodienne Ryan Reynolds est le nouveau directeur en chef de l’île de Yas. C’était donc lui, le mystérieux parachutiste qui apparaissait dans une récente campagne pour le site d’Abu Dhabi.

La vedette de Deadpool succède à l’acteur américain Jason Momoa et, avant ce dernier, au comédien américain Kevin Hart.

Dans la nouvelle vidéo promotionnelle, on voit Reynolds sauter en parachute au milieu des voitures lancées à grande vitesse sur le circuit de Yas Marina, manquant ainsi son point d’atterrissage prévu au W Abu Dhabi.

«J’ai été acteur, producteur, propriétaire d’un club de football gallois et j’en passe. Alors je…», commence Reynolds, mais le reste de son discours est noyé par le rugissement des voitures de F1 qui font le tour du circuit.

La bande-annonce montre également l’acteur en train de savourer le panorama sonore et visuel de l’île de Yas alors qu’il dévale les toboggans aquatiques de Yas Waterworld Abu Dhabi, explore Gotham City et dévale les montagnes russes de Warner Bros World™ Abu Dhabi.

«Avec la nomination de Ryan Reynolds au poste de directeur en chef de l’île de Yas à Abu Dhabi, nous perpétuons la tradition d’excellence établie par Kevin Hart et Jason Momoa. M. Reynolds apporte un mélange unique de charisme, d’énergie et d’enthousiasme à ce rôle, ce qui promet de porter l’expérience de l’île de Yas vers de nouveaux sommets. Nous sommes ravis de nous lancer dans cette aventure euphorique avec lui, invitant les fans du monde entier à participer à cet héritage», confie Liam Findlay, directeur général de Miral Destinations.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Avec ses tapisseries interactives exposées à Paris, Chloé Bensahel fait chanter les plantes

L'artiste franco-américaine Chloé Bensahel pose lors d'une séance photo, dans le cadre de son exposition au Musée du Palais de Tokyo à Paris le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
L'artiste franco-américaine Chloé Bensahel pose lors d'une séance photo, dans le cadre de son exposition au Musée du Palais de Tokyo à Paris le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • En les caressant du plat de sa main, le visiteur se fait magicien
  • Au contact du corps humain et comme irriguées par un réseau sanguin ou neuronal, les tapisseries s'illuminent tandis que des chants byzantins résonnent

PARIS: Ses tapisseries s'éclairent et chantent lorsqu'on les touche: exposée à Paris, l'artiste franco-américaine Chloé Bensahel tisse des oeuvres hybrides, faisant appel aux plantes comme aux nouvelles technologies.

Au Palais de Tokyo, où cette trentenaire expose pour la première fois en solo jusqu'au 30 juin, trois grandes tapisseries aux motifs géométriques et aux couleurs naturelles, tissées en fils de laine, coton, soie et fibres végétales, sont disposées en cercle dans un espace compartimenté par des voilages noirs.

En les caressant du plat de sa main, le visiteur se fait magicien: au contact du corps humain et comme irriguées par un réseau sanguin ou neuronal, les tapisseries s'illuminent tandis que des chants byzantins résonnent.

"Elles font partie d’un groupe d’œuvres que je produis en continu qui s’appellent les +Transplants+, des tapisseries faites à base de plantes invasives comme l’ortie ou le mûrier qui sont des espèces ramenées de voyages coloniaux du 19ème siècle", explique à l'AFP l'artiste, diplômée de la Parsons School of Design de New York et qui a aussi fait ses classes auprès de Sheila Hicks.

Sheila Hicks, «mentor»

Cette figure mondiale de la tapisserie moderne a été son "mentor", dit la jeune femme. Elle lui a notamment permis de "rencontrer des tisserands japonais" et d'apprendre les techniques de tissage au Japon, approfondies par des résidences en Australie, à San Francisco et Paris.

Qu'il s'agisse de soie du XIXème siècle tissée en basse-lisse (technique traditionnelle de tissage à l'horizontal, ndlr), d'une chemise ou de chaussettes brodées au fil d'or, l'artiste performeuse, adepte de la danse et des textes sacrés, donne vie à ses supports en les mélangeant "à du fil conducteur".

"Ce qui m’intéressait, c’était de créer des textes performatifs qu’on incarne. Les plantes ont des histoires qu’elles racontent mais les corps aussi et l’idée de faire une tapisserie interactive est vraiment venue de l’envie de faire un texte qui se raconte par le corps et d’insérer le corps dans l’expérience de l’œuvre", explique-t-elle.

A base de cuivre, le fil conducteur est inclus "dans la tapisserie reliée à un système informatique qui envoie une fréquence en permanence interférant avec le corps humain, conducteur lui aussi et qui déclenche le dispositif sonore", détaille-t-elle.

C'est en 2019 qu'elle a rencontré des ingénieurs de Google et découvert ce système, en résidence à la manufacture des Gobelins à Paris.

Invisible 

Côté son, elle travaille avec des compositeurs - la chorale La Tempête et la compositrice américaine Caroline Shaw - après avoir au départ "installé des électrodes sur des plantes pour capter leurs fréquences et les traduire en fréquences sonores" avec des instruments de musique.

Elle explique: "j’ai voulu remonter dans l’histoire des plantes qui sont sur notre territoire pour imaginer ce qu’elles avaient à raconter".

Se servant du monde botanique comme allégorie du monde humain, l'artiste, aux racines nord-africaine, française et américaine, raconte "des histoires de migration, d'hybridation culturelle et de résilience".

"L’idée de la tapisserie interactive, c’est souvent de matérialiser quelque chose qui est invisible: c’est en touchant qu’on découvre un message secret ou codé. Les plantes, c'est pareil, elles parlent entre elles un langage que nous ne percevons pas car dans cette ère de +l’anthropocène+ on pense qu’on est maître du monde naturel", s'amuse cette "hypersensible" dont le "rapport au texte (est) clairement influencé par (son) judaïsme", de son propre aveu.

Pensionnaire de la villa Albertine, des résidences d'artistes pour promouvoir la langue française au Etats-Unis, et en résidence actuellement au MIT de Boston, elle poursuit ses recherches afin d'imaginer "un textile qui bouge et change de forme" grâce "à des muscles artificiels qui lui permettent de se rétracter et de se détendre", dit-elle.